II. L'ÉVOLUTION ATTENDUE A MOYEN TERME

A. DES ENGAGEMENTS FORTS MAIS À LA TRADUCTION INCERTAINE

Plusieurs pays, dont la France, ont à plusieurs reprises réitéré leurs engagements portant sur une hausse de l'APD et l'atteinte du ratio de 0,7 % du RNB recommandé par les Nations Unies, de telle sorte qu'une poursuite de la hausse de l'aide internationale est escomptée jusqu'en 2010 (avec 128,1 milliards de dollars constants), voire 2015. Le Conseil de l'Union européenne a ainsi fixé le 24 mai 2006 un objectif intermédiaire à 0,56 % en 2010 , engageant 16 des 23 membres du CAD.

Se fondant sur les déclarations publiques de ses membres et sur la tendance récente, le CAD a réalisé en 2005 des projections à l'horizon 2010 , dont il ressort notamment que la France, si elle poursuit son effort, pourrait consacrer 0,61 % de son RNB à l'APD . Les autres ratios significatifs sont de 0,51 % pour l'Allemagne, 0,59 % pour l'Espagne (ce qui représenterait un quasi triplement en volume par rapport à 2004), 0,80 % pour les Pays-Bas, 0,59 % pour le Royaume-Uni, 0,18 % pour les Etats-Unis et 0,22 % pour le Japon.

Ces engagements doivent cependant être analysés avec précaution , en particulier si l'on se réfère à ceux pris par la communauté des bailleurs pour l'échéance de 2006, lors de la Conférence de Monterrey de mars 2002. L'APD a effectivement continué d'augmenter chaque année en termes réels depuis 2002, mais à un rythme inférieur à celui qu'aurait nécessité la concrétisation des promesses des donneurs pour 2006.

En outre, les augmentations de flux ne sont pas forcément passées par le canal envisagé . A Monterrey, lorsqu'ils s'étaient engagés à accroître leur APD de moitié pour 2006, les Etats Unis avaient ainsi prévu de dégager 5 milliards de dollars par le biais du Millenium Challenge Account (MCA) qu'ils venaient de créer. Dans les faits, les versements au titre du MCA n'ont débuté qu'en 2005 , et pour l'exercice 2006 l'administration a demandé une enveloppe de 3 milliards de dollars que le Congrès a ramenée à 1,8 milliard de dollars, le lancement et l'expansion des activités ayant été plus lents que prévu en raison de la nécessité d'en assurer l'appropriation par les pays bénéficiaires.

Les dépenses d'aide américaine ont néanmoins progressé de 83 % en termes réels entre 2000 et 2004 , contre 20 % pour la moyenne du CAD, sous l'effet des dépenses consenties en Irak (qui n'étaient pas prévues dans les engagements pris à Monterrey) et en Afghanistan, ainsi que de l'augmentation d'autres catégories de dépenses, en faveur de l'Afrique subsaharienne, des instances multilatérales, de la lutte contre le VIH/sida et de l'aide d'urgence.

À supposer qu'il en aille de même des engagements pris par une grande majorité des membres du CAD pour 2010 (dont le Canada, l'UE et le Japon), on peut estimer que :

- l'APD continuera certes d'augmenter, mais à un rythme qui rendra l'objectif de plus en plus difficile à atteindre à l'approche de 2010 ;

- la matérialisation de l'intégralité des 128 milliards de dollars d'aide évalués par le CAD pour 2010 ne peut être considérée comme acquise ;

- il est difficile de prédire longtemps à l'avance les canaux par lesquels passera dans la pratique le surplus d'APD.

L'évolution attendue est également qualitative, compte tenu des récentes déclarations des donateurs en faveur d'une plus grande efficacité et prévisibilité de l'aide. Les financements innovants , tels que la taxe sur les billets d'avion, la facilité internationale d'achat de médicaments Unitaid ou la facilité de financement pour la vaccination (cf. infra ), s'inscrivent dans cette démarche de long terme (jusqu'à 20 ans).

Le rapport du CAD pour 2005 souligne également que l'aide-projet et la coopération technique devraient être privilégiées dans les pays à revenu intermédiaire, tandis que les approches sectorielles et l'aide-programme devraient être les plus suivies dans les pays à faible revenu, en coordination avec les priorités locales.

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