IV. LE RÉSEAU SCOLAIRE FRANÇAIS À L'ÉTRANGER

A. LE RÉSEAU BÉNÉFICIE D'UN EFFORT SIGNIFICATIF, CE QUI N'EXCLUT PAS LES PROBLÈMES

Le projet de loi de finances pour 1998 est relativement favorable à l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger, avec une dotation en hausse de 2,96 % et qui, pour la part ministère des Affaires étrangères, croît de 53 millions de francs pour atteindre 1,49 milliard de francs 5( * ) . Compte tenu de la contrainte budgétaire générale qui pèse sur les deux départements qui exercent la tutelle de l'Agence, les Affaires étrangères et la Coopération, ce budget de l'Agence constitue une bonne nouvelle.

Depuis sept ans, l'Agence gère un réseau dont la fiche d'identité résume assez bien l'ampleur, en quelques chiffres : 408 établissements, dont 68 sont en gestion directe et dont 219 ont conclu un accord de conventionnement avec l'Agence. Il scolarise 157 000 élèves -dont 41 % de Français-, avec près de 5 600 professeurs détachés.

1. Plus d'élèves et plus de professeurs

Dans son dernier rapport d'activité, le directeur de l'AEFE indiquait que, au cours des trois dernières années, le réseau a pu accueillir quelque 5 000 élèves supplémentaires, dont 4 800 Français. Plusieurs raisons expliquent cette augmentation. La première est la politique d'expansion de nos entreprises, la seconde le retour de certains double-nationaux de l'Afrique francophone vers leur pays d'origine, en particulier le Liban. La troisième est indéniablement liée à l'effet positif de la hausse des bourses scolaires depuis deux ans, qui a décidé les parents à faire revenir leurs enfants dans les établissements d'où, pour des raisons financières, ils les avaient retirés. De fait, la population des boursiers s'est accrue, pendant la même période, de 4 000 bénéficiaires.

Les quatre tableaux joints détaillent l'évolution des effectifs des élèevs par nationalités et par grandes zones géographiques.

Autre aspect positif du projet de loi de finances pour 1998, la création nette, dans le réseau, de 70 postes de résidents sur un total de 120 créations , 50 d'entre elles étant obtenues en application, pour la dernière année, du schéma d'adaptation des réseaux, en contrepartie de la suppression de 50 postes d'expatriés (40 pour le ministère des Affaires étrangères, 10 pour la Coopération).

Pour la première fois, l'économie réalisée par la suppression des 50 postes d'expatriés est intégralement préservée et transformée en un effectif correspondant de résidents, compte tenu du différentiel de coût, pour l'Etat, entre les rémunération des expatriés, d'une part, et des résidents, d'autre part (1 expatrié = 2,4 résidents).

De surcroît, ces créations permettront de régulariser la situation de quelques-uns des 200 " titulaires non résidents " recrutés par les établissements et à leurs frais, tout en accroissant ainsi, à due concurrence, le nombre de postes (supports budgétaires), figurant au tableau d'emplois de l'Agence.

Cette innovation, que votre rapporteur salue, devra cependant être poursuivie au cours des deux années à venir.

L'opération, qui permet d'étoffer les effectifs d'enseignants, ce qui n'est pas rien, se fait à coût nul pour l'Etat et à charge équivalente pour les familles ou les établissements.

En dépit de ces éléments positifs, votre rapporteur souhaite attirer l'attention sur quelques-unes des difficultés de notre réseau d'enseignement à l'étranger.

2. Des difficultés persistantes

Une première observation est liée à l'insuffisance de la dotation investissements , qu'elle relève du titre V -établissements en gestion directe- où elle atteint 31 millions de francs en crédits de paiement, ou qu'elle relève du budget de l'Agence elle-même, qui ne pourra dégager, en 1998, que 23,7 millions de francs au titre des crédits d'investissements. A l'évidence, ces dotations sont inférieures aux besoins tant des établissements en gestion directe que des établissements conventionnés : l'aménagement du lycée de Moscou dans ses nouveaux locaux -30 millions de francs à prévoir-, le lycée de Francfort (70 millions de francs), celui d'Ankara, la délocalisation du Lycée Chateaubriand à Rome ... Autant d'aménagements ou de constructions qui ne pourront être financés. N'oublions pas enfin que pour les établissements conventionnés, les travaux indispensables ne peuvent dès lors être financés que par l'emprunt, charge qui ne manque pas de se répercuter sur les frais d'écolage. Pourtant, compte tenu de l'accroissement, déjà évoqué, de la fréquentation scolaire dans certaines régions, les extensions de locaux sont souvent incontournables.

Un second sujet de préoccupation concerne certains personnels du réseau, sous deux volets différents : l'avenir de la ressource en coopérants du service national (CSN) après la suppression du service national obligatoire et la situation matérielle, à partir de l'an prochain, de certains recrutés locaux.

En 2002 au plus tard, avec l'épuisement du " stock " des sursitaires du service national, la ressource en CSN sera tarie. Or, la disparition de ces postes de CSN qui représentent 10 % des effectifs (500) des enseignants titulaires du réseau et où la proportion de professeurs agrégés est forte sera un véritable coup dur pour l'Agence. La préparation, par le gouvernement, d'un projet de loi sur le volontariat civil est donc indispensable. L'exercice ne sera pas simple. Si le caractère obligatoire du service national assurait une ressource régulière et de haut niveau, le pur volontariat nécessitera un dispositif attractif pour les jeunes enseignants. A budget constant, voire contraint, ce dispositif ne pourra guère reposer sur une rémunération accrue. Les voies à explorer devront être celles de la validation du volontariat dans les cursus universitaires, de sa prise en compte dans le calcul de l'ancienneté pour ceux qui opteront pour l'enseignement public, etc...

Votre rapporteur partage, par ailleurs, l'inquiétude ressentie par quelque 600 enseignants recrutés locaux non titulaires du réseau qui, recevant des rémunérations particulièrement modestes dans certains pays (Mexique ou Liban) bénéficient, depuis 1993, d'allocations exceptionnelles représentant du tiers à la moitié de leurs revenus. Or la Cour des comptes a relevé que le versement par l'Agence de ces allocations à des agents non titulaires ne correspondait pas aux dispositions de la loi du 6 juillet 1990 portant création de l'Agence. En conséquence, si aucune solution de substitution n'est trouvée, ces personnels seront privés de leur allocation au 31 août 1998.

Votre rapporteur estime enfin que l'implication du ministère de l'Education nationale dans le fonctionnement du réseau d'enseignement français à l'étranger pourrait être significativement accrue . A l'heure actuelle, ce ministère exerce déjà une responsabilité importante puisque c'est lui qui dresse la liste d'homologation des établissements scolaires, consacrant leur capacité à dispenser un programme d'enseignement français, avec les inspections régulières qu'une telle homologation requiert. Au delà de cette implication juridique, une participation financière, selon des modalités à définir, serait justifiée. La scolarisation d'enfants français expatriés participe à la continuité du service public de l'éducation à une époque où, par ailleurs, l'expatriation des parents, en participant à l'activité économique nationale, est légitimement encouragée.

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