IV. CHIMIE ET PHARMACIE

A. LA CHIMIE

L'industrie chimique a, selon les experts, bien profité de la reprise. Mais les prix amorcent seulement leur redressement.

1994 a été une année de transition : la production a enregistré une forte croissance en volume et, au second semestre, les résultats financiers ont commencé à se rétablir, du moins si l'on considère les entreprises engagées dans la chimie de base.

Les chiffres sont spectaculaires. La production a augmenté, l'an dernier, dans le secteur en volume de 5,6 % pour la France.

La principale bénéficiaire est la chimie minérale, qui est passée d'un recul de 6,9 % en 1993 à une croissance de 8,5 %, grâce au bon comportement -des gaz industriels, de l'industrie du chlore et à un « léger mieux » dans les engrais.

Quant à la chimie organique (pétrochimie, matières plastiques, caoutchouc), elle a bénéficié de la reprise de la demande émanant de ses principaux clients, l'industrie automobile ou l'électroménager ; la croissance y a atteint 6,3 % en volume. Enfin, la parachimie (+ 7 %) a pu enregistrer des performances particulièrement satisfaisantes dans les parfums et cosmétiques, les encres et les peintures.

Fortement dégradée en 1993, la rentabilité du secteur chimique a commencé à s'améliorer. Mais la hausse des prix n'est intervenue qu'à partir du milieu de l'année et, en moyenne sur 1994, la hausse n'est que de 1,4 % (hors pharmacie). Tous les produits n'en ont pas profité : 6 % pour l'ensemble des produits organiques (5 % pour les matières plastiques), mais 0 % pour la chimie minérale et la parachimie. Les prix sont encore, en moyenne, en-dessous de ceux de 1990.

Pour 1995, les pronostics sont relativement satisfaisants, avec une croissance en volume estimée entre 3 % et 3,5 % ; la véritable question est de savoir si la hausse des prix va continuer et, surtout, s'étendre à d'autres produits, malgré la faiblesse du dollar.


• Rhône-Poulenc : le 7e groupe mondial a cent ans

Avec 80.000 salariés et 86 milliards de chiffre d'affaires en 1994, Rhône-Poulenc se situait au septième rang mondial dans son secteur.

Fêtant en 1995 son centenaire, Rhône-Poulenc poursuit sa remontée. Pour les six premiers mois de 1995, le groupe a annoncé un résultat net de 1,291 milliard de francs, soit pratiquement le triple du bénéfice enregistré au premier semestre 1994. Le chiffre d'affaires s'établit à 43.5 milliards de francs, ce qui correspond à une augmentation de 2,6 % en valeur réelle et de 7,7 % à périmètre comparable.

Plusieurs signes montraient que l'amélioration amorcée il y a un an se poursuit et que Rhône-Poulenc a augmenté ses chances de tirer profit de la reprise économique.

Bien que le groupe chimique français Rhône-Poulenc ait réalisé un bénéfice net en forte baisse de 17 % au 3ème trimestre 1995 à 669 millions, le résultat net sur les neuf premiers mois de l'année, à 1,9 milliard de francs, est en hausse de 71 % par rapport à celui des neuf mois correspondants de 1994.

L'endettement se réduit. Il était de 23 milliards de francs au 30 juin et devrait être ramené entre 20 et 21 milliards de francs à la fin de l'année. En outre, le groupe a encore des actifs non stratégiques à céder, avec des perspectives de plus-value. Il dispose également de 1,4 milliard d'actifs d'impôt différé.

B. LA PHARMACIE

La production pharmaceutique ne s'est accrue que de 2,2 % en 1994, contre 4,8% en 1993. C'est une conséquence du plan de maîtrise des dépenses de santé, les remboursements de médicaments du régime général de la Sécurité sociale ayant stagné l'an dernier, après avoir encore augmenté de 7,3 % en 1993.

Le secteur pharmaceutique emploie quelque 81.800 salariés dont 12.000 pour la recherche.

Le syndicat national de l'industrie pharmaceutique (SNIP) a proposé, au début de juillet 1995, au gouvernement une politique consistant à troquer la création d'emploi dans ce secteur contre un assouplissement de la taxe sur la publicité. Il a suggéré « d'envisager au prorata des emplois créés l'allégement correspondant » de cette taxe de 9 %, non déductible, prélevée sur la masse salariale de l'ensemble des visiteurs médicaux, soit environ 20 % des effectifs du secteur.

La politique du médicament a été entreprise depuis 1993 sur la base d'un renouveau du système d'évaluation et de contrôle des médicaments (création de l'Agence du Médicament), d'un retour vers une meilleure (et plus économique) prescription des médecins, et d'un accord cadre entre l'État et l'industrie pharmaceutique, valable jusqu'au 31 décembre 1996, favorisant une augmentation des prix unitaires des médicaments et une réduction des volumes vendus qui ne se justifient pas médicament. La réduction des volumes de médicaments prescrits et des dépenses de promotion négociée par le comité économique du médicament avec les entreprises contre des revalorisations de prix, l'essor des médicaments dit « génériques » (copies de produits innovants une fois leur brevet tombé) auront des effets significatifs sur l'industrie qui devra s'adapter : stagnation du chiffre d'affaires en France, mais amélioration des marges, changement des logiques de vente.

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