B. LES CONDITIONS DE L'ADAPTATION DU TISSU HOSPITALIER NE SONT PAS RÉUNIES

1. La faiblesse des dotations du fonds d'investissement : un bon indicateur de l'ampleur limitée des restructurations en 1998

S'il est un point sur lequel on ne peut accuser le Gouvernement de manquer de cohérence, c'est bien d'avoir fixé le niveau des crédits du fonds d'aide à la restructuration des hôpitaux en fonction du nombre de restructurations qu'il entend engager en 1998.

Le texte du rapport annexé au projet de loi de financement de la sécurité sociale, comme les propos ministériels, sont assez clairs à cet égard : 1998 risque bien d'être une " année blanche " dans l'indispensable mouvement d'adaptation du tissu hospitalier.

Les opérations de restructurations n'interviendront en effet qu'à la suite de la refonte des schémas régionaux d'organisation sanitaire que le Gouvernement a décidé d'entreprendre.

Elle sera achevée, dans le meilleur des cas, à la fin de l'année 1998 : les opérations fondées sur la base de ces schémas ne pourront donc commencer, au mieux, que dans le courant de l'année 1999.

2. La prise en charge des exclus par les établissements de santé : des crédits en baisse d'un tiers

Alors que le Gouvernement entend faire de la lutte contre l'exclusion une priorité de son action, les crédits de l'article 40 du chapitre 47-11 (" Interventions sanitaires en direction de publics prioritaires) sont diminués d'un tiers dans le projet de loi de finances pour 1997.

Les crédits de ce chapitre sont notamment destinés aux établissements qui entreprennent des actions en faveur des exclus.

Votre commission regrette que des personnes dont l'accès aux soins est difficile, voire inexistant en l'absence de structure spécialisée de prise en charge, soient ainsi victimes d'une réduction aussi brutale des crédits qui leur sont destinés.

3. L'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (ANAES) : une institution prometteuse, mise en place avec retard

Clef de voûte de la réforme hospitalière, l'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (ANAES) a été créée par l'ordonnance du 24 avril 1996 portant réforme de l'hospitalisation publique et privée. Il s'agit d'un établissement public de l'Etat à caractère administratif placé sous la tutelle du ministère de la santé. Le décret n° 97-311 du 7 avril 1997 a précisé son organisation et ses missions. Elle reprend, en les élargissant considérablement, celles de l'Agence nationale pour le développement de l'évaluation médicale (ANDEM), association relevant de la loi du 1er juillet 1901.

Au titre de sa mission d'évaluation, qui concerne les domaines ambulatoires et hospitaliers, l'ANAES est notamment chargée d'élaborer ou de valider des recommandations de bonne pratique pour la prévention, le diagnostic ou la thérapeutique et d'élaborer ou de valider des méthodes d'évaluation. L'Agence doit également donner un avis sur les biens et services remboursables par l'assurance maladie, à l'exception du médicament.

L'ANAES a également une mission d'accréditation des établissements et, le cas échéant, des services hospitaliers : l'ordonnance dispose que tous les établissements de santé devront avoir engagé une procédure d'accréditation dans un délai de cinq ans.

Pour ce faire, l'ANAES doit dès maintenant mettre au point les méthodes d'accréditation, élaborer le manuel d'accréditation et effectuer des tests auprès d'un échantillon d'établissements de santé afin que les premières procédures d'accréditation puissent être entreprises dans le courant de l'année 1998.

L'ANAES est administrée par un conseil d'administration qui, selon les termes de l'ordonnance du 24 avril 1996, réunit à hauteur d'au moins 50 % des voies délibératives des médecins et de 25 % au plus des représentants de l'Etat, des organismes d'assurance maladie et des organismes mutualistes. Elle dispose d'un conseil scientifique, composé d'une section de l'évaluation et d'une section de l'accréditation. Instance d'expertise, de conseil et de proposition, il veille à la cohérence de la politique scientifique de l'Agence : deux arrêtés en date du 28 mai 1997 ont fixé la composition de ces instances.

Un directeur général, nommé par arrêté du ministre chargé de la santé après avis du conseil d'administration, assure enfin la gestion et la conduite générale de l'Agence. Il est assisté d'un secrétaire général lui-même nommé par arrêté du ministre chargé de la santé.

Les recettes de l'ANAES, pour 1997, proviennent essentiellement d'une subvention de l'Etat à hauteur de 26 millions de francs et d'une dotation globale versée par les caisses de l'Etat pour un montant de 61 millions de francs.

Les crédits de l'ANAES sont inscrits à l'article 70 du chapitre 3681 consacré aux établissements nationaux à caractère sanitaire et social. Ils s'élèvent, pour 1998, à 37,3 millions de francs, soit une progression de plus de 43 % par rapport aux crédits votés en 1997 . Cette augmentation de crédits est nécessaire à la montée en charge de l'Agence et, notamment, au recrutement de professionnels chargés de l'accréditation qui visiteront progressivement tous les établissements de santé.

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