2. La situation du français au sein de l'Organisation des Nations-Unies

Le français bénéficie, dans la plupart des organisations internationales, du statut de langue officielle et de langue de travail qui devrait théoriquement le placer à parité avec l'anglais. Dans la pratique cependant, cette parité est rarement respectée. Aussi pour enrayer la dégradation de la situation du français, une politique plus systématique en faveur de l'emploi du français s'organise.

a) État des lieux

En dépit du statut officiel de langue de travail, en 1995, seulement 15 % des délégations se sont exprimées entièrement ou partiellement en langue française. Cette proportion est certes relativement stable depuis quelques années. Mais globalement l'écart entre la place du français à l'ONU et celle qui est prévue par les textes tend à augmenter.

On peut en effet déplorer que seulement 10 % des documents originaux rédigés par le secrétariat soient en français et que sur 900 banques de données, les Nations-Unies n'en possèdent que 4 en français.

Les raisons qui expliquent la prépondérance de l'anglais sur le français dans les institutions des Nations-Unies comme dans d'autres organisations internationales sont connues. L'implantation géographique du siège de l'ONU comme la surreprésentation des pays anglophones aux échelons décisionnels favorisent la pratique de l'anglais. La réduction des personnels des services de traduction et d'interprétation explique les manquements de plus en plus fréquents au statut linguistique tels que la production de documents préparatoires rédigés exclusivement en anglais, l'absence de services d'interprétation lors des réunions informelles ou les retards de traduction du document final dans les langues officielles.

Il est à cet égard regrettable que la réduction des dépenses des institutions onusiennes, par ailleurs souhaitable, touche en premier lieu des services qui sont nécessaires au respect du plurilinguisme.

b) Une politique active de promotion du français aux Nations- Unies

La politique de promotion de l'emploi du français comprend plusieurs volets : action de vigilance et de fermeté visant au respect du régime linguistique des organisations, affirmation de la présence française et francophone, formation et soutien à la traduction.

S'agissant du respect du statut juridique du français, l'année 1995-1996 a vu l'adoption, à l'occasion du cinquantenaire des Nations-Unies, de la résolution 50-11 sur le multilinguisme, qui définit la pluralité linguistique comme l'expression de l'universalité de cette instance et qui réaffirme la nécessité d'assurer l'égalité des six langues officielles par des mesures concrètes : prise en compte du critère linguistique lors du recrutement et de la promotion des agents, limitation des réunions informelles en anglais, diffusion simultanée et en temps utile de toutes les traductions des documents de travail. Afin de veiller à l'application de cette résolution, les ambassadeurs francophones ont mis en place, avec l'Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), un groupe de travail chargé de formuler des recommandations sur son suivi.

En janvier 1996, le Fonds des Nations-Unies pour la population (FNUAP) et le Fonds des Nations-Unies pour l'enfance (UNICEF) ont adopté une résolution afin de remédier aux retards de traduction des documents de travail et à la prépondérance de l'anglais sur les deux autres langues de travail, le français et l'espagnol. En mai 1996, des propositions précises ont été faites par le groupe de travail instauré à la suite de cette résolution.

L'affirmation de la présence francophone à l'ONU dépend également de l'attitude de la communauté francophone et de sa cohésion.

À cet égard, le comité pour le français dans les organisations internationales s'efforce d'approfondir la concertation des pays francophones sur les actions nécessaires à la présence du français.

Lors du Sommet de Cotonou en décembre 1995, il a été décidé de renforcer le rôle de ce comité et d'en modifier l'organisation et le fonctionnement, pour faire place à l'avenir à un groupe de travail spécialisé, rattaché directement à la Commission politique du conseil permanent de la francophonie et composé de représentants d'États et de Gouvernements.

Parmi les actions de cette structure rénovée figurera un projet de formation de fonctionnaires francophones pour les organisations internationales, élaboré par le précédent comité en liaison avec l'Institut international d'administration publique (IIAP) de Paris, le centre de formation des Nations-Unies à Genève (l'UNITAR) et l'Institut des relations internationales (IRIC) du Cameroun.

L'Agence de coopération culturelle et technique (ACCT) est également au premier chef concernée par la politique d'affirmation de la francophonie au sein de l'ONU. Après l'ouverture de son bureau de liaison à New-York en octobre 1995 avec un statut d'observateur permanent, l'ACCT s'est notamment engagée à assister le groupe de travail chargé de l'application de la résolution 50-11 sur le multilinguisme.

La politique de formation linguistique s'est également poursuivie cette année. Au programme de la formation spécifique destinée au renforcement de la langue française dans les organisations internationales organisée par la mission multilatérale de la DGRCST s'est ajoutée une aide logistique aux enseignants et formateurs basés à New-York.

Mais dans ce domaine comme dans celui du soutien à la traduction et à l'interprétation, les moyens sont relativement faibles par rapport aux besoins, notamment dans les institutions techniques des Nations-Unies. À cet égard, la mise en place en 1996 d'une assistance terminologique sur le réseau Internet, à l'initiative du ministère des Affaires étrangères et de la Délégation à la langue française destinée aux services de traduction et d'interprétariat des organisations internationales à compétence technique, apparaît comme une solution innovante et peu coûteuse.

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