C. L'AUDIOVISUEL PUBLIC FACE À LA RÉVOLUTION NUMÉRIQUE

Le secteur public va subir de plein fouet les conséquences du basculement dans l'ère numérique évoquées ci-dessus, avec l'inconvénient, par rapport aux opérateurs privés, d'une moindre faculté d'adaptation au changement du contexte.

1. L'insertion dans l'économie du numérique

Trois aspects doivent être envisagés de façon particulièrement attentive.

a) La stratégie " industrielle "

On a vu que face à la diversification des métiers de l'audiovisuel, et en raison de la nécessité d'un accès facile aux catalogues de droits de diffusion, les groupes audiovisuels nouaient des alliances et s'engageaient dans un processus de concentration verticale leur permettant de s'assurer la maîtrise technique et commerciale des différentes étapes de la chaîne de production. Une chaîne de télévision ne peut désormais se rencogner sur son statut de diffuseur-éditeur sans s'exclure de la dynamique de développement de la communication audiovisuelle.

Or, il est clair que l'entrée dans une stratégie d'alliance avec d'autres opérateurs, y compris privés, ne correspond guère à la culture du secteur public. Il n'est qu'à considérer les polémiques provoquées par les accords passés avec le bouquet satellitaire TPS, pour se convaincre de cette difficulté.

b) L'explosion de l'offre

Ce n'est plus la détention d'une capacité de diffusion, pour laquelle les chaînes publiques disposent actuellement d'un privilège, qui fera la différence entre les opérateurs, mais la qualité et la diversité des contenus, la capacité de développer des programmes ciblant certains publics, celle d'exploiter de nouveaux formats, d'élaborer de nouveaux services associés ou non aux programmes de télévision.

La télévision publique devra donc manifester capacité d'innovation et " réactivité ", et disposer des moyens financiers nécessaires au développement des pôles d'excellence qui lui permettront de poursuivre l'exécution de sa mission dans un paysage audiovisuel de plus en plus encombré.

c) Le financement

On a vu dans la première partie du présent rapport que l'avenir de la redevance poserait bientôt problème. Quelles seront les ressources de remplacement ? Par ailleurs, le marché publicitaire n'assurera plus à l'avenir aux chaînes des recettes aussi abondantes et croissantes que par le passé. Les chaînes publiques subiront le contrecoup de la stagnation probable de cette ressource. Dès lors, est-il imaginable qu'à l'exemple des chaînes privées, les organismes publics cherchent dans les ressources procurées par l'abonnement et par le paiement à la séance ou au service consommé, les moyens de leur développement ? Ceci paraît très difficilement conciliable avec la mission spécifique de l'audiovisuel public. Par conséquent, le budget de l'Etat pourrait être à terme la source de financement principal la plus probable des organismes, ce qui ne serait pas sans incidences sur la nature des programmes. Le mode de financement mixte, dont nous connaissons aujourd'hui l'apogée, va devoir être réexaminé.

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