2. La lutte contre l'absentéisme comme instrument de prévention précoce de la délinquance des mineurs

La persistance d'un volet significatif et tendant à s'accroître d'élèves absentéistes est à la fois incontestable et inquiétante. Le rapport de la commission d'enquête du Sénat sur la délinquance des mineurs en 2002 3 ( * ) avait déjà conclu que la prévention de l'absentéisme et de l'échec scolaire, qui vont malheureusement souvent de pair, était cruciale pour éviter le glissement des jeunes dans la violence , tant au sein de l'école qu'à l'extérieur.

Il est certes impossible d'affirmer que l'absentéisme et l'échec scolaire fabriquent seuls la délinquance. De même, il n'y a pas de lien mécanique entre les difficultés familiales et les comportements délictueux. Le refus du déterminisme étroit ne doit pas, cependant, disqualifier toute recherche sur les facteurs de risques. Les incivilités et les transgressions scolaires sont souvent corrélées avec l'absentéisme. On ne peut nier que l'échec scolaire et l'absentéisme peuvent jouer un rôle important dans le basculement, trop souvent irrémédiable, dans la violence et la déviance.

Il convient de reconnaître qu'une immense majorité des délinquants a échoué à l'école, même si tous les jeunes en échec scolaire sont très loin de tomber dans la délinquance. Le rejet de l'institution scolaire peut être le premier signe d'un rejet plus général des règles sociales, qu'il est très difficile de rattraper lorsque la justice pénale doit intervenir. Interrogé sur le niveau d'instruction des mineurs incarcérés, le ministère de l'éducation nationale estimait devant la commission d'enquête que 80 % d'entre eux étaient sans diplôme, près de la moitié en échec au bilan lecture et au moins 10 % relevaient de l'illettrisme.

Ces relations entre l'absentéisme et la délinquance furent pointées par l'INSERM dès 1993 dans son enquête sur la santé de l'adolescent. Les jeunes absentéistes présentent manifestement plus que les autres un comportement délinquant. Les garçons sont plus souvent, par importance décroissante, fugueurs, toxicomanes, alcooliques et violents. Mais les filles ne sont pas épargnées : absentéistes, elles sont plus souvent toxicomanes, violentes, et commettent davantage de vols. Il faut également souligner que ces jeunes sont généralement eux-mêmes des victimes de violences physiques ou sexuelles. Ils sont souvent en grande souffrance psychologique, parfois suicidaires.

C'est pourquoi il faut coûte que coûte ramener les absentéistes en classe. Ils doivent être maintenus à tout prix dans un univers socialisé, structuré par des règles, et non pas abandonnés à leur sort, dérivant sans repères . La rue ne doit surtout pas devenir une alternative à l'école, sous peine des plus grands dommages pour l'enfant, sa famille et la société.


* 3 Délinquance des mineurs : la République en quête de respect , rapport de M. Jean-Claude Carle, n° 340 (2001-2002).

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