III.  UN FONDS DE RESTRUCTURATION HOSPITALIÈRE EST MIS EN PLACE, MAIS LES CONDITIONS DE L'ADAPTATION DU TISSU HOSPITALIER NE SONT PAS RÉUNIES

A. LA CRÉATION D'UN FONDS D'INVESTISSEMENT POUR LA MODERNISATION DES HÔPITAUX

1. Le contexte : l'extinction progressive des subventions sanitaires

Les crédits du chapitre 66-11, intitulé " Subventions d'équipement sanitaire ", connaissent depuis plusieurs années une baisse très importante en loi de finances initiale, accentuée le plus souvent en cours d'année par des annulations de crédits.

Si l'on a pu regretter, dans le passé, la brutalité du désengagement de l'Etat, cette évolution est naturelle compte tenu du niveau de l'offre hospitalière et pour encourager l'autofinancement au sein des établissements.

Les crédits du chapitre 66-11 ont ainsi diminué, de 1995 à 1997, de 547 millions de francs à 124,8 millions de francs en autorisations de programme et de 414 millions de francs à 241 millions de francs en crédits de paiement.

Cette année encore, les crédits de l'article 66-11 diminuent fortement, puisque les autorisations de programme ne représentent plus que 46 millions de francs et les crédits de paiement 125 millions de francs.

2. Le fonds d'aide à l'adaptation des établissements hospitaliers : une bonne initiative, mais une mise en oeuvre décevante

Afin de faciliter les restructurations hospitalières, le Gouvernement a toutefois décidé la création de deux fonds hospitaliers.

Le premier, qui couvrira le volet social des restructurations, est institué par le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1998. Doté de 300 millions de francs, il prendra en charge des aides à la mobilité et à la formation des personnels hospitaliers. A la suite d'un amendement adopté à l'Assemblée nationale, ces aides pourront profiter, non seulement aux agents de la fonction publique hospitalière, mais aussi aux personnels des établissements privés de santé lorsque ces derniers fusionnent avec un établissement public. Votre commission aurait souhaité que, dans un souci d'égalité, tous les personnels des établissements de santé privés puissent en bénéficier. Elle a également critiqué la modicité des dotations de ce fonds, et aurait préféré, à dépenses constantes, un taux d'évolution des dépenses hospitalières inférieur à celui qui est prévu par le Gouvernement, mais un fonds mieux doté.

Le second fonds que le Gouvernement entend créer est inscrit dans le projet de loi de finances pour 1998. Il se traduit par la création d'un nouveau chapitre budgétaire au sein du budget de la santé, de la solidarité et de la ville, qui est intitulé " Fonds d'aide à l'adaptation des établissements hospitaliers " (chapitre 66-12). Ce fonds sera chargé d'accorder des aides à l'investissement pour les hôpitaux qui ont décidé d'entreprendre une restructuration.

Votre commission approuve cette initiative : mieux vaut en effet concentrer les interventions publiques sur des projets structurants facilitant l'adaptation du tissu hospitalier plutôt que procéder à un saupoudrage de subventions aux investissements hospitaliers en tant que tels.

Si l'initiative est heureuse, la mise en oeuvre est beaucoup plus contestable
.

D'une part, le fonds ainsi créé est insuffisamment doté : il bénéficie de 500 millions de francs en autorisations de programme et de 150 millions de francs. De tels crédits ne permettront à l'évidence que de subventionner un tout petit nombre d'opérations.

D'autre part, les modalités d'intervention de ce fonds sont très peu transparentes.

Ainsi, votre commission ne connaît pas, par exemple, l'autorité qui décidera des interventions du fonds : chaque directeur régional d'agence régionale de l'hospitalisation se verra-t-il attribuer une enveloppe (et si oui, en fonction de quel(s) critère(s) de répartition) ou bien les aides seront-elles décidées au niveau national ?

Elle ne connaît pas plus l'étendue du champ des établissements bénéficiaires : les interventions du fonds seront-elles réservées aux établissements publics de santé ? Les établissements privés pourront-ils en bénéficier et si oui, devront-ils (comme c'est le cas pour le fonds social) se regrouper avec des établissements publics de santé ?

Compte tenu de l'importance des opérations de restructuration, notamment en termes d'emplois, dans les villes concernées, les aides du fonds seront naturellement très recherchées.

Eu égard au manque d'information et de transparence qui préside à la création de ce fonds, votre commission sera très vigilante en cours d'exécution du budget aux conditions d'intervention de ce fonds.

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