EXAMEN PAR LA COMMISSION

Au cours de sa réunion du mercredi 19 novembre 1997 sous la présidence de M. Jean François-Poncet, président, la commission a procédé à l'examen du rapport pour avis de M. Michel Souplet sur les crédits consacrés au commerce extérieur inscrits dans le projet de loi de finances pour 1998.

Le rapporteur pour avis, après avoir présenté ses observations, a proposé à la commission de donner un avis favorable à l'adoption des crédits en cause.

M. Jean Huchon s'est dit d'un optimisme plus " tempéré " que le rapporteur pour avis. Il a fait valoir que la France, certes, exportait des produits à forte valeur ajoutée, mais qu'elle importait des produits fabriqués par une main d'oeuvre souvent sous-payée et ainsi, par là même, du chômage.

M. Michel Souplet, rapporteur pour avis , a relevé que la structure du commerce extérieur français était liée à l'ouverture des frontières et à la mondialisation des économies et que ce commerce était vital pour notre pays, puisqu'il représentait le quart de notre production et un emploi salarié sur cinq.

M. Louis Moinard a dénoncé les problèmes liés à la non-application par les pays étrangers de normes appliquées en France ou au sein de l'Union européenne.

Sur ce point, M. Jean François-Poncet, président , a rappelé que les normes avaient été, à l'origine, inventées par l'Allemagne à la fin du XIXème siècle, ce qui avait beaucoup contribué à l'image de qualité de ses produits. Il a souligné que le respect de telles normes favorisait la commercialisation de nos produits, mais qu'on ne pouvait pas les imposer aux pays étrangers. Il a évoqué les problèmes posés en ce domaine par les normes vétérinaires, sanitaires et phytosanitaires, concernant notamment les produits transgéniques ou aux hormones. Sur ce dernier point, il a rappelé que le " panel " de l'OMC avait soutenu la position américaine, considérant que la preuve des méfaits des hormones sur la santé n'était pas apportée.

M. Jean Huchon a indiqué qu'à l'occasion de l'examen de la loi de 1984 sur ce sujet, les experts scientifiques qu'il avait entendus n'avaient pas émis d'avis clair en la matière.

Après avoir relevé que les décisions sur ces dossiers relevaient souvent plus, en définitive, de positions politiques que de données réellement scientifiques, M. Jean François-Poncet, président , a cependant rappelé que l'étiquetage des produits était obligatoire, permettant aux consommateurs de faire leur choix en toute connaissance de cause. Il a regretté que les producteurs de fraises de son département aient dû abandonner le projet d'investir dans un ionisateur permettant la stérilisation des fruits sans retombée négative pour la santé, parce qu'ils n'auraient pas pu, de ce fait, exporter vers l'Allemagne.

Evoquant les normes industrielles, M. Francis Grignon s'est inquiété de la capacité des Allemands, très présents à Bruxelles, d'imposer leurs propres normes de façon à préserver leur outil industriel.

En réponse à M. Francis Grignon, M. Michel Souplet, rapporteur pour avis , a indiqué que les exportations vers l'Union européenne représentaient environ les deux-tiers des exportations françaises et qu'il importait maintenant de conquérir les marchés des pays émergents.

M. Jean François-Poncet, président , a exposé les conséquences immédiates de la mise en place de l'euro, qui facilitera les comparaisons de prix entre produits européens, entraînant de fortes pressions en faveur d'une convergence des politiques menées par les Etats membres, mais aussi un renforcement de la concurrence. Il a estimé que l'importance du commerce intracommunautaire permettait de réduire l'impact d'une évolution du cours du dollar ou de l'instabilité monétaire, la sécurité des changes se trouvant ainsi renforcée.

Le président a rappelé que, lorsqu'il était membre du Gouvernement, la France réalisait des excédents commerciaux avec les pays du tiers monde, notamment les pays à commerce d'Etat, mais enregistrait un déficit à l'égard des pays occidentaux. Cette orientation géographique de nos exportations vers des pays souvent peu solvables, entraînant la mise en jeu de la garantie de la COFACE, avait entraîné une nécessaire réorientation de notre commerce extérieur, qui permet désormais de dégager un excédent sur les pays rentables, dont la croissance est cependant aujourd'hui la plus faible. Il a jugé qu'il importait, par conséquent, de s'intéresser aujourd'hui davantage aux pays émergents, qui connaissent de forts taux de croissance.

Evoquant l'organisation du dispositif d'appui au commerce extérieur, M. Désiré Debavelaere a souhaité une amélioration de sa performance grâce à une plus grande coopération des différents organismes concernés. Sur ce point, le rapporteur pour avis a rappelé que nombre de PME souhaitaient que l'on s'achemine vers un guichet unique, les différents rapports parus sur ce sujet au cours des dernières années concluant à la nécessité de concentrer les moyens en ce domaine.

Répondant ensuite à M. Désiré Debavelaere -qui demandait si l'Union européenne définirait une politique claire permettant de mettre à l'abri les producteurs des importations de viandes aux hormones en fraude et rappelait que les producteurs français de veaux aux hormones ne s'étaient pas encore remis de la crise de ce secteur-, M. Michel Souplet, rapporteur pour avis , a proposé de demander au Gouvernement de défendre avec fermeté, dans les négociations européennes, le respect des règles par les Etats membres et le renforcement du contrôle, ainsi qu'une politique extérieure efficace en matière d'importation.

M. Désiré Debavelare s'est enfin inquiété de la diminution des crédits destinés à la Société pour la promotion et l'exportation des produits agricoles (SOPEXA), qui avait pourtant prouvé son efficacité sur de nombreux marchés. En réponse, le rapporteur pour avis a précisé que ces crédits devaient initialement enregistrer une diminution de 40 millions de francs, mais que, selon les informations dont il disposait, cette baisse pourrait être moindre de façon à permettre à l'organisme de faire face à la totalité de ses engagements. Il s'est engagé à interroger le ministre sur ce sujet en séance publique.

Evoquant le problème de la viande aux hormones, M. Charles Revet a exposé qu'en 1987, alors qu'il était rapporteur du projet de loi concerné à l'Assemblée nationale, la majorité des scientifiques et deux des trois associations de consommateurs, auditionnées, s'étaient déclarés favorables au maintien du dispositif en vigueur, tandis que le ministre de l'agriculture de l'époque avait oeuvré en faveur de la directive européenne interdisant toute utilisation d'hormones en Europe. S'agissant des importations de viandes américaines, il s'est déclaré peu confiant dans la fiabilité de leur étiquetage. Il a jugé que cette situation était préjudiciable aux producteurs comme aux consommateurs.

M. Charles Revet s'est ensuite interrogé sur les raisons des bons résultats apparents du commerce extérieur, peut-être davantage liés à la faiblesse des importations qu'à une croissance des exportations. Il s'est enfin interrogé sur l'évolution de la diplomatie économique et commerciale.

M. Michel Souplet, rapporteur pour avis , a souligné que l'excédent commercial français était désormais structurel et que l'augmentation des importations liée à la reprise s'accompagnait, par ailleurs, du maintien d'un fort courant d'exportation.

Il a insisté sur le fait que les ambassadeurs se montraient de plus en plus concernés par les intérêts commerciaux de la France. M. Jean François-Poncet, président , a confirmé ce point de vue, relevant que désormais le succès de la mission d'un représentant français à l'étranger se mesurait à l'aune des contrats commerciaux conclus, ce qui incitait les ambassadeurs à s'intéresser de façon croissante à l'évolution de notre commerce extérieur, en particulier dans les pays du tiers monde.

M. Jean Huchon s'est inquiété des contreparties, en termes d'importations agricoles, accordées lors de la conclusion de certains grands contrats.

M. Jean François-Poncet, président , a dénoncé la responsabilité de l'Union européenne en la matière, qui tend à ouvrir systématiquement des quotas d'importations de produits agricoles en faveur de différents pays, donnant le sentiment qu'on sacrifie l'intérêt de certains secteurs -notamment agricoles- au profit du secteur industriel.

La commission a ensuite donné un avis favorable à l'adoption des crédits inscrits en faveur du commerce extérieur dans le projet de loi de finances pour 1998, le groupe du rassemblement pour la République s'abstenant.

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