II. LES ASPECTS DE LA POLITIQUE DE L'AUDIOVISUEL

Le secteur audiovisuel change très rapidement sous l'impulsion des nouvelles techniques de l'information et de la communication. Qu'est-ce qui est fait pour créer un contexte favorable à l'adaptation des entreprises françaises, à l'insertion de l'audiovisuel public dans la configuration qui émerge ? Le gouvernement semble se donner le temps de la réflexion avant de lancer les initiatives indispensables, mais les industries françaises de la communication ne peuvent attendre, car le changement est déjà derrière nous.

A. LE BASCULEMENT DANS L'ÈRE NUMÉRIQUE

1. Les bouleversements technologiques

La télévision reste un média incontournable à l'heure où la numérisation renouvelle son environnement technique et économique. Une étude récente menée sur l'année 1996 indique que sa durée d'écoute quotidienne, stabilisée dans les pays les plus consommateurs comme les Etats-Unis, continue de progresser dans beaucoup d'autres, comme la Hongrie, la Finlande, ou, perspective plus significative pour nos opérateurs, l'Allemagne. Les explications avancées sont l'augmentation des durées de diffusion des grandes chaînes, le développement du multi-équipement, l'augmentation de l'offre audiovisuelle. Autre observation intéressante, la France occupe en Europe la onzième place en durée d'écoute par habitant, avec une moyenne de 179 minutes par jour. La télévision paraît donc conserver chez nous une marge de développement significative. Dans quelles conditions techniques, économiques, culturelles ce potentiel peut-il être valorisé, telle est la question centrale que pose l'irruption des nouvelles technologies numériques.

Le facteur clé est bien entendu la diffusion progressive mais irrésistible des techniques numériques dans l'ensemble de la filière audiovisuelle. Les conséquences de cette novation sur le marché de la télévision peuvent être présumées en quatre grandes tendances :

· l'augmentation des capacités de diffusion, jusqu'à présent bornées par la rareté des fréquences hertziennes exploitées en analogique, et la diversification des moyens de diffusion ;

· la baisse des coûts de diffusion, qui devrait en principe favoriser l'émergence de nouveaux opérateurs ;

· le développement de nouveaux modes d'exploitation des programmes, tel que la diffusion échelonnée et le paiement à la séance ;

· la " libération " des modes de consommation, les téléspectateurs ayant de plus en plus le choix du programme, du moment, du prix.

Le mouvement est en cours, qu'observons-nous en effet à l'heure actuelle dans le monde de la télévision ?

Ce qui frappe d'abord est l'augmentation de l'offre de programmes, le rôle croissant des chaînes thématiques, un certain recul des chaînes généralistes, la tendance à la fragmentation de l'audience. Nous avons ainsi en France une augmentation continue du nombre des chaînes thématiques destinées à nourrir l'offre des trois bouquets satellitaires numériques français. Il serait vain d'en faire le recensement, tant l'évolution est rapide. La situation française reflète bien entendu l'évolution mondiale. Ainsi constate-t-on partout, et spécialement en Amérique du nord, un effritement de l'audience des chaînes dominantes. Aux Etats-Unis, les grands réseaux ne contrôlent plus que les deux tiers de l'audience ; au Canada, une seule chaîne seulement dépasse les 10 % de parts de marché.

Il est intéressant de retenir aussi comme aspect marquant de l'évolution en cours l'ouverture de nouvelles perspectives pour le câble, dont la numérisation est en cours et dont l'offre croissante, en particulier grâce à la reprise sur les réseaux des programmes des bouquets satellitaires, paraît susciter un regain d'intérêt de la part du public.

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