3. La situation du français aux Jeux olympiques d'Atlanta

L'organisation des Jeux olympiques d'Atlanta cette année a illustré la possibilité, lorsqu'il existe une volonté politique, de préserver, voire de confirmer le rôle du français comme langue internationale.

La Charte des Jeux olympiques accorde en effet une place privilégiée au français qui, comme l'anglais, est langue officielle du Comité international olympique (CIO), fondé par Pierre de Coubertin en 1894. Toutefois, ce statut n'a pas toujours été respecté au cours des manifestations de ces dix dernières années. L'organisation des Jeux du centenaire à Atlanta avait suscité bien des craintes.

C'est pourquoi un groupe de travail réunissant des représentants de différentes administrations (jeunesse et sports, Affaires étrangères, coopération, Délégation générale à langue française) et le Comité national olympique et sportif français a été créé, en juin 1994, à l'initiative du ministère de la jeunesse et des sports, pour étudier et mobiliser les moyens permettant d'assurer une utilisation effective du français lors des Jeux olympiques d'Atlanta en juillet 1996.

Grâce à un financement interministériel, une coopération linguistique a été mise en oeuvre avec le comité d'organisation des Jeux olympiques d'Atlanta (ACOG) dans deux domaines :

- l'aide à la traduction en français et en anglais des documents nécessaires : manuels destinés aux délégations, guide du site d'Atlanta, glossaire divers. Du mois de juin 1995 au mois d'août 1996, des stagiaires issus de l'École supérieure de traduction et d'interprétation (ESIT) et de l'Institut supérieur de traduction et d'interprétation (ISIT) se sont relayés auprès de l'ACOG pour lui apporter leur assistance ;

- la formation au français des volontaires qui étaient chargés de l'accueil lors des Jeux olympiques : 1.500 volontaires ont été formés aux rudiments du français, par une soixantaine de formateurs, sous la responsabilité de l'Alliance française d'Atlanta.

En outre, plus de 1.300 lexiques bilingues franco-anglais de 6.000 termes présentant les différents sports des Jeux olympiques réalisés par l'Institut national supérieur d'éducation physique (INSEP), en collaboration avec la Délégation générale à langue française, ont été mis à la disposition des organisateurs.

Ces moyens ont été accompagnés de contacts fréquents entre les différents ministres français concernés, le comité organisateur des Jeux olympiques d'Atlanta et le comité international olympique. En juillet 1996, M. Yves Berger en tant que président de l'Observatoire de la langue française a été chargé d'apprécier la place réservée à la langue française pendant les jeux du centenaire et d'évaluer l'efficacité du dispositif de coopération. Les résultats apparaissent tout à fait satisfaisants. La langue française a tenu son rang.

Les résultats obtenus aux Jeux d'Atlanta soulignent que lorsqu'il existe une réelle volonté politique, il est possible de préserver le rôle de notre langue ; les efforts déployés à Atlanta constitueront donc un modèle à suivre pour les jeux de Nagano et ceux de Sidney.

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Fallait-il cette année encore recommander l'adoption des crédits de la francophonie ?

Votre rapporteur avoue avoir hésité tant il a été irrité par le gel d'une partie des crédits intervenu aussitôt après le vote du budget de l'an dernier.

De tels crédits sont très vulnérables car leur annulation n'est certes pas de nature à jeter dans la rue des dizaines de milliers de manifestants. Mais il s'agit de la France, de son image, de sa culture, de son renom dans un monde qui s'obstine à souhaiter une forte présence de la France.

Voilà pourquoi l'élu de la majorité que je suis, solidaire de l'effort engagé par le Gouvernement, demande néanmoins à celui-ci d'être particulièrement vigilant à ne pas interrompre l'action engagée à l'étranger et qui concourt aussi au dynamisme de notre pays.

La francophonie n'est pas une affaire secondaire. Car il s'agit de notre langue. Et qu'est-ce qu'être français ? Ce n'est certes pas appartenir à une race, mais parler le français, appartenir à une culture façonnée par une langue parlée sur tous les continents.

Si notre langue recule, si elle vient à perdre sa dimension internationale, c'est notre capacité à tenir des discours au monde qui s'en trouvera appauvrie.

La menace existe, insidieuse, réelle, grandissante. Il est impératif, en particulier, que le français garde sa place dans l'Union européenne. Ce doit être un objectif partagé par tous les pays de la francophonie.

Non, décidément, la francophonie n'est pas le rêve attardé de quelques ambassadeurs à la retraite. Elle est un élément essentiel de notre respiration et aussi, n'hésitons pas à le reconnaître, la défense de nos intérêts bien compris. Elle exige plus que jamais beaucoup de détermination. Il faut fixer son image pour l'avenir.

Il est clair que dans le monde qui se dessine, il n'y aura place que pour quelques grandes langues internationales -l'anglais, bien sûr, l'espagnol sûrement, et le portugais, l'arabe, le chinois. Il y a aussi une place possible pour le français.

C'est possible. Nous avons fait déjà pour cela depuis des années de gros efforts. Plus que jamais, il faut le vouloir et y intéresser les jeunes. Un peu partout dans le monde, on nous demande « plus de France ». Et nous nous lamentons sur la faiblesse de nos moyens.

Mais la France a une grande ressource qu'elle utilise mal : ses jeunes.

Au moment où notre pays réfléchit sur l'avenir du service national, il faut offrir aux jeunes qui le souhaitent, la possibilité de se mettre à l'étranger au service de leur langue et de leur culture.

C'est d'abord leur rendre service.

C'est aussi rendre service à notre pays.

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