B. LES DÉPENSES DE FONCTIONNEMENT

1. Le fonds pour la réforme de l'Etat

Le fonds pour la réforme de l'Etat s'élève à 112,5 millions de francs ; cette année aucun crédit d'investissement ne figure pour ce fonds, contrairement à 1997 où les crédits étaient de 110 millions de francs en fonctionnement et les crédits en capital à 40 millions de francs. La dotation pour 1998 est alignée sur la régulation budgétaire pratiquée au mois de juillet dernier sur ces crédits.

2. La formation et la modernisation

Les crédits de formation interministérielle diminuent de 40 à 32 millions de francs, les crédits de modernisation de 20 à 14,3 millions de francs, là encore par alignement sur les dotations budgétaires issues de la régulation de juillet 1997.

3. Les subventions aux écoles

a) Une modération des crédits en 1998

Les subventions aux écoles représentent 329,27 millions de francs en quasi-stagnation. C'est notamment le cas de la subvention à l'ENA qui s'élève à 161,2 millions de francs.

L'évolution des crédits des subventions aux écoles (1995-1998)

(en millions de francs)

Ecoles

Crédits 1995

Crédits 1996

Crédits 1997

PLF

Variation en %

LFI

LFI moins crédits annulés

LFI

LFI moins crédits annulés

LFI

LFI moins crédits annulés

1998

PLF 98/

LFI 97

36-11 Ecole nationale d'administration


161,015


158,585


161,740


159,373


161,076


157,860


161,228


+ 0,09

36-31 Institut international d'aminis-tration publique



24,989



24,489



24,269



23,659



23,385



22,791



23,391



+ 0,03

36-51 Instituts régionaux d'administration



145,335



144,285



125,681



124,862



142,410



139,451



142,855



+ 0,31

43-01 Centre des études européennes de Strasbourg



4,500



4,500



3,000



2,550



2,300



1,955



1,800



- 21,74

TOTAL

335,839

331,859

314,690

310,444

329,172

322,058

329,274

+ 0,03

Source : Direction générale de l'administration et de la fonction publique.

b) Les surcoûts de la délocalisation de l'ENA

Cette modération, appréciable, des subventions, ne doit pas faire oublier les surcoûts nés de la "fausse délocalisation" de l'Ecole nationale d'administration à Strasbourg.

Les dépassements considérables du budget initial prévu pour cette opération avaient été dénoncés, à juste titre, en 1994, par M. Maurice Couve de Murville, alors rapporteur de la commission des finances sur les crédits des services généraux du Premier ministre.

L'état détaillé de ce dossier figure dans le rapport de la Cour des Comptes rendu public le 24 novembre dernier.

La Cour synthétise de la façon suivante les surcoûts nés de la délocalisation décidée en 1992 :

"Annoncé comme une opération exemplaire de "délocalisation", le transfert de l'Ecole nationale d'administration à Strasbourg s'est traduit, en fait, par une double implantation dont les conditions de mise en œuvre ont été particulièrement coûteuses.

Le transfert envisagé à l'origine a conduit à aménager pour un coût sensiblement supérieur aux prévisions initiales les bâtiments de la Commanderie Saint-Jean, à Strasbourg, progressivement, mais épisodiquement occupés au fur et à mesure de leur livraison. Par la suite, la décision de maintenir l'implantation parisienne a consacré la sous-utilisation des locaux strasbourgeois.


Cette opération, décidée par le Gouvernement sans préparation ni concertation, en application d'un calendrier précipité et de décisions successives qui en ont modifié le déroulement d'une manière parfois imprévisible, s'est traduite par une dépense directe de 170 millions, sensiblement supérieure à celle qui avait été annoncée au Parlement en juin 1992. Contrairement au principe initialement retenu, aucun produit de cession immobilière n'est venu en atténuer la charge. Ses effets continuent de peser lourdement sur le budget et sur le fonctionnement de l'établissement. La gestion quotidienne et le fonctionnement pédagogique de l'école restent en outre gravement perturbés par les effets de la double installation, qui entraîne inévitablement la sous-occupation des locaux, le sous-emploi des équipements et des déplacements répétitifs".

L'analyse de la Cour porte en effet sur le dépassement des crédits constaté sur l'opération initiale, mais aussi sur les coûts additionnels de fonctionnement annuels occasionnés par cette opération.

Les surcoûts de la délocalisation de l'ENA

Un dépassement considérable des coûts initiaux

* Une opération précipitée

La décision de transférer l'ENA à Strasbourg n'a été précédée d'aucune des procédures préconisées par le CIAT du 7 novembre 1991 en ce qui concerne les délocalisations : examen immobilier, exigence d'économie budgétaire, évaluation précise des dépenses et recettes immobilières entraînées par l'opération.

En réalité, comme le souligne la Cour, "les prévisions financières successives ont fait une large place à l'improvisation, chaque décision étant déterminée prioritairement par la nécessité de respecter les délais assignés par le gouvernement" .

L'estimation annoncée devant le Parlement le 9 juin 1992 était d'environ 100 millions de francs, soit 30 millions de francs pour l'achat du bâtiment, et 70 à 80 millions de francs pour les travaux.

* Un changement de conception " en cours de route "

Alors que l'Etat avait engagé les travaux à Strasbourg, la réflexion a fait reconnaître, en 1993, la nécessité de maintenir certains enseignements dans la capitale : il a donc été décidé de partager les activités de l'école entre Strasbourg et Paris

* Des surcoûts considérables

L'Etat a finalement acheté les bâtiments d'une ancienne prison, la " Commanderie Saint-Jean " intégrée dans une ZAC, le 8 octobre 1992. Par ailleurs, la cession des bâtiments de la rue de l'Université, à Paris, qui devait concourir au financement de l'opération, a été abandonnée.

Afin de livrer le bâtiment en temps voulu, les travaux ont été confiés à une société locale, sur la base d'un avant-projet sommaire.

Enfin, le transfert des agents, qui devait porter sur 120 emplois, s'est finalement réduit à 14.

Des recrutements ont du être effectués pour assurer le fonctionnement de Strasbourg (41 agents), alors que quatre-vingt agents sont restés en poste à Paris, et que près de vingt travaillent sur les deux sites.

Dans sa réponse au rapport de la Cour des Comptes, le ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation, chiffre le coût des opérations initiales de la manière suivante :

- la répartition des activités entre les deux sites, la superficie des locaux et le montant total des travaux : 97 millions de francs ;

- le montant des équipements : 28,2 millions de francs ;

- le coût d'achat du bâtiment : 15 millions de francs ;

soit 155,2 millions de francs auxquels se sont ajoutées des mesures d'accompagnement du déménagement : indemnités de mission, frais de gardiennage et de déménagement de matériel, plan social de délocalisation, soit au total 15 millions de francs, ce qui porte le coût de l'opération initiale à 170,2 millions de francs .

Une hausse des charges de fonctionnement annuelles

La hausse des charges de fonctionnement est induite par la dualité des sites.

- Un personnel vacataire a été recruté pour assurer le gardiennage et le fonctionnement des deux sites : douze emplois ont été créés.

- Compte tenu des frais supplémentaires de déplacement et des autres charges de fonctionnement, la subvention de l'Etat est passée de 116 millions de francs à 161 millions de francs en 1995.

La Cour relève enfin la sous-utilisation aberrante des locaux à Strasbourg, la perturbation profonde de la gestion de l'école, le rythme des déplacements imposés aux élèves.

Elle conclut que " Dans les conditions présentes, il est contraire au bon sens de perpétuer la décision de l'établissement entre deux sites. Si le regroupement, par retour à Paris ou transfert complet à Strasbourg, est considéré comme trop difficile, il faut moins spécialiser chacun des deux ; l'installation, ainsi que la création d'un pôle de formation annoncée par le gouvernement, en novembre 1996, fusionnant l'ENA et l'Institut international d'administration publique, offrent des perspectives dans ce sens ".

Dans sa réponse au rapport de la Cour des comptes, le ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation, se contente de mettre en avant la mise à disposition active des locaux de l'ENA à des tiers, et l'utilisation croissante de Strasbourg par le Centre d'études européennes.

c) Les crédits de délocalisation

Ces crédits constituent le fonds de délocalisation piloté par un comité interministériel présidé par le secrétaire général du gouvernement, et composé des ministères de l'aménagement du territoire, de la fonction publique, du logement, de l'intérieur et du budget.

Les crédits d'investissement des délocalisations se sont élevés à 990,5 millions de francs en autorisations de programme, et 848 millions de francs en crédits de paiement, de 1992 à 1997.

L'évolution des crédits depuis la création du fonds est retracée par le tableau ci-dessous :

(en millions de francs)

Chapitre 57-01 A.P.

Chapitre 57-01 C.P.

Chapitres 37-07 D.O.

LFI 1992

800,00

400,00

100,00

LFI 1993

0,00

400,00

85,86

LFI 1994

130,00

30,00

20,00

LFI 1995

0,00

0,00

0,00

LFI 1996

25,00

12,50

0,00

LFR 1996

5,50

5,50

0,00

LFI 1997

30,00

0,00

0,00

Total

990,50

848,00

205,86

Consommation de 1992 au 30.06.97

737,51

708,56

131,33

Arrêtés de transfert en instance

0,50

8,50

5,20

Total affecté

738,01

717,06

136,53

Disponible effectif

252,49

130,94

69,33

Prévisions pour 2ème semestre 1997

Crédits préaffectés

128,50

40,00

6,26

Solde disponible en fin d'exercice

123,99

90,94

63,07

Prévisions pour 1998

Crédits préaffectés

50,00

112,00

8,12

PLF 1998

0,00

26,00

0,00

Crédits disponibles (prévision)

73,99

4,94

54,95

Pour 1998, les autorisations de programme passent de 30 millions de francs à 0 million de francs, alors que les crédits de paiement passent de 0 à 26 millions de francs. Aucune dotation n'est inscrite en fonctionnement.

La demande de crédits de paiement est justifiée, selon le ministère de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation, par " la nécessité de couvrir les autorisations de programme accordées pour des opérations d'ores et déjà engagées et d'autoriser le lancement, en 1998, des opérations prévues par les CIAT qui seront en état de l'être au cours de cet exercice ".

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