II. ANALYSE DES CRÉDITS PAR AGRÉGAT

Le budget de l'enseignement supérieur se compose depuis le projet de loi de finances pour 2001 de deux agrégats :

11- « Enseignement supérieur », auquel a été intégré l'ancien agrégat « recherche universitaire » ;

21- « Action sociale », qui regroupe l'ensemble des aides sociales du département ministériel en faveur des étudiants.

Il est à noter que le projet de loi de finances assigne désormais à chaque agrégat depuis le projet de loi de finances pour 2001 des objectifs assortis d'indicateurs quantitatifs.

A. ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR (AGRÉGAT 11)

Cet agrégat regroupe l'ensemble des moyens en personnel et ceux consacrés au fonctionnement et à l'investissement dans les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que l'ensemble des actions en faveur de la recherche universitaire.

Récapitulation des crédits pour l'agrégat « enseignement supérieur »

(en milliards d'euros)

 

LFI 1998

LFI 1999

LFI 2000

LFI 2001

PLF 2002

Titre III (Moyens des services)

5,132

5,338

5,502

6,107

6,392

Evolution

+5,4 %

+4,0 %

+3,1 %

+11,0 %

+4,7 %

dont personnel

4,126

4,311

4,449

5,021

5,223

Evolution

+4,4 %

+4,5 %

+3,2 %

+12,9 % 18( * )

+4,0 %

dont fonctionnement

1,006

1,027

1,053

1,086

1,169

Evolution

+10,1 %

+2,1 %

+2,5 %

+3,1 %

+7,6%

Titre IV (interventions) 19( * )

0,034

0,038

0,039

0,036

0,036

Evolution

-4,6 %

+12,8 %

+2,3 %

-7,4 %

+0,0 %

Total Dépenses ordinaires

5,166

5,376

5,541

6,143

6,428

Evolution

+5,3 %

+4,1 %

+3,1 %

+10,9 %

+4,6 %

Dépenses en capital (crédits de paiement)

0,776

0,863

0,825

0,838

0,723

Evolution

-6,9 %

+11,3 %

-4,5 %

+1,6 %

-13,7 %

Total (DO + CP)

5,942

6,239

6,366

6,981

7,152

Evolution

+3,5 %

+5,0 %

+2,0 %

+9,7 %

+2,5 %

1. Les objectifs assignés à l'agrégat

Les deux grands objectifs assignés à cet agrégat par le projet de loi de finances pour 2002 sont « la qualité du service », d'une part, « l'efficacité socio-économique » de l'enseignement supérieur, d'autre part.

Comme dans le projet de loi de finances pour 2001, le second objectif, relatif à la « qualité du service », se décline en deux-sous objectifs :

- « assurer un encadrement approprié », les indicateurs associés à cet objectif étant le nombre d'étudiant par enseignant-chercheur (qui pourrait baisser en 2002 de 4 % par rapport à 1998, à 19 étudiants pour un enseignant chercheur) et le nombre d'étudiants par personnel non-enseignant (qui pourrait baisser en 2002 de 5 % par rapport à 1998, à 28 étudiants par ATOS) ;

- « mettre à disposition des étudiants les fonds documentaires » , les indicateurs associés à cet objectif étant désormais le nombre d'étudiants par place assise en bibliothèque (en baisse de 20 % en 1999 par rapport à 1995, à 14,6 étudiants par place assise), le nombre d'agents des bibliothèques universitaires pour 1.000 étudiants (en progression de 32 % en 1999 par rapport à 1995, à 3,07 agents pour 1.000 étudiants), enfin la durée moyenne d'ouverture hebdomadaire et annuelle des bibliothèques universitaires pondérée par le volume de leurs collections.

La présentation des sous-objectifs et des indicateurs associés à l'objectif « d'efficacité socio-économique » a par ailleurs été refondue.

En effet, dans le projet de loi de finances pour 2001 , l'efficacité socio-économique consistait à élever le niveau général des connaissances apprécié au regard du taux de scolarisation dans le supérieur, du taux de scolarisation dans l'université, de la proportion de sortants du système éducatif titulaire d'un diplôme du supérieur et du devenir professionnel des jeunes docteurs.

En revanche, le projet de loi de finances décline la notion d'efficacité économique autour des quatre sous-objectifs suivants :

- « lutter contre l'échec en premier cycle », l'indicateur associé à cet objectif étant le devenir (passage ou redoublement dans la même filière ou dans une autre filière, sortie du système universitaire), un an après, des bacheliers entré en première année de premier cycle universitaire ;

- « favoriser l'accès en deuxième cycle universitaire », l'indicateur associé à cet objectif étant l'évolution du taux d'accès en 2 nd cycle universitaire des bacheliers entrés à l'université dans une filière générale (hors IUT et santé) deux à cinq ans auparavant ;

- « accroître le niveau de formation des sortants de l'enseignement supérieur », l'indicateur associé à cet objectif étant la répartition des sortants de l'enseignement supérieur (sans diplôme, avec diplôme de l'enseignement supérieur court - DEUG, DUT, BTS ou diplôme paramédical ou social - ou avec diplôme de l'enseignement supérieur long). En 1999, les sortants de l'enseignement supérieur se répartissaient ainsi entre 25 % de non diplômés, 33 % de titulaires d'un diplôme « court » et 42 % de titulaires d'un diplôme de l'enseignement supérieur « long » ;

- « insérer professionnellement les étudiants » l'indicateur associé à cet objectif étant le statut socio-professionnel des diplômés de l'enseignement supérieur cinq ans après la fin de leurs études.

Comme le souligne votre rapporteur spécial dans ses observations, la formulation de ces sous-objectifs et de leurs indicateurs associés demeure toutefois pour le moins maladroite et incomplète .

2. Les dépenses de rémunération

Les crédits demandés pour la rémunération des personnels non enseignants et enseignants chercheurs (y compris les primes d'encadrement doctoral), ainsi que les indemnités, cotisations et prestations sociales s'élèvent à 5,223 milliards d'euros (soit 34,26 milliards de francs) pour 2002, en augmentation de 202 millions d'euros (soit 1,33 milliard de francs) par rapport à 2001, soit une hausse de 4,0 %.

A structure constante, cette augmentation est d'ailleurs légèrement supérieure à 210 millions d'euros, puisque les crédits relatifs aux primes de charges administratives et aux primes de responsabilités (à hauteur de 6,5 millions d'euros) seront transférés à partir du 1 er septembre 2002 vers le chapitre 36-11 « subventions de fonctionnement aux établissements » et que 2 millions d'euros de crédits de rémunération ont été transférées vers la section enseignement scolaire du budget de l'Education nationale

Quoi qu'il en soit, l'augmentation des seuls crédits de rémunération de personnel (202 millions d'euros) est supérieure à l'augmentation de l'ensemble du budget de l'enseignement supérieur (188 millions d'euros). En d'autres termes, les crédits de paiement hors rémunération des personnels s'inscrivent en repli dans le projet de loi de finances pour 2002 par rapport au budget pour 2001.

Hors transferts, l'augmentation des crédits demandés pour la rémunération des personnels (soit 210 millions d'euros) s'explique notamment comme suit :

- à hauteur de 90 millions d'euros , par « l'effet de base » résultant des mesures de revalorisation du point de la fonction publique intervenues en 2000 et en 2001 , alors que le budget de l'enseignement supérieur avait été construit sur l'hypothèse d'une absence de revalorisation du point de la fonction publique. Il résulte d'ailleurs de cette hypothèse que les crédits de rémunérations prévus en loi de finances pour 2001 seront insuffisants et devront sans doute être abondés d'ici la fin de l'année par des dotations en provenance de chapitres « réservoirs » du budget des charges communes ;

- à hauteur de 27 millions d'euros , par la réévaluation des besoins de crédits afférents aux cotisations et aux prestations sociales payées par l'Etat, qui sont régulièrement sous-estimés ;

- à hauteur de 25 millions d'euros par les effets en fraction d'année des revalorisations du point de la fonction publique prévues en mars 2002 et en décembre 2002 ;

- à hauteur de 31 millions d'euros par l'effet en année pleine des créations d'emplois intervenues au 1 er septembre 2001 20( * ) ;

- à hauteur de 19 millions d'euros par l'effet en tiers d'année des créations d'emplois budgétaires prévues pour le 1 er septembre 2002 , soit 1 000 emplois d'enseignants (600 enseignants chercheurs, 100 professeurs agrégés - PRAG -, 261 attachés temporaires d'enseignement et de recherche - ATER- et 39 assistants des disciplines médicales) et 1 000 emplois non enseignants (dont 150 emplois pour les bibliothèques, 26 emplois d'infirmières et 10 emplois d'assistante sociale) ;

- à hauteur de 18 millions d'euros , par des mesures d'ajustement, par l'effet en année pleine des mesures catégorielles intervenues en 2001 et par l'effet en fraction d'année de nouvelles mesures catégorielles , notamment la poursuite du repyramidage des corps d'enseignants-chercheurs, d'ingénieurs de recherche, d'ingénieurs d'études et d'agents des services techniques ; la revalorisation de l'indice terminal du corps (en voie d'extinction) des assistants de l'enseignement supérieur ; la transformation de 130 emplois d'assistant de bibliothèque en emplois de bibliothécaire adjoint spécialisé ; la revalorisation de la carrière des personnels de magasinage ; l'achèvement du plan d'intégration de la filière ouvrière et de service dans les corps techniques de la recherche et de la formation ; la transformation de 736 agents administratifs en adjoints administratifs ; enfin la création à partir du 1 er septembre 2002 d'une indemnité pour les membres du Conseil national des universités (à hauteur de 0,30 million d'euros en tiers d'année).

Au total, hors transferts, l'augmentation des crédits demandés pour la rémunération des personnels (soit 210 millions d'euros) s'explique ainsi à hauteur de 142 millions d'euros par la progression mécanique des rémunérations des emplois budgétaires, à hauteur de 50 millions d'euros par les créations d'emplois budgétaires et à hauteur de 18 millions d'euros par les mesures d'ajustement ou catégorielles.

Compte tenu notamment de son impact sur les crédits de fonctionnement des établissements ou des CROUS destinés à la rémunération des emplois non budgétaires, la progression mécanique des rémunérations représente ainsi les 5/6èmes de la progression du budget de l'enseignement supérieur .

3. Les emplois budgétaires

Compte tenu des créations d'emplois détaillées supra, l es emplois budgétaires de l'enseignement supérieur s'élèveraient à 136.132 en septembre 2001 (+ 1,5 % par rapport à septembre 2000).

Au total, les emplois budgétaires du ministère se seront ainsi accrus de 41,5 % entre 1990 et 2002, et de 12,2 % entre 1997 et 2002. Cette progression fut beaucoup plus rapide pour les enseignants (+ 34 %) que pour les IATOS entre 1990 et 1997 ( + 15 %), mais la législature 1997-2002 aura été caractérisée au contraire par une moindre progression des emplois d'enseignants (+ 10 %) que celle des emplois d'IATOS 21( * ) (+ 17 %).

Dans son rapport relatif à l'exécution des lois de finances pour 2000, la Cour des Comptes soulignait toutefois que « contrairement aux emplois de personnel non enseignant dont l'utilisation est quasi totale , tous les emplois de personnel enseignant ne sont pas utilisés . Le recensement opéré en l'an 2000 montre que ...1421 emplois n'étaient pas utilisés au 1 er janvier 2000 pour des recrutements. Selon les informations remontées des établissements, ils se répartissaient entre 737 emplois délégués mais utilisés pour gager des heures complémentaires et 684 emplois délégués et non utilisés pour des raisons diverses (attente de recrutement sur un poste libéré par un départ en retraite, gel provisoire de l'emploi pour des personnels en détachement ou en mobilité, ...) ». La Cour des Comptes ajoutait d'ailleurs : « alors que tous les emplois ne sont pas occupés, la prévision budgétaire s'est avérée erronée... l'exécution [2000] ayant montré que les crédits étaient insuffisants en fin d'année ».

Evolution des emplois budgétaires recensés par le ministère de l'Education nationale
pour l'enseignement supérieur

(en milliers)

Rentrée

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

Enseignants

64,5

68,0

69,1

70,2

72,8

74,2

77,1

78,6

79,8

80,3

81,3

IATOS

44,8

46,0

46,1

47,0

48,4

47,0

51,3

52,2

52,8

53,8

54,8

Total

109,3

114,0

115,2

117,2

121,2

121,2

128,4

130,8

132,6

134,1

136,1

Etudiants 22( * )

1387

1504

1554

1591

1575

1547

1526

1523

1529

1538

1544

Source : ministère de l'Education nationale.

Les quinze dernières années auront été également caractérisées par des fluctuations de grande amplitude des taux d'encadrement .

En effet, entre 1987 et 1995 , la progression du nombre des étudiants des établissements dépendant du budget de l'enseignement supérieur fut plus rapide que celle des emplois budgétaires du département ministériel, conduisant à une forte dégradation des taux d'encadrement , notamment en personnel administratif et technique.

Mais les emplois budgétaires du département ministériel ont poursuivi leur progression depuis 1995 (+ 16 %), alors que les effectifs étudiants se repliaient de 3 %, ce qui a permis une nette amélioration des taux d'encadrement.

Au total, le taux d'encadrement en enseignants chercheurs (ratio emplois d'enseignants-chercheurs /étudiants) se sera ainsi dégradé de 19,25 en 1987 à 22,62 en 1995, avant de redescendre à 19,14 à la rentrée 2001 (ce qui correspond aux niveaux atteints au début des années 1980 (c'est à dire d'avant l'accélération du nombre des étudiants).

Comme le souligne la Cour des Comptes, « les créations d'emplois sont ainsi intervenues de façon décalée par rapport à l'évolution de la démographie étudiante... ce lissage, [étant], selon le ministère, volontaire » .

4. Les moyens de fonctionnement

Le projet de budget de l'enseignement supérieur pour 2002 prévoit d'accroître les moyens de fonctionnement de l'enseignement supérieur de 84 millions d'euros (soit 550 millions de francs), à 1,169 milliard d'euros, (soit 7,67 milliards de francs).

Ces moyens de fonctionnement sont constitués à près de 99 % de subventions de fonctionnement aux établissements.

Les subventions de fonctionnement aux établissements (chapitre 36-11)

Les subventions de fonctionnement du chapitre 36-11 constituaient en 1999 (dernière année connue) près de 44 % des ressources des universités , les subventions de recherche et les autres subventions d'Etat et des organismes publics en constituant par ailleurs 13 %, les droits universitaires 10 %, les ressources en formation continue 7 %, la rémunération des travaux et études 6 %, les contrats de recherche 6 %, les subventions des collectivités locales 5 %, la taxe d'apprentissage 2 % et les autres ressources 7 %.

En l'an 2000, un septième de ces subventions ont été attribuées dans le cadre de la politique contractuelle entre l'Etat et les établissements, selon la clef de répartition suivante :

Répartition par type d'action des subventions de fonctionnement contractuelles aux établissements

Chapitre, article et type d'actions

1998

1999

2000

Titre III Subventions de fonctionnement

 
 
 

36-11-10 : pédagogie, amélioration de la réussite, vie étudiante, nouvelles technologies

596 338 000 F

618 218 000 F

699 942 200 F

36-11-20 : politique documentaire et muséologie

181 472 200 F

213 677 100 F

211 948 410 F

36-11-50 : recherche universitaire

64 932 500 F

65 045 750 F

66 759 760 F

36-11-60 : politique des ressources humaines

18 815 000 F

19 230 000 F

20 870 000 F

36-11-70 : relations internationales

30 525 000 F

31 950 000 F

34 165 000 F

Sous-total titre III

892 082 700 F

948 120 850 F

1 033 685 370 F

 
 
 
 

Source : ministère de l'Education nationale.

Dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour l'année 2000, la Cour des Comptes concluait toutefois que « le volet évaluation de la politique contractuelle (dont dépend pourtant la pertinence et la réussite de la démarche) apparaît encore marginal. Le flou des procédures, l'absence de réelles sanctions et la faiblesse des indicateurs ne permettent pas, en particulier d'apprécier l'emploi des moyens contractualisés au regard des objectifs et des priorités qui ont été arrêtés ».

En outre, la Cour des Comptes indiquait de manière plus générale que « le chapitre 36-11 illustre la difficulté que rencontre l'administration centrale à suivre l'utilisation des crédits qu'elle alloue aux universités et donc à mettre en place un contrôle de gestion qui suppose des données certaines. En effet, les crédits sont certes définis par leur objet pour certains d'entre eux dans les arrêtés de notification, mais en fait, une fois intégrés dans les budgets des universités, leur utilisation se fond avec celle des autres ressources disponibles dans les établissements. Par ailleurs, les comptes financiers des universités ne sont pas assez fins ni fiables pour connaître avec précision l'utilisation qu'elles font de leurs ressources. Ainsi, les crédits d'heures supplémentaires réellement dépensés par les établissements ne sont pas connus par l'administration centrale, dont les dotations ne couvrent vraisemblablement qu'un quart environ de ce type de dépense ».

Les moyens de fonctionnement de l'enseignement supérieur progresseraient ainsi de 7,6 % en 2002, après une hausse de 3,0 % en 2001.

En fait, cette progression résulterait à hauteur de 6,5 millions d'euros d'une opération de déconcentration : le transfert à partir du 1 er septembre 2002 des crédits relatifs aux primes de charges administratives et aux primes de responsabilités pédagogiques du chapitre 31-12 « indemnités et allocations diverses » au chapitre 36-11 « subventions de fonctionnement », ce qui donnera plus de souplesse aux établissements.

Compte tenu par ailleurs d'autres opérations de transfert de moindre importance, l'augmentation des moyens de fonctionnement de l'enseignement supérieur ressort ainsi à structure constante à 78 millions d'euros dans le projet de budget pour 2002, soit une hausse de 7,1 % , imputable en totalité à la progression des subventions aux établissements, puisque les crédits demandés pour les autres chapitres (notamment pour les examens et concours et pour le comité national d'évaluation) sont reconduits à l'identique par rapport à ceux prévus dans le budget pour 2001.

Il convient toutefois de remarquer qu'au cours des quinze dernières années, les fluctuations des « réserves » des établissements ont partiellement amorti celles des subventions de fonctionnement. On peut ainsi craindre que l'accélération des subventions de fonctionnement ne conduise à une nouvelle hausse de ces « réserves ».

Or, le fonds de roulement des établissements a déjà progressé de 23 % entre 1995 et 1999 pour atteindre 993 millions d'euros (soit 6,517 milliards de francs), ce qui équivalait à presque un an de subventions de fonctionnement ou à 230 jours de dépenses de fonctionnement , alors que la norme retenue pour le niveau du fonds de roulement par le ministère de l'Education nationale est de 90 jours de dépenses de fonctionnement.

La Cour des Comptes concluait ainsi la monographie consacrée au budget de l'enseignement supérieur dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour 2000 : « ... ce montant signifie que les ressources disponibles dans les établissements d'enseignement supérieur représenteraient ainsi un volume de près de 4 milliards de francs. Un tel montant, qui ne peut [certes] pas être assimilé à la seule thésaurisation des subventions reçues de l'Etat, appelle [toutefois] analyse et action de la part du ministère ».

Invité par votre rapporteur spécial à commenter cette conclusion et à exposer les suites qui lui avait été données, le ministère de l'Education nationale a apporté la réponse suivante : « depuis 1997 le ministère mène en liaison avec les établissements une politique visant à une meilleure connaissance et utilisation des réserves. Cette politique s'est déjà traduite par la modernisation de la gestion financière des universités, à travers notamment la refonte de la réglementation comptable et financière et la mise en place de l'application informatique NABUCO (nouvelle approche budgétaire et comptable) qui ont conduit les établissements à réfléchir sur leurs orientations et leur organisation en la matière. Des avancées concrètes sont désormais visibles, par exemple avec la conception d'outils modernes, facilitant une meilleure définition des objectifs, une allocation des ressources plus efficiente et des bilans d'activités mieux à même de déterminer les besoins futurs.

Dans ce nouveau contexte, la mobilisation des réserves s'opère progressivement. Elle est fortement recommandée par le ministère, dans le cadre de l'autonomie des établissements, à la fois au travers de la politique contractuelle, le niveau des réserves constituant un élément des discussions entre l'administration et chaque établissement, et des réflexions qui peuvent être menées conjointement par le ministère et les universités afin de mieux connaître la composition de ces réserves et donc, les réelles disponibilités de financement qu'elles peuvent offrir
».

Quoi qu'il en soit, on peut préciser que l'augmentation des moyens de fonctionnement des établissements prévue dans le projet de budget pour 2002 (soit 78 millions d'euros à structure constante) se décompose pour l'essentiel entre :

- la hausse de 65 millions d'euros (+ 7,6 %, après + 2,2 % en 2001), à 931 millions d'euros, des subventions de fonctionnement aux universités , dont 9 millions d'euros au titre de l'impact mécanique de la revalorisation du point de la fonction publique sur les rémunérations versées sur les crédits de subvention (notamment les heures complémentaires) et 2,1 millions d'euros au titre du financement d'une expérimentation de dévolution du patrimoine à certains établissements ;

- la hausse de 6 millions d'euros (+ 5,3 %, après + 2,6 % en 2001), à 121 millions d'euros, des crédits de fonctionnement des bibliothèques universitaires ;

- la hausse de 2,4 millions d'euros (+ 26 %, après + 23 % en 2001), à 11,6 millions d'euros, des crédits réservés à l'action internationale . Alors que la forte progression de 2001 avait principalement bénéficié à EduFrance, à l'agence Socrates-Leonardo da Vinci et aux universités franco-allemande et franco-italienne, l'augmentation demandée pour 2002 devrait notamment permettre le développement des « universités européennes d'été » ;

- la hausse de 1,2 millions d'euros (+ 8 %), à 16,5 millions d'euros, des subventions de fonctionnement de fonctionnement de l'Institut national de la recherche pédagogique (INRP) ;

- l'augmentation de 1,2 millions d'euros (+ 23 %), à 5,3 millions d'euros, des crédits de fonctionnement de l'établissement public du musée des arts et civilisations Paris (le musée des arts premiers), cofinancé par l'enseignement supérieur ;

- la hausse de 0,6 millions d'euros (+ 1,6 %, après + 13 % en 2001), des subventions de fonctionnement accordées aux laboratoires universitaires de recherche.

5. Les dépenses d'intervention

Les dépenses d'intervention de l'agrégat (titre IV), qui avaient baissé de 9 % en 2001, sont stables à 36,2 millions d'euros (soit 235 millions de francs).

Cette stabilité recouvre en fait deux évolutions divergentes :

- d'un côté, la réduction à 16.190 euros (contre 0,9 million d'euros en 2001 et 3,8 millions d'euros en l'an 2000) des crédits demandés pour l'article 43-11.20 « Activités de bibliothèques et muséologie », le ministère ayant désormais entièrement achevé sa participation au budget d'acquisition du musée des arts premiers (soit 75 millions de francs sur trois ans) ;

- de l'autre, la progression de 0,9 million d'euros (+ 2,6 %, après + 2,5 % en 2001), à 35,5 millions d'euros, des crédits destinés à l'enseignement supérieur privé et aux subventions aux associations , qui constituent désormais 98 % des crédits d'intervention de la section budgétaire. Cette progression pourrait notamment permettre le doublement des crédits destinés à la formation des élus étudiants (0,96 million d'euros, soit 6 millions de francs).

6. Les dépenses en capital

Les crédits d'investissement (titres V et VI) demandés pour 2002 représentent un peu plus de 8 % du budget de l'enseignement supérieur, à 723 millions d'euros, soit une baisse de 13,7 % (après une hausse de 1,6 % en 2001).

Ces crédits sont répartis sur quatre chapitres : deux chapitres de construction à maîtrise d'ouvrage Etat (chapitre 56-10) ou à maîtrise d'ouvrage déléguée (66-73) et deux chapitres consacrés respectivement à l'équipement (chapitre 66-71) et à la maintenance (chapitre 66-72).

a) Les investissements en faveur de la recherche universitaire

Les subventions d'équipement demandées pour la recherche universitaire, qui s'apparentent pour partie à des subventions de fonctionnement, s'élèvent en 2002 à 321 millions d'euros de crédits de paiement (soit 2,11 milliards de francs), en hausse de 5,9 % après une progression de 7,3 % en 2001, et à 330 millions d'euros d'autorisations de programmes (soit 2,17 milliards de francs), en hausse de 5,8 % après une progression de 10,7 % en 2001.

Au total, la progression des subventions d'équipement accordées à la recherche universitaire aura été dynamique et régulière sur la période 1997-2002 (+ 4,6 % par an en moyenne).

Par ailleurs, les subventions prévues pour l'entretien et la maintenance des laboratoires universitaires (article 66-72.50) baissent de 2,8  % en crédits de paiements, à 20,4 millions d'euros (après une baisse de 5  % en 2001), et sont stables en autorisations de programme à 19,8 millions d'euros.

Au total, la recherche universitaire bénéficiera de 341 millions d'euros de crédits de paiements en 2002, contre 325 millions d'euros en 2001, soit une hausse de 5,0 %.

b) Les dépenses de maintenance et de mise aux normes de sécurité des bâtiments

En revanche, les dépenses de maintenance et de mise aux normes de sécurité des bâtiments d'enseignement supérieur s'inscrivent en repli en 2002 à 211 millions d'euros de crédits de paiements , soit une baisse de 12,3 % après une baisse de 9,4 % en 2001, et à 150 millions d'euros d'autorisations de programmes, soit une baisse de 44 %, après - 4 % en 2001.

Cette baisse globale recouvre des évolutions divergentes.

En premier lieu, les subventions aux établissements d'enseignement supérieur pour des travaux de maintenance , qui s'apparentent aussi pour une large part à des subventions de fonctionnement, augmentent de 12 millions d'euros de crédits de paiements, à 112 millions d'euros en 2002, soit une hausse de 12 %, après une progression de 19 % en 2001.

En revanche, même si l'on ne prend pas en compte l'évolution des dotations prévues pour le campus de Jussieu, les crédits de paiement 23( * ) demandés pour les travaux de mise aux normes de sécurité , qui recouvrent  à la fois la participation de l'Etat au volet sécurité du plan « Université du troisième millénaire » (U3M) et les subventions aux établissements d'enseignement supérieur pour des travaux de mise aux normes de sécurité, connaissent une nette diminution, à 77 millions d'euros en 2002, contre 96 millions d'euros en 2001, soit une baisse de 20 %.

Enfin, les crédits de paiement demandés pour le désamiantage du campus de Jussieu s'inscrivent en très net repli : de 88 millions d'euros en l'an 2000 à 46 millions d'euros en 2001, puis à 22,9 millions d'euros en 2002 . En deux ans, ces crédits auront donc été divisés par quatre .

Cette baisse s'explique selon le ministère par les difficultés techniques rencontrées dans les opérations de désamiantage, qui se traduisent par d'importants reports de crédits de paiement.

Au 31 décembre 2000, le fonds de roulement de l'établissement public du campus de Jussieu (EPCJ) s'élevait ainsi à 101 millions d'euros (662 millions de francs), ce qui correspond au double des crédits de paiements demandés pour 2001 ou à 1,24 fois l'ensemble des crédits engagés sur toute la période 1997-2000.

La situation de l'établissement public du campus de Jussieu (EPCJ)

Le fonds de roulement de l'Etablissement public du campus de Jussieu, au 31 décembre 2000, se décomposait de la façon suivante :


Fonds de roulement sur opérations de fonctionnement de l'EPCJ (en francs

5 858 134 F

Fonds de roulement sur opérations de désamiantage, remise en sécurité et opérations complémentaires

656 000 562 F

Fonds de roulement global

661 858 996 F

La situation des crédits au 31 décembre 2000 correspondant au financement des opérations de désamiantage et de remise en sécurité (et opérations complémentaires) pouvait être résumée de la façon suivante :

Autorisations de programme :

1 396 000 000 F

1997

22 000 000 F

1998

230 000 000 F

1999

560 000 000 F

2000

584 000 000 F

Crédits de paiements :

1 096 300 000 F

1997

22 000 000 F

1998

111 000 000 F

1999

447 000 000 F

2000

516 300 000 F

Engagements

534 135 408 F

Mandatements

441 681 778 F



Par ailleurs, l'évolution des dépenses de fonctionnement de l'EPCJ peut être retracée comme suit :


En francs

1998

1999

2000

Dépenses de personnel

5 658 238

7 664 193
10 269 745

Dépenses de fonctionnement

1 616 624

2 246 624

2 577 465

Investissement

1 134 873

974 365

527 952

Enfin, la répartition prévisionnelle des crédits de paiements 2001 est la suivante :


Désamiantage rénovation

138,49 MF

Autres travaux

64,48 MF

Déménagement

7,70 MF

Loyers charges

64,50 MF

Autres interventions

38,83 MF

TOTAL

318,00MF

Source : ministère de l'Education nationale

On peut rappeler que le coût total de ce programme avait été estimé à 3,8 milliards de francs en 1999. Au rythme de la période 1997-2000, les travaux pourraient ainsi se poursuivre au moins jusqu'en 2025.

Depuis l'an dernier, la date d'achèvement des travaux annoncée par le ministère a d'ailleurs reculé de deux ans, de 2006-2007 à 2008-2009.

Les dépenses de personnel de l'EPCJ, qui employait 27 personnes à la fin de l'an 2000, ont pourtant doublé entre 1998 et l'an 2000.

c) Les constructions nouvelles

Les évolutions précédentes confirment les difficultés du ministère à maîtriser la gestion de ses crédits d'investissement, qui avaient relevées par la Cour des Comptes pour les chapitres de construction dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour l'année 2000 (cf. encadré ci-après).

Les conclusions de la Cour des Comptes sur la gestion des crédits d'investissement du budget de l'enseignement supérieur.

Dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour l'année 2000, la Cour des Comptes concluait (pages 206-207) d'une synthèse consacrée au budget de l'enseignement supérieur que :

«... les conditions d'utilisation des crédits sur [les chapitres] 56-10 et 66-73 [constructions universitaires] ne cessent de se dégrader. Le niveau des reports sur ces deux chapitres atteint en 2000, 1 596 millions de francs, contre 668 millions de francs en 1997, ce qui représente pour l'exercice sous revue [2000], un montant équivalent à celui des dotations initiales.

La période 1997-2000 montre l'accélération du phénomène : les crédits de paiement disponibles, sous l'effet de reports de plus en plus abondants, augmentent de façon régulière (+ 23  ) et ce en dépit d'un ajustement à la baisse des dotations initiales ; le tassement des dépenses (- 17 %) accélère la diminution du taux de consommation qui passe en 4 ans de 75 % à 50 %...

... Cette sous-utilisation des moyens , si elle tient pour partie à des raisons conjoncturelles (lancement du projet Université du troisième millénaire) et des nouveaux contrats de plan Etat-Régions (CPER), reprise économique du bâtiment, défaut de prévision sur les dépenses de l'exercice 2000...) traduit également une maîtrise d'ouvrage défaillante . La multiplicité des intervenants, les difficultés rencontrées dans les marchés publics et l'insuffisante finalisation de nombreuses opérations se conjuguent pour retarder la mise en oeuvre des travaux et la consommation des crédits ».


Cette critique est d'ailleurs réitérée et précisée par la Cour des Comptes quelques pages plus loin pour les crédits du chapitre 56-10 (sous maîtrise d'ouvrage Etat) :

« La gestion du chapitre 56-10 est insuffisante ... La consommation des autorisations de programmes (AP) affectées ne cesse de se dégrader et il faut [en moyenne] 2,6 années pour engager des AP... Si un certain nombre de difficultés techniques, nées de la complexité des projets ou des effets conjoncturels de l'amélioration de la situation des bâtiments peuvent être invoquées, il apparaît surtout que l'insuffisante finalisation des projets, dont les financements sont mis en place alors que les conditions de leur réalisation ne sont pas toutes réunies est pour une part importante à l'origine de cette situation ... le suivi approximatif par l'administration centrale de la gestion des crédits en région ne permet pas encore une nette amélioration de la gestion du chapitre . »

Enfin la Cour des Comptes relève une irrégularité significative dans l'exécution du chapitre 56-10 en l'an 2000 :

« Par un arrêté du 15 novembre 2000, 59 millions de francs ont été annulés en crédits de paiement et en autorisations de programmes afin de régler le coût de l'acquisition par le ministère de l'Education nationale des bâtiments de la rue de Grenelle affectés jusqu'alors au ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie... L'opération a ainsi conduit à détourner des crédits affectés aux constructions universitaires , dont les dotations étaient certes importantes, au profit des équipements de l'administration centrale moins bien dotés sur la section scolaire. ».

Invité par votre rapporteur spécial à commenter ces observations et à exposer les mesures prises afin de remédier à ces dysfonctionnements, le ministère a apporté les réponses suivantes :

« La comptabilité spéciale des investissements laisse apparaître un montant très important de reports de crédits de paiement , tant sur le chapitre 56-10 (881,45 MF pour 2001) que sur le chapitre 66-73 (714,05 MF pour 2001). Afin de comprendre cette situation, et d'essayer d'y remédier, la Direction de la Programmation et du Développement du Ministère a souhaité recevoir chaque Ingénieur Régional de l'Equipement (IRE) en collaboration avec la Direction des Affaires Financières. D'avril 2000 à juillet 2000, 25 IRE ont ainsi pu présenter les éléments d'explications concernant leur académie.

Les principaux facteurs de retard dans la consommation des crédits de paiement semblent tenir : à la hausse des prix du BTP qui induit de nombreux appels d'offre infructueux ; aux difficultés relationnelles avec les maîtrises d'oeuvre qui se traduisent par un développement des contentieux ; à la complexité du bouclage de certaines opérations.

Ainsi, la reprise économique a-t-elle induit une moindre disponibilité des entreprises. Celle-ci a généré une hausse importante des prix, qui contraint à réduire le dimensionnement des opérations et induit une généralisation des appels d'offre infructueux : Orléans-Tours (UFR sciences de l'université de Tours), Rouen (espace Blondel ; institut de thermique), Paris, Strasbourg (ENSIT de Mulhouse), Rennes (BU de Vannes, BU de Lorient), Caen (BU), Poitiers (université), Clermont Ferrand (pôle tertiaire), Toulouse (BU Mirail), Réunion, Grenoble (extension BU droit Lettres). Le retard lié aux appels d'offre infructueux se répercute sur d'autres opérations lorsqu'il s'agit de dispositifs en cascade (Poitiers ; Rouen, Pôle des sciences du tertiaire).

Par ailleurs, le recours quasi systématique à la sous-traitance crée fréquemment des difficultés  (moindre qualité des prestations impliquant des travaux complémentaires, donc une augmentation des coûts...).

Des difficultés de relations avec la maîtrise d'oeuvre peuvent engendrer d'importants retards.

On note, d'une façon générale, un fort développement des contentieux (BU de Corté, Corse ; Université de La Rochelle ; UFR sciences sportives d'Amiens ; université de Tours).

Certains IRE ont déploré la production tardive des situations de travaux par les maîtres d'oeuvre (Nantes, Paris)...

[Par ailleurs], la Cour évoque la régularité budgétaire d'un arrêté d'annulation pris en novembre 2000 sur l'initiative du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, qui a eu pour effet de ponctionner 59 MF (8,99M€) sur les crédits des contrats de plan Etat-régions.

Il s'agissait de régler le tiers de la dette du ministère de l'éducation nationale à l'égard du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie pour l'acquisition d'un immeuble situé rue de Grenelle. L'impact de cette mesure non sollicitée par le ministère de l'éducation nationale a été minoré par l'affectation de produits de cessions provenant de la section scolaire, permettant de préserver pour partie le financement sur 2000 de certaines opérations prévues au titre des C.P.E.R
».

On noter que ces réponses tentent exclusivement de dédouaner le ministère de la responsabilité des retards observés en matière d'investissement universitaire, et n'exposent aucune mesure prise ou envisagée afin d'en prévenir la répétition.

• S'agissant des crédits de paiement, le budget de l'enseignement supérieur pour 2002 tient compte de ce constat d'échec, au contraire du budget précédent.
En effet, les crédits de paiements demandés pour la construction de nouveaux bâtiments diminuent à 150 millions d'euros (0,99 milliard de francs) en 2002, contre 272 millions d'euros (1,79 milliard de francs) en 2001, soit une baisse de 45 %, contre une hausse de 7 % en 2001.

En d'autres termes, comme l'indique le ministère de l'Education nationale 24( * ) « le volume des crédits de paiement a été recalibré pour tenir compte du rythme effectif d'engagement des travaux ».

Ces crédits de paiement peuvent être décomposés comme suit :

- 74 millions d'euros (484 millions de francs) pour les travaux de construction sous maîtrise d'ouvrage Etat , contre 92 millions d'euros en 2001 (603 millions de francs), soit une baisse de 20 %.

Au total, les crédits de paiement de ce chapitre auront ainsi connu des fluctuations de grande ampleur au cours de la législature 1997-2002, comme l'illustre le tableau ci-dessous.

Evolution des crédits de paiement du chapitre 56-10
constructions sous maîtrise d'ouvrage Etat (en millions d'euros)

LFI

1997

1998

1999

2000

2001

2002

Crédits de paiement

197

141

132

70

92

74

Evolution

 

-27,9 %

-5,9 %

-47,6 %

+31,5 %

-20,0 %



- 97 millions d'euros (634 millions de francs) pour les autres travaux de construction, contre 180 millions d'euros en 2001 (1 180 millions de francs), soit une baisse de 46 %.

Ces dotations se subdivisent elles-mêmes entre 35,1 millions d'euros pour le musée du quai Branly  (contre 13 millions d'euros en 2001), 14,2 millions d'euros pour la rénovation du Museum d'histoire naturelle (contre 12 millions en 2001), et 47,6 millions d'euros pour les travaux de construction sous maîtrise d'ouvrage des établissements ou des collectivités locales proprement dits 25( * ) (contre 155 millions d'euros en 2001, dont 9,15 millions d'euros ont toutefois été annulés en mai 2001, en contrepartie d'une ouverture de crédits d'un montant équivalent au chapitre 56-10).

•  Au contraire des crédits de paiement ainsi recalibrés à la baisse pour tenir compte du retard des travaux en cours, les autorisations de programme destinées aux constructions nouvelles s'inscrivent en hausse de 5 % dans le projet de budget de l'enseignement supérieur pour 2002, à 404 millions d'euros (2,65 milliards de francs), contre 385 millions d'euros en 2001 (2,52 milliards de francs).
Ces autorisations de programme se répartissent entre :

- 363,6 millions d'euros (2,39 milliards de francs), contre 313 millions d'euros en 2001, dans le cadre des contrats de plan Etat-Régions, dont 317,9 millions d'euros au titre des engagements de l'Etat en matière d'enseignement supérieur et 45,7 millions d'euros au titre des engagements de l'Etat en matière de recherche ;

- 40,55 millions d'euros hors contrats de plan Etat-Régions, dont 18,75 millions d'euros pour le musée des arts premiers (contre 49,3 millions d'euros en 2001) et 21,8 millions d'euros pour le Museum d'histoire naturelle (comme en 2001) ;

Compte tenu des observations précédentes sur les retards et les difficultés de pilotage des programmes d'investissement du ministère cette accélération des autorisations de programmes pourrait toutefois davantage constituer une mesure d'affichage qu'une réelle impulsion en faveur du développement universitaire.

A cet égard, on peut d'ailleurs rappeler que l'ouverture d'autorisations de programmes n'est rien d'autre qu'une reconnaissance de dette de la part de l'Etat lorsqu'elle ne s'accompagne pas de la mise de place de crédits de paiements.
d) L'état d'avancement des contrats de plan Etat-Régions 2000-2006

On peut ainsi s'inquiéter du rythme de financement par le ministère de l'enseignement supérieur de ses engagements au titre des contrats de plan Etat-Régions 2000-2006.

En effet, sur la période 2000-2002, le ministère de l'Education nationale aura certes mis en place 980 millions d'euros (6,427 milliards de francs) d'autorisations de programmes correspondant à des projets inscrits dans les CPER 2000-2006, soit un peu plus des trois-septièmes des engagements du ministère au titre de l'enseignement supérieur (2180 millions d'euros, soit en moyenne 14,3 milliards de francs sur sept ans).

Néanmoins, le ministère de l'Education nationale n'aura mis en place à ce titre que 77 millions d'euros de crédits de paiement en l'an 2000, 78 millions d'euros de crédits de paiement en 2001 et 100 millions d'euros de crédits de paiement en 2002, soir un total cumulé de 255 millions d'euros sur la période 2000-2002, qui ne représente que 12 % des engagements de l'Etat au titre des CPER 2000-2006.

A ce rythme, le ministère de l'Education nationale aura mis en place les crédits de paiement correspondant à ses engagements contractualisés en 2025.

Certes, ce retard est pour partie imputable aux délai de lancement de certains travaux.

Cela signifie toutefois que le ministère de l'Education nationale devra désormais consacrer en moyenne chaque année sur la période 2003-2006 environ 0,48 milliard d'euros (soit plus de 3,15 milliards de francs) de crédits de paiements aux opérations prévues dans le cadre des contrats de plan Etat-Régions, soit près 5 fois plus que les crédits de paiement prévus à cet effet dans le projet de budget pour 2002.

Il s'agit là d'une « bombe à retardement » budgétaire .

Le plan U3M et les contrats de plan Etat-Régions 2000-2006

Entre 1991 et 1999, l'Etat et les collectivités locales ont financé à parité, à hauteur de 40 milliards de francs, le plan U2000 , qui a principalement permis la construction de 3,5 millions de m 2 de locaux universitaires permettant de pallier les principales carences en capacité d'accueil des étudiants.

Le plan U3M 2000-2006 se veut plus global , et ne concernera pas seulement la construction de locaux universitaires, mais aussi la restructurations des sites existants (notamment à Paris-centre et à Toulouse), la vie étudiante (notamment les bibliothèques, le logement et la restauration), la recherche et le transfert de technologie. Son application relève à la fois du ministère de l'Education nationale et du ministère de la Recherche.

Les financements mobilisés dans le cadre du plan U3M s'établissent comme suit :

- 42,5 milliards de francs dans le cadre des contrats de plan Etat-Régions 2000-2006 , dont 18,2 milliards de francs pour l'Etat, parmi lesquels 14,3 milliards de francs pour le ministère de l'Education nationale. 25 % de ces crédits seront consacrés à la vie étudiante et aux bibliothèques ;

- 3,8 milliards de francs de l'Etat pour le campus de Jussieu ;

- 2,7 milliards de francs de l'Etat pour le plan de sécurité, qui s'inscrit notamment dans le cadre des contrats Etat-Universités et poursuit le plan 1996-1999 ;

- 1 milliard de francs de l'Etat pour la rénovation du museum d'histoire naturelle ;

- 0,6 milliards de francs de l'Etat pour le musée du quai Branly.

Hormis les opérations récurrentes de maintenance courante et les subventions d'équipement aux laboratoires universitaires, le plan U3M, à travers les grands travaux, le plan sécurité et les contrats de plan Etat-Régions, absorbe dès aujourd'hui la totalité des autorisations de programmes du budget de l'enseignement supérieur.

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