B. SITUATION INTÉRIEURE

La constitution confie l'essentiel des pouvoirs au Président, élu au suffrage universel direct, qui dispose pour l'exercer d'une administration propre. Le gouvernement est dirigé par un Premier ministre aux pouvoirs limités. Le parti présidentiel, le YAP (« Nouveau parti d'Azerbaïdjan »), dispose d'une très large majorité au Parlement, la « Milli Majlis », depuis les élections législatives de novembre 2005. L'opposition, en proie à des dissensions internes, peine à se faire entendre d'une population largement dépolitisée. La réélection du Président Ilham Aliev en octobre 2008 avec près de 90% des suffrages, le référendum constitutionnel de mars 2009 qui a mis fin à la limitation du nombre de mandats présidentiels et entériné des dispositions critiquées par les observateurs internationaux lors des précédents scrutins, et les élections législatives du 7 novembre 2010 qui ont permis au YAP d'accroître sa majorité au Parlement 13 ( * ) ont confirmé cette concentration du pouvoir.

Le dernier rapport conjoint de la Commission européenne et de la Haute représentante pour la politique étrangère et de sécurité sur la mise en oeuvre du plan d'action dans la cadre de la politique de voisinage 14 ( * ) comme le dernier rapport de suivi de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe 15 ( * ) ont souligné les attentes en matière de développement de la démocratie et des libertés publiques.

C. ASPECTS GÉOPOLITIQUES

La politique étrangère de l'Azerbaïdjan est fortement marquée par la persistance d'un conflit ouvert avec la république voisine d'Arménie sur la région du Haut-Karabagh. Elle s'efforce par ailleurs de maintenir un équilibre entre les principales puissances régionales.

1. Un conflit à la résolution duquel la France s'est attachée

De 1991 à 1994, le conflit du Haut-Karabagh , territoire enclavé, majoritairement peuplé d'Arméniens, mais faisant juridiquement partie de l'Azerbaïdjan a entraîné une guerre qui a fait plusieurs dizaines de milliers de victimes, plus d'un million de réfugiés, majoritairement azerbaïdjanais et l'occupation depuis lors d'une partie de son territoire.

Aujourd'hui, ce conflit n'est toujours pas réglé, malgré une médiation assurée depuis 1997 par la coprésidence tripartite du « Groupe de Minsk » de l'OSCE (France, États-Unis, Russie). Sous leur médiation, les présidents arménien et azerbaïdjanais se sont rencontrés à plusieurs reprises pour chercher un accord sur les principes de base à appliquer à la résolution du conflit, résumés en 6 propositions dans la déclaration des Présidents Obama, Medvedev et Sarkozy à Muskoka en juillet 2010 : le retour sous contrôle azerbaïdjanais des territoires entourant le Haut-Karabagh ; un statut intérimaire pour le Haut-Karabagh prévoyant des garanties en matière de sécurité et d'administration autonome ; un corridor reliant l'Arménie au Haut-Karabagh ; la définition future du statut juridique final du Haut-Karabagh dans le cadre d'un processus d'expression de la volonté juridiquement contraignant ; le droit de toutes les personnes déplacées et des réfugiés à retourner dans leurs anciens lieux de résidence ; des garanties de sécurité internationales qui incluraient une opération de maintien de la paix.

2. Une politique d'équilibre entre les puissances régionales

Les relations entre l'Azerbaïdjan et la Russie restent marquées par une certaine réserve du côté azerbaïdjanais, soucieux de maintenir son indépendance, notamment pour la vente des hydrocarbures. Les nombreuses rencontres à haut niveau, même si elles sont autant d'occasions de réaffirmer les relations de bon voisinage, d'amitié et de partenariat stratégique entre les deux pays, peinent parfois à aller au-delà de l'affichage de bonnes dispositions.

Avec l'Iran , les relations demeurent complexes en raison de la présence dans ce pays d'une importante minorité azérie (estimée de 18 à 30 millions de personnes) et d'un désaccord sur la définition des eaux territoriales de la mer Caspienne. L'arrivée au pouvoir du Président Ilham Aliev en 2003 avait néanmoins permis une amélioration significative des relations bilatérales, mais, depuis 2011, celles-ci se sont de nouveau dégradées. Les relations azerbaïdjanaises avec Israël (achat d'armements et exportations d'hydrocarbures) sont une cause de tension comme l'attachement de l'Azerbaïdjan à la préservation de son modèle séculier national.

La Géorgie et la Turquie offrent à l'Azerbaïdjan ses principaux débouchés vers l'Occident. Du fait des affinités existant entre les deux pays (proximité linguistique et culturelle symbolisée par la devise « Deux États, une nation »), les relations avec la Turquie sont très bonnes. Les contacts politiques au plus haut niveau sont fréquents. La Géorgie reste un partenaire essentiel de l'Azerbaïdjan dans la région, qui lui apporte un soutien discret. Celle-ci constitue, quant à elle, un allié dans les enceintes internationales pour soutenir son intégrité territoriale.


* 13 Le YAP dispose de 71 sièges sur 125, les députés indépendants (non-inscrits) sont au nombre de 41 et dix formations politiques se partagent les autres sièges. Source : Union interparlementaire

http://www.ipu.org/parline-f/reports/1019_E.htm

* 14 Union européenne/Commission et Haute-Représentante - 15 mai 2012 : http://ec.europa.eu/world/enp/docs/2012_enp_pack/progress_report_azerbaijan_en.pdf

* 15 Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe 20 décembre 2012 : http://assembly.coe.int/ASP/Doc/XrefViewPDF.asp?FileID=19243&Language=EN

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