B. DES PERSPECTIVES ENCORE TRÈS INCERTAINES EN 2010

1. Une croissance de 1,2 % en 2010 selon le consensus et 0,75 % selon le Gouvernement

La prévision de croissance pour 2010 associée au présent projet de loi de finances est de 0,75 %, contre 1,2 % pour le consensus des conjoncturistes. Cependant, le Premier ministre a déclaré le 13 octobre 2009 sur RTL que la croissance en 2010, sera « sans doute » de « plus de 1 % ». Il a confirmé ce point de vue le 9 novembre 2009, lors d'un déplacement en Moselle.

Par convention, votre commission des finances retiendra cependant, dans ses scénarios ci-après, la prévision de croissance associée au présent projet de loi de finances, soit 0,75 %. Les incertitudes relatives à l'année 2010 rendent en effet l'exercice de prévision particulièrement aléatoire.

Schématiquement, le consensus des conjoncturistes pour 2010 a évolué de la manière suivante :

- en juillet 2009, la prévision de croissance du consensus était de 0,3 % (0,5 % selon la prévision présentée par le Gouvernement dans le cadre du débat d'orientation des finances publiques pour 2010) ;

- la seule révision à la hausse de la croissance du deuxième trimestre 2010 conduit comptablement (les taux de croissance des trimestres suivants étant maintenus inchangés) à augmenter la croissance de 2010 de 0,3 point ;

- une croissance de 0,5 % aux deuxième et troisième trimestres 2009 correspondrait à un « acquis de croissance » de 0,7 % en 2010, soit, avec une hausse du PIB de 0,2 % par trimestre, une croissance de 1,2 %, égale au consensus des conjoncturistes.

Cependant, si l'on suppose qu'à cause de la grippe A/H1N1 la croissance n'est que de - 0,3 % au dernier trimestre 2009, l'acquis de croissance n'est plus que de 0,1 point , ce qui ramène la croissance en 2010 à 0,6 %. Si l'on suppose que la réduction du PIB au dernier trimestre 2009 due à la grippe est compensée au premier trimestre 2010 avec une croissance de 1 %, la croissance 2010 en moyenne annuelle est de 1,4 %.

2. De fortes incertitudes pour toutes les composantes de la demande

Il faut cependant être conscient du fait que si la croissance pour 2009 ne devrait pas susciter de surprise majeure, ne serait-ce que pour des raisons comptables, les prévisions du consensus des conjoncturistes pour 2010 doivent être considérées avec une prudence encore plus grande que d'habitude.

L'écart entre les prévisions est particulièrement important, celles-ci allant de 0,2 % pour HSBC et 0,4 % pour Natixis à 2,2 % pour COE-Rexecode et UBS. Ces prévisions ne sont pas moins vraisemblables que celle d'une croissance de 1,2 %. Le contenu informatif des prévisions du consensus pour 2010 est donc en réalité très faible.

En effet, il existe de très fortes incertitudes pour toutes les composantes de la demande. Ces écarts s'expliquent en particulier par le fait :

- qu'HSBC et Natixis prévoient une contribution à peu près nulle de la consommation des ménages à la croissance, HSBC anticipant en outre une contribution négative des variations de stocks ;

- que COE-Rexecode suppose une contribution fortement positive des variations de stocks ;

- qu'UBS est plus optimiste que le consensus sur la consommation des ménages et l'investissement.

Au total, il ne semble guère possible de dire autre chose sur la croissance de 2010 sinon qu'elle sera probablement comprise entre 0 et 2 %.

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