ANNEXE 51 - LES UTILISATIONS NON AGRICOLES DES PESTICIDES

(LES PESTICIDES DANS LES JARDINS

ET LES ESPACES VERTS)

Source : audition de M. Patrice CHÉROUX, Union des parcs et jardins (UPJ)

10 % des pesticides sont utilisés à des fins non agricoles, soit pour les jardins des particuliers, soit pour les espaces verts.

1. Les pesticides dans les jardins

Les Français font une utilisation massive de pesticides. Ils ont acheté, en 2000, 8.443 tonnes de pesticides (comparés à 110.000 tonnes/an de pesticides agricoles) pour leurs 13 millions de jardins.

Le « jardin à la française » se présente comme suit :

- surface moyenne : 960 m 2

- surface médiane : 507 m 2

- répartition : gazon 60 %

zones non cultivées 23,5 %

potagers 8,8 %

autres (haies, fleurs...) 7,7 %

Plus de 60 % des pesticides sont des désherbants banalisés (chlorate de soude, désherbant traditionnel des pelouses).

Existe-il un surdosage ? Globalement, non. L'épandage moyen est important, soit 6,8 kg/ha/an, tous produits confondus, ou 2,5 kg/ha/an hors chlorate de soude, qui représente à lui seul 5.325 tonnes, mais qui se dégrade très vite. La moitié seulement des jardins sont traités. Sur les seules surfaces traitées, l'épandage moyen serait donc de 13,4 kg/ha/an, tous produits confondus, et 5 kg/ha/an hors chlorate de soude, soit légèrement plus que l'épandage moyen agricole. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y ait pas de risque ponctuel ou localisé. Les risques seraient moins liés au surdosage, lié en particulier à l'utilisation de l'arrosoir, qu'aux comportements à risques qui consistent à verser les contenus des bidons dans les égouts ou les caniveaux, qui seront évacués avec le réseau des eaux pluviales. De très petites doses suffisent à contaminer les eaux des rivières.

Les particuliers sont très peu avertis des précautions à suivre. La formation des distributeurs dans les 1.200 points de vente spécialisés est très insuffisante. Contrairement aux règles prescrites aux applicateurs des collectivités, les distributeurs pour les particuliers n'ont aucune obligation de formation. La concurrence des grandes surfaces non spécialisées où les produits sont en vente libre n'incite pas les points de vente spécialisés à développer les actions de formation.

Par ailleurs, c'est pour les pesticides utilisés par les particuliers que les solutions de rechange écologique sont les plus faciles à mettre en oeuvre, et les plus efficaces notamment en ce qui concerne les insecticides. Les exemples suivants sont issus d'un rapport de la chambre des communes du Canada sur les pesticides (« Pesticides, un choix judicieux s'impose, mai 2000 »). Citons par exemple « le compagnonnage, qui consiste à planter autour des plantes à protéger d'autres des plantes qui éloignent les insectes (capucines, géraniums, coriandre éloignent les pucerons des rosiers...) », ou encore « l'utilisation de « tisanes naturelles » telles que des mixtures de rhubarbe, d'oignons, d'ail et de savons, radicales pour chasser les insectes... ».

2. Les espaces verts

Les « espaces verts » sont ceux des collectivités locales (parcs et jardins, trottoirs, terrains de sport, cimetières...), des terrains de golf et des terrains des infrastructures de transport (bords d'autoroutes, SNCF...). Cette utilisation est importante

En 2001, la quasi totalité des 1.975 tonnes utilisées est constituée d'herbicides. Les collectivités locales consomment 70 % du total. Les golfs consomment peu d'herbicides, leurs utilisations concernent surtout les fongicides. La SNCF, souvent dénoncée, est un utilisateur important parce que repérable, mais qui est aujourd'hui secondaire depuis qu'elle s'est engagée dans la baisse des utilisations (voir annexe « la SNCF et les pesticides »).

Les applications professionnelles (terrains de sports, autoroutes, SNCF, golfs...) sont soumises à des conditions d'agrément : pour dix applicateurs, un au moins doit être agréé. Cette condition de formation et d'agrément ne s'applique pas aux collectivités locales. La formation est seulement recommandée. Beaucoup de professionnels estiment que les applicateurs des collectivités locales surdosent les épandages de pesticides, ce qui est particulièrement regrettable car les pesticides sur des surfaces imperméables ruissellent très rapidement.

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