CONCLUSION

Dans cet avis, la commission des finances a voulu mettre dans leur contexte économique et financier les quelque 450 millions de francs de crédits prévus pour assurer l'indemnisation de la suppression du droit de présentation des commissaires-priseurs.

L'indemnisation est nécessaire mais pas suffisante si l'on veut relancer le marché de l'art .

Certes, le nombre d'emplois directement impliqués par la réforme n'est que de 2000 personnes ; mais il ne faut pas oublier que les ventes aux enchères sont en liaison étroite avec le secteur des marchands d'antiquités - qu'il s'agisse des galeries du VIII arrondissement ou des stands des puces - et plus généralement de tout un réseau de professionnels divers - restaurateurs, transporteurs.quantitativement, c'est loin d'être négligeable et qualitativement, c'est important pour un pays qui fait du luxe et de l'art de vivre un des éléments de son fonds de commerce.

Avec ce texte le marché de l'art français va être officiellement ouvert sur l'extérieur. Officieusement, il l'est déjà, car il est de notoriété publique qu'une bonne part de la marchandise vendue à Londres - et maintenant à New-York - vient de notre pays

Mais cette régularisation ne peut qu'accentuer la pression sur le patrimoine culturel et rendre plus fragiles les digues réglementaires et financières que l'on s'est efforcé de mettre en place.

L'internationalisation du marché de l'art français est en marche. Le processus est irrésistible. Quelle que soit le degré de pugnacité des anciens commissaires-priseurs, quelle que soit la part de marché que les deux grandes maisons de ventes anglo-saxonnes vont parvenir à conquérir, la France va se trouver soumise un peu plus à des opérateurs animé par une logique globale, qui les pousse à chercher avec efficacité le plus offrant et donc à aller au devant de la demande, c'est-à-dire le plus souvent à l'étranger.

L'hémorragie va donc continuer au rythme de plus de deux milliards de francs d'exportations nettes d'oeuvres d'art par an. L'État ne peut plus se contenter d'interdire, ou de chercher à colmater les brèches par des crédits toujours insuffisants ; de toutes façons, l'État ne peut - et ne doit - pas tout acheter. Mais il peut par une politique fiscale intelligente fixer les oeuvres et favoriser les vocations de collectionneur, sans lesquelles il n'y aurait ni marché ni musées.

De telles mesures fiscales figurent dans le rapport d'information sur la situation du marché de l'art que votre rapporteur pour avis présente par ailleurs au nom de la Commission des finances.

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