C. LE CREUSEMENT DU DÉFICIT PUBLIC FAIT DANGEREUSEMENT DÉVIER LA TRAJECTOIRE D'ENDETTEMENT DE LA FRANCE
1. Après une décrue en 2023 essentiellement due à l'inflation, l'endettement public en 2024 est à son plus haut depuis la fin des années 1940 et continuera d'augmenter au moins jusqu'en 2027
Fin 2024, le niveau d'endettement public s'élevait à 113,2 % du PIB25(*), soit une augmentation de plus de 3 points par rapport à 2023, où la dette atteignait 109,8 % du PIB.
Évolution du ratio dette sur PIB entre 2017 et 2024
Note : le ratio d'endettement retenu est celui observé en fin d'année.
0
100
105
110
115
5
95
98,1
98,7
98,5
114,8
112,7
111,2
109,9
Source : commission des finances du Sénat d'après les données de l'Insee
Ce niveau d'endettement reprend une trajectoire croissante à la suite d'une diminution liée à l'inflation, qui avait aboutit à gonfler le PIB nominal. En effet, le ratio dette sur PIB met en rapport des euros courants avec des euros courants.
Désormais, avec une inflation revenue à la normale, à hauteur de 2 % en 2024, l'effet « boule de neige », qui vient diminuer le ratio dette sur PIB lorsque la croissance nominale du PIB, de 3,5 % en 2024, est plus forte que le taux apparent de la dette, de 1,9 % en 2024, n'est plus assez puissant pour contrer l'ampleur du déficit primaire - c'est-à-dire avant paiement des intérêts - lequel s'élève à - 3,7 % du PIB en 202426(*).
La dette publique se répartit ainsi : celle de l'administration publique centrale représente 94,4 % du PIB, la dette des administrations publiques locales 9 % du PIB, tandis que celle des administrations de sécurité sociale représente 9,8 % du PIB. La part des administrations centrales dans la dette publique est donc prépondérante puisqu'elles représentent plus de 80 % de celle-ci.
Parts respectives des diverses catégories
d'administration
dans la dette publique totale en 2024
Source : commission des finances du Sénat, d'après les données de l'Insee
Si l'on analyse l'évolution de la dette publique administration par administration entre 2023 et 2024, on constate encore une fois que l'Etat est la catégorie d'administration qui a contribué le plus puissamment à l'augmentation de la dette publique.
Décomposition de l'évolution de
l'endettement public
par catégorie d'administration
(en points de PIB)
Source : commission des finances du Sénat à partir des comptes nationaux de l'Insee pour 2024
La responsabilité de l'endettement incombe donc essentiellement à l'État, de même que l'effort à fournir pour mener la dette publique sur une trajectoire soutenable.
2. Une charge de la dette qui augmente fortement en 2024 après un ralentissement en 2023
En 2024, la charge de la dette a atteint, en comptabilité nationale, 60,2 milliards d'euros - 58 milliards d'euros hors frais bancaires27(*) - soit une hausse massive par rapport à 2023 où elle atteignait 52,9 milliards d'euros (50,6 milliards hors frais bancaires).
Cette hausse est imputable aux administrations centrales, dont la charge d'intérêts, hors frais bancaire, a augmenté de 12,8 % entre 2023 et 2024, pour atteindre 46,5 milliards d'euros. Les intérêts versés par les administrations publiques locales et de sécurité sociale ont crû plus vite, respectivement de 14,2 % et de 31,2 % mais n'atteignent respectivement que 6,1 milliards d'euros et 5,7 milliards d'euros28(*).
Cette dégradation devrait se poursuivre pour les années à venir malgré un effort de redressement très conséquent, ainsi que l'indique le PSMT pour 2025-2029
Évolution de la charge de la
dette,
toutes administrations publiques confondues, entre 2020 et
2028
(en milliards d'euros)
Source : tome I du rapport général de la commission des finances du Sénat sur le projet de loi de finances pour 2025
* 25 Données de l'Insee au 28 mai 2025.
* 26 Données issues des réponses du ministère de l'économie et des finances au questionnaire du rapporteur général.
* 27 Ce qui représente 2 % du PIB.
* 28 Données du compte des administrations publiques de 2024 de l'Insee, hors frais bancaires.