II. LA FRANCE SOUTIENT ACTIVEMENT LE MOZAMBIQUE DANS SES EFFORTS DE DÉVELOPPEMENT, MAIS DOIT Y RENFORCER SA PRÉSENCE ÉCONOMIQUE

Ancienne colonie portugaise, le Mozambique a accédé à l'indépendance en 1975 . Cependant, comme en Angola, autre colonie portugaise sub-saharienne, cette indépendance a été suivie d'une guerre civile qui a opposé la RENAMO (Résistance nationale mozambicaine), animée essentiellement par des paysans, et le FRELIMO (Front de libération du Mozambique), d'inspiration urbaine et marxiste.

La réconciliation nationale, menée sous l'impulsion du Président Joachim Chissano, a permis la stabilisation politique et la croissance économique qui a atteint près de 10 % en 2003, mais qui reste insuffisante au regard des besoins.

Les dix-huit millions d'habitants du pays, inégalement répartis sur 800.000 km 2 , ont été durement affectés par les inondations successives intervenues en 1999 puis 2000, ainsi que par un cyclone qui, en mars 2003, a touché le centre et le sud du pays. Cependant, le pays a pu célébrer, en octobre 2002, les dix premières années de paix depuis l'indépendance.

Si la situation géographique du Mozambique l'expose à des cyclones périodiques, son environnement politique ne comporte pas d'éléments déstabilisateurs. Le pays est frontalier, à l'Est, de l'Afrique du Sud, du Zimbabwe et de la Zambie et, au Nord, de la Tanzanie. Sa large façade côtière orientale fait face à Madagascar.

L'agriculture, qui dégage 22 % du PNB, permet de subvenir aux besoins de 80 % de la population . Ce sont les provinces du sud qui sont déficitaires, faute d'infrastructures de transport adaptées pour recevoir, à des coûts raisonnables, les excédents produits par le Nord.

Les cultures d'exportation portent sur la noix de cajou, la canne à sucre, le thé et le coton, mais sont peu productives. Cependant, les turbulences politiques qui affectent le Zimbabwe voisin conduisent de nombreux fermiers blancs expropriés à s'installer au Mozambique, ce qui constitue un facteur de dynamisme pour le secteur agricole. Les ressources de la pêche et de l'aquaculture contribuent, elles aussi, aux exportations.

L'industrie possède de nombreux atouts, qui sont progressivement mis en valeur dans les domaines du charbon, du gaz naturel et de l'hydroélectricité.

Ainsi, la fonderie d'aluminium localisée à Mozal a requis des investissements à hauteur de 1,3 milliard de dollars, essentiellement sud-africains, mais auxquels a également concouru la société française Péchiney.

Ce projet, entrepris en 2000, a permis de produire 2 500 000 tonnes d'aluminium en 2001, et son extension, grâce à 800 millions de dollars d'investissements supplémentaires, permettra le doublement de cette production en 2004.

Un gazoduc de 860 km est également en cours de construction et reliera le Mozambique et l'Afrique du Sud à la fin de 2004. Les 600 millions de dollars d'investissements requis sont mobilisés par un consortium associant des capitaux américains, sud-africains et émiratis.

Deux projets d'exploitation de « sables lourds », permettant l'extraction de titane et de fer, notamment, associent des capitaux australiens et sud-africains.

Un programme de privatisation a été récemment entrepris pour améliorer la compétitivité des entreprises, et stimuler les investissements étrangers nécessités par ces nombreux projets.

C'est dans cette perspective que le présent accord semble particulièrement opportun, car la France a une bonne image au Mozambique, et les décideurs de ce pays souhaitent diversifier les investissements étrangers. Ceux-ci proviennent en effet aujourd'hui, pour l'essentiel, d'Afrique du Sud, pour l'industrie, ou du Portugal, pour le secteur bancaire. Il convient de faire valoir nos atouts spécifiques dans le domaine de la gestion de l'eau, par exemple, comme s'y emploie déjà la société SAUR, filiale de Bouygues.

Il faut relever que notre présence économique n'est pas encore à la hauteur des bonnes relations politiques qui unissent les deux pays , et qui se sont notamment traduites par la présence du Mozambique aux sommets Afrique-France, et par le déplacement du Président Chirac à Maputo, en juin 1998.

La France apporte un soutien important au développement du Mozambique depuis 1996, date à laquelle ce pays a été intégré dans le « champ » de notre coopération. Cette aide transite par le Fonds de solidarité prioritaire, l'Agence française de développement, et sa filiale pour les investissements privés, Proparco. Cet appui se traduit par un soutien à de nombreux projets « structurants », comme la rénovation et l'extension du réseau de télécommunications, l'amélioration de l'interconnexion électrique régionale du barrage de Cahora Bassa ou l'avancement des projets de desserte sroutière et ferroviaire des zones les plus enclavées (Corridor de Nacaba, au Nord-Ouest, liaison de la capitale, Maputo, située à l'extrême sud du pays, avec les centres économiques, dont le port de Beira).

Le premier contrat de désendettement-développement élaboré par la France a été signé en 2002 avec le Mozambique , pour un montant de 29 millions d'euros, avec comme points d'affectation prioritaire l'appui à l'édification d'un réseau de santé primaire, et la lutte contre le Sida. Trois millions d'euros annuels sont spécifiquement affectés à cette action.

La France, forte de ces différents atouts, peut renforcer sensiblement sa présence économique au Mozambique. Les échanges commerciaux entre les deux pays sont, pour l'instant, composés d'importations d'aluminium mozambicain, et d'exportations de biens d'équipement français, avec un déficit au détriment de notre pays.

La conclusion du présent accord confortera les intérêts français, originaires tant de métropole que de la Réunion, qui souhaitent s'investir plus fortement dans ce pays aux nombreuses potentialités.

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