C. QUOTAS ET ADAPTATION DE L'ENSEIGNEMENT AGRICOLE : DEUX LOGIQUES DIFFICILEMENT CONCILIABLES

Comme votre rapporteur l'a déjà souligné, les défis renouvelés auxquels est confrontée l'économie agricole et rurale imposeront à l'enseignement agricole de poursuivre son adaptation et de développer de nouvelles qualifications. Votre rapporteur prend acte, à cet égard, de ce que, depuis sa nomination, les déclarations du ministre de l'agriculture et de la pêche traduisent clairement un abandon de l'option du " rencentrage " des formations agricoles.

Mais les paroles suffiront-elles, si les quotas restent, à entretenir et à améliorer les performances de l'enseignement agricole ?

La logique des quotas apparaît en effet bien peu compatible avec la réflexion prospective que l'on peut attendre de la création -longtemps attendue- de l'Observatoire national des formations, et à laquelle devraient contribuer la mise en place du nouveau schéma d'orientation et la discussion d'une loi d'orientation.

1. L'enseignement technique

La rentrée 1997 devait, outre l'application des " quotas de l'An II ", être marquée par :

* l'achèvement de la rénovation pédagogique des filières BTSA, avec la réécriture des programmes des BTSA " machinisme agricole " (désormais dénommé " Génie des équipements agricoles "), " analyses agricoles, biologiques et biotechnologies " (ANABIOTEC) et " technico-commercial ". La mise en place du nouveau BTSA " technico-commercial " est reportée à la rentrée 1998 pour donner aux établissements un délai suffisant pour une information complète. Seul le BTSA " agronomie tropicale " a échappé aux travaux de rénovation.

Il est par ailleurs toujours envisagé de compléter la filière des services par la création d'options de BTSA.

* La poursuite des nouvelles filières de baccalauréat professionnel mises en place à la rentrée 1996 : 353 classes de terminales ont été mises en place pour accueillir 5.530 élèves, remplacés dans les classes de première par 6.800 inscrits.

* La poursuite du développement des baccalauréats technologiques

Le nombre des classes de première est passé depuis leur création en 1993 de 160 à 251 à la rentrée 1997 et ont accueilli 7.130 élèves.

* On regrettera en revanche que n'ait pas progressé la diversification annoncée de l'offre de formation post BTSA.

En particulier, le projet de création d'un diplôme national de technologie spécialisée (DNTS) agricole annoncé en 1995 ne s'est toujours pas traduit dans les faits. Ce diplôme devrait constituer une nouvelle qualification de niveau bac + 3, un an après le BTSA. Il serait de nature à renforcer les liens entre l'enseignement du second degré et l'enseignement supérieur agricole.

2. L'enseignement supérieur

L'enseignement supérieur reste le parent pauvre de la rénovation de l'enseignement agricole. Sa grande misère, qui ne peut que favoriser un certain malthusianisme, l'insuffisante " lisibilité " de ses cursus, la trop faible dimension des établissements nuisent à sa qualité et à son rayonnement international.

Le ministre de l'agriculture et de la pêche a exprimé devant le CNEA sa volonté que l'enseignement supérieur agricole " soit traité à égalité tant au niveau des diplômes que des financements " : on en est, à vrai dire, assez loin.

En 1994, le rapport remis au ministre de l'agriculture par notre collègue Pierre Laffitte avait tracé quatre axes prioritaires d'adaptation des formations supérieures agricoles aux enjeux économiques, sociaux et professionnels :

- la qualité, l'hygiène et la sécurité alimentaire ;

- les technologies agro-alimentaires ;

- la valorisation non alimentaire des produits agricoles ;

- l'aménagement des paysages et la gestion de l'espace rural.

Les progrès de la réalisation de ce schéma ont été assez lents. Il est donc à souhaiter que la future loi d'orientation puisse faciliter une plus rapide évolution des structures et des cursus de l'enseignement supérieur agricole, et la traduction dans les faits du " rapport Laffitte ".

· La qualité, l'hygiène et la sécurité alimentaire

* Les études vétérinaires

Le nouveau cursus des études, organisées désormais en trois cycles, est entré en vigueur en 1995.

En 1997, a été mis en place le premier concours ouvert aux étudiants titulaires d'un DEUG " sciences de la vie ". Il permet, de même que celui ouvert aux titulaires d'un BTS ou DUT, l'accès à la première année du deuxième cycle vétérinaire.

Parallèlement, s'est poursuivie l'organisation du 3e cycle constitué de formations spécialisées en vue de permettre aux élèves de diversifier leurs débouchés : 9 spécialités doivent être créées parmi lesquelles figurent la santé publique vétérinaire ainsi que l'hygiène et la technologie alimentaires.

Ces formations de 3e cycle conduisent au bout de trois ans au diplôme d'études spécialisées vétérinaires (DESV) avec délivrance, dans certains cas, d'un certificat d'études approfondies vétérinaires (CEAV) à la fin de la première année. A la rentrée 1997, sont ainsi mis en place :

- les premières années de deux DESV sanctionnées par les CEAV " Gestion de la santé et de la qualité en productions avicoles et cunicoles " et " Médecine interne des animaux de compagnie " ;

- les deuxièmes années des DESV " Chirurgie des animaux de compagnie " et " Elevage et pathologie des équidés ".

Rappelons que les premières formations de spécialisation avaient vu le jour en 1996 : un DESV en anatomie pathologie vétérinaire et les premières années de cinq DESV sanctionnées par les CEAV " Médecine et chirurgie des équidés ", Chirurgie des animaux de compagnie ", " Gestion de la santé et de la qualité en production laitière ", " Gestion de la sécurité et de la qualité des denrées alimentaires " et " Santé publique vétérinaire ".

* Le schéma directeur national pour l'hygiène, la qualité et la sécurité des aliments

Il est envisagé d'élaborer un schéma directeur national pour l'hygiène, la qualité et la sécurité des aliments. Il aurait pour objet de développer de manière coordonnée la formation des étudiants, les activités de recherche et de transfert de technologie et l'action des services existants notamment à Maisons-Alfort, Lyon, Toulouse, Nantes, Saint-Brieuc et à Tours. A cette fin, une mission commune de la direction générale de l'alimentation doit être confiée au Conseil général vétérinaire.

En outre, un contrat passé entre l'Etat et la région Ile-de-France a pour objet de regrouper sur un même site les travaux concernant cette thématique qui sont conduits par l'Ecole nationale vétérinaire d'Alfort (ENVA), le Centre national d'études vétérinaires (CNEVA), le centre technique de la salaison, de la charcuterie et des conserves de viandes (CTSCCV) et le centre régional de recherche, d'innovation et de transfert de technologies pour les industries agro-alimentaires de la région Ile-de-France (CRITT, IAA - IDF).

Seront également associés à ce projet, les autres établissements d'enseignement supérieur et de recherche notamment ceux situés en Ile-de-France (Universités - Instituts de recherche, Ecole nationale supérieure des industries agro-alimentaires de Massy (ENSIA) ...).

· La valorisation non alimentaire des produits agricoles

Développée à Reims, elle se poursuit avec la participation de l'INRA, du CEMAGREF, de l'INAPG, de l'ENSIA de Massy, de l'ENVA dans le cadre des pôles existants dans le domaine du végétal, des biotechnologies et du génie des procédés agro-alimentaires.

· L'aménagement des paysages et la gestion de l'espace rural

Pour le secteur de l'horticulture et du paysage, les filières ont été réorganisées et ont fait l'objet d'une demande d'habilitation auprès de la Commission des titres d'ingénieur (CTI) qui a émis un avis favorable. Cette réorganisation intervient après la délocalisation de l'Ecole nationale supérieure d'horticulture (ENSH) sur le site de l'Ecole nationale d'ingénieurs des techniques de l'horticulture et du paysage (ENITHP) et après la restructuration de l'Ecole nationale supérieure du paysage de Versailles. Le décret créant l'Institut national d'horticulture organise deux filières de formation, l'une à vocation plus scientifique, l'autre à vocation plus technologique. Ce décret va être soumis au Conseil d'Etat après avoir reçu les avis des instances compétentes.

Par ailleurs, la formation initiale par la voie de l'apprentissage, qui a vu la sortie de la première promotion d'une vingtaine d'apprentis au sein de l'INAPG répond au souhait du rapport Laffitte en ce qu'elle poursuit l'expérimentation du renforcement de la pratique professionnelle par rapport au cursus traditionnel avec passage du statut d'étudiant à celui d'apprenti.

Quant au regroupement des écoles au sein d'établissements ou de pôles, afin d'en accroître la potentialité et de les rendre plus lisibles sur le plan international, une première expérimentation est conduite en liaison étroite avec les régions Bretagne et Pays de la Loire au sein de l'Association des établissements d'enseignement supérieur et de recherche agronomique (AGRENA). Il serait souhaitable que cet effort de restructuration soit poursuivi.

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