F. EURONEWS

Diffusée depuis Lyon depuis le 1er janvier 1993, EURONEWS est une chaîne européenne d'information continue dont les cinq actionnaires de son « noyau dur » sont la RTVE espagnole, la RAI italienne, la SSR suisse, France 2 et France 3, et qui détiennent 90 % du capital de la société éditoriale (SECEMIE), laquelle détient 51 % du capital de la société opératrice (SOCEMIE), la Générale Occidentale détenant les 49 % restant. Cette société cherche à céder 15 % du capital à d'autres partenaires.

Les 10 % du capital restant de la SECEMIE sont détenus par treize autres chaînes publiques : B.N.T. (Bulgarie), C.T. (République tchèque), CyBC (Chypre), E.N.T.V. (Algérie), ERT (Grèce), E.R.T.T (Tunisie), ERTU (Egypte), R.T.B.F. (Belgique), R.T.P. (Portugal), R.T.V.S.L. (Slovénie), T.M.C. (Monaco) et YLE (Finlande), et enfin P.B.S. (Malte).

France 2 et France 3 disposaient, en 1995, de 30 % environ du capital (62 ( * ))

1. De graves difficultés financières


•Le premier exercice d'EURONEWS (1992/1993) s'est traduit par une perte de 55 millions de francs pour un bilan s'élevant à 105,4 millions de francs.

Le lancement de la chaîne a été quelque peu précipité. La société fut créée, en effet, le 9 juillet 1992, et les commandes d'installations techniques furent passées six mois avant le lancement de la chaîne, qui a cependant fait l'objet d'une promotion auprès des câblo-opérateurs en Europe de l'Ouest à partir du mois de septembre 1991 -

Les difficultés financières liées à la mise en place des structures et au retard dans le paiement de certaines subventions ont été à l'origine d'une sous-capitalisation de la société, laquelle a nécessité un plan de stabilisation en décembre 1993. Ces graves difficultés financières n'ont pas empêché les trois membres du directoire de la chaîne de recevoir 3,580 millions de francs de rémunérations brutes.


• Le deuxième exercice, en 1994, s'est traduit par une perte de 87,4 millions de francs, portant le déficit cumulé depuis l'origine à 142 millions de francs.

EURONEWS, après avoir demandé aux actionnaires de son noyau dur deux avances en compte courant pour un montant de 53 millions de francs en 1994, a décidé d'ouvrir son capital à un partenaire privé.

Le plan de stabilisation élaboré fin 1993 qui devait permettre à la chaîne de poursuivre son activité dans la configuration capitalistique initiale, n'a finalement pu être mis en oeuvre. Les actionnaires d'EURONEWS ont donc décidé, en mai 94, d'accepter le principe de l'ouverture du capital à un partenaire privé, et c'est a l'atteinte de cet objectif qu'a été consacré le deuxième semestre 1994, objectif qui a été réalisé avec la prise de participation minoritaire de la Générale Occidentale le 3 mars 1995. Cette participation, de 49 % du capital, devait être « rapidement » conjointement détenue par d'autres partenaires privés qui auraient dû venir s'associer à la Générale Occidentale dans une holding. Mais pour le moment, aucun autre partenaire privé n'a voulu s'engager.


• Comment expliquer cette situation
?

Si l'insuffisance de ressources a, pour une part, un caractère normal, propre à toute société au cours des premières années d'activité (rappelons à cet égard que, mis à part Planète, toutes les chaînes du câble sont, en France, encore déficitaires, bien qu'ayant été créées plusieurs années avant EURONEWS), elle résulte également de l'impossibilité de mettre en oeuvre la stratégie prévue à l'origine.

En effet, EURONEWS, conçue par ses promoteurs comme une chaîne européenne de service public, n'a pu réunir les financements prévus à l'origine de la part de la CEE et des États membres, ou d'autres chaînes publiques, telles que les chaînes allemandes, par exemple.

Occupée à lutter pour sa survie dès son lancement, elle s'est concentrée à faire émerger un noyau dur d'actionnaires tout en mettant en place un programme original. Elle n'a pas pu développer la politique commerciale d'accompagnement lui permettant d'assurer le complément de financement nécessaire à son activité.

2. Des atouts à ne pas négliger

Malgré ses difficultés, EURONEWS a su, selon une étude commandée par CNN, s'imposer comme la seconde chaîne d'information continue en Europe après CNN.

Le caractère délibérément européen de sa ligne éditoriale, le multilinguisme sont les atouts qu'il convient d'exploiter.

Le programme d'EURONEWS se caractérise par sa diffusion simultanément en cinq langues (français, anglais, allemand, italien et espagnol) et son rythme particulier : un journal actualisé en permanence est propose a l'heure et a la demie de chaque heure entre 6 heures et 2 heures la nuit suivante.

Ce journal de 8 à 10 minutes est, comme l'ensemble du programme d'EURONEWS, diffusé sans présentateur. Il est complété par tranche de 30 minutes par des rubriques, des magazines d'actualité, de sport, de découverte, de diversement et de culture.

Pour assurer la fabrication de ce programme, EURONEWS a mis en place une rédaction multilingue qui emploie 9 équipes de 5 journalistes rédacteurs travaillant dans cinq langues différentes.

EURONEWS présente ainsi chaque jour, de 6 heures à 2 heures. 40 journaux de 8 à 10 minutes, 12 à 15 magazines d'une durée de 6 minutes 30 a 13 minutes, une vingtaine de rubriques de 3 à 6 minutes (sport, actualité européenne, actualité économique, santé, agenda culturel...) multi diffusées.

Après sa restructuration financière, EURONEWS s'attachera à renouveler sa grille de programmes (pour le 1er janvier 1996) et à mettre en place une structure commerciale dynamique.

* 62 . Il s'agit, en réalité, des comptes courants capitalisables.

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