B. LES NOUVELLES ORIENTATIONS DE LA POLITIQUE D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

Les nouvelles orientations de la politique d'aménagement du territoire définies par le gouvernement lors du CIADT de décembre 1997, complétées par les suggestions présentées par les rapports de MM. Jean Auroux, Yves Morvan, Jacques Chérèque et Pierre Trousset 3( * ) se reflètent dans les dispositions du projet de loi d'orientation et mériteront un examen vigilant, en raison des questions qu'elles soulèvent. Sans anticiper sur le débat qu'appellera la discussion de ce projet devant le Parlement à partir du mois de janvier prochain, certaines questions méritent d'ores et déjà d'être posées

1. L'insistance du gouvernement sur "le rôle structurant des villes" et sur "leur capacité à féconder les territoires qui les entourent" et dont dépendrait le "destin de nombre de zones rurales" ne sonne-t-elle pas comme le contre-chant d'un abandon du monde rural profond ? N'annonce-t-elle pas la rétrogradation dans un lointain arrière plan d'une partie pourtant essentielle de toute politique d'aménagement du territoire au profit d'un recentrage sur les maillages urbains ?

Quelle sera la place de l'espace rural dans une politique d'aménagement du territoire dont les priorités s'organisent d'après le CIADT de décembre 1997 autour de quatre objectifs majeurs :

- le maillage à partir des agglomérations et des villes moyennes ;

- la valorisation des systèmes urbains dans la compétition mondiale ;

- la nécessité d'assurer les conditions d'un développement durable ;

- le partenariat et la démocratie participative.

L'abandon du plan pour les espaces ruraux de la loi de 1995 ne doit-il pas confirmer ces inquiétudes ? Comment faut-il interpréter la disparition du fonds de gestion de l'espace rural au profit des "Contrats Territoriaux d'Exploitation" ?

2. L'abandon du schéma national d'aménagement du territoire annoncé par le CIADT, et inscrit dans le projet de loi d'orientation suscite également des interrogations. Sa disparition pourra-t-elle être véritablement compensée par les huit schémas de services collectifs et les schémas régionaux d'aménagement et de développement du territoire que le gouvernement envisage de lui substituer ? La juxtaposition de ces huit approches sectorielles ne risque-t-elle pas de nuire à la cohérence à moyen terme d'une politique qui, par nature, doit avoir une vision globale du territoire ? Le repli sur l'échelon régional ne risque-t-il pas de se faire au détriment de la nécessaire péréquation entre les régions les plus riches et les régions les plus pauvres ?

Le Conseil économique et social, dans l'avis présenté par Jean-Claude Bury sur l'avant-projet de loi d'orientation, s'est fait l'écho de ces préoccupations. Votre rapporteur les partage dans une large mesure, et souhaite que l'examen du projet de loi d'orientation devant le Parlement apporte toutes les clarifications nécessaires.

3. La réforme des zonages est recommandée par le rapport Auroux, qui déplore à juste titre l'inutile complexité née de la superposition des dispositifs. Leur simplification, qui doit certes prendre en compte la dimension européenne, ne doit pas conduire à un appauvrissement de leur contenu ou à un simple décalque sur les zonages des Fonds structurels européens qui laisserait à découvert des parties de notre territoires alors que celles-ci ont un besoin pressant de ce type d'appui. Votre rapporteur serait même tenté de proposer qu'aux dispositifs usuels de primes et d'allégements fiscaux ou sociaux liés aux zonages, on ajoute une nouvelle dimension, celle de la simplification de toute une série de procédures administratives , en particulier dans le domaine économique. Celle-ci ne pourrait-elle pas aussi contribuer à la création d'entreprises et au développement de l'emploi ?

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