II. LUTTER CONTRE LA RECRUDESCENCE DE LA FRAUDE AUX ACTES DE L'ÉTAT CIVIL

A. UNE FRAUDE AUX PROPORTIONS INQUIÉTANTES

La fraude aux actes de l'état civil se manifeste de plusieurs façons :

- il peut s'agir de faux actes fabriqués par des personnes ou des officines privées, ou d'actes délivrés par les autorités locales mais altérés par surcharge, rature, découpage et collage ;

- la fraude peut consister en la production de documents falsifiés ou frauduleux délivrés avec la complicité ou non des autorités locales, corrompues ou abusées. Ce sont alors de « vrais-faux », puisqu'ils remplissent les conditions de régularité formelle, même si les événements mentionnés sont faux.

Beaucoup de ces actes, et notamment les jugements supplétifs ou rectificatifs, concernent des naissances ou des filiations fictives et des reconnaissances mensongères d'enfants.

Les services consulaires sont sollicités soit pour transcription d'un acte étranger rattachant une personne à un parent de nationalité française, soit pour des visas au titre du regroupement familial. En outre, ils sont sollicités par les autorités administratives saisies d'une demande de carte d'identité, de passeport ou de certificat de nationalité, en vue de la vérification de la régularité de l'acte étranger produit à l'appui de la demande.

Si la fraude au mariage touche essentiellement le Maghreb et la Turquie, la fraude à l'état civil se concentre aux Comores et en Afrique subsaharienne, où 30.000 actes de l'état civil sont vérifiés chaque année. Le taux d'actes faux ou frauduleux dépasse 90 % des actes présentés aux autorités consulaires françaises dans certains pays comme les Comores ou la République Démocratique du Congo.

Pays

Poste

% des actes
frauduleux ou faux

République Fédérale Islamique des Comores

Moroni

90 % voire plus

République Démocratique du Congo

Kinshasa

90 %

République de Guinée

Conakry

60 %

République du Congo

Brazzaville

65 %

Pointe Noire

50 %

République du Sénégal

Dakar

30 %

Saint-Louis

70 % de jugements supplétifs, région du fleuve 90 %

République de Côte d'Ivoire

Abidjan

10 à 40 %

République du Mali

Bamako

10 à 40 %

République du Nigéria

Abuja

32 % en 2002

24 % en 2001

20 % en 2000

République du Tchad

N'D `jamena

Actes globalement non crédibles

(vrais-faux actes)

République du Togo

Lomé

Idem

République du Cameroun

Yaoundé

Au moins 10 %

Douala

Plus de 33 %

Garoua

9 %

République de Madagascar

Tananarive

5 % minimum mais nombreux jugements supplétifs

Diego-Suarez

45 % en moyenne

Tamatave

10 à 15 % - 80 %
sur les communes rurales

République d'Haïti

Port au Prince

30 %

République Islamique de Mauritanie

Nouakchott

> 10 %

Sont inclus les jugements déclaratifs d'état civil (supplétifs) dont l'objet est de permettre l'enregistrement d'un événement d'état civil qui n'a pas été déclaré.

Source : ministère des Affaires étrangères.

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