B. UNE DIFFICULTÉ MAJEURE : LA BAISSE RÉGULIÈRE DES MOYENS EN PERSONNELS

Parallèlement aux adaptations du réseau diplomatique et consulaire et au maintien d'une très importante charge de travail dans les consulats, le Ministère des affaires étrangères est confronté à une déflation régulière de ses effectifs depuis plus de cinq ans, qui conjugue ses effets à ceux, plus récents, de la baisse des postes de recrutés locaux et de la disparition prochaine des coopérants du service national.

1. La déflation des effectifs du Ministère des affaires étrangères depuis 1994

. En 1998, dernière année du schéma quinquennal d'adaptation des réseaux, ont été supprimés 117 emplois. Ces suppressions ont porté sur :

- 35 emplois de contractuels de catégorie C à l'étranger,

- 56 emplois de titulaires de catégorie C ,

- 26 emplois de chargés de mission culturelle.

Les économies ainsi réalisées ont été compensées par l'augmentation des crédits de rémunération des recrutés locaux, et par la création de 10 emplois de titulaires dans des postes d'encadrement (catégories A et B).

. En 1998, les effectifs réels du Ministère des affaires étrangères s'établissent à :

- 3 547 agents en administration centrale , dont 604 dans les services de coopération au développement, soit 2 943 pour le Quai d'Orsay,

- 12 029 agents dans les services et réseaux à l'étranger , dont :

. 10 404 agents dans les services diplomatiques et consulaires,

. 823 agents dans les missions de coopération et d'action culturelle,

. 82 dans les centres médico-sociaux,

. 720 dans les centres culturels français.

. Bien que le schéma quinquennal n'ait pas eu vocation à être reconduit au-delà de 1998, un nouveau programme pluriannuel de déflation des effectifs serait actuellement de nouveau envisagé. L'effort de réduction des effectifs sera donc poursuivi en 1999 avec la suppression nette de 119 emplois :

- 24 emplois de chargés de mission culturelle,

- 18 emplois contractuels de catégorie B en administration centrale,

- 12 emplois de contractuels de niveau C à l'étranger,

- 65 emplois de titulaires de catégorie C.

. Telle qu'elle est conduite, la déflation des effectifs du Ministère des affaires étrangères affecte tout particulièrement les postes consulaires. En effet, elle porte principalement sur les personnels de catégorie C : 456 emplois de catégorie C à l'étranger ont ainsi été supprimés entre 1994 et 1998, pendant la mise en oeuvre du schéma d'adaptation des réseaux. Or, ces personnels jouent un rôle considérable dans le fonctionnement des postes consulaires.

La poursuite de cette déflation en 1999 est donc susceptible d'aggraver les difficultés de certains consulats. Ces difficultés se traduisent désormais, il faut le souligner, par l'interruption de certaines activités consulaires. Ainsi le consulat général de Rome a-t-il été contraint de fermer ses services de l'état civil pendant plusieurs mois, en 1996 et 1997.

2. Deux ressources en personnels désormais en déclin : recrutés locaux et coopérants du service national

a) L'amorce d'une contraction des effectifs de recrutés locaux

Dans la logique du schéma quinquennal ci-dessus évoqué, la restitution des 610 emplois de titulaires supprimés devait être -au moins partiellement- compensée par un développement des effectifs de recrutés locaux , dans la proportion d'un recruté local pour deux emplois de titulaires supprimés.

Les effectifs recrutés locaux s'élèvent ainsi en 1998 à 5 530 agents, dont 1 191 Français (soit 21,5 %). Les augmentations d'effectifs effectuées dans le cadre du schéma quinquennal ont porté sur les agents de bureau , qui représentent désormais quelque 40 % de l'effectif total, répartis entre 2 201 agents de bureau et 3 329 agents de service. En 1998, les recrutés locaux représentent 53 % des personnels des postes diplomatiques et consulaires.

Les différentes mesures tendant à la revalorisation des rémunérations et à l'amélioration de la protection sociale des recrutés locaux mises en oeuvre depuis 1997 se sont traduites par des charges supplémentaires. Ainsi la dotation destinée aux recrutés locaux augmentera-t-elle de 8,4 %, y compris les indemnités de fin de fonction et les charges sociales. En dépit de crédits croissants, les nécessaires ajustements de rémunération en cours ne permettent plus d'augmenter le nombre de postes de recrutés locaux. Les salaires étant de surcroît parfois versés en dollars, cette dotation subit le contrecoup de l'évolution du taux de change du dollar et des monnaies rattachées, alors même que le chapitre 31-98 est un chapitre limitatif et non provisionnel.

C'est ainsi que les effectifs de recrutés locaux ont été, eux aussi, affectés par des suppressions nettes d'emplois (40 postes en 1997 et 60 en 1998). Il est désormais difficile de recourir à cette catégorie de personnels pour compenser la déflation des emplois de titulaires. Il convient donc de suivre avec intérêt les travaux de la mission de réflexion sur la politique générale de recrutement et de gestion des personnels locaux mise en place récemment au Ministère des affaires étrangères.

b) Difficultés supplémentaires liées au futur volontariat du service national à l'étranger

La réforme du service national affecte aussi la gestion des personnels des affaires étrangères à travers, d'une part, l'extinction progressive, à l'échéance de 2002 (fin de la période de transition et interruption du service national obligatoire), de la ressource appelée et, d'autre part, à travers la montée en puissance des futurs volontaires du service national.

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Chaque année, un effectif stable de quelque 1 500 coopérants du service national (CSN) effectuent leur service national au Ministère des affaires étrangères. Point n'est besoin de souligner l' apport essentiel de ces jeunes gens au fonctionnement des postes diplomatiques et consulaires, aux organismes de recherche à l'étranger, aux établissements d'enseignement relevant du réseau de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger, aux centres culturels et aux alliances françaises, ainsi qu'aux organisations non gouvernementales contribuant à notre politique de coopération.

La même remarque vaut pour les jeunes gens affectés au service national en entreprises , et dont la ressource est gérée par la Direction des relations économiques extérieures du Ministère de l'économie et des finances. Le ministère délégué à la coopération et à la francophonie s'appuie également sur la ressource appelée, dont le haut niveau de formation constitue un atout considérable pour les missions de coopération.

. La loi n° 97-1019 portant réforme du service national prévoit, parmi les modalités d'accomplissement du futur volontariat du service national, un volontariat à l'étranger qui recouperait très largement l'actuel service de la coopération. Elle renvoie cependant à une loi ultérieure pour définir plus précisément les contours du statut des volontaires civils, ainsi que les missions susceptibles d'être confiées à ceux-ci par les différentes administrations de tutelle.

Votre rapporteur est, comme la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, favorable au fait qu'une loi spécifique porte uniquement sur le volontariat à l'étranger. Cette préférence s'appuie sur les particularités évidentes présentées par les divers types de volontariats susceptibles d'être accomplis à l'étranger (enseignement à l'étranger, coopération et ONG, entreprises, organismes de recherche...), par rapport aux autres volontariats civils initialement envisagés dans le cadre du projet de loi portant réforme du service national proposé par le précédent gouvernement. Ce projet de loi, rappelons-le, prévoyait l'accomplissement de volontariats civils dans les domaines de la sécurité, de la prévention et de la défense civile ; de la cohésion sociale et de la solidarité ; de la coopération internationale et de l'aide humanitaire.

Or, la mise en place des emplois jeunes est revenue à créer, notamment dans la police et dans l'Education nationale, des postes comparables à ceux qu'il avait été initialement prévu de proposer dans le cadre du volontariat du service national. Dans les administrations concernées par les emplois-jeunes, la création d'un volontariat du service national devient, par conséquent, redondante. Ainsi les hypothèses sur lesquelles s'appuyait le projet de loi déposé par l'ancien gouvernement à l'égard des volontariats civils paraissent-elles dépassées du fait de la création des emplois-jeunes. Cette constatation valide la formule d'un nouveau projet de loi portant exclusivement sur le volontariat international.

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Tandis que le projet de loi destiné à définir les contours juridiques du volontariat international était très avancé, le gouvernement a interrompu la procédure d'élaboration de ce texte, au motif que ledit projet devait intégrer les volontariats susceptibles d'être accomplis dans le domaine de la solidarité et de la cohésion sociale. Ce secteur serait donc doublement pourvu , non seulement à travers les emplois-jeunes dont la demande croît de manière régulière -et inquiétante pour notre pays-, mais aussi à travers le volontariat du service national.

Le Ministère des affaires étrangères est la première victime des atermoiements gouvernementaux
, car il est urgent d'adopter la loi relative au volontariat international , et de permettre au futur système de se rôder avant la fin du service national obligatoire, en 2002. L'urgence est renforcée par le fait que, à l'échéance de 2002, une réduction des effectifs de CSN ne paraît pas impossible, compte tenu de la persistance de besoins importants dans les armées tandis que la ressource en appelés est susceptible de décroître.

Confronté à une déflation régulière de ses effectifs, le Ministère des affaires étrangères ne peut donc plus s'appuyer sur l'apport que constituent les recrutés locaux et les CSN. Ces évolutions simultanées imposent une réflexion sur la définition à venir des missions et des priorités géographiques du Ministère des affaires étrangères.

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