C. PRINCIPALES TENDANCES CONSTATÉES DEPUIS 2003

La répartition de l'aide par pays bénéficiaires fait apparaître les tendances suivantes : augmentation de l'aide reçue par les pays dits performants (« menant des politiques saines »), stabilité depuis 10 ans de la répartition entre tranches de revenus (environ 30 % de l'aide va aux PMA, et une part équivalente aux pays « à faible revenu » - au nombre desquels se rangent l'Inde et la Chine). Aucune tendance à la concentration de l'aide bilatérale n'est décelée . Après l'augmentation très forte qu'elle a connue dans les décennies récentes, la part de l'Afrique peine, pour l'instant, à s'accroître (les difficultés d'acheminement de l'aide dans les pays en conflit sont présentées comme la cause principale).

La répartition par secteurs confirme l'importance grandissante des secteurs sociaux et des programmes liés à la gouvernance dans l'aide bilatérale des 23 membres du CAD. En outre, au sein des domaines santé et éducation, la part des services de base s'est nettement accrue depuis 1996, conformément aux recommandations du CAD. Le recul des aides aux secteurs productifs est manifeste sur la longue période (1985-2001).

S'agissant des modalités d'aide, la part très élevée des dons et de l'aide déliée se confirme , puisqu'elle atteint plus de 80 %. L'importance relative de la coopération technique tend à grandir par rapport à celle des aides financières 2 ( * ) . La part de l'aide multilatérale reste stable aux alentours de 30 % , mais sa composition témoigne d'un accroissement des contributions au système onusien et à l'Union européenne, alors que celles à la Banque mondiale et aux banques régionales de développement diminuent.

D. ÉVOLUTIONS ATTENDUES EN 2005 ET 2006

Dans son rapport 2003, le CAD a tenté de cerner l'évolution prévisible de l'aide au développement au cours des prochaines années dans la perspective des projections 2006, construites à partir des engagements pris lors de la conférence de Monterrey de 2002. Ces projections tablent sur une APD de 76,8 milliards de dollars en 2006, soit un surplus de 18,6 milliards de dollars par rapport à 2002 , provenant essentiellement des États-Unis (6,2 milliards de dollars) et des quatre plus grands pays de l'Union européenne (dont 2 milliards de dollars pour la France).

Suite à la décision du Conseil européen des 16 et 17 juin 2005, l'Union européenne devrait doubler son APD entre 2004 et 2010 , passant de 34,5 milliards d'euros à 67 milliards d'euros. Au moins la moitié de l'aide supplémentaire devrait être affectée à l'Afrique subsaharienne. Les Etats-Unis ont également proposé de doubler leur aide à l'Afrique subsaharienne entre 2004 et 2010. Le Japon envisage de faire de même sur les trois prochaines années et d'augmenter son volume d'APD à hauteur de 10 milliards de dollars sur les cinq prochaines années.

Si les membres du CAD respectent les engagements qu'ils ont pris à la conférence de Monterrey et par la suite, le rapport APD/RNB devrait passer de 0,25 % en 2004 à 0,30 % en 2006 . Cette progression serait principalement due aux facteurs suivants :

- contributions à la XIV e reconstitution de l'Association internationale de développement (AID) de la Banque mondiale : en février 2005, les donneurs sont convenus d'apporter une contribution de 18 milliards de dollars à l'AID, afin de permettre un accroissement d'au moins 25 % du montant de ses dons et prêts ;

- augmentation des budgets d'aide bilatérale : plusieurs membres du CAD ont entrepris de renforcer sensiblement leurs programmes d'aide bilatérale. Par exemple, le Millennium Challenge Account mis en place par les États-Unis est opérationnel et le Royaume-Uni procède à l'accroissement de son APD bilatérale ;

- aide aux victimes du tsunami : le tsunami qui a dévasté les rives de l'Océan indien a suscité une mobilisation exceptionnelle de ressources tant privées que publiques pour les secours et la reconstruction. Le CAD suivra de près les versements effectués pour donner suite aux engagements pris ;

- allègement de la dette de l'Irak - À la fin de 2004, le Club de Paris est convenu d'alléger en grande partie la dette de l'Irak. Selon le rythme de la mise en oeuvre des accords bilatéraux conclus entre l'Irak et ses créanciers, les membres du CAD pourront peut-être notifier en 2005 dans l'APD jusqu'à 15 milliards de dollars au titre de cet effort d'allègement.

* 2 Excepté en France...

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