CHAPITRE TROIS

L'ENVIRONNEMENT DES ÉTUDIANTS

Les établissements d'enseignement supérieur sont des lieux d'étude mais aussi de vie, où de jeunes adultes préparent leur avenir.

Ils doivent donc évoluer dans un environnement propice à leur réussite, cet environnement étant à la fois matériel et financier.

A cet égard, l'année universitaire 1997/1998 sera centrée sur trois thèmes : les investissements immobiliers, les bibliothèques universitaires et le projet de statut social de l'étudiant.

I. L'EFFORT D'INVESTISSEMENT IMMOBILIER

A. L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR UNIVERSITAIRE, UNE COMPÉTENCE EXCLUSIVE DE L'ÉTAT ?

Si les régions assurent, en vertu des lois de décentralisation, le financement du fonctionnement et de l'investissement de l'enseignement post baccalauréat dans les lycées (classes préparatoires aux grandes écoles et sections de techniciens supérieurs) et participent aux décisions d'implantation, l'enseignement supérieur universitaire reste une compétence de l'Etat. Celui-ci en assure près de 90 % du financement et exerce la responsabilité de son fonctionnement et de son développement, dans le respect de l'autonomie des établissements d'enseignement supérieur.

Néanmoins, les collectivités locales considèrent l'enseignement supérieur et la recherche universitaire comme un facteur de développement économique régional et sont devenues des partenaires importants des établissements d'enseignement supérieur. Ainsi leur apport s'élevait à 967 millions de francs en 1995, soit 6,45 % de l'ensemble des ressources des établissements.

Pour les seules universités, les collectivités locales ont versé au total 825,8 millions de francs en 1995, soit une hausse de leur contribution de 11,4 % par rapport à 1995. A noter que ne sont pas comprises en compte dans ces sommes, les dépenses relatives aux constructions universitaires dont la maîtrise d'ouvrage a été déléguée aux collectivités locales, ni les rémunérations des personnels payés directement par les collectivités.

Parmi ces collectivités, le poids des régions est prépondérant, tant pour ce qui a trait au financement des activités de formation continue, que pour ce qui a trait au financement des activités de formation initiale. La part globale (formation initiale et continue) de la région s'élève à 4,8 % contre seulement 1,1 % financé par les départements et 0,87 % par les communes.

Il convient de souligner que la contribution des collectivités peut prendre plusieurs formes :

- c'est avant tout une participation des collectivités locales à la construction et au premier équipement des locaux universitaires ;

- c'est plus rarement une mise à disposition de locaux, de personnel ou une aide au fonctionnement des établissements essentiellement pour les universités nouvelles et les antennes universitaires ;

- en matière d'investissement, ce partenariat Etat-collectivités territoriales, a été initié par les deux premières générations de contrats Etat-Régions (1983-1988 et 1989-1993), puis poursuivi avec le schéma de développement des enseignements supérieurs, dit schéma université 2000 (1991-1995) et maintenu dans les IIIèmes contrats Etat-Régions (XIème Plan 1994-1999).

La participation des collectivités locales a été considérable (16,2 milliards pour le plan Université 2000), 11,2 milliards à travers le contrat de plan) en parité avec l'Etat.

Cet engagement des collectivités locales a été facilité par la possibilité de leur confier la maîtrise d'ouvrage des constructions, qu'elles financent pour plus des 2/3 du coût total, et de récupérer la TVA, en application de l'article 18 de la loi n° 90-587 du 4 juillet 1990.

L'effort important des collectivités locales impliquait logiquement qu'elles ne soient pas uniquement cofinanceurs mais qu'elles soient consultées pour les décisions d'implantation, voire le contenu des formations. En même temps il importe de garder une cohérence à la carte universitaire.

La logique de partenariat est donc en voie de se substituer à une pure logique de cofinancement.

B. LE PLAN "UNIVERSITÉ 2000"

Le plan Université 2000 prévu pour s'achever en 1995 a été relayé et complété dès 1994 dans le cadre du XI° plan par les contrats de plan Etat-région. Leur exécution, d'abord envisagée sur cinq ans (1994-1198), courra jusqu'en 1999. Les compléments envisagés aux actuels CPER restent à définir.

Le schéma de développement des enseignements supérieurs "Université 2000" était un programme quinquennal (1991-1995) de construction et d'aménagement des établissements d'enseignement supérieur. Le rythme d'investissement a été un peu inférieur à ce qu'il aurait dû être pour que le schéma soit entièrement réalisé à la fin de l'année 1995, c'est-à-dire à l'échéance initialement prévue.

Les contrats Etat-région du XI° plan, qui ont été négociés au premier trimestre de l'année 1994, intègrent le solde du schéma calculé à la fin de 1993 et prévoient, en général, des opérations nouvelles, dans une proportion variable d'une région à l'autre. Dans ces contrats Etat-région, l'Etat et les collectivités s'engagent à apporter 22 milliards de francs, sensiblement à parité, ces crédits devant être complétés par les fonds européens, pour un montant approximatif de 1,4 milliard de francs pour la période 1994-1996. Les crédits de maintenance et ceux destinés au logement des étudiants (PLA) ne sont pas dans la base du XI° plan, alors qu'ils étaient intégrés au schéma université 2000.

De 1994 à 1997, l'Etat a apporté 7.313 millions en autorisations de programme pour les opérations de construction, de premier équipement et d'un reliquat de maintenance du schéma université 2000. Il a ainsi mis en place 68,1 % du financement de l'investissement auquel il s'était engagé dans les contrats Etat-région.

Les variations observées d'une région à l'autre dans le rythme de réalisation financière tiennent au fait que le budget global voté en loi de finances n'est pas réparti mécaniquement au prorata des engagements contractés région par région. En effet, le ministère détermine le niveau de l'enveloppe annuelle qu'il attribue aux préfets de région en tenant compte de la maturité des opérations, de leur caractère prioritaire et éventuellement du phasage du financement de l'Etat avec les financements des collectivités locales.

L'Etat a par ailleurs mis en place 705 millions d'autorisations de programme en 1994 et 1995 au titre d'opérations de construction ou de premier équipement inscrites au schéma "Université 2000" et non reprises dans les contrats Etat-région, bien que non financées avant 1994, soit 6,5 % de l'enveloppe contractualisée.

Quant aux collectivités locale, de 1994 à 1996, elles ont apporté 6.300 millions de francs au financement des opérations de construction et de premier équipement. Elles ont mis en place 57 % des crédits inscrits aux contrats Etat-région. Hors Ile-de-France et hors DOM-TOM le taux d'exécution financière est de 61 %, tandis qu'il est de 68 % dans les DOM-TOM et seulement de 48 % en Ile-de-France.

Le rythme de mise en place des financements est très variable d'une région à l'autre puisqu'il va de 20 % à 88 %.

Les collectivités locales ont par ailleurs mis en place 997 millions de francs de 1994 à 1996 au titre d'autres opérations de construction ou de premier équipement au bénéfice des établissements d'enseignement supérieur publics, soit 9 % de l'enveloppe contractualisée. La presque totalité de celles-ci correspondent à des opérations inscrites au schéma "Université 2000" mais non reprises dans les contrats Etat-Région, bien que non financées avant 1994.

Enfin, de 1994 à 1996, les partenaires institutionnels de l'Etat et des collectivités locales - fonds européen de développement économique des régions (Feder), le fonds national d'aménagement du territoire (FNADT), les établissements d'enseignement supérieur eux-mêmes ont apporté 838 millions de francs supplémentaires au financement des opérations des contrats Etat-région. Le principal financeur est le fonds européen de développement économique des régions.

C. LE PLAN "UNIVERSITÉ TROISIÈME MILLÉNAIRE" (U3M)

Les objectifs d'un tel plan peuvent être dès maintenant esquissés.

Pour l'enseignement, les besoins en locaux supplémentaires devraient être peu importants après les réalisations de la décennie en cours, à l'exception notable toutefois des universités parisiennes (intra-muros et couronne). En revanche, l'effort de construction de surfaces documentaires nouvelles devra être significativement poursuivi. A la problématique ouverte par Université 2000 d'un accroissement du patrimoine devra succéder une politique de maintien et d'évolution du bâti qui impliquera la couverture de besoins de maintenance et de mise en sécurité ainsi que le financement d'opérations de restructuration et de réaménagement.

Pour la vie étudiante d'importants besoins n'ont été que peu pris en compte dans Université 2000 et le XI° plan, axés principalement sur les locaux d'enseignement. Une réhabilitation massive du parc de logements étudiant, la réalisation d'installations sportives et culturelles, des aménagements de sites sont à prévoir.

Le chiffrage précis de l'ensemble de ces dépenses reste à faire.

D. LA SÉCURITÉ DES ÉTABLISSEMENTS

1. Le plan de sécurité (1996-1999)

Dès 1995, il a été demandé aux établissements de consacrer la majeure partie des crédits de maintenance (80 %) aux opérations intéressant la sécurité, et d'accompagner cet effet par une mobilisation de leurs capacités d'autofinancement.

De ce fait, plus de 600 millions de francs de travaux de sécurité ont été mis en oeuvre en 1995.

Cette politique a été poursuivie et amplifiée en 1996, grâce aux deux milliards de francs d'autorisations de programme ouverts en loi de finances rectificative en décembre 1995 pour la mise en sécurité du patrimoine sur l'article 66-72-40 créé à cet effet.

Dans le cadre de ce budget spécifique, dont l'emploi est coordonné à celui d'autres ressources disponibles pour de telles dépenses, un plan de mise en sécurité des établissements d'enseignement supérieur a été projeté sur une durée quadriennale impliquée par la décision de budgétisation des crédits de paiement en quatre fois 500 millions de francs.

Les établissements publics d'enseignement supérieur, les instituts universitaires de formation des maîtres et les centres régionaux des oeuvres universitaires et scolaires pour ce qui concerne les restaurants universitaires procurent un diagnostic de leurs besoins pour la mise en sécurité de leur patrimoine immobilier.

Ces diagnostics sont effectués, soit en interne lorsque les établissements disposent d'équipes techniques suffisantes, soit en externe par recours à des bureaux d'études spécialisés dans ce domaine. Ils sont complétés et réactualisés autant que de besoin. Ces diagnostics sont, dans tous les cas, validés par les services techniques des rectorats puis par ceux du ministère chargé de l'enseignement supérieur.

La majorité des travaux décrits correspondent d'abord aux prescriptions des commissions de sécurité. C'est pourquoi l'on trouve avant tout des travaux de remise aux normes des installations électriques et des travaux de mise en sécurité contre l'incendie(encloisonnement d'escaliers et de couloirs, portes coupe-feu, désenfumage...). S'y ajoutent aussi des travaux qui contiennent à la fois des aspects de sécurité et de maintenance lourde relatifs à l'étanchéité, au revêtement des façades ou aux fenêtres.

Mais une partie significative des travaux qui doivent être réalisés permettent d'améliorer les conditions de l'activité universitaire et de la vie étudiante : sécurité améliorée des campus (éclairage des parkings et des voiries), mise en conformité des ateliers et des machines-outils pour les écoles d'ingénieurs, réfection des installations sportives, restructuration et mise en sécurité des amphithéâtres, mise aux normes d'hygiène des restaurants universitaires. Les interventions portent sur la totalité des types de bâtiments universitaires avec un effort particulier pour les bibliothèques universitaires et pour les amphithéâtres.

Les financements disponibles ne permettent pas de couvrir les opérations très lourdes qui doivent s'inscrire dans un autre cadre d'investissement.

Après diagnostic et évaluation du besoin, un plan de financement est négocié entre l'établissement et le ministère.

Outre la mobilisation d'une grande partie des crédits contractuels de maintenance (66-72-10 et 50), ce plan de financement arrête les crédits d'urgence proprement dits du plan sécurité négociés en deux éléments corrélés : un engagement de dépense sur ressources propres de l'établissement, un engagement de couverture en subvention exceptionnelle sur le 66-72-40. Ce cofinancement est, en effet, celui que prescrivait l'exposé des motifs de la loi de finances rectificative 1995 ouvrant l'autorisation de programme de 2 milliards de francs.

Il appartient aux établissements de mobiliser l'ensemble des ressources disponibles à chaque exercice pour couverture des travaux de sécurité nécessaires, qu'ils aient ou non été décrits initialement, selon une programmation qu'ils établissent eux-mêmes en fonction des urgences et des priorités.

En fin d'année, les établissements communiquent au ministère sous couvert des recteurs, le bilan des travaux engagés sur l'exercice et la prévision de travaux sur l'exercice suivant. La validation de ces éléments détermine la mobilisation annualisée des financements.

Le suivi du premier exercice a permis de compléter les données initiales tant en description des travaux nécessaires (sous réserve de diagnostics complémentaires pour quelques établissements et bien sûr de l'apparition de besoins nouveaux) qu'en stabilisation de la couverture financière.

L'estimation des travaux à faire sur la durée du plan (1996/99) hors traitement du campus de Jussieu approche actuellement les 6 milliards de francs. Les ressources prévues en couverture (autofinancement, subventions de maintenance et de sécurité du 66-72) s'élèvent au total à 4,8 milliards de francs. Le déficit prévisionnel de financement est donc d'ores et déjà de l'ordre d'1,2 milliard de francs.

Le rythme d'exécution des travaux constatés sur le premier exercice est extrêmement encourageant. Le montant des travaux engagés en 1996 est de 920 millions de francs. Les négociations pour 1997 permettent la programmation financière d'1,3 milliard de francs de travaux. Ces données soulignent le dynamisme de la réponse des établissements à l'importance de l'effort de l'Etat et leur adhésion à la démarche de programmation technique et financière du plan de sécurité.

L'analyse qualitative des documents fournis permet d'isoler les travaux ayant pour objet la sécurité incendie (20 %), la sécurité électrique (12 %) ainsi que les travaux concernant le clos et le couvert (8 %).

S'agissant de la mise en sécurité des universités parisiennes, le diagnostic et le chiffrage précis des besoins ne sont toujours pas stabilisés. Le très grand nombre des implantations, leur partage fréquent entre plusieurs établissements, l'inégale capacité des universités à fournir l'effort technique nécessaire expliquent le retard pris dans la connaissance du problème et la mise en oeuvre des mesures nécessaires.

A l'heure actuelle on peut estimer approximativement à 800 millions de francs les travaux nécessaires à la remise en sécurité des locaux des universités de Paris intra-muros. L'ampleur du besoin résulte de divers facteurs convergents : vétusté, défaut d'entretien, surexploitation des bâtiments. Le traitement du problème suppose sur certains sites la mise en oeuvre d'opérations très lourdes.

Toutefois, la couverture financière d'une première tranche de travaux a été assurée en 1996 à hauteur de 120 millions de francs (dont 66 millions de francs de subvention sur l'article 66-72-40).

Le projet de loi de finances pour 1998 prévoit 585 millions de francs d'autorisations de programme sécurité principalement destinés à conduire les opérations de sécurité des établissements parisiens et d'Ile de France.

2. Jussieu

Cette opération, dont la maîtrise d'ouvrage appartiendra à l'établissement public du campus de Jussieu, créé par le décret n o 97-356 du 17 avril 1997, ne sera pas seulement une opération de désamiantage, mais également de remise en sécurité et de rénovation de l'ensemble du campus.

Le site de Jussieu, en effet, doit devenir un véritable campus, qui rassemble et intègre des unités cohérentes de formation et de recherche, et qui offre des conditions irréprochables de travail, de vie et même à terme de logement pour les étudiants. Le coût global, les modalités de financement et l'échéancier de cette opération restent à préciser.

Une partie (73 millions de francs) du financement disponible (200 millions de francs d'AP ouverts en loi de finances rectificative pour 1996 sur l'article 66-72-40) a été mise en place, principalement pour conclure les marchés de programmation et de maîtrise d'oeuvre et pour construire des locaux de substitution dont la réalisation permettra de démarrer au début de 1998 le désamiantage à grande échelle.

D'autre part, les mesures transitoires nécessaires à la protection des usagers ont été prises et mises en oeuvre. Les travaux (16 millions de francs) de confinement de l'amiante par pose d'un film adéquat ont été réalisés sur l'ensemble du site. Dans l'état actuel des connaissances, le risque sanitaire est extrêmement faible dans les salles de cours, les laboratoires, les bureaux et les couloirs de Jussieu.

Les techniciens et ouvriers de service appelés à intervenir pour la maintenance du bâtiment peuvent être exposés à des teneurs en amiante plus élevées ; des moyens appropriés seront mis en oeuvre pour assurer leur protection.

De manière générale, et compte tenu des risques liés aux opérations de désamiantage, il importe de garantir à tous une protection sanitaire, tout en assurant le maintien de l'activité et la préservation du potentiel de recherche.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page