b) Une singularité accentuée par la loi du 11 mai 1998 dite RESEDA

Deux exemples pourront illustrer ce point.

La circulaire du 24 juin 1997 permet la régularisation des étrangers qui peuvent invoquer des risques vitaux en cas de retour dans leur pays d'origine, sans pour autant répondre aux conditions pour bénéficier du statut de réfugié.

Cette ouverture trouve son prolongement dans l'article 36 de la loi du 11 mai  1998. Cette disposition autorise l'attribution d'un titre de séjour à l'étranger qui établit que sa vie ou sa liberté serait menacée dans son pays ou qu'il y serait exposé à des traitements inhumains ou dégradants.

Ce que l'on qualifie d'asile territorial n'a pas attendu la circulaire de 1997 ou la loi de 1998 pour être mis en oeuvre. L'affichage voulu par ces textes n'apporte donc pas de solutions nouvelles à des situations difficiles.

En revanche, l'inscription dans des textes d'une pratique déjà admise comporte un risque sérieux d'appel d'air.

Toute personne vivant dans l'un des nombreux pays tourmentés par des guerres ou des troubles de diverses natures pourra être tenté de venir s'installer de préférence en France, espérant obtenir un titre de séjour.

Le risque apparaît d'autant plus sérieux que l'asile territorial n'entrant pas dans le champ de la convention de Genève, la France ne peut invoquer la convention de Schengen relative à la détermination de l'Etat responsable du traitement des demandes d'asile à l'encontre d'un demandeur d'asile territorial débouté du statut de réfugié dans un autre pays membre.

En d'autres termes, la circulaire de 1997 n'a fait qu'engager un processus dont les conséquences pourraient être plus nettement perçues après la mise en oeuvre de la loi du 11 mai 1998.

De même, la circulaire permet en 1997 et 1998 la régularisation de très nombreuses personnes entrées irrégulièrement sur le territoire . Celles-ci se sont vues délivrer une carte de séjour temporaire.

Certaines d'entre elles pourront très rapidement obtenir une carte de résident (durée de validité de 10 ans) si elles remplissent les autres conditions, puisque celle de l'entrée régulière vient d'être supprimée par la nouvelle loi pour l'attribution de cette carte de longue durée.

La loi du 11 mai 1998 se situe dans le prolongement de la circulaire. Elle accentue l'effet d'appel d'air puisque les étrangers clandestins se verront, en l'espace de quelques années, reconnaître un droit au séjour de longue durée.

Comment d'autres étrangers, informés de cette situation, ne seraient-ils pas tentés, à leur tour, d'entrer irrégulièrement en France, dans l'espoir de bénéficier un jour du même traitement ?

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