B. DES MOTEURS INTERNES DE CROISSANCE À L'ARRÊT...

En 2012, la plupart des composantes de la croissance économique ont marqué le pas . A l'exception de la consommation collective des administrations et du solde du commerce extérieur, tous les agrégats du PIB ont eu une contribution négative ou nulle à la croissance ( cf . tableau de la page suivante).

Ainsi, la consommation des ménages a reculé de 0,4 % en 2012, après avoir crû de 0,5 % en 2011 ; de même la formation brute de capital fixe (FBCF) s'est contractée de 1,2 % , principalement du fait du repli de 2,1 % de l'investissement des entreprises non financière. Surtout, les entreprises ont fortement réduit leurs stocks .

La demande intérieure a, quant à elle, été soutenue par la progression des dépenses de consommation des administrations publiques , qui ont augmenté de 1,4 % en 2012.

Le PIB et les opérations sur biens et services

Évolution en volume (aux prix de l'année précédente, en %)

2012

2010

2011

2012

En milliards d'euros

Évolution des prix (en %)

Évolution en valeur (en %)

Contribution à la croissance du PIB en volume

(en points de PIB)

Produit intérieur brut (PIB)

1,7

2,0

0,0

2 032,3

1,5

1,5

0,0

Importations

8,9

5,1

-1,1

602,6

1,9

0,8

0,3

Total des emplois finals

3,2

2,7

-0,2

2 634,9

1,6

1,4

-0,3

Consommation effective des ménages,

1,6

0,8

0,0

1 500,6

1,6

1,7

0,0

dont : dépense de consommation

- des ménages

1,5

0,5

-0,4

1 129,8

1,9

1,4

-0,2

- individualisable des administrations

1,7

1,5

1,4

328,3

1,0

2,4

0,2

Consommation collective des administrations publiques

2,0

-1,5

1,5

174,4

1,4

2,9

0,1

Formation brute de capital fixe, dont :

1,4

2,9

-1,2

401,8

1,7

0,5

-0,2

- entreprises non financières

6,6

3,1

-2,1

208,4

1,3

-0,8

-0,2

- ménages

-0,4

2,4

-0,3

110,5

2,3

2,1

0,0

- administrations publiques

-8,1

0,2

-0,5

63,7

2,2

1,7

0,0

Variations de stocks (contribution à la croissance)

0,1

1,1

-0,9

-

-

-

-0,9

Exportations

9,5

5,4

2,4

557,6

1,2

3,6

0,6

Source : Insee

1. Un net recul des investissements et des stocks des entreprises

Après avoir augmenté en 2010 et 2011, la formation brute de capital fixe (FBCF) de l'ensemble des agents économiques a reculé de 1,2 % en 2012. Cette évolution s'explique essentiellement par la réduction des investissements des entreprises non financières (-2,1 %).

En dépit d' une amélioration des conditions du financement bancaire au cours de l'année 2012 - le taux d'intérêt moyen des nouveaux crédits consentis aux sociétés non financières s'est établi à 2,30 % en décembre 2012, contre 3,29 % un an auparavant 7 ( * ) -, les encours de crédits aux entreprises ont ralenti tout au long de la période (-0,5 % en glissement annuel).

Aussi, la baisse de l'investissement des entreprises trouve, en premier lieu, son origine dans la dégradation des perspectives d'activité . L'indicateur de climat des affaires 8 ( * ) de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a poursuivi sa tendance à la baisse engagée au printemps 2011 pour atteindre 87 points en décembre 2012, nettement en deçà de sa moyenne de longue période (100).

Indicateur de climat des affaires 9 ( * )

Source : Insee

La contraction de l'investissement peut aussi s'expliquer par la détérioration du taux de marge 10 ( * ) des sociétés non financières - passé de 29,1 % en 2011 à 28,4 % -, diminuant d'autant leur capacité d'autofinancement 11 ( * ) .

Les entreprises ont également réduit leurs stocks , après les avoir reconstitués en 2011. Par suite, la variation de stocks a contribué négativement à la croissance du PIB à hauteur de -0,9 point. Cette forte réduction des stocks semble être la conséquence du recul des perspectives de la demande .

Alors qu'en 2011, la variation des stocks avait constitué le premier facteur de croissance du PIB - sa contribution s'était élevée à 1,1 point -, elle s'est révélée être la principale cause de la stagnation de l'activité en 2012 , comme le montre le graphique ci-après.

Contribution des principaux agrégats à la croissance du PIB

(variation annuelle en %, contributions en points)

* Y compris institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLM)

Source : Insee

2. Une consommation des ménages en baisse pour la première fois depuis 1993

Pour la première fois depuis 1993, les dépenses de consommation des ménages ont diminué (-0,4 % en volume) ; elles ont donc contribué négativement à la croissance du PIB (-0,2 point).

Cette évolution est à mettre en perspective avec le repli du pouvoir d'achat des ménages constaté en 2012. Le revenu disponible brut des ménages 12 ( * ) a augmenté de 0,9 %, soit moins vite que le prix de la dépense de consommation finale (1,9 %) ; par conséquent, le pouvoir d'achat a reculé de 0,9 % .

3. Un solde commercial en amélioration du fait de la baisse des importations

Le recul de la demande intérieure a contribué au repli des importations (-1,1 %). Les exportations, quant à elles, ont continué d'augmenter, mais d'une manière mesurée (+ 2,4 %) du fait de la décélération du commerce mondial. Au total, le commerce extérieur a contribué positivement à la croissance du PIB (à hauteur de 1 point).


* 7 Kloé Masselier, « L'évolution de la monnaie et du crédit en 2012. Un distribution des crédits plus dynamique en France que dans la zone euro », Bulletin de la Banque de France, n° 191, 1 er trimestre 2013.

* 8 L'indicateur de climat des affaires est établi sur la base d'enquêtes réalisées par l'Insee, auprès des chefs d'entreprises des principaux secteurs de l'économie, portant sur l'activité passée et future de l'entreprise, la demande adressée à l'entreprise, les effectifs, etc. L'évolution de l'indicateur synthétique du climat des affaires résume la perception de la conjoncture par les chefs d'entreprise. Plus sa valeur est élevée, plus ces derniers considèrent que la conjoncture est favorable.

* 9 La moyenne de longue période de l'indicateur de climat des affaires est de 100.

* 10 Le taux de marge mesure le pourcentage de la valeur ajoutée conservé par les entreprises après versement des coûts salariaux et des impôts liés à la production.

* 11 La capacité d'autofinancement représente les ressources brutes restant à l'entreprise à l'issue de l'exercice. Celles-ci peuvent notamment être mobilisées afin de financer des investissements.

* 12 Le revenu disponible brut (RDB) correspond à la somme des revenus (salaires, revenus du patrimoine, etc.) et des revenus de transferts (prestations sociales) de laquelle ont été soustraits les prélèvements obligatoires. Il s'agit donc du revenu dont disposent les ménages pour dépenser.

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