II. SI LE BUDGET 2020 EST ENCOURAGEANT, IL NE RÉPOND PAS TOTALEMENT AUX AMBITIONS DE LA TRAJECTOIRE FIXÉE PAR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

A. LA FRANCE TENTE DE RECONQUÉRIR SA PLACE EN « PREMIÈRE DIVISION » DES DONNEURS

En 2018, d'après les données provisoires publiées en avril 2019 par l'OCDE, l'aide publique au développement nette des membres du Comité d'aide au développement (CAD) de l'OCDE 17 ( * ) s'établit à 153 milliards de dollars, soit une progression de 4 % en dollars courants.

Toutefois, la réforme de la méthodologie de comptabilisation de l'aide publique au développement ( cf. supra ) est entrée en vigueur à compter de 2018. Selon l'ancienne méthode, l'aide publique au développement totale aurait connu un recul en termes réels, de 3 % environ. Ce recul résulterait d'une contraction de l'aide aux réfugiés, dans un contexte de moindre afflux et de durcissement des conditions d'accès à l'aide dans certains pays. Le changement méthodologique est particulièrement important dans les modalités de comptabilisation des prêts. Ainsi, l'évolution de la méthodologie entraîne des variations d'autant plus significatives pour l'aide publique au développement d'un donneur que celle-ci repose sur l'octroi de prêts. Ainsi, l'aide publique au développement du Japon augmente de près de 41 % en 2018 en raison de l'évolution de ces critères.

Les États-Unis restent le premier donneur en volume , avec 33 milliards de dollars d'aide publique au développement nette, même si celle-ci est en recul de 1,7 milliard de dollars par rapport à 2017 (constants). L'Allemagne et le Royaume-Uni conservent respectivement leur deuxième et troisième place, avec une aide qui s'élève à 25 et 19,4 milliards de dollars .

L a France conserve la cinquième place des principaux donneurs en volume, avec une aide publique au développement qui atteint 12,2 milliards de dollars ( 10,3 milliards d'euros ) en 2018, en hausse de 2 %. En neutralisant l'évolution méthodologique, l'aide publique au développement française aurait augmenté de 9 %, et la France se serait classée à la quatrième place, devant le Japon.

Aide publique au développement des pays du CAD en 2018

(en millions de dollars)

Source : commission des finances du Sénat, à partir des données de l'OCDE

En valeurs relatives toutefois, c'est-à-dire au regard du ratio de l'aide publique au développement sur le revenu national brut (RNB), la France se classe à la dixième place, avec une aide publique au développement s'élevant à 0,43 % de son RNB, en amélioration par rapport au ratio de 0,38 % de 2016.

Aide publique au développement des pays du CAD en 2018 dans leur RNB

(en %)

Source : commission des finances du Sénat, à partir des données de l'OCDE

Vos rapporteurs spéciaux souhaitent rappeler que le poids relatif de notre aide publique au développement permet d'apprécier l'influence diplomatique de la France. Néanmoins, au-delà de la question incontournable de la préservation de notre « soft power » , une aide publique au développement à la hauteur de nos engagements internationaux contribue à la défense des biens publics mondiaux , tels que la santé, la préservation de l'environnement, la stabilité du système économique mondial. En participant au financement de ces biens collectifs, notre pays investit également pour son propre avenir .


* 17 Les données publiées par l'OCDE recouvrent l'aide publique au développement des membres de son Comité d'aide publique au développement ainsi que quelques États non membres mais fournissant leurs données, tels que la Russie, la Turquie et les Émirats arabes unis.

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