Projet de loi de finances pour 1999

POURTAUD (Danièle)

AVIS 67 (98-99), Tome XII - COMMISSION DES AFFAIRES CULTURELLES

Table des matières




N° 67

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999

Annexe au procès-verbal de la séance du 19 novembre 1998.

AVIS

PRÉSENTÉ

au nom de la commission des Affaires culturelles (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,

TOME XII : RELATIONS CULTURELLES, SCIENTIFIQUES ET TECHNIQUES

Par Mme Danièle POURTAUD,

Sénateur.

(1) Cette commission est composée de : MM. Adrien Gouteyron, président ; Jean Bernadaux, James Bordas, Jean-Louis Carrère, Jean-Paul Hugot, Pierre Laffitte, Ivan Renar, vice-présidents ; Alain Dufaut, Ambroise Dupont, André Maman, Mme Danièle Pourtaud, secrétaires ; MM. François Abadie, Jean Arthuis, Jean-Paul Bataille, Jean Bernard, André Bohl, Louis de Broissia, Jean-Claude Carle, Michel Charzat, Xavier Darcos, Fernand Demilly, André Diligent, Michel Dreyfus-Schmidt, Jean-Léonce Dupont, Daniel Eckenspieller, Jean-Pierre Fourcade, Bernard Fournier, Jean-Noël Guérini, Marcel Henry, Roger Hesling, Pierre Jeambrun, Serge Lagauche, Robert Laufoaulu, Jacques Legendre, Serge Lepeltier, Louis Le Pensec, Mme Hélène Luc, MM. Pierre Martin , Jean-Luc Miraux, Philippe Nachbar, Jean-François Picheral, Guy Poirieux,  Jack Ralite, Victor Reux, Philippe Richert, Michel Rufin, Claude Saunier, Franck Sérusclat, René-Pierre Signé, Jacques Valade, Albert Vecten, Marcel Vidal.

Voir les numéros :

Assemblée nationale ( 11 ème législ.) : 1078 , 1111 à 1116 et T.A. 193 .

Sénat : 65 et 66 (annexe n° 1 ) (1998-1999).

Lois de finances .

INTRODUCTION

Mesdames, Messieurs,

Les moyens de l'action culturelle, scientifique et technique progresseront en 1999 de 2,46 % contre 0,19 % en 1998, soit environ 10,5 milliards de francs.

C'est un motif de satisfaction pour votre commission des affaires culturelles, qui avait l'année dernière déploré la modestie de dotations régulièrement arasées par la régulation.

Et c'est un deuxième motif de satisfaction que de constater l'absence de régulation des crédits de 1998, critique traditionnelle des budgets de l'action culturelle scientifique et technique.

Une troisième cause de satisfaction réside dans le fait que l'action audiovisuelle extérieure et l'enseignement français à l'étranger figurent parmi les quatre priorités du ministère des affaires étrangères en 1999.

L'effort de définition de priorités est un trait positif qu'il convient aussi de relever. Auditionné par votre commission sur son projet de budget, le ministre des affaires étrangères en a fait un des objectifs de l'effort de rationalisation des structures qui aboutira le 1er janvier 1999 à la fusion de la direction générale des relations culturelles, scientifiques et techniques, et de la direction du développement ainsi que du service de la coordination géographique de l'ancien ministère de la coopération, dans une nouvelle direction générale de la coopération internationale et du développement (DGCID).

Les conditions financières et administratives apparaissent ainsi réunies pour faire de 1999 une année propice à l'action culturelle, scientifique et technique extérieure de la France.

I. LES MOYENS DE L'ACTION CULTURELLE ET SCIENTIFIQUE EXTÉRIEURE

A. LES CRÉDITS DE 1999

1. Une amélioration sensible

On verra ci-dessous que la fusion de la direction générale des relations culturelles, scientifiques et techniques (DGRCST) et de la direction du développement (DGCID) à partir du 1er janvier 1999 remettra en cause le cadre traditionnel de la définition des moyens de l'Etat et de l'exécution de ses missions dans ces différents domaines.

L'ancienne nomenclature budgétaire n'en reste pas moins, à l'heure actuelle, le meilleur instrument disponible pour évaluer les progrès des dotations budgétaires consacrées à l'action culturelle et scientifique extérieure. Car progrès il y a, sur deux plans au moins :

- Le budget de l'actuelle DGRCST progressera en effet de 2,46 % en 1999 en francs courants, contre 0,49 % en 1998.

La diminution des crédits constatée en 1996 et 1997, stabilisée en 1998, apparaît ainsi stoppée en 1999, comme le montre le tableau suivant.

(en millions de francs)


Années

Titre III
(Moyens des services)

Titre IV
(crédits d'intervention)

Total Titres V et VI (crédits d'investissements)


Total DGRCST

 
 

%

 

%

 

%

 

%

1994

1 834

- 0,3

3 159

- 10,5

146

+ 12,3

5 139

- 6,6

1995

1 916

+ 4,5

3 328

+ 5,3

109

- 25,3

5 353

+ 4,2

1996

1 954

+ 1,9

3 161

- 5,1

147

+ 34,9

5 262

- 1,8

1997

1 945

- 0,5

3 082

- 2,5

73

- 50,3

5 100

- 3,4

1998

2 012

+ 3,4

3 075

- 1,3

73

0

5 125

+ 0,5

1999

2 149

+ 6,8

3 084

+ 0,3

54

- 26,0

5 287

2,46

La tendance des années passées est ainsi inversée.

Ce progrès apparaît comme la conséquence de l'inscription de deux actions relevant de la DGRCST parmi les axes prioritaires du budget du ministère des affaires étrangères pour 1999 :

- la mise en place d'un nouveau plan d'action pour l'audiovisuel extérieur :

- l'éducation et la solidarité à l'égard des Français établis à l'étranger.

- Le caractère prioritaire de l'action culturelle et scientifique extérieure se manifeste aussi dans la comparaison entre la progression des moyens qui lui sont affectés et l'évolution globale des crédits du ministère des affaires étrangères, légèrement négative en 1999 (- 0,7 %) compte tenu de la diminution des dotations du ministère délégué à la coopération et à la francophonie, dorénavant intégrées à ce budget.

Le second élément très positif à relever dans l'évolution des crédits de l'action culturelle et scientifique extérieure est l'absence de régulation budgétaire en 1998.

On sait que la régulation a longtemps affecté de façon particulièrement pernicieuse la mise en oeuvre de la politique de l'Etat dans ce secteur, modifiant profondément les autorisations accordées par le Parlement, déjouant la programmation des actions, modifiant le rythme de déroulement des projets, brouillant la compréhension de la politique de la France par nos partenaires étrangers.

On ne peut que rappeller à cet égard que 8,8 % des crédits initiaux de la DGRCST ont été annulés en 1993 ; 5,5 % en 1994 ; 5,8 % en 1995 ; 2,1 % en 1996 et 4,1 % en 1997.

Le rapport pour avis de votre commission sur le projet de budget de 1998 insistait sur les conséquences de cette pratique, mettant le gouvernement en garde contre sa perpétuation en 1998.

En a-t-il été tenu compte ? En tout état de cause, l'année 1998 connu, ne connaîtra pas, semble-t-il, de régulation sur les crédits du ministère des affaires étrangères.

On notera enfin que la part de la DGRCST dans les crédits du ministère des affaires étrangères s'établira en 1999 à 35,75 % après avoir été de 35,76 % en 1998 et de 35,27 % en 1997, comme le montre le tableau suivant, après avoir dépassé 42 % en 1970.

en millions de francs courants
 

Affaires étrangères

dont relations culturelles extérieures

 
 

Evolution

 

Evolution

% budget

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

PLF 1999

10 828

11 871

13 074

14 094

14 925

14 699

15 167

15 034

14 462

14 431

14 787

100

110

121

130

138

136

140

139

134

133

137

3 901

4 340

4 979

5 284

5 502

5 140

5 357

5 263

5 101

5 160

5 287

100

111

128

135

141

132

137

135

131

132

136

36,03

36,56

38,08

37,49

36,86

34,97

35,32

35,01

35,27

35,76

35,75

2. Quelques bémols

Comme les régulations, l'évolution de la répartition des crédits de la DGRCST entre les grandes modalités d'intervention est traditionnellement l'objet des commentaires critiques des rapporteurs du Sénat et de l'Assemblée nationale.

L'année 1999 n'apportera pas d'amélioration à cet égard puisque se confirme la tendance à la préservation des crédits de personnel et de fonctionnement du titre III, par rapport aux crédits d'intervention du titre IV, comme le montre le tableau suivant.

(en millions de francs)

Années

Titre III
(moyens des services)

Titre IV
(crédits d'intervention)

Total Titres V et VI
(crédits d'investissements)

Total
DGRCST

 
 

%

 

%

 

%

 

%

1994

1 834

- 0,3

3 159

- 10,5

146

+ 12,3

5 139

- 6,6

1995

1 916

+ 4,5

3 328

+ 5,3

109

- 25,3

5 353

+ 4,2

1996

1 954

+ 1,9

3 161

- 5,1

147

+ 34,9

5 262

- 1,8

1997

1 945

- 0,5

3 082

- 2,5

73

- 50,3

5 100

- 3,4

1998

2 012

+ 3,4

3 075

- 1,3

73

0

5 125

+ 0,5

1999

2 149

+ 6,8

3 084

+ 0,3

54

- 26

5 287

+ 2,46

Les structures ont leurs pesanteurs et le choix de les préserver dans les périodes d'austérité financière n'est pas illégitime, puisqu'elles constituent le socle de toute relance de l'action de l'Etat.

Au surplus, la restructuration des réseaux de coopération, dont il sera rendu compte plus loin, poursuit une rationalisation qui devrait favoriser l'élimination des doubles emplois ainsi qu'une meilleure efficacité administrative, susceptible de permettre le redéploiement des crédits en faveur des interventions.

L'évolution des masses budgétaires titre par titre ne confirme cependant pas le succès de cette démarche engagée depuis plusieurs années, comme le montre l'examen des orientations retenues pour 1999.

- Sur le titre III, l'examen des principaux mouvements de crédits ne révèle pas d'économies sensibles du fait de la rationalisation des structures.

Les crédits destinés au personnel des établissements culturels augmentent de 39,2 millions de francs (dont 13,3 millions de francs au titre de l'effet change-prix). Les crédits destinés aux changements de résidence et voyages de congés diminuent de 0,9 million de francs à la suite d'un changement de prestataire, ce qui ne peut être attribué à la modernisation du réseau.

Les crédits de l'agence pour l'enseignement du français à l'étranger (AEFE) augmentent de 97,4  millions de francs (dont 46,1 millions de francs d'effet change-prix). Une économie de 6,9 millions de francs correspond à la transformation d'emplois d'expatriés en postes de résidents, ce que l'on ne peut pas non plus attribuer à la restructuration du réseau.

- C'est en fait sur les crédits d'intervention du titre IV que va se manifester l'essentiel de l'effort de redéploiement et d'économie appelé par la mise en oeuvre des priorités du ministère. Le montant de ces économies qui ne vont donc pas contribuer au rééquilibrage de l'évolution des titres III et IV, s'élève à 249,1 millions de francs. Les secteurs touchés seront la coopération linguistique et éducative, ainsi que la coopération scientifique et technique avec l'Europe de l'Est mieux articulée, semble-t-il, avec le programme européen PHARE.

Il y aura aussi, toujours dans les crédits du titre IV, financement de mesures nouvelles grâce à des redéploiements internes à l'audiovisuel extérieur : l'interruption de la diffusion directe de CFI en Asie et au Moyen-Orient, ainsi que l'allégement de la diffusion en ondes courtes de RFI contribueront pour 55 millions de francs au financement des 130 millions de francs de mesures nouvelles annoncées.

B. LES RÉSEAUX DE COOPÉRATION CULTURELLE, SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE

C'est sur les réseaux que s'appuie l'action du gouvernement en matière d'action culturelle, scientifique et technique extérieure. Ce qui les caractérise est une extrême diversité plus susceptible d'encourager la concurrence que la cohérence.

C'est pourquoi un programme de restructuration est en cours afin de mieux articuler l'action des services des ambassades, instituts et centres de recherche français, centres de documentation universitaires, scientifiques et techniques, centres culturels, alliances françaises et établissements d'enseignement français, qui forment les réseaux.

Cinq axes de modernisation avaient été dégagés par le précédent gouvernement :

Un rapprochement du réseau des alliances françaises et de celui des instituts et centres culturels :

Il s'est agi dans ce domaine de mettre un terme, dans certains pays, à la concurrence entre ces deux réseaux et aux gaspillages qu'elle était susceptible d'engendrer.

Afin de parfaire cette mise en cohérence de l'ensemble du réseau culturel extérieur, les ambassades ont été encouragées à signer des contrats sur objectifs avec les comités locaux d'alliance française pour en faire de véritables opérateurs de notre politique culturelle au sens large, dans ses divers aspects (linguistique, éducatif, audiovisuel, scientifique ou technique).

Une rénovation pédagogique

Longtemps enfermée dans une simple logique quantitative visant à toucher le maximum d'étudiants, l'activité d'enseignement des établissements du réseau a fait l'objet d'une réflexion en profondeur. Il importe désormais, en liaison avec les stratégies de la politique linguistique, de permettre aux établissements de proposer des cours de qualité mieux adaptés à la demande sociale et aux exigences de la coopération et des échanges commerciaux.

Une plus grande exigence en matière de programmation culturelle, notamment artistique

Une concertation régulière, à l'occasion de réunions régionales, a permis d'améliorer le niveau général de la programmation culturelle des établissements. Cette méthode favorise les économies d'échelle et permet d'organiser les tournées pour les projets les plus lourds.

L'Association française d'action artistique (AFAA) gère depuis 1994 l'aide à la programmation culturelle des établissements (ex fonds d'intervention culturelle et artistique), qui est pour l'essentiel décidée à l'occasion de réunions régionales de programmation culturelle et artistique.

Ces initiatives trouvent désormais leur place dans le cadre de la politique artistique menée dans chacun des pays, en partenariat avec les institutions culturelles locales

Une modernisation des bibliothèques et la création de centres de ressources sur la France

Un plan ambitieux de modernisation des bibliothèques prévoit la création progressive de médiathèques ouvertes aux nouvelles technologies d'accès à l'information.

Cette modernisation s'accomplit par le recrutement de personnels qualifiés et l'organisation de cycles de formation pour les personnels locaux, par la rénovation des équipements et des locaux et par le renouvellement des fonds : renforcement des collections audiovisuelles, élargissement des champs disciplinaires représentés et nette réorientation vers l'actualité française.

Il s'agit à la fois d'un retour aux sources (beaucoup d'établissements ont été créés avant guerre à partir de bibliothèques à vocation universitaire) et d'une décision porteuse d'avenir, une des missions essentielles des établissements culturels étant d'offrir une information réactualisée en permanence sur la France contemporaine.

Un élargissement des missions des établissements : la création de centres culturels et de coopération linguistique (CCCL) et de centres culturels et de coopération (CCC)

Cette mesure permet de confier à un certain nombre de centres culturels la mise en oeuvre de programmes de coopération linguistique et éducative en partenariat avec les autorités éducatives locales.

Dans le cadre de la réforme de la Direction générale des relations culturelles, scientifiques et techniques engagée en 1994, l'autonomie financière des centres culturels a été élargie, dans certains cas, aux programmes de coopération linguistique et éducative voire, depuis 1996, aux programmes de coopération scientifique et technique.

Les 73 centres culturels et de coopération linguistique créés depuis 1994 et les 8 centres culturels et de coopération créés depuis 1996 répondent à un souci de déconcentration des responsabilités et de renforcement de l'autonomie des Postes. Ces établissements passent progressivement d'une logique de diffusion à une logique de coopération et de service. Sept postes devraient être concernés par des mesures analogues en 1999 (création de 4 CCCL et de 3 CCC).

Ces mesures de modernisation n'ont pas fait l'objet de financements spécifiques à l'exclusion du programme de création de centres de ressources qui a bénéficié d'un fonds dit " Fonds d'intervention pour les bibliothèques et centres de ressources " (FICRE).

C. LA RÉORGANISATION ADMINISTRATIVE

Elle a été analysée par M. Hubert Védrine, ministère des affaires étrangères, et M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération, lors de leur audition du 5 novembre 1998 par la commission des affaires culturelles.

M. Hubert Védrine a noté à cette occasion qu'en procédant à la réforme des structures de la coopération internationale, le Gouvernement avait mis en oeuvre une évolution envisagée depuis plus de vingt ans et que l'évolution du monde -et notamment de l'Afrique-, et les demandes des chefs d'Etat africains rendaient de plus en plus nécessaire. Quelles sont les solutions retenues ? En partant de l'idée de corriger l'éclatement géographique de la politique extérieure de la France, adoptée en février 1998, un énorme travail a été effectué, jusqu'à l'été dernier, sous l'égide d'une mission de pilotage, afin de définir les modalités concrètes d'une réforme ambitieuse favorisant l'interaction entre le savoir spécialisé de l'ancien ministère de la coopération et l'expérience plus globale du ministère des affaires étrangères. Les structures correspondantes seront mises en place en janvier 1999. L'ancienne direction générale des relations culturelles, scientifiques et techniques (DGRCST) du Quai d'Orsay, très autonome vis-à-vis des autres services du ministère, en particulier des directions géographiques, sera fusionnée avec la direction du développement et le service de la coordination géographique de l'ancien ministère de la coopération, pour former la nouvelle direction générale de la coopération internationale et du développement (DGCID).

La réforme des structures permettra ainsi de constituer un pôle diplomatique unique, rassemblant les moyens financiers et en personnel de l'administration de la coopération et de celle des affaires étrangères. Ces moyens figureront désormais dans un budget unique, mais dans lequel les crédits de la coopération seront identifiés.

La nouvelle direction générale se substituera à partir du 1er janvier prochain à la direction du développement et au service de la coordination géographique du ministère de la coopération, ainsi qu'à la direction générale des relations culturelles, scientifiques et techniques du ministre des affaires étrangères.

Elle comportera quatre directions sectorielles, chargées respectivement du développement et de la coopération technique, de la coopération culturelle et du français, de la coopération universitaire et de la recherche, de l'action audiovisuelle extérieure. Une direction sera chargée de la coordination, de la programmation et de l'évaluation des actions menées.

Organigramme de la DGCID

· Direction de la stratégie, de la programmation et de l'évaluation

- Service de la programmation, des moyens et de l'évaluation (issu du Service de la programmation et de l'évaluation et du Service financier) qui comprend deux sous-directions :

Sous-direction de la programmation et de l'évaluation

Sous-direction des moyens du réseau et du contrôle de gestion

- Service de la coordination géographique chapeautant cinq départements : Europe, Afrique, Afrique du Nord-Moyen-Orient, Amérique, Asie-Pacifique.

· Direction du développement et de la coopération technique

- Sous-direction du développement économique et de l'environnement

- Sous-direction du développement social et de la coopération éducative

- Sous-direction de la coopération institutionnelle

- Mission des appuis financiers et des études économiques

· Direction de la coopération culturelle et du français

- Sous-direction de la coopération culturelle et artistique

- Sous-direction du français

· Direction de la coopération scientifique, universitaire et de la recherche

- Sous-direction de la coopération universitaire et scientifique

- Sous-direction de la recherche

· Direction de l'audiovisuel extérieur et des techniques de communication

- Sous-direction de la télévision et de la radio

- sous-direction du cinéma et de la coopération audiovisuelle

- Mission pour les nouvelles technologies de l'information et de la communication (création)

· Mission pour la coopération multilatérale

· Mission pour la coopération non gouvernementale

Cette nouvelle organisation tend à faire disparaître les cloisonnements géographiques, et à faire prévaloir une logique de métier.

M. Hubert Védrine a affirmé à cet égard que la création de la direction générale de la coopération internationale et du développement aurait pour avantage d'éviter le découpage de l'action de l'Etat en zones géographiques. Aucun critère valable d'organisation des structures administratives sur une base géographique n'a en effet été identifié. Il n'est notamment pas possible de séparer les pays en voie de développement des autres Etats, ni de distinguer les pays traditionnellement liés à la France, dans la mesure où les zones de partenariat de la France en Afrique ont été constamment élargies.

La Cour des comptes a d'ailleurs insisté à de nombreuses reprises sur les redondances et la confusion suscitées par l'existence, au sein du ministère des affaires étrangères, de plusieurs lieux de programmation, et le ministère des finances en tirait argument pour réduire les crédits des affaires étrangères.

Dans les postes diplomatiques, les missions de coopération seront intégrées dans de nouveaux services de coopération et d'action culturelle placés sous l'autorité des ambassadeurs.

La DGCID, qui sera installée à terme sur un site unique, regroupe 600 agents et permet de mobiliser toutes les compétences auparavant réparties entre les services de la coopération et ceux des affaires étrangères.

Les moyens budgétaires qui seront affectés en 1999 à la DGCID représentent la totalité des crédits antérieurs, diminués seulement des dotations de fonctionnement des services de coopération.

Ces crédits représentent 8,2 milliards de francs, soit 40 % environ des crédits du ministère des affaires étrangères. Si l'on y ajoute les crédits de l'agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE), le total des moyens affectés à la coopération internationale avoisine les 10,5 milliards de francs.

II. L'AUDIOVISUEL EXTÉRIEUR

L'évolution des crédits de l'audiovisuel extérieur pour 1999 lance la mise en oeuvre de la communication du ministre des affaires étrangères du 30 avril 1998, qui dessine l'évolution de l'action télévisuelle extérieure. Celle-ci figure parmi les priorités du ministère pour 1999.

A. LA RÉFORME

1. Genèse de la réforme

Il est nécessaire de rappeler la genèse des opérations en cours. Les conseils audiovisuels extérieurs de la France (CAEF) des 24 avril et 13 septembre 1994 avaient arrêté un plan quinquennal 1995-1999 prévoyant une enveloppe de près de 500 millions de francs de mesures nouvelles en faveur de l'action audiovisuelle extérieure. Le ministère des affaires étrangères devait y contribuer à hauteur de 235 millions de francs, 186 millions de francs provenant du budget du ministère de la culture.

Dans le prolongement de ces décisions, le CAEF du 23 novembre 1995 avait décidé la création d'un pôle radiophonique et d'un pôle audiovisuel extérieurs.

a) Une mise en oeuvre retardée

Comme M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, le notait lors de son audition du 5 novembre 1998 par la commission des affaires culturelles, si la restructuration du secteur de la radio a été très largement engagée, la rationalisation de l'action télévisuelle restait en suspens.

Des hésitations se sont en effet manifestées au sein du Gouvernement précédent sur les modalités de la réorganisation des structures de l'audiovisuel extérieur, hésitations auxquelles les nombreux rapports publiés sur la question font écho. C'est dans les chiffres que se trouve la trace la plus évidente du retard qui en est résulté.

Après une exécution budgétaire conforme au plan quinquennal durant l'exercice 1995, les 111 millions de francs de mesures nouvelles prévues en 1996 ont été réduites de 6 millions de francs par la régulation, alors qu'en 1997, l'étalement sur une année supplémentaire des mesures prévues a été décidé. L'enveloppe initiale de 145 millions de francs de mesures nouvelles a été ainsi ramenée à 63 millions de francs. En 1998, le retard accumulé s'est en toute logique accentué : 15,4 millions de francs de mesures nouvelles effectives pour une prévision de 46,4 millions de francs.

b) Le pôle radiophonique extérieur

La rationalisation de l'action radiophonique a été lancée par le rachat par RFI, pour le franc symbolique, des participations de la SOFIRAD dans Radio-Paris-Lisbonne (juillet 1996) et dans la SOMERA (novembre 1996).

RFI dispose ainsi d'outils complémentaires à son action propre. Radio-Paris-Lisbonne vient utilement compléter le réseau des reprises FM de RFI en Europe. Quant à la SOMERA, du fait à la fois de son programme (RMC Moyen-Orient) et de ses moyens de diffusion (centre émetteur ondes moyennes de Chypre), elle constitue un levier d'action d'une importance considérable dans une zone stratégique où RFI était insuffisamment présente.

Le pôle radiophonique extérieur devrait être consolidé en 1999, notamment par le rachat (au franc symbolique) à la Sofirad de RCI (Radio Caraïbes International), actuellement à l'étude. La SOMERA (RMC Moyen-Orient) et Radio-Paris-Lisbonne, devraient poursuivre leur rétablissement et tendre à l'équilibre financier.

On notera cependant que restent en dehors du regroupement opéré les participations minoritaires de la SOFIRAD dans Médi 1, diffusé au Maroc, et dans Africa n°1, diffusée en Afrique.

En ce qui concerne les échanges entre RFI et Radio France, des initiatives ont d'ores et déjà été prises.

A l'initiative des tutelles, Radio France et RFI ont signé un protocole d'accord, le 16 décembre 1995, afin de développer des actions communes. La portée de cet accord reste cependant modeste. Dans le cadre de moyens budgétaires contraints, le ministère des affaires étrangères encourage RFI à approfondir les convergences possibles avec Radio France afin d'enrichir l'offre de la chaîne internationale. Des efforts sont entrepris dans les directions suivantes :

•  RFI et Radio-France partagent leurs moyens immobiliers sur trois sites :

- Bruxelles : bureau géré par Radio-France et utilisé par RFI ;

- Hongkong géré par RFI et utilisé par Radio-France ;

- Johannesburg géré par RFI et utilisé par Radio-France.

•  RFI peut aussi être amenée à fournir, de manière ponctuelle à Radio-France des correspondances, des papiers ou des chroniques de ses correspondants à l'étranger, notamment dans les pays où Radio-France n'en possède pas.

•  De la même manière, RFI peut utiliser les papiers des journalistes des radios locales de Radio-France lorsque l'actualité le nécessite.

En ce qui concerne les échanges de programmes, il n'en existe pas à proprement parler entre Radio-France et la direction de la production internationale de RFI. En revanche, RFI assure, par l'intermédiaire de RFI 3, sous forme de cassettes, la reproduction et la diffusion de plusieurs émissions de Radio-France qu'elle propose à ses radios partenaires.

C'est sur cette toile de fond largement inachevée que le ministère des affaires étrangères a présenté au conseil des ministres, le 29 avril dernier, un plan de rationalisation de l'action télévisuelle extérieure, après une phase d'intense consultation avec les responsables de l'audiovisuel public comme privé.

2. La communication du 29 avril 1998

Le premier choix a été de renoncer à la création un moment envisagée d'une chaîne française d'information internationale, à laquelle l'insuffisance numérique des populations francophones interdisait toute perspective de rentabilité.

Le plan de réforme adopté comporte trois axes :

•  il s'agit d'abord de développer le soutien à l'exportation des programmes . Le débat sur l'action audiovisuelle extérieure a été trop centré sur la diffusion des chaînes françaises à l'étranger. Il est tout aussi important de faire acheter des programmes français par les chaînes étrangères en vue d'une diffusion dans la langue du pays. En effet, la très grande majorité des téléspectateurs regarde surtout les chaînes nationales, dont la multiplication engendre une demande accrue de programmes. Il convient donc de favoriser l'exportation des programmes français. Il est possible d'adopter à cet égard une démarche commerciale, ce que font les entreprises françaises groupées au sein de l'association professionnelle TVFI, qui bénéficie de concours financiers du ministère des affaires étrangères. Les ventes de programmes français à l'étranger ont représenté près de 1,3 milliards de francs en 1996, chiffre en augmentation de 20% par rapport à 1995. Les exportations de films français se sont élevées à 1,2 milliard de francs. On obtient globalement un chiffre de 2,5 milliards de francs comparable aux 2,5 milliards de francs d'exportations britanniques constatés en 1996.

Il est possible de faire plus, estime le gouvernement, en renforçant par exemple les dispositifs d'aide au sous-titrage et au doublage. Une réflexion est par ailleurs engagée sur les possibilités d'améliorer les instruments d'aide à l'exportation, notamment du type Coface, afin de les adapter à la nature des contrats audiovisuels.

L'autre démarche est axée sur la coopération. Afin de ne pas concurrencer la commercialisation des programmes sur certains marchés émergents, il a été décidé de limiter l'activité de banque de programmes gratuits de CFI aux pays les moins solvables. La liste des pays de " diffusion culturelle " a ainsi été réduite au début de juin.

• Le deuxième axe du plan adopté est la création d'un soutien financier à la diffusion satellitaire des chaînes françaises dans le monde . Les possibilités offertes par la diffusion satellitaire numérique ont jusqu'à présent été très peu utilisées au plan international par les chaînes françaises. En effet, la diffusion internationale reste un investissement élevé dont les perspectives de rentabilisation sont faibles, spécialement si la langue utilisée est le français. Les opérateurs nationaux présents dans des bouquets étrangers n'ont franchi le pas que grâce à l'aide publique. L'Etat prendra donc à sa charge, plus largement que par le passé et de façon dégressive, une partie des frais de diffusion de chaînes françaises désireuses de conquérir une audience internationale. Les entreprises intéressées garderont à leur charge le coût de l'acquisition des droits de diffusion de leurs programmes dans les nouvelles zones couvertes. Une expérience de diffusion par micro-ondes d'un bouquet francophone a été réalisée selon ces modalités en 1997 sur l'Afrique. Il est envisagé de l'élargir à d'autres zones, en particulier en recourant à des bouquets étrangers existants.

• Le dernier axe du dispositif est la rationalisation des organismes publics de l'audiovisuel extérieur.

Il s'agit d'abord de renforcer TV5, chaîne multinationale dans laquelle sont associées la France, la Belgique, la Suisse, le Canada. Le plan de réforme considère nécessaire de renforcer l'attractivité de cette chaîne, à laquelle son caractère multinational offre des facilités de pénétration dans certaines zones, tout en ayant des conséquences sur la lisibilité de la grille. Il faut donc mettre l'accent sur la qualité des programmes, en prévoyant un recours accru au sous-titrage et en régionalisant sa programmation afin de l'adapter aux attentes et aux habitudes des différents publics. A cette fin, une meilleure coordination sera instaurée avec les chaînes de l'audiovisuel public national. C'est ainsi que le retrait de la SOFIRAD du capital de TV5 et la réduction de la part détenue par l'Institut national de l'audiovisuel (INA) permettront d'attribuer 25 % du capital au futur groupe La Cinquième/Sept Arte, et 4 % à RFO (Radio France Outre-Mer), tandis que la part de France 2 et de France 3, actuellement de 33 %, sera portée à 35 %

L'objectif est d'amener les chaînes publiques actionnaires à fournir à TV5 leurs meilleurs programmes et de favoriser la production d'une information plus tournée vers l'international qu'elle ne l'est à l'heure actuelle. A cet égard, le journal international fourni à TV5 par la France Télévision doit faire l'objet d'une évaluation.

Parallèlement, les rôles respectifs de TV5 et de CFI sont clarifiés. CFI sera recentrée sur son rôle de banque de programmes, sauf en Afrique où elle conservera son activité de diffuseur. CFI développera par ailleurs ses activités de conseil et d'ingénierie audiovisuelle auprès des télévisions partenaires.

Enfin, le succès du recentrage prévu sera assuré par la mise en place d'une présidence commune de TV5 et de CFI. D'après le dossier de presse diffusé par le ministre des affaires étrangères à l'occasion de la présentation de la communication au conseil des ministres du 30 avril 1998, " une telle solution a l'avantage de la simplicité et permet d'éviter la mise en place d'une nouvelle structure, qui porterait en soi les risques d'un alourdissement des processus de décision et d'une augmentation des dépenses de fonctionnement ". M. Jean Stock a été nommé président de chaque organisme.

Les conclusions de la table ronde sur les images françaises dans le monde, organisée dans le cadre de la conférence des ambassadeurs tenue en août 1998, confirment ces orientations et en explicitent certains aspects, comme le montre, dans l'encadré ci-après, le compte rendu de cette réunion.

CONCLUSIONS DE LA TABLE RONDE SUR LES IMAGES FRANÇAISES
DANS LE MONDE

Enjeu traditionnellement culturel et linguistique, la diffusion internationale des images françaises est désormais devenue avant tout un impératif économique et commercial vital, auquel il convient de répondre en s'inspirant des éléments suivants :

- il faut rejeter toute crispation autour de la langue française : notre culture, notre vision du monde ne connaîtront une diffusion réellement efficace, source par ailleurs de chiffres d'affaires significatifs, que traduites dans les langues locales, comme le sont les films et les programmes d'origine américaine ;

- la vente de programmes et de films aux télévisions étrangères et l'exploitation de chaînes à péage seront de plus en plus les principales sources de revenus de l'industrie audiovisuelle et cinématographique française ; à cet égard, TV5 doit jouer un rôle de vitrine universelle dont un des principaux objectifs, au regard du contribuable qui la finance, doit être l'audience, qu'il convient d'améliorer ;

- des stratégies d'alliance avec des partenaires locaux (Canal+) ou européens (Arte) sont la seule façon, pour nos opérateurs, d'aborder avec succès chacun des marchés visés et d'atteindre une taille critique par rapport à leurs concurrents étrangers ; le rôle de notre réseau diplomatique est, à cet égard précieux, notamment pour identifier les bons interlocuteurs ;

- comme le montre l'exemple américain, la maîtrise des réseaux de diffusion et de distribution d'une part, l'emploi de techniques marketing modernes et adaptées aux publics visés d'autre part, sont souvent plus déterminants pour la conquête de l'audience que la qualité intrinsèque de nos films et de nos programmes, qui valent largement leurs équivalents étrangers ;

- le temps n'est plus à un dispositif unique et forcément limité émanant des seuls pouvoirs publics ; une large concertation entre acteurs publics et privés du secteur doit permettre, à terme rapproché, et grâce à la multiplication des canaux et à la baisse des coût de diffusion permise par le numérique, de proposer aux publics étrangers abonnés à des bouquets satellitaires ou câblés numériques une offre beaucoup plus diverse et sophistiquée de programmes français : TV5, avec une programmation régionalisée (sous-titrages) et enrichie par des programmes plus récents et multidiffusés, chaînes thématiques, chaînes à péage (notamment de cinéma).

3. Des orientations pertinentes

Le programme de modernisation de l'audiovisuel extérieur, mis en oeuvre par le budget de 1999, est articulé de façon pertinente autour des quatre axes stratégiques définis dans la communication gouvernementale du 29 avril 1998, dont le contexte international de la communication audiovisuelle impose la prise en compte.

a) La rationalisation

Les analyses convergeaient de longue date sur la nécessité de rationaliser le fonctionnement des opérateurs publics.

Le rapport Balle sur la réforme de l'audiovisuel extérieur notait en 1996 l'existence de " redondances fâcheuses " atténuant la lisibilité de la politique française.

Il estimait aussi que " faute d'une coordination forte, l'audiovisuel extérieur est depuis longtemps le terrain d'une concurrence forte entre opérateurs ", citant comme facteurs de cette situation la multiplicité des opérateurs, l'éviction des opérateurs nationaux du champ de l'audiovisuel extérieur, l'absence de spécialisation des opérateurs et une hétérogénéité, qui se traduiront par une concurrence feutrée mais réelle.

De son côté, le rapport présenté en octobre 1997 par M. Patrick Imhaus rappelait la dénonciation générale de " l'absence de coordination stratégique et opérationnelle entre des opérateurs bénéficiant de l'aide publique qui sont, en outre, de plus en plus nombreux ", " l'éparpillement des moyens " et " la redondance de certaines actions ".

L'objectif de rationalisation des organismes publics est spécialement incontournable s'il conduit à redéployer des ressources limitées vers des types d'actions insuffisamment assurés. C'est l'objectif affirmé du plan gouvernemental, et c'est au fond la justification essentielle du recentrage de CFI sur son rôle de banque de programmes et d'outil de coopération.

La création d'une présidence commune de TV5 et de CFI devrait par ailleurs permettre d'assurer la cohérence des actions menées et des moyens déployés.

L'opération de clarification du rôle respectif de chaque organisme devra être poursuivie avec une réflexion sur l'articulation des missions de CFI et de la SOFIRAD, en particulier en ce qui concerne le rassemblement de programmes francophones destinés à des bouquets satellitaires étrangers.

b) L'adossement à l'audiovisuel national

Le rapport Balle notait aussi le caractère aléatoire et dispersé de l'intervention des opérateurs nationaux dans le champ de l'audiovisuel extérieur : " ceux-ci devant se contenter d'être des fournisseurs de programmes et des actionnaires passifs de TV5 au principal : ce principe est d'ailleurs battu en brèche par des décisions personnelles des opérateurs (...).

Cette concurrence a pu être exacerbée par la diffusion en France des programmes internationaux de RFI (sur la FM à Paris). "


Une volonté s'affirme actuellement de mieux asseoir ce rôle. Le ministre de la communication souhaite développer le rôle des chaînes publiques à l'international, de son côté, le ministre des affaires étrangères souhaitait, dans sa communication, " impliquer davantage le secteur audiovisuel national, en particulier public ".

L'idée d'adossement apparaît ainsi comme le point de rencontre entre les organismes spécialisés dans l'action extérieure, dont l'expérience spécifique dans la conception de programmes adaptés aux publics non nationaux est indispensable, et les organismes de l'audiovisuel intérieur, qui manifestent un intérêt croissant pour la diffusion internationale et dont les ressources en programmes peuvent être précieuses si une politique adaptée d'achats de droits est mise en place, mais dont la culture d'entreprise est encore trop exclusivement " hexagonale ", comme le notait le ministère des affaires étrangères lors de son audition par la commission des affaires culturelles.

Mais pour aboutir à l'objectif recherché qui est celui d'une plus forte présence des programmes français sur les écrans du monde entier, encore faut-il lever certaines ambiguités.

Il a été décidé de modifier le capital de TV5 en portant la part de France Télévision, principal fournisseur de programmes, de 33 % à 35 % et en introduisant Arte pour 25 % et RFO pour 4 %. On peut se demander si l'opération a une très grande portée, sachant que jusqu'à présent la participation d'un organisme de l'audiovisuel public au capital d'un autre organisme public n'a jamais impliqué de participation aux décisions concernant sa stratégie ou sa gestion. Et si l'on attend des effets concrets de ces évolutions capitalistiques, on peut se demander pourquoi France Télévision et le futur groupe Arte/Cinquième seront presque à parité dans le capital de TV5 alors que leurs ressources en programmes et en moyens divers ne peuvent être comparés.

Par ailleurs, l'adossement ne semble pas susceptible en soi de résoudre les problèmes que pose l'acquisition de droits de diffusion internationaux. Une réflexion sur le financement des achats de droits est nécessaire. Il s'agira en particulier de préciser l'articulation de deux logiques différentes : d'une part celle du projet de loi à venir sur la communication audiovisuelle, qui devrait accentuer la séparation des diffuseurs et des producteurs, poser les conditions d'une meilleure circulation des programmes, et donc encadrer l'acquisition de droits par les diffuseurs traditionnels, d'autre part celle de l'adossement de l'audiovisuel extérieur aux organismes de l'audiovisuel intérieur, qui implique l'acquisition par ceux-ci des droits sur les territoires les plus larges possible, en vue de les transférer à TV5.

c) L'exportation des programmes

L'exportation des programmes français sera certainement à l'avenir, plus que l'exportation de chaînes " clés en main ", le moyen efficace de notre présence internationale dans la communication audiovisuelle. TVFI apporte de ce point de vue une aide importante aux exportateurs français, ce qui pose le problème de l'articulation de sa démarche commerciale avec l'activité de CFI. L'intervention de cet organisme comme banque de programmes gratuits n'a-t-elle pas des effets pervers sur la stratégie commerciale des distributeurs français, dans la mesure où la cession gratuite dévalorise des programmes susceptibles de faire l'objet de transactions commerciales ? On cite à cet égard l'exemple assez récent de la cession gratuite de 310 heures à la première chaîne turque, chaîne gouvernementale et dépourvue d'audience et de crédibilité, alors que les chaînes qui attirent l'audience diffusent des programmes américains acquis au prix du marché. Ne vaudrait-il pas mieux aider ces chaîne à faibles moyens à acheter des programmes français plutôt que de les leur donner. Ce mécanisme a fait ses preuves pour la plupart des exportations de produits français.

La communication du 29 avril semble avoir pris la mesure de ce risque : elle prévoit de concentrer l'activité de banque de programmes de CFI sur les zones où les perspectives de commercialisation demeurent lointaines, et de réduire la liste des pays où les droits de diffusion sont cédés gratuitement à CFI et à TV5. Les ajustements nécessaires ne semblent néanmoins pas avoir été complètement effectués. Ajoutons qu'à l'heure de la diffusion satellitaire, celle-ci implique souvent une couverture à l'échelle continentale recouvrant des pays dits solvables et d'autres dits non solvables. Il sera donc utile de disposer rapidement d'une réflexion approfondie sur l'articulation, à terme, de la diffusion commerciale et de la diffusion gratuite, à partir de l'évaluation des résultats des recentrages décidés.

d) L'appui à l'internationalisation des opérateurs nationaux

L'idée de favoriser la diffusion internationale des chaînes françaises est excellente. Elle permettra l'accroissement de l'offre d'images françaises à des coûts décroissants avec les progrès de la diffusion numérique.

A terme, il faudra réfléchir pour savoir s'il est souhaitable de financer le transport par satellite. Plutôt que d'aider les tuyaux, peut-être vaudrait-il mieux aider l'acquisition des droits. Ces aides doivent effectivement être décroissantes, voir remboursables sur les futures recettes de commercialisation de ces chaînes dans les bouquets.

Une autre forme d'appui à l'internationalisation du secteur privé n'est pas évoquée dans le projet présenté en avril dernier. Il s'agit des partenariats entre le secteur public et le secteur privé, destinés à faciliter l'implantation d'opérateurs français sur des marchés étrangers, et l'implication d'investisseurs étrangers dans des projets français.

Le rapport Balle portait en 1996 un jugement sévère sur les résultats de cette modalité de l'action publique : " le rôle dévolu à la SOFIRAD, organisme jusqu'alors voué aux participations (notamment dans les radios périphériques, pour la plupart privatisées) et aux transactions discrètes, dont on a voulu faire dans la ligne du rapport Decaux un instrument officiel de la politique audiovisuelle extérieure et notamment un instrument de fédération entre le secteur public et le secteur privé, n'a pas donné les résultats escomptés. Son manque d'autorité sur CFI et TV5 dont elle était l'un des principaux actionnaires n'a jamais permis d'ébaucher un partenariat efficace avec le privé. (...) Dans le domaine de la radio, un certain nombre d'opérations ponctuelles ont pu être menées en Europe central et en Russie en collaboration avec Europe 2 et avec des partenaires locaux. Dans le domaine de la télévision, le soutien à MCM, chaîne musicale diffusée par satellite, et à Canal Horizons, chaîne de télévision à péage à destination des pays africains montée avec Canal Plus, demeurent des opérations un peu isolées et d'envergure limitée ".

Quel organisme public sera dorénavant l'instrument de fédération entre le secteur public et le secteur privé pour favoriser l'internationalisation des opérateurs français ?

Interrogé sur ce point par votre rapporteur lors de l'audition du 5 novembre dernier, le ministre des affaires étrangères a indiqué que CFI jouerait le rôle d'ensemblier pour favoriser le regroupement de chaînes françaises, destinées à être diffusées soit sous forme de bouquets francophones, soit au sein des bouquets régionaux existants. Il s'est ainsi inscrit dans la logique des propositions présentées par M. Patrick Imhaus dans son rapport d'octobre 1997 : " la mission n'étant pas de gérer les bouquets en question, mais de trouver dans toute la mesure du possible des partenaires français ou locaux et d'assurer le suivi de leurs activités ".

C'est là un très bon principe.

Il faudra certainement être attentif à ce que la société CFI ait les moyens matériels et humains de répondre à cette ambition. Par ailleurs, ne devrions-nous pas nous interroger sur la nécessité d'un lieu de concertation et éventuellement d'une aide publique pour que les opérateurs français investissent à l'étranger. Ce qui avait été fait dans ce domaine s'est avéré limité. Créer une chaîne à l'étranger ou prendre des participations dans des chaînes existantes, ou créer des bouquets numériques, une réflexion est certainement nécessaire dans ce domaine.

B. LES CRÉDITS

1. L'évolution globale des crédits

Les crédits de l'audiovisuel extérieur inscrits au titre IV du budget de l'actuelle DGRCST, s'établiront en 1999 à 1 066 millions de francs, contre 949 millions de francs.

Traduisant la priorité accordée à l'audiovisuel extérieur, le projet de budget prévoit une enveloppe de 130 millions de francs de mesures nouvelles ainsi réparties :

- 10 millions de francs pour le soutien à l'exportation des programmes audiovisuels ;

- 40 millions de francs pour l'aide au transport satellitaire des chaînes françaises et la constitution de bouquets numériques ;

- 80 millions de francs pour la régionalisation et l'amélioration des programmes de TV5.

2. Les organismes

a) TV5

Organisation et diffusion

Cette société de télévision francophone a été créée en 1984 pour regrouper plusieurs chaînes francophones européennes auxquelles s'est joint en 1986 le consortium de télévision Québec-Canada (CTQC).

Le capital de la chaîne est aujourd'hui ainsi constitué :

- Sofirad 22,2 %

- France 2 16,6 %

- France 3 16,6 %

- INA 11,1 %

- RTBF (Belgique) 11,1 %

- SSR (Suisse) 11,1 %

- CTQC 11,1 %

Il existe aujourd'hui deux chaînes distinctes émettant l'une en Europe, Asie, Afrique et Moyen-Orient, l'autre au Canada, aux Etats-Unis et en Amérique latine.

La diffusion est actuellement assurée à partir de Paris par trois satellites :

- Eutelsat II-F6 couvre l'Europe et le Maghreb et touche 55 millions de foyers soit par réception directe, soit à travers les réseaux câblés ;

-Intelsat 803 assure la diffusion des programmes sur l'Afrique ;

- Asiasat-2 couvre l'Asie en réception numérique depuis plus d'un an.

En outre, depuis quelques mois, les programmes de TV5 sont repris dans de nombreux bouquets numériques et distribués par le câble ou destinés à la réception directe. Ce mode de diffusion est rémunéré, contrairement au précédent, dont le coût est assumé par l'Etat.

Enfin, une liaison directe Paris-Montréal permet de transmettre des émissions qui servent à la confection de deux programmes différents, l'un destiné au Canada et l'autre aux Etats-Unis et à l'Amérique du Sud. Ces deux programmes sont diffusés en numérique par deux satellites différents.

C'est ainsi que TV5 dispose de la troisième couverture mondiale et est susceptible de toucher quelque 80 millions de personnes.

Quelles sont les perspectives de développement de la chaîne ? Il est utile de faire à cet égard le rappel de la situation à partir de laquelle M. Jean Stock, actuel président de TV5, vient de définir un plan d'entreprise.

L'acquis

Auditionné par le groupe de travail de la commission des affaires culturelles sur la communication audiovisuelle le 25 mars dernier, M. Patrick Imhaus, alors président de TV5, avait insisté sur l'explosion actuelle de la couverture de TV5 en citant le cas de l'Afrique Noire et spécialement de Dakar où la chaîne peut être reçue de trois façons : le bouquet Canal Horizon, la réception individuelle directe, et surtout la réception par un réseau MMDS disposant de 140.000 abonnés. Ce potentiel de diffusion a des effets extrêmement positifs sur la francophonie, avait-t-il noté.

Il avait aussi indiqué que la diffusion numérique a permis de développer la couverture de TV5 et de surmonter l'obstacle que représentait jusqu'à récemment la saturation des réseaux câblés spécialement aux Etats-Unis où le marché est beaucoup plus favorable à la francophonie qu'on ne le croit généralement.

M. Patrick Imhaus avait aussi évoqué l'évolution des programmes de TV 5, dont l'habillage a changé le 1er mars. Il avait notamment indiqué qu'il existait désormais une permanence éditoriale permettant la diffusion d'une dizaine de flashs d'information dans la journée. La grille de programmes, souvent critiquée par le passé mais dont le rapport Balle saluait en 1996 l'amélioration, est désormais articulée autour d'un certain nombre de rendez-vous tels que les films du jeudi et le rendez-vous thématique du dimanche. Il avait noté quelques faiblesses : spécialement le sport, le cinéma (les films récents ne sont pas disponibles) et l'information qui manque d'images françaises sur l'actualité internationale. Il avait regretté à cet égard que les chaînes nationales aient fermé la plupart de leurs bureaux à l'étranger et soient réduites à utiliser les images diffusées par les trois grandes agences de presse américaines. Il avait rappelé sa suggestion de mettre en pool les images produites par les sociétés nationales, en vue d'une diffusion gratuite ou d'une diffusion payante aux télévisions étrangères, après remontage.

Il avait enfin noté que France Télévision assumait depuis peu son rôle d'actionnaire principal de TV5 avec un certain dynamisme. France 2 élabore en particulier un journal quotidien dont le contenu est en voie d'ajustement, l'objectif étant de porter un regard français sur l'actualité internationale.

C'est sur ce socle déjà ferme qu'à été élaboré le plan d'entreprise qui doit soutenir la relance de TV5.

La régionalisation de l'antenne élément clé du nouveau plan d'entreprise

M. Jean Stock, nouveau président de TV5, a présenté le projet de plan d'entreprise au conseil d'administration de la chaîne le 29 septembre 1998.

Il prévoit notamment la création d'une chaîne de programmes par grande zone mondiale, à partir d'un programme de base décliné sur un plan régional grâce à la technique des serveurs informatiques, la cohérence étant assurée par un habillage commun, par la reprise obligatoire de certains programmes communs et par une définition précise des décrochages autorisés. Il s'agit de résoudre les problèmes résultant de la diffusion de TV5 sur des fuseaux horaires très divers, de permettre l'acquisition de droits de diffusion de fictions récentes sans être bloqué par l'indisponibilité de ces droits en France, Suisse et Belgique, de mieux prendre en compte le contexte moral propre à certaines cultures (Moyen-Orient et Asie), ainsi que les besoins spécifiques de l'Afrique. Les cinq déclinaisons régionales se feraient sur l'Afrique (avec pour priorité la problématique sud-sud), sur l'Asie (avec pour priorité le sous titrage en anglais), sur l'Europe (avec pour priorité la diffusion de films), sur la France, Belgique, Suisse (avec pour priorité la création d'un " MultiTVplex "), sur l'Orient (avec pour priorité l'information). Par ailleurs, le continent américain est couvert au travers de deux signaux gérés depuis Montréal, l'un TV5-Québec-Canada, l'autre TV5-USA-Amérique.

Un second axe stratégique prévoit d'élargir le cercle des téléspectateurs grâce notamment à la mise en place d'une grille modulaire permettant de construire une audience cumulée fondée sur la diffusion de séquences intéressant des publics complémentaires répartis sur plusieurs fuseaux horaires, la qualité des programmes étant privilégiée par rapport à la quantité. Des " portes d'entrée " ont été définies pour chaque catégorie de public : les journaux des chaînes actionnaires pour les nationaux expatriés et voyageurs, les magazines et jeux de lettres pour le monde de l'éducation, les films et fictions non sous-titrées pour les francophones, les films et fictions sous-titrées ou traduits pour les francophiles, les rendez-vous horaires d'information pour tous les publics.

Le troisième axe stratégique prévoit de " considérer nos diffuseurs comme partenaires ". Il s'agit d'ouvrir une fenêtre de décrochage local dans la grille modulaire, et de réfléchir avec CFI à un rôle commun de fédérateur de bouquets francophones, ainsi que de fidéliser le rôle des hôtels.

Le budget

Le budget de TV5 a doublé de 1991 à 1997. Les dépenses liées aux programmes en représentent 40 %, les frais techniques 27 % (location de capacités satellitaires et frais de régies). La partie non française assure 29 % des recettes.

En 1998, la contribution de la France au budget adopté par le conseil d'administration s'est élevée à 273,3 millions de francs, dont 247,5 millions de francs en provenance du Ministère des Affaires Etrangères et 25,8 millions de francs en provenance de France Télévision. Ce montant comprend la participation de la France au budget de Satellimages-TV5, qui gère les budgets de TV5-Europe, TV5-Afrique, TV5-Asie et TV5-Orient, mais aussi les participations françaises aux trois budgets gérés à Montréal. Le budget de Satellimages-TV5 s'est élevé en 1998 à 346,6 millions de francs.

La dotation à TV5 du ministère des affaires étrangères s'élèvera à 312 millions de francs en 1999. A ce montant, s'ajoutera une contribution de 26,8 millions de francs, provenant de France Télévision. Le budget global de Satellimage-TV5, toujours en cours de négociation entre les partenaires de la Chaîne devrait s'élever à 409,9 millions de francs.

On notera simplement à l'égard du projet de budget que le renforcement de TV5 reste subordonné à la disposition d'une enveloppe suffisante pour permettre les achats de programmes nécessaires.

b) Canal France International (CFI)

Organisation et diffusion

Banque internationale de programmes créée en 1989, dont la SOFIRAD est l'actionnaire unique, CFI a été conçu pour moderniser la distribution culturelle de programmes audiovisuels dans les pays relevant du champ de la coopération. C'est ainsi que cet organisme met à la disposition des télévisions des pays ayant signé des accords de coopération des programmes libres de droits qui peuvent être rediffusés par les télévisions partenaires sur leurs réseaux.

Ces programmes sont fournis à 60 % de reprises de programmes fournis par les chaînes françaises, le reste provenant d'achats auprès de producteurs de cinéma et de télévision, des télévisions partenaires (notamment celles d'Afrique). Ils sont composés de fictions, divertissements, informations, documentaires et magazines.

La banque d'images reprend également en direct, quand elle a la possibilité d'acquérir les droits, de nombreux événements culturels et sportifs ou liés à l'actualité.

CFI a aussi entrepris d'introduire dans ses grilles des émissions sous-titrées ou doublées en langues étrangères (en anglais dans un premier temps puis en arabe).

La diffusion est assurée par un réseau de satellites :

- Intelsat 803 sur l'Afrique

- Intelsat 704 sur l'Asie (en numérique)

- Palapa C2M satellite régional indonésien diffusant sur le Sud Est Asiatique et l'Australie (jusqu'en avril 1998)

- Eutelsat Hot bird 3 (en numérique) pour l'Europe Centrale et orientale et le Proche et Moyen-Orient (depuis l'arrêt en juillet 1997 de la diffusion de CFI sur l'Arabsat).

Le champ de la diffusion a ainsi été considérablement élargi par rapport à la mission initiale. Une politique de régionalisation des programmes a été entreprise par ailleurs à partir de 1995 à destination des professionnels et du grand public (CFI est aussi diffuseur direct, non crypté, pour les téléspectateurs équipés pour la réception satellitaire directe en Afrique, Asie et au Moyen-Orient).

La reprise des programmes de CFI est actuellement très satisfaisant en Afrique (90 % de la programmation de certaines télévisions francophones) où la retransmission d'événements sportifs touche même des télévisions anglophones.

En Europe de l'Est, la mise en place en novembre 1996 d'une nouvelle formule spécifique à cette zone (diffusion d'un module quotidien de 3 heures et participation des télévisions partenaires aux frais de diffusion) a donné lieu à la signature d'une dizaine d'accords.

Au Maghreb et Moyen-Orient des reprises significatives existent avec la télévision jordanienne et dans une moindre mesure avec l'Egypte et la Syrie. Depuis le retrait de CFI d'Arabsat, un nouveau service banque d'images à destination de la zone a été mis en place fin 1997 sur Hot Bird 3.

En Asie, CFI est présente depuis août 1992 dans la péninsule indochinoise notamment là où les télévisions nationales ont été dotées des installations de réception leur permettant d'enregistrer et de rediffuser une sélection de programmes.

Au Vietnam et au Cambodge, la coopération avec CFI a donné naissance à des journaux télévisés en français animés par des journalistes formés par des professionnels français.

Des reprises existent également au Sri Lanka, à Hong Kong, en Australie et en Nouvelle-Zélande.

Enfin, la montée de CFI sur le satellite indonésien Palapa en mai 1993 a permis de proposer ses programmes en Asie du Sud Est en réception directe dans la zone. Dans le cadre du recentrage de CFI sur son activité de banque de programmes, le remplacement de CFI par TV5 sur ce satellite a été décidé en mai dernier.

C'est à partir de cette situation qu'à été élaboré le plan d'entreprise de CFI.

Le plan d'entreprise et la mise en oeuvre de la présidence commune

Le plan d'entreprise, présenté au conseil d'administration le 29 septembre 1998, doit traduire dans le fonctionnement de CFI la complémentarité avec TV5 souhaitée par la communication ministérielle du 29 avril dernier. Il se déploie sur trois axes stratégiques : créer de nouveaux services de banque en créant un site internet, en recherchant des programmes à caractère éducatif, en favorisant les échanges entre télévisions en Afrique, en élargissant la " spécificité sport " de CFI en Afrique, en introduisant la fonction de " kiosque TV " ; positionner pour les jeunes la chaîne DTH en Afrique ; multiplier les partenariats avec le secteur privé. Ce dernier point devrait être approfondi : CFI est présenté comme l'ensemblier chargé de rassembler les programmes destinés à des bouquets satellitaires étrangers, qu'en sera-t-il alors du rôle actuel de la SOFIRAD en Afrique dans le même domaine ?

Le budget

Le budget de la société en 1998 est de 164,5 MF, financé pour l'essentiel par des subventions du Ministère des Affaires Etrangères (88,1 MF) et des services du Ministre délégué à la Coopération (58,4 MF). La dotation sera en 1999 de 87,45 millions de francs en provenance du ministère des affaires étrangères, et devrait s'élever à 58,4 millions de francs pour la part issue des services de l'ancien ministère de la coopération.

c) Radio France Internationale (RFI)

Organisation et diffusion

Fondée en 1931, RFI poursuit un double objectif : l'exécution d'une mission de service public d'information à l'égard des Français à l'étranger, particulièrement utile dans certaines régions où des situations de crise rendent cruciale la diffusion d'une information adaptée ; et l'offre d'une lecture française de l'actualité aux publics étrangers les plus divers, l'audience totale étant estimée à 30 millions d'auditions.

Elle propose depuis 1996 trois services distincts :

- RFI 1 : chaîne d'actualité en continu et en français 24 heures/24 heures (avec un décrochage pour l'Afrique) ;

- RFI 2, émissions en langues étrangères destinées aux publics non francophones : ce qui représente plus de 80 000 heures d'émissions en 18 langues étrangères, diffusées en ondes courtes et couvrant tous les continents grâce à une dizaine de satellites.

- RFI 3 Banque de programmes musicaux sur satellite comprenant chansons et magazines, et RFI 3 Magazines fournissant plus de 20 000 heures par an de programmes enregistrés, en français ou en langues étrangères, à 750 radios partenaires.

Cette diversification de l'offre de Radio France Internationale a pour objectif de répondre aux besoins des auditeurs et des radios partenaires (900), qui ont désormais la possibilité d'obtenir des programmes ciblés. De fait, les programmes enregistrés de RF 3 font l'objet de très nombreuses reprises.

Radio France Internationale est diffusée en ondes courtes, en FM (135 stations, dont 45 24 heures/24 heures), sur 16 réseaux câblés, par satellite (4 satellites de diffusion directe), ou encore sur Internet.

RFI dispose d'un réseau de 300 journalistes à Paris et de 300 correspondants à l'étranger. Elle fait ainsi figure de premier organisme de l'action audiovisuelle extérieure. Il serait utile de disposer d'une réflexion sur la possibilité d'établir des synergies entre RFI et TV5 afin de tirer le meilleur parti de ce potentiel.

Le budget

Le budget de RFI sera en 1999 de 745,2 MF contre 754,4 MF en loi de finances 1998 et 732,2 MF dans le budget voté par le conseil d'administration. La diminution des crédits est de 3,6%. Elle s'explique par la prise en compte des économies résultant de l'allégement du dispositif de diffusion en ondes courtes vers l'Amérique latine et l'Europe orientale. L'économie correspondante (80 MF en année pleine) est compensée en partie par la reconstitution du fonds de roulement de la société, affecté par les régulations budgétaires depuis 1996.

Les ressources publiques représenteront 99% des ressources de RFI. La part de redevance versée à cet organisme diminuera de 43,9% pour ne plus représenter que 22,2% des ressources globales, à la demande de la ministre de la culture et de la communication, soucieuse de concentrer le produit de la redevance sur les organismes de l'audiovisuel intérieur.

III. L'ENSEIGNEMENT FRANÇAIS À L'ÉTRANGER ET L'ACCUEIL DES ÉTUDIANTS ÉTRANGERS

A. LES CRÉDITS DE L'AGENCE POUR L'ENSEIGNEMENT DU FRANÇAIS À L'ÉTRANGER (AEFE)

Suivant les termes de la loi du 6 juillet 1990 qui l'a instituée, l'AEFE est chargée de quatre missions :

- assurer pour les enfants français à l'étranger le service public d'éducation ;

- assurer l'accueil d'élèves étrangers afin de contribuer au rayonnement de la langue et de la culture française ;

- assurer la coopération entre les systèmes éducatifs français et étranger ;

- aider les familles des élèves français ou étrangers à supporter les frais liés à l'enseignement élémentaire, secondaire ou supérieur et stabiliser les frais de scolarité.

La subvention à l'Agence s'élèvera en 1999 à 1,96 milliard de francs contre 1,49 milliard de francs dans la loi de finances initiale de 1998.

Les crédits de 1999 prévoient 20 millions de francs de mesures nouvelles en faveur des bourses scolaires.

L'Agence perçoit en outre une participation des établissements pour la rémunération des résidents, ainsi que des ressources propres dont le montant n'est pas encore évalué, mais dont l'ordre de grandeur est indiqué dans le tableau ci-après.

RECETTES DE L'AEFE (comparaison 1997/98)

 

Compte financier

1997

Budget primitif

1998

Subvention des affaires étrangères

1 408,9

1 496,1

Subvention de la coopération

363,9

368,4

Participation des établissements à la rémunération des résidents

329,2

338,6

Produits financiers

8,5

9,0

Autres recettes

4,0

2,9

Total recettes

2 114,7

2 215,1

Source : Rapport d'activité de l'AEFE.

B. L'EXÉCUTION DES MISSIONS

1. Le réseau et la scolarisation

L'Agence assure le fonctionnement de trois catégories d'établissements scolaires à l'étranger : les établissements en gestion directe, les établissements conventionnés, pour la plupart gérés par des associations de parents d'élèves ; les établissements simplement homologués, qui bénéficient de quelques subventions de fonctionnement et de bourses, et sont associés aux programmes d'inspection et aux actions de formation continue, on dénomme ces derniers " établissements hors réseau ", mais il convient de les intégrer au réseau de l'enseignement français à l'étranger au sens large. Celui-ci comprend plus de 400 établissements (dont 66 en gestion directe et 204 conventionnés) dans quelque 125 pays, ayant scolarisé 156.084 élèves durant l'année scolaire 1997-1998, contre 157.015 pendant l'année 1996-1997. Il convient d'observer à cet égard que le chiffre théorique du public " scolarisable " des enfants français à l'étranger s'élève à 250 000, selon l'Association démocratique des Français à l'étranger.


 

1995-1996

1996-1997

1997-1998

%

Français

62 170

64 090

64 605

41,4

Nationaux

71 995

71 735

70 680

45,3

Etrangers tiers

21 462

21 190

20 799

13,3

TOTAL

155 627

157 015

156 084

100

Conformément à la politique définie pour l'Agence, les effectifs des élèves français progressent (+2 435), alors que ceux des élèves nationaux et étrangers tiers tendent à diminuer.

L'Europe de l'Ouest est le continent où l'effectif scolarisé dans des établissements liés à l'AEFE est le plus important (36.658 en 1997-1998). Elle est immédiatement suivie par l'Afrique (36.202 élèves scolarisés, pays hors champ de compétence du secrétariat d'Etat chargé de la coopération compris) puis par l'Amérique latine (23.292 élèves), le Maghreb (21.215), le Moyen Orient (17.017), l'Amérique du Nord (9.892), l'Asie-Océanie (8.539) et enfin l'Europe centrale et orientale avec 2.669 élèves. L'Europe centrale et orientale a connu la plus forte progression des effectifs scolarisés dans des établissements gérés ou conventionnés par l'AEFE.

2. Le corps enseignant

Quatre catégories d'enseignants

Les personnels en poste à l'étranger, relevant de l'AEFE sont régis par le décret du 31 mai 1990 relatif à la situation administrative et financière des personnels des établissements d'enseignement à l'étranger. Ils relèvent de trois catégories :

- les expatriés : le décret, dans son article 2, indique que les personnels recrutés hors du pays d'affectation sont dit " personnels expatriés ".

- les résidents sont les personnels établis dans le pays depuis trois mois ou plus et recrutés sur place. Sont également dits " personnels résidents " les agents établis depuis moins de trois mois, qui pour suivre leur conjoint ont élu domicile dans le pays d'exercice de ce conjoint.

- les ex-CSN (coopérants du service national) sont les volontaires du service national actif chargés d'enseignement qui demeurent en fonctions pour terminer l'année scolaire en cours au moment où ils sont dégagés de leurs obligations au titre du service national, dans les conditions fixées par un arrêté du ministre chargé du budget et, selon le cas, du ministre des affaires étrangères ou du ministre délégué à la coopération. La loi du 28 octobre 1997 a instauré un volontariat civil dans les domaines actuellement concernés par le SNA. Un projet de loi est en cours de préparation pour définir les conditions d'exécution de ce volontariat qui revêt une importance capitale pour remplacer à partir de 2002 les 500 coopérants servant actuellement dans le réseau.

L'Agence connaît une quatrième catégorie de personnel : les recrutés locaux. Dans les établissements en gestion directe, ces agents bénéficient d'un contrat local signé par le chef d'établissement. Bien que participant à la mission de l'établissement public, ces agents ne sont pas mentionnés dans le décret du 31 mai 1990 précédemment évoqué. Plus de soixante recours ont été intentés par des recrutés locaux français du Maroc devant le tribunal administratif dans le but de se faire reconnaître la qualité d'agent public et un statut de contractuel de fonction publique française. Dans les établissements conventionnés les recrutés locaux signent un contrat avec l'association gestionnaire, l'Agence n'est donc pas leur employeur. Ils sont, comme les recrutés locaux des établissements en gestion directe, soumis à la législation locale.

Les effectifs

En 1997-98, les établissements en gestion directe ou conventionnés de l'AEFE employaient environ 1.859 expatriés, 3.665 résidents, ainsi que quelque 11.000 recrutés locaux et 400 coopérants du service national.

Le projet de loi de finances pour 1999 prévoit la poursuite de la politique de substitution de postes de résidents à des postes d'expatriés, un des moyens utilisés afin de réduire les dépenses d'un poste qui représente 85 % des dépenses de l'AEFE. C'est ainsi que 63 postes d'expatriés seront transformés en autant de postes de résidents. Par ailleurs, 70 emplois supplémentaires d'enseignants résidents titulaires seront affectés dans le réseau d'établissements français à l'étranger. Cette mesure porte à 140 le nombre d'emplois de résidents titularisés créé depuis 1998.

Les rémunérations

L'analyse financière du salaire des 6 premiers mois de l'année 1998 indique un niveau moyen de rémunération mensuelle pour chacune des catégories et par zone de compétence des ministères de tutelles (pays hors champ pour le ministère des affaires étrangères et pays du champ pour le ministère de la coopération) de :


 

Champ

hors champ

Expatriés décret 1990

45 626

45 130

Expatriés décret 1967

52795

53 652

Résidents

17 765

17 410

ex-CSN PC

22 684

24 479

On doit noter la perpétuation d'une distorsion du système de rémunération en raison de la transformation de postes d'expatriés, en poste de résidents. Dans certains pays, le vivier local n'existant pas et pour maintenir la qualité de l'enseignement, les établissements ont tendance à recruter leurs résidents en France. Ceux-ci obtiennent outre la rémunération liée à leur contrat avec l'AEFE une prime de cherté de vie déterminée localement, plus ou moins importante selon les difficultés de recrutement. Il arrive aussi que certains avantages en nature soient accordés, notamment pour le logement et le voyage du congé annuel. Ainsi, les charges des établissements augmentent-elles, de même que celles de l'Agence, par le biais des droits de scolarité et des bourses scolaires. Ces éléments limitent la portée des économies générées par la conversion des emplois budgétaires.

3. Frais de scolarité et bourses

Une évolution préoccupante des frais de scolarité

La loi portant création de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger précise en son article 2 alinéa 4 que l'établissement public a pour objet d'aider les familles des élèves français ou étrangers à supporter les frais liés à l'enseignement élémentaire, secondaire ou supérieur tout en veillant à la stabilisation des frais de scolarité.

Il est difficile d'apprécier l'évolution de ceux-ci en raison :

- de la diversité des financements du coût de l'enseignement français à l'étranger : subvention de l'Etat français, contributions des parents d'élèves, concours des entreprises françaises, voire des Etats d'accueil ;

- du mode de gestion : public pour les établissements en gestion directe, privé pour les établissements conventionnés ;

- de l'exécution des budgets dans les diverses monnaies locales ce qui introduit des incidences financières liées au phénomène change-prix (inflation dans le pays et parité de la monnaie locale par rapport au franc).

Pour toutes ces raisons les données financières relatives aux établissements du réseau ne sont pas homogènes et sont difficiles à analyser.

L'AEFE a néanmoins cherché à mener une étude sur la base des documents reçus des établissements. Les séries de données complètes ont été assez rares. De plus le concept de droit de scolarité est fort différent d'un établissement à l'autre. Aucun enseignement général n'a donc pu être tiré de cette étude.

L'Agence s'est alors orientée vers l'exploitation des données issues du logiciel des bourses scolaires et vers la mise en place d'un modèle d'analyse.

Parallèlement, des efforts d'harmonisation des documents budgétaires ont été demandés aux établissements.

L'étude des données du logiciel des bourses scolaires a porté sur les années scolaires 1993/1994, 1994/1995 et 1995/1996. Elle a pris en compte les seuls frais de scolarité et de réinscription annuelle, et retrace l'évolution des tarifs. Le modèle démontre que l'inflation et l'effet change sont des paramètres déterminants dans la hausse des tarifs.

En définitive, l'AEFE a constaté, pour les années scolaires 1994-1995 et 1995-1996, des hausses de tarifs dans une grande majorité d'établissements (85 % en 1994 et 87 % en 1995). Cette augmentation est relativement forte, pour près de la moitié des établissements elle est supérieure à 10 % en monnaie locale. On remarque également que les établissements qui perçoivent les frais en francs pratiquent des augmentations nettement inférieures aux augmentations théoriques résultant de l'application du modèle.

Aucune récollection de l'évolution des droits de scolarité en 1998 ne semble encore disponible.

Les bourses

Le coût de l'enseignement français à l'étranger étant supporté pour moitié par les parents d'élèves, le système des bourses, qui représentent 8 % du budget de l'AEFE, apporte aux familles un soutien indispensable.

Les crédits des bourses scolaires augmenteront de 20 millions de francs en 1999, après une augmentation de 12 millions de francs en 1998. Les bourses scolaires permettent de prendre en considération la diversité des situations familiales et locales afin de favoriser la scolarisation des jeunes Français dans le réseau de l'Agence. Cette mesure devrait permettre de réduire dans la plupart des cas la charge maximale des dépenses scolaires à quelque 20% du revenu disponible des familles.

Le système est ouvert aux élèves fréquentant les établissements gérés ou conventionnés par l'AEFE, les établissements homologués et les établissements non homologués qui assurent au moins la moitié des heures d'enseignement en français.

En 1997, 18.000 élèves (dont 15.500 dans les établissements conventionnés et en gestion directe) ont bénéficié d'une bourse. Plus d'un enfant français sur quatre a ainsi bénéficié d'une bourse scolaire. Le nombre des boursiers n'est pas encore évalué en 1998.

Les élèves étrangers ne bénéficient pas de ce système.

Cependant, l'action des associations de parents d'élèves qui acceptent, dans certains pays, de prendre en charge un effort de solidarité en faveur d'élèves étrangers dont les familles connaissent des difficultés financières pallie, dans une certaine mesure, les conséquences de cette situation. Ces bourses d'établissement peuvent représenter un pourcentage important des frais de scolarité, allant jusqu'à 10 % du total dans certaines écoles d'Afrique du Nord.

Une autre forme d'aide aux familles est constituée par les bourses francophones, créées par l'AEFE pour assurer aux familles appartenant aux pays en voie de développement de la communauté francophone la prise en charge du " différentiel " existant, dans les établissements AEFE entre le montant des scolarités dues par les élèves étrangers et le montant des droits de scolarité des élèves français. L'AEFE leur consacre un budget annuel de 8 millions de francs, correspondant à environ 40 % des besoins.

Ce dispositif apparaît très insuffisant. On peut en particulier s'interroger sur une situation qui conduit à exclure les enfants des classes moyennes des établissements français par manque de places comme en raison du poids excessif des frais de scolarité dans le revenu des familles, ce qui aura nécessairement des conséquences fâcheuses à terme sur la francophonie et sur le rayonnement culturel et économique de la France.

Un nouveau système de bourses d'excellence

Le ministère des affaires étrangères a mis au point en 1998 un dispositif nouveau de bourses d'excellence, nommé programme Eiffel, destiné à la formation de décideurs dans les domaines politique et administratif, mais surtout économique et industriel. Amorcé par réarrangement et redéploiement de l'existant, la montée en puissance progressive de ce qui pourrait constituer le socle d'un grand programme de 1 000 bourses en l'an 2000 demeure toutefois conditionnée par l'affectation de moyens nouveaux sur plusieurs années.

Les 50 millions de francs dégagés pour 1999 devraient permettre la mise en place de 300 de ces bourses dès le début de l'année.

On notera à cet égard que le rapport sur la politique d'immigration, établi récemment à la demande du premier ministre par M. Patrick Weil, s'interrogeait sur les moyens d'attirer en France les meilleurs étudiants étrangers.

En effet, sur les 6 000 bacheliers qui proviennent chaque année des centres d'examen hors de France, plus de 2 000 sont étrangers. Même si l'on retire de ce nombre les étrangers qui peuvent financer leurs études supérieures sur leurs ressources propres, il reste un potentiel d'au moins 1 500 étudiants qui auraient vocation à bénéficier de l'enseignement supérieur français et à constituer de futures élites francophones et francophiles, voire, comme le suggèrait le rapport Weil, à revenir exercer comme enseignants dans les établissements français de l'étranger.

On constate, parallèlement, que la France, qui occupait depuis des décennies la seconde place en nombre d'étudiants accueillis, a été dépassée par la Grande-Bretagne (dont l'effectif d'étudiants étrangers a doublé en quatre ans), l'Australie connaissant également une progression remarquable. De plus, notre place est proportionnellement encore plus modeste auprès des pays émergents notamment d'Asie, qui constituent pourtant un enjeu considérable d'influence aussi bien économique, politique et technologique que culturel.

Ce rappel confirme la pertinence des orientations de l'AEFE qui visent à faire des lycées français le lieu d'une meilleure information sur l'offre française de formation et sur l'orientation dans nos universités. A travers les projets d'établissement, les forums-emploi et la généralisation de l'accès à Internet, ils doivent compléter le rôle indispensable joué dans ce domaine par les centres de ressources placés auprès des services culturels.

D'autres efforts sont entrepris. Ainsi, le ministère des affaires étrangères a pris l'initiative de lancer une politique dans ce domaine en coopération avec le ministère de l'éducation nationale dans le cadre d'une charte pour la promotion des formations supérieures et l'accueil des étudiants étrangers signée au moins de mai 1997. Son principal instrument se concrétise sous la forme d'un GIP commun à ces deux administrations, en instance de création.

On ne peut conclure cet examen des modalités de l'accueil des étudiants étrangers sans évoquer le rôle essentiel de la politique des visas. Interrogé sur ce point par votre rapporteur lors de l'audition du 5 novembre dernier, M. Charles Josselin a estimé que les conditions d'octroi des visas devaient tenir compte de cette priorité, et les services culturels devront participer au " repérage " des élites universitaires et culturelles susceptibles d'être accueillies en France.

EXAMEN EN COMMISSION

Au cours d'une séance tenue le jeudi 19 novembre 1998, la commission a procédé à l'examen du rapport pour avis de Mme Danièle Pourtaud sur les crédits pour 1999 des relations culturelles, scientifiques et techniques .

Un débat a suivi l'intervention du rapporteur pour avis.

M. James Bordas s'est déclaré satisfait de l'absence de régulation des crédits de 1998. Il a regretté le décalage persistant entre l'évolution des moyens des services et celle des crédits d'intervention, soulignant que les dotations budgétaires devraient être utilisées pour des interventions plutôt que pour entretenir les structures administratives.

Il a souligné l'intérêt que suscitait la réforme de l'audiovisuel extérieur et notamment l'éclatement du programme de TV5 en cinq programmes destinés à des zones géographiques. Il a approuvé les remarques du rapporteur sur la question de l'acquisition des droits. Il a enfin estimé nécessaire de mettre en place les moyens nécessaires à l'apprentissage du français par des élèves étrangers.

M. Philippe Richert a interrogé le rapporteur pour avis sur l'articulation des éléments de stagnation et des facteurs de dynamisme dans le projet de budget des relations culturelles extérieurs. Il a aussi demandé ce qui justifiait la réduction des crédits de RFI.

Répondant aux questions des intervenants, Mme Danièle Pourtaud , rapporteur pour avis, a précisé que les problèmes posés par la captation des programmes de télévision à la périphérie de leur zone officielle de diffusion seront résolus par la diffusion numérique, qui implique que les téléspectateurs disposent d'un décodeur pour recevoir les programmes.

Revenant sur la nécessité pour les chaînes françaises diffusées par satellite d'acquérir des droits de diffusion pour l'ensemble d'un continent, elle a noté que cela constituait un sérieux obstacle à l'internationalisation des chaînes françaises. C'est pourquoi seules pour l'instant des chaînes fabriquées pour l'exportation, comme Canal Horizon et MCM Internationale, ont véritablement la capacité de profiter des aides à la diffusion satellitaire accordées par le Gouvernement.

Les programmes français se vendent de mieux en mieux à l'étranger, TVFI a ainsi fait un chiffre d'affaires de 583 millions de francs en 1997.

Le budget des relations culturelles, scientifiques et techniques est un budget dynamique à l'intérieur d'un budget des affaires étrangères plutôt stagnant. Mme Danièle Pourtaud a rappelé à cet égard que deux priorités du ministère des affaires étrangères intéressaient les relations culturelles, scientifiques et techniques.

RFI a pu faire une économie de 80 millions de francs grâce à la substitution progressive de la diffusion en modulation de fréquences à la diffusion en ondes courtes. Le Gouvernement a demandé que ces économies soient redéployées vers les autres organismes de l'audiovisuel extérieur, ce qui n'affecte en rien la diffusion des programmes de RFI. Cet organisme recevra par ailleurs une dotation afin de reconstituer son fonds de roulement. Il serait par ailleurs nécessaire que RFI et TV5 se rapprochent afin de mieux coordonner l'utilisation de leurs moyens. Il serait en particulier souhaitable que les rédactions de RFI puissent enrichir les programmes d'information de TV5.

Sur la proposition de son rapporteur, la commission a ensuite donné, à l'unanimité, un avis favorable à l'adoption des crédits des relations culturelles, scientifiques et techniques pour 1999 .




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