B. UN SECTEUR EN VOIE DE CONSOLIDATION

La loi du 12 mai 2010 a été appliquée de manière particulièrement rapide, la plupart de ses décrets d'application ayant été publiés en même temps que la loi elle-même. L'imminence de la Coupe du monde de football de 2010, qui devait marquer les véritables débuts des paris sportifs en ligne, explique en grande partie cette célérité inhabituelle.

Trois ans après, le secteur semble en voie de consolidation, comme l'a montré la table ronde que votre commission des finances a organisée sur ce sujet au printemps dernier 4 ( * ) .

1. La diminution du nombre d'opérateurs

L'année dernière a été la première qui a vu diminuer le nombre d'opérateurs agréés en France.

Cette baisse a été significative : alors que 35 opérateurs détenaient 48 agréments fin 2011, une année plus tard, seulement 22 opérateurs étaient titulaires de 33 agréments : 9 sur les paris sportifs, 8 sur les paris hippiques et 16 sur le poker.

Sur le fond, un tel mouvement était prévisible : suite à l'engouement des débuts sur un marché qui s'ouvre, tout le monde n'a pas pu trouver sa place, certains acteurs préférant alors abandonner, tandis que s'opèrent également des rapprochements.

2. L'évolution contrastée des différents types de jeux ou paris

L'année 2012, deuxième année « pleine » de l'ouverture des jeux et paris en ligne, s'est révélée contrastée selon les secteurs.

Les paris sportifs ont connu une croissance significative avec un total de mises de 705 millions d'euros (+ 19 %). Cela s'explique probablement en partie par l'organisation de deux événements majeurs : l'Euro de football et les Jeux olympiques de Londres ; il est donc possible que l'année 2013 soit moins favorable de ce point de vue.

Les paris hippiques ont enregistré une croissance de 9 % du montant de leurs mises, à 1,1 milliard d'euros . Comme le relève l'ARJEL dans son rapport annuel, cette évolution du marché tient pour partie à l'enrichissement des supports et des types de paris ainsi qu'à l'accroissement du nombre de courses étrangères ouvertes aux paris.

En revanche, le poker , qui est actuellement le jeu le plus développé sur internet, a reculé l'année dernière , au moins pour ce qui concerne les mises « simples » (« cash game »), passées de plus de 6,5 milliards d'euros en 2011 à un peu moins de 6,2 milliards d'euros en 2012 (- 5 %). La croissance des tournois (de 1,2 milliard d'euros à 1,4 milliard d'euros) n'a pas complètement compensé cette évolution.

En termes de résultats, l'activité reste globalement déficitaire selon les données consolidées par l'ARJEL. Les pertes d'exploitation se sont ainsi élevées à 40 millions d'euros pour les paris sportifs, à 36 millions d'euros pour les jeux de cercle et à 10 millions d'euros pour les paris hippiques. Néanmoins, on constate une amélioration significative par rapport à 2011 , exercice marqué notamment par de très importantes dépenses de marketing-communication d'opérateurs qui devaient se faire connaître du grand public.

3. Une majorité de joueurs responsables

D'après les statistiques de l'ARJEL, quelque 2,2 millions de comptes joueurs ont été actifs en 2012 , ce qui signifie que ces comptes ont enregistré au moins une opération de jeu payante en cours d'année. Chaque joueur détient en moyenne 1,3 compte, certains ayant ouvert des comptes auprès de plusieurs opérateurs ; le nombre de joueurs actifs en ligne s'établirait donc à environ 1,7 million.

En fin d'année, 89 millions d'euros étaient disponibles sur les comptes joueurs de l'ensemble des opérateurs. En termes de mouvements, 988 millions d'euros ont été déposés par les joueurs sur leurs comptes au cours de l'année 2012 et 435 millions d'euros ont été retirés de ces mêmes comptes - soit un solde net (dépôts moins retraits) en faveur des opérateurs de 553 millions d'euros.

Les études menées jusqu'à présent montrent un comportement plutôt raisonnable de la plupart des joueurs. Lors de la table ronde organisée par la commission des finances le 17 avril 2013, Jean-François Vilotte, président de l'ARJEL, a ainsi précisé que la mise moyenne de chaque joueur était de 50 euros par mois .

Il a également mis en lumière l'existence d'une petite population de gros parieurs, 50 % des mises étant le fait de 1 % des joueurs , ce qui nécessite une certaine attention afin de prévenir les conduites addictives. Selon un document conjoint de l'Observatoire des jeux et de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies, intitulé « Enquêtes sur les pratiques de jeux d'argent et de hasard en ligne » 5 ( * ) , la proportion des « joueurs excessifs » chez les joueurs en ligne s'élevait à 6,6 % en 2012 (contre 8,3 % en 2010), celle des joueurs « à risque modéré » s'élevant quant à elle à 10,4%.

Dans cette optique, les résultats des études de grande envergure récemment lancées par l'ARJEL dans le but de mieux connaître la sociologie et le comportement des joueurs seront probablement d'un grand intérêt. Ils devraient être connus avant la fin de l'année.

Le profil des joueurs en ligne

Selon une précédente étude d'envergure limitée (400 répondants) réalisée à la demande de l'ARJEL au cours du premier semestre 2012, le joueur en ligne est principalement un homme (90 % des répondants), âgé en moyenne de 36 ans, et le plus souvent employé de niveau « bac + 2 ».

La plupart du temps, le joueur en ligne vit en concubinage, n'a pas d'enfant et est locataire de son logement. Par ailleurs, il dispose, dans 64 % des cas, d'un niveau de revenu net mensuel supérieur à 1 500 euros (compris entre 1500 euros et 2000 euros dans 22 % des cas).

Il est généralement lucide quant à son activité de jeu et a conscience d'être globalement perdant lorsqu'il joue. Il dépense majoritairement moins de 50 euros par mois en ligne et considère cette activité comme un loisir de second plan. Dans 8 cas sur 10, il s'est fixé un budget de jeu qu'il affirme ne pas dépasser.

Il joue le plus souvent plusieurs fois par semaine, le soir ou le weekend, principalement seul et depuis son domicile.

Il jouait déjà en ligne avant l'ouverture du marché et se déplace parfois dans les réseaux physiques pour jouer à la loterie, aux jeux de grattage ou dans les casinos.

En ligne, il recherche le plus souvent des sites dans lesquels il a confiance, lui offrant des bonus intéressants, mais lui permettant aussi une navigation facile, rapide et fiable. Il a d'ailleurs comparé différentes offres avant de faire son choix.

Source : ARJEL


* 4 Compte-rendu des commissions du Sénat, semaine du 15 avril 2013, disponible à l'adresse suivante : http://www.senat.fr/compte-rendu-commissions/20130415/fin.html

* 5 Enquête sur les pratiques de jeux d'argent et de hasard en ligne , par Jean-Michel Costes, Marie-Line Tovar et Vincent Eroukmanoff (mai 2013).

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