II. LES RECETTES NON FISCALES

La croissance des recettes non fiscales qui atteindraient 154,7 milliards de francs s'élèveraient à 2,5 % en 1998 contre une diminution de 5,4 % de 1996 à 1997.

Evolution des recettes non fiscales

(en millions de francs)

1996

1997 1

1998

Ecarts

1997/1996

1998/1997

1

Exploitations industrielles et commerciales et établissements publics à caractère financier



18.178,8



17.000



16.880



- 6,5



- 0,7

2

Produits et revenus du domaine de l'Etat

979,6

2.020,1

1.914

X 2,1

- 5,2

3

Taxes, redevances et recettes assimilées

23.074,5

24.419,2

25.437

+ 5,8

+ 4,2

4

Intérêts des avances, des prêts et dotations en capital


6.945,9


6.097,1


6.460,6


- 12,2


+ 6

5

Retenues et cotisations sociales au profit de l'Etat


26.208,7


35.617,7


36.313,9


+ 35,9


+ 1,9

6

Recettes provenant de l'extérieur

1.494

1.499

1.493

+ 0,3

- 0,4

7

Opérations entre administrations et services publics


496,6


490,6


495,6


- 1,2


+ 1

8

Divers

82.139,6

63.698,5

65.675,8

- 22,4

+ 3,1

TOTAL

159.517,7

150.842,2

154.669,9

- 5,4

+ 2,5

1. Evaluations révisées.

Le projet de loi de finances est d'abord construit sur des recettes non fiscales révisées à la baisse pour 1997. La moins-value s'élèverait, en exécution, à 4,3 milliards de francs. Elle n'exerce pas d'effets sensibles sur la prévision pour 1998 à l'inverse de ce qui advient pour les recettes fiscales, mais son origine mérite d'être précisée. Elle proviendrait des mouvements suivants :

Les recettes non fiscales seraient accrues de 757 millions de francs sous l'effet d'une correction concernant l'imputation budgétaire de la redevance pour occupation du domaine public versée par les sociétés concessionnaires d'autoroutes qui, auparavant, traitée comme fonds de concours du budget de la défense, est désormais budgétée et rattachée en recettes aux produits et revenus du domaine de l'Etat. Cette amélioration comptable mérite d'être saluée, même si persiste la question de son entière orthodoxie.

Elles seraient, en revanche, réduites de 4,6 milliards de francs sous l'effet d'une baisse des recettes venant en atténuation des charges de la dette, elle-même due à la dégradation des conditions créditrices offertes à l'Etat par la Banque de France et les opportunités de marché et d'un report sur 1998 des paiements de France Télécom lié au changement de statut de l'entreprise.

Progressant moins vite que le produit intérieur brut en 1998 et que les recettes fiscales, la part des recettes non fiscales dans le PIB, mais aussi dans le financement des dépenses de l'Etat s'infléchirait un peu.

Le tableau qui suit récapitule les variations des principales catégories de recettes non fiscales et indique la structure de ces recettes.

Les variations relevées traduisent un certain "existentialisme" des recettes non fiscales dont les unes obéissent à des variables exogènes, les autres paraissant plus sujettes au pouvoir discrétionnaire du gouvernement.

Variations des recettes non fiscales en 1998

Variation en niveau
(en millions de francs)

Part dans le total

1997/1996

1998/1997

1997

1998

Exploitations industrielles et commerciales et établissements publics à caractère financier


- 1.178,8


- 120


11,3


10,9

Produits et revenus du domaine de l'Etat

+ 1.040,5

- 106,1

1,3

1,2

Taxes, redevances et recettes assimilées

+ 1.344,7

+ 1.017,8

16,2

16,4

Intérêts des avances, prêts et dotations en capital

- 848,8

+ 363,5

4

4,2

Retenues et cotisations sociales au profit de l'Etat

+ 9.409

+ 696,2

23,6

23,5

Recettes provenant de l'extérieur

+ 5

- 6

1

1

Opérations entre administrations et services publics

- 0,6

+ 5

0,3

0,3

Divers

- 18.441,1

+ 1.977,3

42,3

42,5

TOTAL

- 8.675,5

+ 3.827,7

100

100

Quelques observations de méthode s'imposent de façon liminaire.

L'état des recettes non fiscales de l'Etat est loin d'être exhaustif et comporte en revanche des produits qui ne devraient pas y être retracés.

Le recensement des recettes non fiscales n'est pas exhaustif
. Il manque en effet au recensement opéré de comprendre l'ensemble des recettes extra-budgétaires de nature non fiscale perçus par diverses administrations, aux premiers rangs desquels le ministère des finances, celui de l'agriculture et celui de l'équipement. Comme, par définition, ces recettes ne sont pas recensées, il est impossible d'en donner une évaluation précise. Tout au plus peut-on indiquer que selon la Cour des comptes, le montant des recettes extra-budgétaires des services du ministère des finances s'élevait en 1994 à quelque 2,2 milliards de francs.

Le fascicule "Voies et moyens" ne récapitule pas davantage les recettes non fiscales versées aux comptes spéciaux du Trésor, ce qui est normal puisqu'il ne concerne que le budget de l'Etat. Mais cette situation incite, d'une part à exiger qu'un fascicule de cette nature soit spécifiquement consacré aux comptes spéciaux du Trésor et, d'autre part, n'excuse pas le fait que les versements en provenance des comptes spéciaux du Trésor ne soient pas évalués en loi de finances initiale.

Non exhaustif, le recensement des recettes non fiscales retrace pourtant des recettes qui ne devraient pas y être évaluées.

Il en va tout particulièrement ainsi des recettes inscrites à la ligne 309 des recettes non fiscales "Frais d'assiette et de recouvrement des impôts et taxes établis ou perçus au profit des collectivités locales et de divers organismes". Les produits accumulés sur cette ligne sont, à l'évidence, issus de l'application de taxes dont la principale est la taxe de 4,4 % du montant des impôts dus qui est prélevée auprès du redevable des taxes locales. Contrairement à une idée généralement répandue, ce prélèvement n'est en effet en rien une redevance pour services rendus, étant opéré sur les contribuables et non sur les collectivités locales, sans au demeurant que son calcul permette d'établir un lien direct de contrepartie entre les coûts d'un prétendu service et son tarif.

Il est donc indispensable de mettre plus d'ordre dans la présentation des recettes de l'Etat.

A. LES PRODUITS DES EXPLOITATIONS INDUSTRIELLES ET COMMERCIALES ET DES ÉTABLISSEMENTS PUBLICS À CARACTÈRE FINANCIER

Avec 16,9 milliards de francs de produits attendus, ces recettes représentent près de 11 % des ressources non fiscales.

L'essentiel en est constitué par un prélèvement sur les produits des jeux exploités par La Française des Jeux qui atteint 6,6 milliards de francs
, soit une stabilisation par rapport à 1997. Ces produits ont tendance à stagner. Ils s'élevaient en 1996 à 11,6 milliards de francs. L'établissement qui est lié à l'Etat par une convention prélève une quotité importante des mises au titre des frais de gestion. Fixée à 6,4 % pour 1998, elle devrait représenter, selon les hypothèses retenues, 752,7 millions de francs. Le produit résiduel est partagé entre l'Etat et les joueurs.

Les prélèvements opérés par l'Etat sont de deux sortes :

- le prélèvement via la taxe perçue au profit du Fonds national de développement du sport serait accru de 108 millions de francs sous l'effet de l'augmentation du taux de la taxe -de 2,6 % à 2,9 %- votée par l'Assemblée nationale pour s'inscrire à 959 millions de francs ;

- le prélèvement imputé aux recettes non fiscales qui, lui, stagnerait, s'élevant à 6.570 millions de francs.

Au total, l'Etat bénéficierait d'une recette de 7.529 millions de francs -il faut y ajouter des produits fiscaux divers dont l'impôt sur les sociétés-.si bien que les enjeux distribuables aux joueurs s'élèveraient à 3.479,5 millions de francs, soit 29,6 % des mises.

Il faudrait être un spécialiste des jeux pour estimer si la part des récompenses promises aux parieurs est susceptible d'assurer la viabilité du système, mais il est d'emblée remarquable d'observer que les recettes publiques issues des jeux animés par la Française des Jeux s'élèvent à près de 68 % du produit de l'impôt sur la fortune.

La question se pose en tout cas de la pertinence du niveau de prélèvement opéré par l'Etat et de sa répartition entre ressources affectées et ressources générales.

De ce dernier point de vue, il n'apparaît guère satisfaisant, compte tenu des reports permanents et importants observés sur le compte d'affectation spéciale de nourrir davantage une structure dont seule la trésorerie profite des éléments de recettes supplémentaires.

Le produit des participations de l'Etat dans des entreprises non financières s'élèverait à 6,8 milliards de francs, accusant une baisse de 2,9 milliards de francs par rapport aux évaluations initiales pour 1997 et une quasi-stabilisation (- 203,2 millions de francs) par rapport aux évaluations révisées pour tenir compte du changement de statut de France Télécom qui a conduit à un report de versement de 1997 à 1998.

Produits des participations de l'Etat dans des entreprises non financières

(en millions de francs)


1992


1993


1994


1995


1996

Prévisions révisées 1997

1997 : écart révisé-LFI


PLF 1998

EDF

Erap

Française des Jeux

France Télécom

GDF

Péchiney

Renault

Rhône-Poulenc

SEITA

TOTAL C.F.P.

Usinor Sacilor

Divers

665

1.366

206,5

-

500

282

384

340

75

413

0

97

965

1.575

0

-

575

56

751

328

140

108

0

79

1.938

390

0

4.500

971

0

358

15

180

50

0

90

1.500

256

1.061 (b)

4.500

1.100

0

435,4

0

37

45,6

95,5

191 (d)

1.552

355

241,1

4.500

1.100

0

435,4

0

37

45,6

95,5

175,3

3.050 (a)

1.344

297

0

1.960 (a)

30

0

0

37,7

12,5

63

192

-250

+ 244

+ 222

- 3.100

+ 460

+ 5

- 330

0

- 2,3

+ 4;5

- 7

+ 107

1.100

45

155

4.000

1.310

(c)

(c)

(c)

(c)

(c)

(c)


173

Total

4.328

4.577

8.492

8.970

8.536,9

6.986,2

- 2.646,8

6.783

(a) EDF et GDF ont versé au budget général un complément de dividende à l'Etat (respectivement 2,45 milliards de francs et 0,55 milliard de francs) au titre de l'exercice 1996, suite au règlement du contentieux entre EDF-GDF et l'URSSAF de la Haute-Garonne.

(b) Le versement 1995 correspond aux produits des années 1993, 1994 et 1995

(c) A partir de 1998, les montants ne sont plus individualisés en prévision de la loi de finances initiale.

(d) Dont DCI (Défense Conseil International) : 92 millions de francs en 1995.

Source : Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie

L'évolution de ces produits est dépendante du périmètre du secteur public, les opérations de cessions de titres publics tendant à assécher ces recettes.

Mais elle est aussi conditionnée par les résultats des entreprises publiques. Les prévisions pour 1998 sont, de ce point de vue, très alarmantes. Hors EDF-GDF et France Télécom, la capacité du secteur industriel à rémunérer l'Etat actionnaire apparaît quasiment nulle. Cette prévision qui tranche avec les hypothèses de profits retenues par ailleurs laisse à penser que l'Etat renoncerait à exercer ses droits à dividendes en 1998. Cette "générosité" apparaît à vrai dire largement contrainte compte tenu de la nécessité de laisser les entreprises reconstituer leurs fonds propres à partir des redressements des résultats que l'année 1997 laisse entrevoir.

Le produit des participations de l'Etat dans les entreprises financières progresserait de 386,2 millions de francs et atteindrait 2.180 millions de francs. L'essentiel des recettes proviendrait des contributions exigées de la Banque de France et de la Caisse des dépôts et consignations. La dynamique de ces produits est mal orientée compte tenu des privatisations opérées ces dernières années et de la situation financière difficile de la plupart des entreprises du secteur demeurant publiques.

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