B. LES PROGRAMMES DE LUTTE CONTRE L'ALCOOLISME ET LE TABAGISME SONT NÉGLIGÉS

Les crédits de la lutte contre l'alcoolisme et contre le tabagisme font l'objet d'une présentation globale dans le fascicule budgétaire " santé, solidarité et ville ".

Inscrits au chapitre 47-17 intitulé " Programmes et dispositifs de lutte contre l'alcoolisme ", ils ne font pas l'objet d'une autre ventilation que celle entre dépenses déconcentrées et non déconcentrées.

Un tel artifice de présentation ne parvient pas à masquer l'indigence des interventions publiques pour lutter contre ces deux grands fléaux, qui recevront en 1998 une enveloppe de 185 millions de francs, en progression de 0,7 %, soit une diminution en francs constants.

Au sein de cette enveloppe, 2,9 millions de francs seraient affectés à la lutte contre le tabagisme et 182,1 millions de francs à la lutte contre l'alcoolisme.

1. La lutte contre l'alcoolisme : un effort qui n'est pas à la mesure de l'enjeu

a) Malgré une diminution globale de la consommation d'alcool, l'alcoolisme demeure un fléau sanitaire et social préoccupant

Les études de la consommation d'alcool en France montrent une décroissance importante et continue au sein de l'ensemble de la population.

Ainsi, la consommation moyenne annuelle d'alcool par adulte de 20 ans ou plus a connu l'évolution suivante (en litres) :

1985

19,9

1987

19

1989

18,6

1991

17,8

1992

17,7

Source : INSEE

Pour 1994, cette consommation a été évaluée à 13,51 litres par adulte ; toutefois, les statistiques ne tiennent plus compte de la consommation d'alcool pur relative aux boissons distillées.

Cette baisse importante s'accompagne d'une modification des comportements : la consommation importante et régulière adulte (7 à 8 verres par jour) a diminué, au cours de la décennie 1980 de 3 % chez les hommes et de 24 % chez les femmes.

On assiste corrélativement à une baisse importante de la mortalité directe par alcoolisme chronique (diminution de 29 % entre 1980 et 1987 et de 14 % entre 1987 et 1994). De même, une part non négligeable de la diminution du nombre d'accidents de la route résulte de la diminution de l'incidence des états alcooliques au volant.

Chez les jeunes, toutefois, l'on note une évolution inquiétante : selon une enquête effectuée en 1996 par l'Institut Louis Harris, à la demande du Comité Français d'Education pour la Santé, sur la consommation de boissons alcoolisées des jeunes âgés de 12 à 18 ans, 42 % des adolescents interrogés déclaraient avoir déjà consommé de l'alcool. Surtout, 71,5 % des jeunes âgés de 18 ans se présentaient comme des consommateurs réguliers.

En fait, la diminution de la consommation d'alcool chez les adultes ne saurait dissimuler le fait que l'alcoolisme demeure un fléau sanitaire prégnant et grave : on considère ainsi que 5 millions de Français font une consommation d'alcool excessive. Et les ravages de l'alcool ne sauraient être appréciés à la seule aune des causes de mortalité masculine : il faut aussi mesurer l'impact de l'alcool dans la morbidité des hommes et des femmes, les phénomènes de violence familiale ou sociale et de précarisation économique des consommateurs d'alcool et de leur famille.

Ainsi, l'alcool a été reconnu comme premier déterminant de santé par 19 conférences régionales de santé en 1997.

b) Les crédits d'Etat apportent un soutien insuffisant au dispositif spécialisé de lutte contre l'alcoolisme

En 1997, les crédits de concentrés inscrits à l'article 20 du chapitre 47-17 ont été utilisés pour financer le dispositif permanent de prévention de l'alcoolisme, qui repose sur les Centres d'Hygiène Alimentaire et d'Alcoologie (CHAA) et les comités départementaux de prévention de l'alcoolisme.

Les crédits non déconcentrés inscrits à l'article 10 du même chapitre ont été utilisés de la manière suivante :

- subvention aux mouvements d'anciens buveurs et aux associations oeuvrant dans le domaine de la lutte antialcooliques :

4,2 MF

- évaluation de la loi Evin (cf. Supra) :

0,4 MF

- programme d'intérêt commun DGS/INSERM :

0,5 MF

- enquêtes :

0,13 MF




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