C. LA PERSISTANCE DE BRANCHES ET DE RÉGIMES DÉFICITAIRES

A supposer que le retour annoncé de la sécurité sociale à un équilibre financier global en 1999 soit confirmé, ce dont il est permis de douter, la persistance de branches et de régimes déficitaires demeure un sujet de préoccupation majeur.

1. Le déficit de la branche vieillesse du régime général

L'annexe C du projet de loi de financement de la sécurité sociale présente les perspectives d'évolution des recettes et des dépenses des régimes obligatoires de base pour 1999 et les deux années postérieures.

Ces perspectives à l'horizon 2000 et 2001 sont fondées sur les mêmes hypothèses macro-économiques que celles du projet de loi de finances et de la commission des comptes de la sécurité sociale. L'hypothèse de croissance de la masse salariale pour 1999, soit + 4,3 %, est reconduite les années suivantes. Les recettes de CSG progresseraient de + 3,8 % chacune des deux années. Le prélèvement de 2 % sur les revenus des capitaux évoluerait à un rythme légèrement supérieur à +4 % l'an. Globalement, les recettes du régime général s'accroîtraient de + 3,5 % en 2000 et de + 3,9 % en 2001.

S'agissant des dépenses, les hypothèses de revalorisation des pensions et de la base mensuelle des allocations familiales sont, par convention, alignées, pour les deux années, sur l'évolution des prix hors tabac. Par convention également, les dépenses de l'assurance maladie sont supposées évoluer au même taux que l'ONDAM pour 1999, soit + 2,6 % pour l'ensemble des régimes et + 2,8 % pour le régime général.

Au total, les dépenses du régime général s'accroîtraient de + 2,9 % en 2000 et + 2,8 % en 2001, ce taux global recouvrant des évolutions différenciées selon les branches :

+ 2,8 % les deux années pour la branche maladie en cohérence avec l'objectif du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1999 ;

- 1 % et + 1,4 % pour les dépenses d'accidents du travail ;

+ 3,3 % et 3,2 % pour la branche vieillesse, ce qui est compatible avec les évolutions démographiques prévues et avec la consolidation progressive des effets financiers de la réforme des pensions de 1993 ;

+ 3,1 % puis + 2,6 % pour la branche famille, compte tenu de l'intégration en année pleine, à compter de 2000, de la suppression de la mise sous condition de ressources des allocations familiales.

Sous ces hypothèses conventionnelles, n'incorporant aucune mesure nouvelle par rapport au projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1999, les recettes du régime général progresseraient chaque année plus vite que les dépenses : + 3,5 % et + 3,9 % pour les recettes, contre + 2,9% et + 2,8 % pour les dépenses. Ces écarts de 0,6 % et 0,9 % s'appliquant à des flux de l'ordre de 1.300 milliards de francs, le solde du régime général s'améliorerait de 7 milliards de francs en 2000 et de près de 14 milliards de francs en 2001.

Ainsi, selon cette projection reposant sur des hypothèses d'évolution des recettes optimistes et des hypothèses d'évolution des dépenses d'assurance maladie volontaristes, le régime général de la sécurité sociale dégagerait un excédent de 7,1 milliards de francs en 2000 et de 20,9 milliards de francs en 2001. Néanmoins, sa branche vieillesse resterait déficitaire sur la période, de 4,8 milliards de francs en 2000 et de 2,3 milliards de francs en 2001.

2. Le déficit de la CNRACL

Sous les mêmes hypothèses macro-économiques que celles retenues pour le régime général, les projections se traduisent pour la plupart des régimes par une situation proche de l'équilibre en 2000 et 2001. Il convient toutefois de souligner que ces résultats ne sont pas significatifs de l'évolution réelle des besoins de financement de la plupart des régimes spéciaux de salariés, qui sont équilibrés par une subvention de l'Etat, ni des régimes des non salariés, qui sont équilibrés par une affectation prioritaire de contribution sociale de solidarité des sociétés.

Seule la caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales (CNRACL) voit son déficit s'aggraver à législation constante, du fait de la dégradation de son rapport démographique et des charges de compensation qui pèsent sur ce régime.



La forte dégradation du solde de la CNRACL en 2000 résulte principalement de l'hypothèse du cumul sur cet exercice des régularisations de compensations au titre de 1998 et 1999.

En effet, le financement de ce régime, qui a été assuré en 1997 par un prélèvement exceptionnel de 4,5 milliards de francs sur les réserves du fonds d'allocation temporaire d'invalidité des agents des collectivités locales (FATIACL), repose les deux années suivantes sur le report des acomptes de compensation d'un exercice au suivant. Les transferts de compensation versés par le CNRACL s'élèvent à 19,7 milliards de francs pour 1999, soit 44 % de ses prestations, qui s'élèvent à 44,5 milliards de francs cette même année.

Comme on le verra plus loin, le Gouvernement ne propose pas d'autre solution à la dégradation de la situation de la CNRACL qu'un inacceptable recours à l'endettement .

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