II. FACE À UNE DÉFIANCE CROISSANTE VIS-À-VIS DE LA SCIENCE, LA NÉCESSITÉ D'INTENSIFIER LE DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE SCIENTIFIQUE ET DE SOUTENIR PLUS FORTEMENT SES DIFFUSEURS

A. LA CULTURE SCIENTIFIQUE, UN ENJEU MAJEUR QUI OBLIGE À UN SURSAUT DE LA PART DES POUVOIRS PUBLICS

1. La LPR porteuse d'une dynamique qu'il convient de déployer

À l'heure où les fausses informations et les théories du complot circulent abondamment et font de plus en plus d'adeptes dans une société en perte de confiance, le rapporteur estime urgent d'enrayer la perte de crédit de la parole scientifique, de refonder le rapport des citoyens à la rationalité scientifique et de développer la culture scientifique chez les jeunes générations . Celle-ci est en effet un élément fondamental de la culture générale pour comprendre le monde, appréhender ses évolutions, se forger un esprit critique et, plus globalement, pour être un citoyen éclairé au sens des Lumières.

Comme le rapporteur a eu l'occasion de le rappeler lors des débats sur la LPR, le renforcement de la place de la science dans la société et le développement de la culture scientifique sont des objectifs qui ont régulièrement été fixés par les politiques publiques, mais sans jamais vraiment constituer des priorités. Il se félicite que la LPR entende inverser cette tendance au moyen d'un socle de mesures de nature à créer une impulsion : attribution d'une part du budget d'intervention de l'ANR à la diffusion de la culture scientifique (cf. supra ), dispositions favorisant une plus grande participation des chercheurs et des enseignants-chercheurs à la science ouverte, création de plusieurs manifestations ou évènements en faveur du rayonnement de la science.

La première année de mise en oeuvre de la LPR a déjà donné lieu à plusieurs concrétisations en matière de culture scientifique , comme l'a indiqué la ministre lors de son audition devant la commission : actions menées par l'ANR dans le cadre de sa politique d'appels à projets (cf. supra ), attribution de la médaille du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et des prix de l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae) et de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) - ces récompenses ayant pour but de mettre en avant la médiation scientifique -, augmentation du budget consacré à la fête de la science. Le MESRI a également lancé, en lien avec le ministère de la culture et France Télévisions, un appel à projets pour des courts métrages valorisant les femmes dans les métiers scientifiques. Le rapporteur, très soucieux de faire avancer la place des femmes dans les sciences, notamment celles dites fondamentales, se réjouit particulièrement de cette initiative qui constitue un moyen pertinent de toucher un public jeune.

Si ces premières réalisations témoignent d'une dynamique nouvelle et prometteuse, il regrette, en revanche, que le rapport prévu à l'article 48 de la LPR, visant à faire « un état des lieux exhaustif des politiques menées en faveur de la culture scientifique, technique et industrielle », n'ait pas été remis au Parlement, alors qu'il devait l'être dans les six mois suivant la promulgation de la loi . La transmission de ce rapport dans les délais impartis aurait permis, dès cette année, de dresser le bilan des actions menées depuis plusieurs décennies et de servir de base pour refonder la politique de développement et de diffusion de la culture scientifique à l'aune de ses nouveaux enjeux.

2. La nécessité de mettre les moyens financiers en cohérence avec les ambitions de la LPR

Le PLF pour 2022 consacre un peu plus de 20 millions d'euros à l'ouverture de la science vers la société, dans le cadre du programme 172. Ces financements doivent permettre d'amplifier la diffusion de la culture scientifique et les transferts des résultats de la recherche vers le monde de l'entreprise.

Le rapporteur rappelle toutefois que la culture scientifique est régulièrement le parent pauvre du budget de la mission « Recherche et Enseignement supérieur » . Il s'est ainsi souvent ému, lors de l'examen des précédents projets de loi de finances, du trop faible soutien de l'État aux établissements publics de diffusion de la culture scientifique dont il exerce la tutelle, alors que ceux-ci mènent des politiques très volontaristes et connaissent un grand succès public. Dans le cadre du suivi de la mise en oeuvre de la LPR, il sera donc très vigilant à l'évolution des crédits dédiés à cette politique.

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