C. UNE POLITIQUE NÉGLIGENTE À L'ÉGARD DES ENTREPRISES

Les perspectives de croissance à court terme sont d'autant plus incertaines que la politique actuelle, en particulier le passage aux 35 heures, prend insuffisamment en compte la situation des entreprises.

1. L'insuffisance des mesures fiscales en faveur de la compétitivité économique de la France

Tout d'abord, le présent projet de loi de finances semble peu soucieux de favoriser l'investissement. Comme on l'a vu, c'est ce dernier, et non la consommation des ménages, qui tend actuellement à diminuer.

En particulier, le présent projet de loi de finances ne comporte aucune disposition destinée à renforcer l'attractivité de notre pays. Les recommandations du rapport de nos collègues Denis Badré et André Ferrand et de notre collègue député Michel Charzat n'ont donc pas été suivies, à l'exception, notable, du régime des fusions. Et cela alors qu'il existe un consensus général quant à l'urgence d'instaurer de telles mesures, au risque de pénaliser gravement la compétitivité de notre pays.

2. L'impact très défavorable des 35 heures sur l'emploi et l'investissement

Ensuite, on peut s'interroger sur les effets de la réduction du temps de travail.

Il est possible que les 35 heures aient, sur le court terme, accéléré la diminution du chômage, en rendant plus rapide celle du chômage conjoncturel. Personne n'est d'ailleurs en mesure de livrer une appréciation chiffrée et vérifiable des effets de cette politique sur l'emploi, alors que son coût (16,5 milliards d'euros par an pour les seules entreprises privées) est prohibitif pour l'économie nationale.

Cependant, sur le long terme, l'enjeu est double. Il s'agit en effet de réduire le taux de chômage structurel, et de favoriser les investissements sur le territoire français.

Or, les 35 heures ne vont pas en ce sens, bien au contraire. En effet, le salaire horaire s'accélère depuis l'année dernière, du fait notamment des 35 heures : alors que sa croissance a été de 2,7 % en 1997, 2,1 % en 1998 et 2,5 % en 1999, elle s'est élevée à 5,2 % en l'an 2000. Ainsi, en moyenne, alors qu'en l'an 2000 le coût salarial horaire français était inférieur de 19 % au coût salarial horaire allemand, sur les huit premiers mois de l'année 2001 cet écart n'était plus que de 15,7 %.

Le durcissement progressif de la loi sur les 35 heures risque donc d'éroder davantage la compétitivité du site de production français, tout en augmentant le taux de chômage structurel.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page