CONCLUSION

A l'heure où se dessinent de nouveaux équilibres en Europe, où l'influence d'une Grande Allemagne réunifiée après la chute du mur de Berlin s'impose de plus en plus auprès des pays d'Europe centrale et orientale appelés à rejoindre l'Union, la France doit pouvoir continuer à faire entendre sa voix. Comment le peut-elle sinon en portant ses regards au-delà des bornes de l'hexagone ?

L'Espagne a bien compris cette nécessité : elle sait cultiver l'hispanité et se prévaloir des rapports privilégiés avec l'Amérique latine. Le maintien de la position de la France en Europe apparaît étroitement conditionné par les liens privilégiés existant entre notre pays et l'Afrique.

Le développement du continent nous importe au premier chef. Poursuivre notre aide n'est pas seulement indispensable pour le développement de l'Afrique, votre rapporteur croit l'avoir longuement démontré au cours de son rapport, mais également pour notre rayonnement dans le monde et en Europe.

Aussi votre rapporteur attache-t-il une importance particulière à la pérennité d'un ministère de la coopération , interlocuteur privilégié de nos amis africains, témoignage de l'intérêt que nous portons au continent et à sa spécificité.

Un engagement nécessaire mais un engagement réfléchi : la France ne peut, ni doit aider tous les pays africains de la même façon. La coopération doit, à cet égard, mieux réfléchir sur les objectifs et les priorités à moyen et long terme. Et cet effort de planification passe par une meilleure coordination.

Votre rapporteur se félicite à cet égard de l'impulsion nouvelle donnée par le gouvernement de M. Juppé à la réforme de notre aide publique.

Dans un contexte difficile, le projet de budget sauvegarde les axes essentiels de notre coopération. Ces orientations devront être confirmées dans l'avenir.

Sous le bénéfice de ces observations, votre rapporteur vous propose d'émettre un avis favorable à l'adoption des crédits du ministère de la coopération.

EXAMEN EN COMMISSION

A la suite de l'exposé du rapporteur pour avis, un débat s'est engagé entre les membres de la commission. Mme Paulette Brisepierre a d'abord précisé, à l'attention de M. Jacques Habert que la réduction du nombre de coopérants porterait en 1996 sur 274 postes d'enseignants et 20 postes de techniciens.

Mme Monique Ben Guiga a souhaité nuancer le relatif optimisme qui peut prévaloir sur les perspectives économiques en Afrique. Elle s'est également interrogée sur les priorités géographiques de notre aide au développement, en insistant notamment sur l'importance de la zone Asie-Pacifique. Selon Mme Paulette Brisepierre, rapporteur pour avis , il convient de distinguer entre les pays africains qui commencent à émerger et ceux qui restent marqués par la récession ; le rapporteur pour avis a également souligné l'importance de nos intérêts économiques sur le continent africain.

M. Xavier de Villepin, président, a pour sa part relevé que le succès des pays africains dépendait essentiellement de la qualité de la gestion mise en oeuvre par les Etats. Il s'agissait là, à ses yeux, du principal critère de distinction entre les différents pays que notre politique de coopération devait prendre en considération.

M. Guy Penne s'est inquiété de la profonde dégradation des systèmes d'éducation des pays du champ. Mme Paulette Brisepierre a toutefois estimé que de nouveaux responsables africains, plus rigoureux, prenaient la relève des anciennes générations.

Mme Danielle Bidard-Reydet a demandé au rapporteur pour avis de faire le point sur la situation dans l'Afrique des grands lacs. Mme Paulette Brisepierre lui a répondu que peu de changements étaient intervenus depuis l'année dernière et qu'en particulier, la situation des camps de réfugiés restait extrêmement préoccupante.

M. Xavier de Villepin, président , a souligné pour conclure l'inquiétude que lui inspirait le désengagement de la communauté internationale vis à vis de l'aide publique au développement.

La commission a alors adopté les crédits du ministère de la coopération inscrits dans le projet de loi de finances pour 1996, le groupe socialiste, par la voix de Mme Monique Ben Guiga, et le groupe communiste, indépendant et citoyen par la voix de Mme Danielle Bidard-Reydet, indiquant qu'ils voteraient contre.

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