B. LES MONITEURS DE SKI, UNE PROFESSION TRÈS STRUCTURÉE AU CoeUR DU TOURISME DE SPORTS D'HIVER

La montagne française doit une part essentielle de son succès aux femmes et aux hommes qui la font vivre. Parmi eux, les moniteurs de ski, qui transmettent leur passion des sports de glisse aux vacanciers, jouent un rôle fondamental.

1. Moniteur de ski, une passion mais aussi un métier au caractère saisonnier, soumis aux aléas de l'enneigement et de la fréquentation touristique

La France compte actuellement un peu moins de 19 000 moniteurs de ski . Ce sont des éducateurs sportifs, profession réglementée par les articles L. 212-1, R. 212-1 et A. 212-1 et suivants du code du sport.

a) Une formation de très haut niveau au sein de l'ENSM

Les moniteurs de ski sont tous titulaires de l'exigeant diplôme d'Etat de moniteur national de ski alpin, créé par arrêté du 11 avril 2012 et qui a remplacé le brevets d'Etat d'éducateur sportif, option « ski alpin ». Ils relèvent d'une filière spécifique : celle des diplômes d'Etat des métiers d'enseignement, d'encadrement et d'entraînement des sports de montagne.

L'Ecole nationale des sports de montagne (ENSM) diplôme chaque année entre 250 et 400 nouveaux moniteurs (350 en moyenne). Etablissement public administratif, elle dispose du monopole de la formation des moniteurs de ski en France et est placée sous la tutelle du ministre chargé des sports. La scolarité se déroule au sein de son établissement situé à Chamonix, l'Ecole nationale de ski et d'alpinisme (Ensa) 3 ( * ) .

Admis après la réussite d'un test technique d'accès, les 3 000 à 3 500 moniteurs stagiaires en cours de scolarité doivent suivre, au cours d'une période de cinq années (trois seulement pour les plus rapides), trois cycles de formation de deux, quatre puis cinq semaines centrés sur les techniques du ski, la pédagogie et la sécurité en milieu montagnard. La formation des moniteurs de ski s'effectuant en alternance, les moniteurs stagiaires doivent travailler au moins 45 jours dans des écoles de ski au cours de leur scolarité, durée de travail souvent largement dépassée dans la pratique (voir Annexe I).

b) Le métier de moniteur de ski : passion, pédagogie, sécurité

Excellents skieurs, les moniteurs de ski enseignent le ski alpin ou le snowboard à des publics très variés : seniors, skieurs débutants ou confirmés, et surtout enfants et adolescents. Très pédagogues, ils proposent des formules adaptées aux besoins de ces différents publics : cours individuels ou collectifs, à la journée ou à la demi-journée, stages...

Pleinement conscients des dangers de la montagne, ils apprennent à leurs élèves les règles de conduite à suivre sur les pistes. Ils assument eux-mêmes de lourdes responsabilités en matière de sécurité, particulièrement sur les pistes raides et dans les parcs à neige.

Les moniteurs de ski assurent par ailleurs de nombreuses tâches techniques : traçage et piquetage des slaloms et des pistes nordiques, gestion des dossards, chronométrage. Ils sont nombreux à participer aux compétitions et événements organisés par l'école de ski ou la station où ils travaillent.

Activité saisonnière de 3 à 5 mois par an qui culmine au cours du mois de février, l'enseignement du ski demeure soumis aux aléas de l'enneigement et de la fréquentation touristique, celle-ci étant particulièrement importante durant les week-ends et les vacances scolaires. C'est la raison pour laquelle l'immense majorité des moniteurs ont une autre activité professionnelle, souvent dans le domaine sportif, mais parfois aussi dans l'agriculture, l'hôtellerie-restauration ou bien encore la construction.

L'excellence des moniteurs de ski français est largement reconnue en dehors de nos frontières, puisqu'ils sont régulièrement sollicités pour travailler en Chine, en Russie ou bien encore en Amérique du Sud.

2. Les moniteurs de ski, une profession libérale très organisée au sein de laquelle le SNMSF jouit d'un quasi-monopole
a) Les moniteurs de ski, des travailleurs indépendants

La profession de moniteur de ski est une profession libérale 4 ( * ) , comme le précise l'article L. 622-5 du code de la sécurité sociale dans sa rédaction issue de la loi n° 2005-157 du 23 février 2005 relative au développement des territoires ruraux : « Les professions libérales groupent les personnes exerçant l'une des professions ci-après ou dont la dernière activité professionnelle a consisté dans l'exercice de l'une de ces professions : ... Pour des raisons impérieuses de sécurité , les moniteurs de ski titulaires d'un brevet d'Etat ou d'une autorisation d'exercer, organisés en association ou en syndicat professionnel pour la mise en oeuvre de leur activité, sont considérés comme exerçant une activité non salariée relevant du régime des travailleurs indépendants et ce, quel que soit le public auquel ils s'adressent ».

Figure n° 3 : Les caractéristiques spécifiques de la profession de moniteurs de ski par rapport aux autres professions libérales 5 ( * )

Source : DGCIS

L'immense majorité des moniteurs adhèrent à des syndicats professionnels ou à des associations pour faire valoir leurs droits et organiser l'exercice de leur profession et se regroupent au sein d'écoles de ski chargées de répartir l'activité entre eux. Les moniteurs de ski, travailleurs indépendants, perçoivent des honoraires et ne sont naturellement pas dans un lien de subordination avec leur syndicat : ils peuvent exercer leur profession indépendamment de ses directives. Ils sont personnellement responsables des fautes qu'ils peuvent commettre à l'occasion des cours qu'ils dispensent.

Les écoles de ski, au sein desquelles se regroupent les moniteurs de ski, constituent une interface entre eux et la clientèle des domaines skiables. De ce fait, elles assurent la distribution des heures de cours entre les moniteurs de ski. Celles-ci sont réparties suivant un tableau d'ordre (« tour de rôle ») où les moniteurs sont avant tout inscrits par ordre d'ancienneté, même s'il est tenu compte de leur spécialités ou compétences éventuelles (langues étrangères...). Il convient toutefois de relever que certaines écoles, très minoritaires, cherchent à répartir le travail de façon plus égalitaire entre les différentes générations.

Selon les estimations de la direction générale de la compétitivité, de l'industrie et des services (DGCIS), le chiffre d'affaires moyen d'un moniteur de ski en 2011 s'élevait à 25 972 euros , pour un bénéfice de 11 597 euros , soit 45 % du chiffre d'affaires (voir figure n°4). Toutefois, toujours selon la DGCIS, ces moyennes recouvrent des disparités relativement importantes dans la mesure où les plus anciens au tableau peuvent réaliser plus de 700 heures par saison, soit un chiffre d'affaires de l'ordre de 35 000 euros, contre moins de 500 heures pour les moniteurs les plus récents au tableau.

Figure n° 4 : Estimation des données fiscales pour 2011 des moniteurs de ski

Source : DGCIS

b) Les écoles du ski français et les écoles de ski internationales

La première école du ski français a été fondée en 1937 par Emile Allais, premier médaillé olympique français de ski à Garmisch-Partenkirchen en 1936, triple champion du monde en 1937 à Chamonix et concepteur la même année avec Paul Gignoux d'une méthode d'enseignement du ski destinée à concurrencer la méthode autrichienne. Cette technique, très innovante, est basée sur le parallélisme des skis, la plongée en avant et l'étude systématique des dérapages, indispensables aux virages rapides.

Aujourd'hui, 17 000 moniteurs , soit 90 % des membres de la profession, exercent au sein de l'une des 250 Ecoles du ski français (ESF) , réparties dans tous les massifs : ce sont les célèbres « pulls rouges ». Les ESF 6 ( * ) comptent chaque année 2,2 millions de clients pour des honoraires de 250 millions d'euros. Elles font passer 800 000 passages de tests annuels (Flèches, Chamois) à 2 millions d'élèves. Elles regroupent 3 500 jeunes en phase de professionnalisation. Les associations et syndicats professionnels locaux qui constituent les ESF sont affiliés au niveau national au Syndicat national des moniteurs du ski français (SNMSF), créé le 13 novembre 1945.

Les moniteurs membres des ESF acceptent de respecter la méthode d'enseignement de l'ESF, les règles déontologiques de la charte de l'ESF définie au niveau national et la convention régissant au niveau local l'exercice de la profession. Ils élisent un directeur qui a la charge du bon fonctionnement de l'ESF et qui les représente auprès du SNMSF.

Figure n° 5 : Nombre d'ESF et de moniteurs au sein des ESF

Années

ESF

Moniteurs

1945

41 ESF

200 moniteurs

1955

58 ESF

800 moniteurs

1965

105 ESF

1 750 moniteurs

1975

195 ESF

5 500 moniteurs

1985

210 ESF

9 600 moniteurs

1990

220 ESF

10 700 moniteurs

1995

250 Bureaux ESF

12 000 moniteurs

2006

250 Bureaux ESF

15 600 moniteurs

2007

250 Bureaux ESF

16 000 moniteurs

2012

250 Bureaux ESF

17 000 moniteurs

Source : site Internet des ESF

Fondé en 1977 afin de proposer une alternative au monopole du SNMSF, le Syndicat international des moniteurs de ski (Sims), dénommé Fédération française des enseignants du ski (FFES) jusqu'en 2000, regroupe, quant à lui, les 1 800 membres de l'Ecole du ski internationale (ESI). Il compte 82 écoles de ski et 11 mini-structures présentes dans tous les massifs français.


* 3 L'ENSM dispose d'un second établissement, le Centre national de ski nordique et de moyenne montagne (CNSNMM) situé à Prémanon et spécialisé dans l'enseignement du ski nordique.

* 4 Pour mémoire, l'article 29 de la loi n° 2012-387 du 22 mars 2012 relative à la simplification du droit et à l'allègement des procédures administratives définit ainsi, en son I, les professions libérales : « Les professions libérales groupent les personnes exerçant à titre habituel, de manière indépendante et sous leur responsabilité, une activité de nature généralement civile ayant pour objet d'assurer, dans l'intérêt du client ou du public, des prestations principalement intellectuelles, techniques ou de soins mises en oeuvre au moyen de qualifications professionnelles appropriées et dans le respect de principes éthiques ou d'une déontologie professionnelle, sans préjudice des dispositions législatives applicables aux autres formes de travail indépendant ».

* 5 Ce graphique compare les moniteurs de ski au professionnel libéral moyen selon plusieurs variables. Une note de 0 à 1 est donnée pour chacune de ces variables. Plus la valeur de la variable est élevée, plus la note s'approche de 1. La note de 0,5 correspond aux caractéristiques moyennes d'une profession libérale. Ici, la note de la variable « proportions de femmes » est de 0,22.

* 6 « ESF école du ski français » est une marque communautaire enregistrée depuis 2009.

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