C. LES ACTIONS EN FAVEUR DU SPORT SONT MARQUÉES PAR UN NET EFFORT POUR CONTRÔLER ET RÉFREINER LE DOPAGE

Votre rapporteur a choisi, cette année, d'examiner particulièrement trois domaines d'intervention du ministère de la jeunesse et des sports : la lutte contre le dopage, le soutien au sport de haut niveau et les équipements sportifs de proximité.

1. La protection de la santé des sportifs

Cette année a été marquée par l'adoption de la loi n° 99-223 du 23 mars 1999, relative à la protection de la santé des sportifs et à la lutte contre le dopage , dont les dispositions visent à mieux prévenir, diagnostiquer et prendre en charge les risques liés à des pratiques déviantes, dont le dopage. Les principales dispositions du texte portent sur :

• l'obligation de produire un certificat médical de non contre-indication à la pratique des activités physiques et sportives pour la délivrance de la première licence sportive ;

• l'obligation de produire un certificat annuel mentionnant l'absence de contre-indication pour permettre aux sportifs licenciés de participer à des compétitions ;

• l'obligation, pour les fédérations sportives, d'assurer la surveillance médicale des sportifs de haut niveau sur la base d'un règlement médical commun défini par arrêté conjoint des ministres chargés des sports et de la santé.

La loi institue également un dispositif de veille sanitaire pour les pratiquants sportifs, veille qui s'appuie sur la création d'antennes médicales destinées à accueillir les sportifs ayant eu recours au dopage.

Ces antennes régionales sont chargées de réaliser le recueil et l'évaluation des constats cliniques et biologiques liés aux cas de dopage recensés par tout médecin. Elles transmettent l'ensemble des données recueillies, sous forme anonyme, au Conseil de prévention et de lutte contre le dopage. Une mesure nouvelle de 13,3 millions de francs est prévue au budget 2000 pour la mise en place de ce dispositif (9 millions de francs pour les moyens en matériels), et le paiement à la vacation (4,3 millions de francs) du personnel à raison de 2 à 3 demi-journées en moyenne par semaine (médecin et secrétariat médical).

La création de 24 contrats de médecins inspecteurs à temps plein est inscrite au projet de loi pour 2000 pour un coût de 9,765 millions de francs.

Conseiller santé du directeur régional et départemental de la jeunesse et des sports, le médecin inspecteur participe à la conception, à la mise en oeuvre, à l'exécution et à l'évaluation de la politique médico-sportive régionale. Il participe à la mise en place des conditions nécessaires au suivi médical des sportifs et à la prévention du dopage.

* Le suivi médical et biologique des sportifs de haut niveau

Le constat irréfutable de la généralisation du dopage, et la difficulté de suivre médicalement la population sportive de haut niveau, ont rendu indispensable la mise en place d'un suivi médical et biologique systématique de ces sportifs, basé sur la réalisation annuelle d'un examen médical approfondi et de quatre prélèvements sanguins.

Ce suivi médical longitudinal contrôlé a débuté en novembre 1998, avec la collaboration active de la fédération française de cyclisme qui s'est dotée la première d'un outil réglementaire ; 500 sportifs classés " élites " de cette fédération ont donc bénéficié de cette opération.

L'objectif pour l'année 2000 est la création d'un dispositif pérenne, qui permette de suivre 5000 sportifs de haut niveau, d'obtenir des résultats homogènes et reproductibles, et d'adresser un compte rendu unique et rapide des analyses au sportif et au médecin prescripteur. Le ministère de la jeunesse et des sports souhaite que le suivi soit confié à un laboratoire centralisé, qui pourrait être le laboratoire national de dépistage du dopage. Une mesure nouvelle spécifique de 18,2 millions de francs est consacrée à ce suivi en 2000.

* Les centres médico-sportifs

Les centres médico-sportifs (400 environ répartis sur tout le territoire), créés à l'initiative des municipalités, ont joué un rôle déterminant dans le développement du contrôle médical préalable à l'activité physique et sportive. Les collectivités territoriales assurent la gestion des centres médico-sportifs.

L'intervention de l'Etat a été redéfinie sur ce point. La possibilité est aujourd'hui ouverte à tout médecin généraliste d'établir un certificat de non contre-indication à la pratique sportive, grâce à une formation initiale en médecine du sport intégrée dans les deuxième et troisième cycles des études médicales.

Le financement du contrôle médical préalable à l'activité physique et sportive effectué dans les centres médico-sportifs est assuré exclusivement sur la part régionale du FNDS.

En 1999, les centres médico-sportifs ont été associés aux politiques contractuelles régionales en médecine du sport, pilotées par les directeurs régionaux de la jeunesse et des sports. Une action de soutien doit permettre d'améliorer leur équipement (1,5 million de francs en 1999).

* Le bilan des contrôles antidopage menés entre 1995 et 1999

Les contrôles antidopage sont effectués en France sous la responsabilité de l'administration de la jeunesse et des sports. Ils sont pratiqués lors des compétitions et à l'entraînement, pour toutes les disciplines sportives, à partir des calendriers adressés par les fédérations (65 fédérations ont été contrôlées en 1998).

Le ministère a accordé, dès 1996, la priorité à l'organisation de contrôles à l'entraînement, la plupart des substances majeures s'utilisant sous forme de cure pendant les périodes d'entraînement intensif, et n'étant donc plus détectables lors des compétitions. Le nombre des prélèvements a d'abord diminué afin de privilégier l'aspect qualitatif, pour augmenter depuis un an et poursuivre sa progression en 1999 (plus de 5 000 prélèvements sur 6 mois).


Sportifs contrôlés

1995

1996

1997

1998

Français

 

4 328

3 905

5 786

Etrangers

 

1 108

1 323

1 320

Non communiqués

 
 
 

7

TOTAL

7 081

5 436

5 228

7 113

Le ministère établit les statistiques nationales relatives à l'utilisation de substances dopantes portant sur les sportifs licenciés français, comme sur les sportifs étrangers.

Ces statistiques prennent en compte les justifications thérapeutiques officiellement reconnues (substances exceptionnellement autorisées après soumission par le sportif d'un dossier médical détaillé). Depuis avril 1998, la France reconnaît la liste de référence des classes pharmacologiques d'agents de dopage et de méthodes de dopage interdites adoptée par le groupe de suivi de la convention contre le dopage du Conseil de l'Europe (conforme à celle du CIO).

Les substances interdites sont réparties en 5 classes :

Classe A : stimulants

Classe B : narcotiques

Classe C : agents anabolisants

Classe D : Diurétiques

Classe E : Hormones peptidiques et glycoprotéiniques et analogues.

Les trois grandes catégories de substances détectées chez les sportifs français sont les stupéfiants (cannabis, dextropropoxyphène...), les anabolisants (stéroïdes anabolisants dont nandrolone...) et les stimulants (salbutamol et autres béta-2 mimétiques), avec des pourcentages variables d'une année sur l'autre.

Classe

1995 (*)

1996

1997

1998

Stupéfiants

 

48,7 %

28 %

59 %

Stimulants

 

21,8 %

20 %

29 %

Anabolisants

 

26,9 %

33 %

6 %

(*) Année de création de la banque de données

Au total, les moyens budgétaires affectés à la lutte contre le dopage sont passés de 25 millions de francs en 1998 à 39,7 millions de francs en 1999, et 89,3 millions de francs sont prévus pour 2000 : il y a là un effort considérable qui place notre pays en tête de cette lutte au niveau mondial .

2. Le soutien à la pratique du sport de haut niveau

Depuis l'intervention de la loi de 1984 sur l'organisation et la promotion des activités physiques et sportives qui prévoyait des mesures de soutien aux sportifs de haut niveau, plusieurs types de financement ont été définis dans cette perspective.

Seuls les sportifs inscrits sur la liste nationale des sportifs de haut niveau peuvent bénéficier d'aides individuelles qui peuvent consister en avantages financiers ou en mesures leur permettant de déroger aux conditions d'accès à certains emplois de la fonction publique, d'obtenir des emplois aménagés liant le ministère de la jeunesse et des sports à de grandes administrations ou entreprises, ou de poursuivre leurs études en bénéficiant de conditions particulièrement adaptées aux contraintes que leur impose leur carrière sportive.

* Les aides personnalisées

A ce jour, les sportifs de haut niveau qui peuvent bénéficier d'aides financières sont au nombre de 6 256 répartis en 1 014 élites, 2 332 seniors et 2 812 jeunes auxquels s'ajoutent 98 sportifs inscrits dans la catégorie " reconversion ".

Les aides sont exclusivement réservées aux athlètes dont la qualité de sportif de haut niveau est officiellement reconnue par l'inscription sur une liste nationale arrêtée par le ministère de la jeunesse et des sports, et mise à jour annuellement. Les crédits correspondants ne sont pas attribués directement aux intéressés, mais sont délégués globalement au CNOSF qui les attribue à chaque sportif selon les propositions de la fédération.

Il appartient aux directeurs techniques nationaux de définir les critères fédéraux propres de répartition, tout en respectant le champ d'application défini par le ministère de la jeunesse et des sports. Les aides versées doivent correspondre à l'une des rubriques suivantes : aides sociales, compensations d'un manque à gagner pour les sportifs déjà insérés dans la vie active ou bénéficiant d'une allocation forfaitaire, remboursements de frais ou primes à la performance.

En 1998, un montant total de 50,2 millions de francs a été versé à 2 782 sportifs de haut niveau, licenciés dans 51 fédérations. 3 millions de francs correspondent au paiement des charges sociales. L'aide moyenne est évaluée à 18 029 F par sportif bénéficiaire ou 8 017 F proportionnellement au nombre total des sportifs de haut niveau susceptibles de percevoir une aide personnalisée.

Les aides personnalisées ne sont assujetties ni aux cotisations sociales, ni à la CSG dans la limite d'un forfait de 42 270 F (soit 25 % du plafond annuel de la sécurité sociale pour 1998). La partie excédant 42 270 F est assujettie aux cotisations de sécurité sociale et à la CSG.

* Les formations professionnelles

La majorité des établissements de la jeunesse et des sports accueillant des pôles de formation proposent un large éventail de formations professionnelles, notamment aux métiers du sport (brevets d'Etat).

Certains établissements d'enseignement supérieur proposent des adaptations individualisées, telles que l'allongement du cursus (DEUG conçu en trois ans), des possibilités de report de certains examens, ainsi que des cours de rattrapage.

* Les bourses de formation professionnelle attribuées aux sportifs de haut niveau

Les bourses de formation font partie des moyens mis à la disposition du mouvement sportif et permettent aux sportifs de haut niveau de préparer une formation professionnelle.

Cette aide est gérée en collaboration avec le ministère du travail et des affaires sociales, et représente une dotation de mois stagiaires répartie en concertation étroite avec l'ensemble des directions techniques nationales. Elle a permis à 60 sportifs de haut niveau de suivre les formations professionnelles établies dans leur plan de reconversion (aide mensuelle entre 2 000 F et 4 000 F, soit une enveloppe de 1,5 million de francs).

3. Les équipements sportifs de proximité

Depuis 1994, les crédits permettant la réalisation d'équipements sportifs de proximité sont affectés au ministère des affaires sociales et de la ville. Les équipements sportifs de proximité sont donc financés par les crédits du Fonds social urbain (FSU) déconcentrés et gérés par les directions départementales de l'équipement.

Néanmoins, le ministère de la jeunesse et des sports participe , depuis leur origine (mesures " habitat et vie sociale " - HVS - à la fin des années 1970) aux différentes politiques de requalification sociale des quartiers dégradés ainsi qu'aux actions éducatives et de prévention en faveur des jeunes en difficulté .

Il prend ainsi une part à la politique gouvernementale menée dans le cadre de la ville et participe au comité interministériel des villes (CIV) et aux groupes de travail de la délégation interministérielle à la ville.

L'intervention du ministère de la jeunesse et des sports est fondée sur sa mission éducative, auprès de l'ensemble des jeunes, pendant le temps périscolaire et les vacances . Cette action éducative se traduit par un soutien aux interventions facilitant l'accès aux loisirs de proximité, aux vacances collectives, ou aux projets favorisant les initiatives de jeunes. Les contrats de ville comprennent des contrats éducatifs locaux (CEL).

Le ministère de la jeunesse et des sports intervient financièrement et techniquement (par le biais de ses personnels) sur les sites retenus dans le cadre des procédures de contrats de ville et des projets locaux intégrés ; il intervient également dans le domaine de la formation d'animateurs et de cadres associatifs professionnels . C'est ainsi qu'il a mis en place le brevet d'aptitude professionnel d'assistant-animateur technicien (BAPAAT).

- Le plan Sport-emploi (PSE) est un programme de soutien financier dégressif apporté aux associations créant des emplois peu ou fortement qualifiés dans l'animation sportive.

Le " ticket sport " est une opération lancée à l'initiative du ministère de la jeunesse et des sports pour proposer des activités aux publics jeunes qui ne partent pas en vacances ;

- le " coupon sport " institue une aide financière aux familles disposant de revenus modestes et vise à réduire le coût d'adhésion à une association sportive agréée. Ce dispositif lancé à titre expérimental en 1998 au profit de jeunes issus de milieux modestes et âgés de 14 à 18 ans, a bénéficié à 50 000 jeunes lors de cette première année de lancement. En 1999, une mesure nouvelle de 20 millions de francs et l'élargissement des bénéficiaires aux 10-18 ans a donné une impulsion nouvelle à ce dispositif. Les services déconcentrés du ministère de la jeunesse et des sports ont reçu beaucoup de demandes : en un mois, près de 30 000 jeunes ont déjà pu en bénéficier ; les besoins exprimés sont supérieurs aux 20 millions de francs prévus. En 2000, une mesure nouvelle de 2 millions de francs permettra de mieux répondre aux besoins constatés.

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