B. LA CONSOLIDATION DES INSTRUMENTS SPÉCIFIQUES DE LA POLITIQUE DE L'EMPLOI EN OUTRE-MER

1. Le fonds pour l'emploi dans les départements d'outre-mer

La mise en place en 1995 du fonds pour l'emploi dans les départements d'outre-mer et à Saint-Pierre-et-Miquelon, le FEDOM, a eu pour principal objectif le regroupement des financements des actions spécifiques menées par l'Etat en faveur de l'emploi et de l'insertion.

Les actions financées par le FEDOM sont les suivantes :

- le financement du programme des contrats emploi-solidarité (CES) ;

- le versement aux agences d'insertion d'une participation financière aux contrats d'insertion par l'activité (CIA) ;

- l'exonération des charges sociales et les primes des contrats d'accès à l'emploi (CAE) ;

- l'exonération des charges sociales pour les contrats en cours de retour à l'emploi ;

- le financement du dispositif instituant une prime à la création d'emploi ;

- l'abondement de la dotation des agences d'insertion de la part de la créance de proratisation réservée à l'insertion ;

- le suivi et l'évaluation du fonds.

Pour 1996 , première année complète de son fonctionnement, le fonds a été doté en loi de finances initiale de 1.036,10 millions de francs auxquels sont venus s'ajouter 220,96 millions de francs issus de la créance de proratisation (28,3 millions de francs au titre de 1995 et 192,6 millions de francs au titre de l'exercice 1996) et 307 millions de francs en loi de finances rectificative destinés au financement de contrats emploi solidarité, soit un total de 1.564,06 millions de francs.

Son comité directeur s'est réuni deux fois au cours de l'exercice 1996 et a défini un certain nombre de mesures dont la réalisation et le financement sont précisés dans le tableau ci-après :

Crédits du FEDOM en 1996

(en millions de francs)

Chapitre 44-03 FEDOM


Crédits en LFI

Crédits consommés

Solutions d'insertion en LFI

Solutions d'insertion réalisés

Art. 10 CES

434,00

1.099,35

30.000

44.836

Art. 20 CIA

107,44

46,85

10.370

9.094

Art. 30 CAE

440,66

183,64

17.500

12.305

Art. 40 Primes

24,00

4,76

1.000

198

Art. 60 CRE

30,00

8,50

---

---

TOTAL

1.036,10

1.343,10

58.870

66.433

La fongibilité des crédits du FEDOM a permis l'utilisation totale des crédits inscrits sur cette ligne budgétaire et la réalisation de 66.433 solutions d'insertion.

Pour 1997 , un crédit total de 1.486,7 millions de francs a été inscrit en loi de finances sur le chapitre 44-03 du FEDOM. Cependant, une mesure de régulation budgétaire d'un montant de 100,035 millions de francs a été appliquée à ce chapitre, ramenant ainsi la dotation globale du FEDOM pour 1997 à 1.386,865 millions de francs. Enfin, au titre de la part insertion de la créance de proratisation, un crédit de 184,6 millions de francs a été prévu.

Le comité directeur du 16 janvier 1997 a procédé à la répartition, département par département, des différentes solutions d'insertion et des crédits nécessaires à leur mise en oeuvre. 42.727 solutions d'insertion correspondant à la dotation annuelle pour les CAE (15.000) et les CIA (15.000) mais à une dotation semestrielle pour les CES (12.500) avaient ainsi été décidées pour un coût global de 1.149,49 millions de francs.

Mais, face aux besoins particulièrement pressants des départements en matière de CES, une nouvelle répartition des mesures d'insertion a été arrêtée en juillet 1997 :

- le nombre total de CES a été porté à 31.000 contrats au lieu des 25.000 prévus,

- le nombre de CAE a été ramené de 15.000 contrats à 12.600,

- le nombre de CIA a été maintenu à 15.000 contrats.

La dotation de CAE a été ramenée à un niveau moindre, compte tenu d'une utilisation plus faible au cours du premier semestre due en partie à une conjoncture économique difficile dans les départements d'outre-mer.

Par ailleurs et pour répondre aux besoins exprimés par la Réunion en matière de CES, un redéploiement partiel ne touchant que ce département a été décidé pour permettre la mise en place de 2.900 CES supplémentaires. Ceci a ramené le nombre de CAE pour 1997 à 10.600 et porté le nombre de conventions de CES à 33.500

Pour 1998 , les prévisions budgétaires font état d'un crédit global de 1,7 million de francs réparti comme suit :

- 451,9 millions de francs pour le financement des contrats emploi-solidarité,

- 180,1 millions de francs pour les contrats d'insertion par l'activité,

- 721 millions de francs pour les contrats d'accès à l'emploi,

- 27 millions de francs pour les primes à la création d'emplois,

- 20 millions de francs pour les contrats de retour à l'emploi,

- 300 millions de francs pour les emplois-jeunes. Cette dotation non fongible permettra, sur l'année, l'ouverture de 6.000 contrats emplois-jeunes.

En effet, le plan pour le développement de l'emploi des jeunes s'appliquera également dans les départements d'outre-mer. Un tel plan revêt une nécessité particulière pour l'outre-mer puisque 50 % de la population active de moins de 25 ans y est sans emploi. Il a été décidé que ce serait le FEDOM qui assurerait le financement du plan. Un projet de décret attribuant au FEDOM cette gestion est en cours d'élaboration.

Par ailleurs, des dispositions réglementaires spécifiques permettront d'adapter le dispositif général à la situation des DOM.

La part de la créance de proratisation à verser aux agences d'insertion au titre de l'insertion viendra compléter cette dotation en cours d'exercice budgétaire.

2. L'Agence nationale pour l'insertion et la promotion des travailleurs d'outre-mer

En 1998, en plus de la dotation de 44,5 millions de francs destinée aux actions de l'Agence nationale pour l'insertion et la formation des travailleurs d'outre-mer (ANT), une dotation de 28 millions de francs de crédits nouveaux est inscrite au budget de l'outre-mer pour la formation individualisée et la mobilité des jeunes.

La baisse des crédits de fonctionnement, par rapport à 1997, de 5,5 millions de francs doit être compensée par des recettes en provenance de l'Union Européenne et par le développement de la politique contractuelle avec les collectivités locales d'outre-mer.

On rappellera qu'après les mesures de restructuration engagées en 1993, le volume d'activité de l'ANT a doublé en 1996 par rapport à 1993. Sur le plan qualitatif, plusieurs améliorations sont à constater :

- une meilleure utilisation des capacités d'accueil des centres de l'Association pour la formation professionnelle des adultes (AFPA), pour les candidats domiens à une formation qualifiante (530 bénéficiaires en 1995 contre 140 en 1993),

- la stabilisation du dispositif FIM " Formation individualisée mobilité " : 574 stagiaires en 1996,

- un fort développement de l'insertion par l'alternance puisque 568 stagiaires ont bénéficié de cette action en 1995 contre 45 en 1993,

- un accroissement des stages pratiques.

En 1997, l'ouverture vers les TOM s'est confirmée. En effet, l'ANT a signé avec la Province des Iles Loyauté du territoire de la Nouvelle-Calédonie une convention de partenariat visant à favoriser l'accompagnement des candidats à la formation qualifiante et/ou diplomante et à la mobilité professionnelle entre le territoire de la Nouvelle-Calédonie, la Métropole et l'Europe.

Enfin, le suivi des stagiaires de la mobilité est aujourd'hui une priorité de l'ANT. Il est d'ailleurs un élément essentiel des conventions de partenariat que l'ANT a négociées avec l'AFPA et l'AGEFOS-PME (Fonds d'assurance formation des salariés des petites et moyennes entreprises).

Ainsi, la convention ANT - AGEFOS-PME garantit à l'ANT l'accompagnement du jeune en formation en alternance par la mise en place d'un dispositif tutoral.

Comme toute entreprise publique ou privée, l'ANT prend davantage en considération la notion de " retour sur investissement " et a engagé un effort tout particulier pour que le taux de placement des stagiaires de la mobilité soit le meilleur possible.

Le tableau ci-après met en évidence l'évolution de la mobilité professionnelle développée par l'ANT.

La mobilité professionnelle par DOM 1993-1996

ANNÉES

DOM

1993

1994

1995

1996

1996/1993en %

RÉUNION

1.259

1.486

1.956

2.265

+ 80 %

GUADELOUPE

80

249

432

584

+ 630 %

MARTINIQUE

274

320

324

521

+ 90 %

GUYANE

79

103

146

219

+ 200 %

TOTAL

1.692

2.158

2.858

3.589

+ 110 %

Ainsi, la mobilité professionnelle, depuis 1993, a plus que doublé puisqu'elle a concerné 3.589 stagiaires en 1996 contre 1.692 en 1993, tous départements d'outre-mer confondus. La progression est générale, mais elle est particulièrement marquée pour la Guadeloupe dans la mesure où elle est passée de 80 à 584.

3. Le service militaire adapté

Le service militaire adapté (SMA) devrait être maintenu dans les DOM-TOM, dans le cadre de la réforme du service national, ce qui représentera, en 1998, une dotation de 440 millions de francs, soit 8,4 % du budget de l'outre-mer.

En 1996, le SMA a permis la formation de 3.351 jeunes. Les chantiers-écoles, notamment réalisés par les unités du SMA, permettent, d'une part, la concrétisation et l'application des enseignements théoriques reçus durant les premiers mois de service militaire, d'autre part, la participation au développement économique des départements et territoires d'outre-mer.

Ces chantiers-écoles sont nombreux et représentent un volume de travaux annuel d'une vingtaine de millions de francs. Parmi les plus importants réalisés ces deux dernières années (1996-1997), on relève la construction de nombreuses routes bétonnées, le désenclavement d'habitations et de terres agricoles, la réalisation d'installations sportives (terrains de foot et de plateaux sportifs), des travaux de curage de rivières, et d'aménagement d'aires de stationnement sur le littoral, la réalisation de pistes d'éducation routière, d'héliports et de pistes d'aviation, la construction de kiosques, d'abris-bus, la rénovation d'écoles, d'églises et de bâtiments divers.

En ce qui concerne l'évolution du service national, le SMA va devenir une forme particulière du volontariat spécifique aux départements et territoires d'outre-mer ainsi qu'à la collectivité territoriale de Mayotte.

Le service volontaire ne devrait entraîner que peu de changements dans la forme actuelle du SMA, les jeunes effectuant un service national obligatoire étant remplacés par des volontaires. La capacité d'accueil du SMA restera d'environ 3.000 volontaires, encadrés par 600 cadres d'active et 200 jeunes engagés moniteurs.

Certes, le succès du volontariat dans chacun des départements, territoires ou collectivité territoriale dépendra largement de la situation économique et sociale locale. Il sera également le résultat des mesures incitatives mises en place (indemnités, transports, conditions de travail et de vie, possibilités de formation...) et donc des moyens financiers alloués.

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