V. LE MERCURE EN GUYANE

De très nombreuses études ont établi que les activités d'orpaillage exercées en Guyane sont responsables de rejets importants de mercure dans l'environnement et sont à la source d'expositions des populations locales (74 ( * )) . De récents travaux ouvrent d'autres pistes (75 ( * )) . Ce sujet fait l'objet d'une attention soutenue des pouvoirs publics et des autorités locales. La députée de Guyane, Mme Christiane Taubira-Delannon, missionnée par M. le Premier Ministre, vient d'ailleurs de rendre un rapport très complet sur cette question (76 ( * )) .

1. Les sources de contamination

a) l'utilisation du mercure dans l'activité d'orpaillage

Le mercure est traditionnellement associé à l'orpaillage. L'exploitation de l'or en Guyane remonte au XIX ème siècle. Certains gisements produisaient alors plusieurs milliers de tonnes par an. Après une période de déclin, au cours du XXème siècle, l'orpaillage s'est maintenu et a même connu un regain d'activité depuis quelques années, notamment depuis la publication par le BRGM de l'inventaire des richesses minières du sous-sol guyanais. Au début de l'activité d'orpaillage, l'or était extrait des gisements alluvionnaires prélevés dans les rivières sur le principe de la gravimétrie, en jouant sur les différentes densités des matériaux : l'or, plus lourd que les autres particules, restait au fond tandis que les cailloux débordaient de la « bâtée ». Aujourd'hui, le gravier est pompé des rivières et jeté sur un plan incliné auquel on ajoute du mercure. Le mercure et l'or s'associent, forment un amalgame (77 ( * )).

La seconde étape consiste à séparer les deux métaux : l'amalgame est chauffé à des températures comprises entre 400 et 500°. Le mercure se transforme en vapeur (puisqu'il bout à 357°), tandis que l'or reste solide (puisque sa température de fusion est très supérieure, à 1063°). L'or est ensuite remis à des raffineurs, qui procèdent à une extraction du mercure encore présent (environ 5 % de mercure), sur le même principe.

L'orpaillage est une activité répandue dans une grande partie de l'Amazonie (Brésil, Surinam, Guyane). Le raffinage est plutôt une activité pratiquée au Brésil (dans les « maisons d'or »).

Comme on le verra en détail, ces différentes activités entraînent deux sources de contamination soit par les vapeurs inhalées par les orpailleurs, soit par le mercure rejeté dans les rivières, méthylé, et absorbé par les poissons, puis par les populations riveraines.

On estime qu'un kilo d'or requiert en moyenne l'utilisation d'un kilo de mercure (entre 0,5 et 1,3 kg selon les procédés). Les rejets anthropiques annuels en Amazonie, liés à l'orpaillage, sont estimés à 300 tonnes.

* (74) Voir notamment une enquête réalisée en 1994 par le réseau national de santé publique, et deux études, en 1999 de l'Institut de veille sanitaire :

- « Exposition au mercure de la population amérindienne Wayana de Guyane » - enquête alimentaire - juin 1999.

- « Risques neurotoxiques chez l'enfant liés à l'exposition au méthylmercure en Guyane Française » - avril 1999.

* (75) Le mercure en milieu amazonien : incidences des activités anthropiques sur la contamination des humains et de leur environnement - Expertise collégiale IRD (Institut de Recherche pour le Développement) - 2001 .

* (76) « L'or en Guyane, éclats et artifices », rapport à Monsieur le Premier Ministre de Mme Christiane Taubira-Delannon, députée de Guyane - 2001.

* (77) Cette caractéristique est connue depuis le XVIIIème siècle et un auteur proposait aux personnes intoxiquées par le mercure d'avaler quelques feuilles d'or et de les récupérer « là où elles savent ».

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