II. EXAMEN DE L'AVIS

Réunie le mercredi 25 novembre 1998 , sous la présidence de M. Jean Delaneau, président, la commission a procédé à l'examen du rapport pour avis de M. Louis Boyer sur les crédits consacrés à la santé dans le projet de loi de finances pour 1999 .

M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a précisé, à titre liminaire, que les crédits du budget de la santé étaient répartis au sein de deux agrégats, intitulés " politique de santé publique " et " offre de soins ", parmi les six agrégats que comporte le fascicule budgétaire consacré à la santé et à la solidarité. Il a indiqué que les crédits de ces deux agrégats affichaient une très légère progression de 0,2 % par rapport à ceux ouverts en loi de finances pour 1998, mais qu'à structure constante la progression des crédits de la santé s'établissait à 3,6 %.

M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a d'abord évoqué les deux priorités budgétaires annoncées par le Gouvernement, d'une part, la mise en oeuvre des dispositions de la loi du 1 er juillet 1998 relative au renforcement de la sécurité et de la veille sanitaires, d'autre part, la lutte contre les exclusions.

Le projet de loi de finances prévoit en effet les crédits nécessaires à l'installation, dès le début de l'année prochaine, de trois nouveaux établissements publics : l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments et l'Institut de veille sanitaire.

M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a précisé que la première agence, qui contrôlerait l'ensemble des produits de santé, bénéficierait de 119 millions de francs, dont 34,9 millions de francs de mesures nouvelles par rapport à la subvention accordée par l'Etat à l'Agence du médicament en 1998. Il a rappelé que les crédits budgétaires ne devraient constituer qu'une part modeste du budget total de la future agence qui bénéficierait, comme l'ancienne Agence du médicament, de droits et taxes prévus par la loi.

M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a affirmé que la seconde Agence de sécurité sanitaire, chargée des aliments, disposerait d'un budget bien moins élevé, les subventions accordées par l'Etat en 1999 s'élevant à 31,4 millions de francs dont 8 millions de francs inscrits au budget de la santé.

Troisième établissement public institué par la loi du 1 er juillet 1998, l'Institut de veille sanitaire, qui prendra la suite du réseau national de santé publique, bénéficiera d'une subvention de 62,5 millions de francs dont plus du tiers sont des moyens nouveaux. M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a indiqué que le reste des crédits correspondait, outre la subvention à l'ancien réseau national de la santé publique, aux moyens des registres de pathologies et à 3 millions de francs qui étaient antérieurement affectés aux observatoires régionaux de la santé. A cet égard, la Fédération des observatoires régionaux de la santé estime cependant que, lorsqu'ils reviendront aux observatoires, ces 3 millions de francs se réduiront à 2,49 millions de francs au maximum : ils seront en effet soumis à la TVA, sans tenir compte des éventuels frais de gestion de l'Institut de veille sanitaire.

M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a également évoqué la gestion des crédits ouverts en loi de finances pour 1998 pour l'installation des trois établissements publics créés par la réforme de la veille et de la sécurité sanitaires. Il a indiqué que, ces crédits n'ayant pas encore été utilisés, les agences n'étant pas encore créées, un arrêté du 21 août était venu annuler 34 des 80 millions de francs ouverts en loi de finances initiale afin de permettre le financement des Etats généraux de la santé. Le projet de loi de finances rectificative pour 1998 vient quelque peu compenser cette perte en demandant l'ouverture de 9 millions de francs supplémentaires pour les nouvelles agences. M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a indiqué qu'il s'assurerait auprès du ministre que les 55 millions de francs demeurant disponibles seraient bien reportés sur l'exercice 1999.

M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a ensuite évoqué la seconde priorité retenue par le Gouvernement, la lutte contre les exclusions, qui bénéficiait de 250 millions de francs dont 194 millions de francs de mesures nouvelles. Il a rappelé que l'appréciation de cet effort devait tenir compte d'un certain nombre d'effets de " yoyo budgétaire " : ainsi, si le Gouvernement annonce le quasi-doublement, en 1999, des crédits de l'article 40 du chapitre 47-11, il convient de rappeler que ces mêmes crédits avaient été réduits d'un tiers dans la loi de finances pour 1998.

M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a ensuite abordé l'examen des crédits de la lutte contre les grands fléaux sanitaires. Il a rappelé que les crédits de la lutte contre la toxicomanie représentaient plus du quart du budget de la santé et regretté que le plan triennal de lutte contre la toxicomanie, annoncé depuis l'entrée en fonctions du Gouvernement, n'ait encore pas vu le jour. Prenant acte des critiques formulées par la Cour des comptes à l'égard des plans précédents, il a estimé que le futur plan de lutte, compte tenu de son délai d'élaboration, ne pourrait être critiqué comme ayant été conçu dans la précipitation.

M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a indiqué que les crédits du chapitre 47-18, jusqu'ici exclusivement consacrés à la lutte contre le Sida, seraient cette année également utilisés pour promouvoir le dépistage, la prévention et la surveillance épidémiologique de l'hépatite C. Il a regretté l'indigence des crédits de la lutte contre le tabagisme, en baisse de moitié, qui s'élevaient à 1,5 million de francs. Rappelant que l'an dernier il avait évoqué le manque de transparence des actions menées par le comité national de lutte contre le tabagisme (CNCT), et qu'un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS), publié en cours d'année, lui avait donné raison, il a indiqué que le ministère semblait continuer de préférer déléguer à cette association la politique de lutte contre le tabagisme à condition qu'elle accepte de renouveler ses instances dirigeantes. Il a regretté que la réponse au questionnaire budgétaire, cette année, ne soit pas plus détaillée que celle des années précédentes : elle ne fait en effet mention d'aucune précision, ni de délai, ni de contenu, pour décrire l'exigence ministérielle.

M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a enfin évoqué les crédits budgétaires destinés à l'adaptation de l'offre de soins. Il a indiqué qu'il interrogerait le ministre sur les raisons qui l'ont conduit à proposer une baisse de 36 % des crédits utilisés pour financer le fonctionnement des " centres 15 ". En cohérence avec les propos tenus par M. Charles Descours, rapporteur, lors de l'examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale, il a regretté que les crédits du fonds d'investissement pour la modernisation des hôpitaux soient si faibles par rapport aux besoins.

En conclusion de son intervention, M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a proposé d'émettre un avis de sagesse sur les crédits de la santé pour 1999.

M. Lucien Neuwirth a évoqué les plans ministériels d'amélioration de la prise en charge de la douleur et de développement des soins palliatifs. Il a interrogé le rapporteur pour avis sur les crédits budgétaires inscrits en leur faveur au budget de la santé.

M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, lui a indiqué que le ministre prévoyait de consacrer 400.000 francs, l'an prochain, pour financer l'élaboration d'un didacticiel consacré à la douleur mais que les crédits nécessaires au développement des soins palliatifs seraient engagés par l'assurance maladie.

M. Louis Souvet , évoquant des questions d'actualité concernant la sécurité de l'eau et de la viande, a demandé au rapporteur pour avis des précisions sur l'étendue des compétences de l'Agence de sécurité sanitaire des aliments. Il a fait part de son étonnement devant la proposition du rapporteur d'émettre en commission un avis de sagesse sur les crédits de la santé, estimant qu'il était plus logique qu'une telle position soit exprimée en séance publique.

M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, lui a répondu qu'il tenait le même discours en commission et en séance publique. Il a indiqué que la future Agence de sécurité sanitaire des aliments serait compétente pour la viande comme pour l'eau destinée à la consommation humaine et qu'elle pourrait formuler des recommandations et diligenter des contrôles.

M. Jean Delaneau, président, a rappelé que la commission avait déjà, dans le passé, émis des avis de sagesse à l'adoption de crédits budgétaires.

M. François Autain a indiqué que les membres de la commission appartenant au groupe socialiste adopteraient le rapport de M. Louis Boyer, rapporteur pour avis.

Se félicitant que le Gouvernement ait tiré dans le budget toutes les conséquences de la loi du 1 er juillet 1998 adoptée à l'initiative des sénateurs Huriet et Descours, il a estimé que les critiques formulées par le rapporteur pour avis à l'égard du budget étaient le plus souvent constructives et fondées. Il s'est déclaré partisan d'obtenir le report sur l'exercice 1999 des crédits ouverts en 1998 pour l'installation des agences de sécurité sanitaire et a fait siens les propos du rapporteur pour avis sur le comité national de lutte contre le tabagisme (CNCT).

M. Francis Giraud , évoquant la veille sanitaire, a rappelé l'efficacité remarquable des registres de pathologies.

M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a indiqué qu'il existait 23 registres et que 4 millions de francs avaient été ouverts en leur faveur en 1998.

M. Jean-Louis Lorrain a demandé au rapporteur pour avis si les crédits de la santé amorçaient un transfert à l'Etat des compétences sanitaires des départements, notamment en matière de lutte contre la tuberculose.

M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a indiqué qu'un tel transfert devrait être prévu par la loi et s'est déclaré favorable à un tel changement dans la répartition des compétences entre Etat et départements.

Mme Nicole Borvo a indiqué que les membres de la commission appartenant au groupe communiste approuveraient aussi le rapport pour avis. Elle a estimé insuffisante la création des agences de sécurité sanitaire eu égard à l'importance des enjeux. Elle a également estimé insuffisants les efforts accomplis en matière de prévention de la toxicomanie et de lutte contre le Sida.

La commission, sur proposition de M. Louis Boyer, rapporteur pour avis, a décidé à l'unanimité d'émettre un avis de sagesse sur les crédits de la santé pour 1999.

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