b) Mais une place à défendre

La prééminence actuelle de la région capitale doit non seulement être conservée , mais aussi défendue , comme l'a souligné M. Christian Blanc lors de son audition précitée. En effet, la concurrence est grande : Berlin, Madrid, Milan, Francfort, en Asie Shanghai, Pékin ou Bombay, et encore Los Angeles, peuvent prétendre à appartenir bientôt au « club » des « villes-monde ».

Or, au cours de ces dix dernières années, Paris a connu une croissance de 2 % seulement, deux fois inférieure à celle de Tokyo, Londres et New-York. Par ailleurs, l'Île-de-France connaît une perte d'attractivité globale qu'il convient d'enrayer.

Certes, l'excédent naturel de la région est exceptionnel (43 % de l'excédent naturel français), et le solde migratoire positif en ce qui concerne les jeunes entre 20 et 29 ans (plus de 100 000 habitants entre 2000 et 2005). Mais la région capitale perd de son attractivité pour les plus de 30 ans et, globalement, perd des habitants . Il est donc essentiel qu'elle renforce les éléments concourant à la qualité de vie , en mettant en oeuvre, à cet effet, les objectifs précis présentés ci-après.

Pour le reste, Paris ne conservera son rayonnement international qu'en développant ses interfaces avec le monde , c'est-à-dire ses aéroports internationaux, ses gares TGV , ainsi que la façade maritime que lui offrent Le Havre et Rouen.

Ce dernier point mérite un mot spécifique : aucune « ville-monde » ne s'est développée et ne peut espérer prospérer sans un port puissant 7 ( * ) . Les ports du Havre et de Rouen  dont la coopération, d'ailleurs, doit être renforcée, en vue de faire face à la forte concurrence des ports étrangers de l'Europe du Nord et de l'Asie  ont naturellement vocation à constituer la façade maritime privilégiée du Grand Paris. Il ne s'agit pas de construire une aire urbaine continue jusqu'au Havre, mais de faire de la Seine un axe de développement du Grand Paris , ainsi que l'idée en a opportunément été suggérée 8 ( * ) .

Plus généralement, il est intéressant que des économistes 9 ( * ) montrent l'existence d'une très forte corrélation entre le taux de croissance économique d'un pays et la qualité de ses infrastructures de transports , sans toutefois pouvoir établir de lien de causalité entre ces deux phénomènes. En réalité, toute société développée a besoin d'infrastructures performantes pour relier les hommes, tandis que des routes et réseaux de transports publics, intelligemment conçus, permettent de favoriser la spécialisation, de trouver les économies d'échelles utiles, d'engendrer des gains de productivité et de stimuler l'innovation. En outre, on ne saurait omettre que l'utilisation de transports efficients accroît le bien-être des usagers, notion que les analyses économiques peinent à prendre en compte.

* 7 Cf. les travaux de M. Philippe Subra, géographe spécialiste de géopolitique.

* 8 Cf. notamment les propositions de M. Antoine Grumbach, architecte, à l'occasion de l'appel à projets lancé par le Président de la République en 2009. Cf. les rapports de notre collègue Revet sur la réforme des ports maritimes.

* 9 MM. Michel Didier et Rémy Prud'homme, Infrastructures de transport, mobilité et croissance , Conseil d'analyse économique, 2007.

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