CHAPITRE II

LA POLITIQUE DE L'ÉNERGIE

La politique énergétique de la France poursuit trois objectifs :

- un objectif stratégique : assurer la sécurité de nos approvisionnements énergétiques à travers une diversification de nos ressources et le développement de la production énergétique nationale ;

- un objectif économique : assurer la compétitivité de nos approvisionnement et des opérateurs énergétiques afin de diminuer le coût de l'énergie pour l'ensemble des opérateurs économiques ;

- un objectif environnemental : lutter contre l'effet de serre et les pollutions acides.

Elle fait l'objet de deux agrégats dans le budget de l'industrie : l'agrégat " énergie et matières " premières " doté de 3.982 millions de francs (en DO et CP) et l'agrégat " Commissariat à l'énergie atomique " doté de 3.334,5 millions de francs, soit un total de 7.316 millions de francs (soit 48 % du budget de l'industrie).

La progression des crédits du premier (+ 10,68 %) traduit, d'une part, la budgétisation des crédits du Fonds de soutien aux hydrocarbures (FSH) qui vient " gonfler " le budget de l'industrie de 280 millions de francs, mais dont on verra qu'elle se traduit par une opération fructueuse pour l'Etat, et, d'autre part, la forte progression des crédits de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME). Elle masque cependant la diminution des crédits dévolus aux Charbonnages de France aux dépens de la situation financière de ce dernier.

L'augmentation des crédits du second (+ 2,88 %) ne doit pas faire oublier les menaces qui pèsent sur l'avenir du secteur nucléaire français, menaces résultant d'une part de la décision allemande de mettre fin à son programme nucléaire, et d'autre part du contexte de plus en plus concurrentiel du marché de l'énergie. La poursuite du programme nucléaire français est pourtant indispensable non seulement à l'indépendance énergétique de la France 4( * ) , mais aussi à la préservation d'une filière qui est pour l'instant la plus respectueuse de l'environnement et la seule susceptible d'apporter une solution réaliste à l'épuisement prévisible des ressources énergétiques fossiles. Or, les crédits du Commissariat à l'énergie atomique ne semblent pas couvrir les besoins de l'établissement public qui se voit progressivement contraint de céder ses participations industrielles.

Par ailleurs, la concurrence est exacerbée par le faible prix du pétrole et du gaz et par la libéralisation des marchés. Or, le marché n'est pas forcément le meilleur " allocateur " de ressources dans une perspective de long terme. Il revient à la politique énergétique d'inciter les acteurs à prendre en compte la finitude des ressources énergétiques et les contraintes environnementales. C'est l'objet de la politique de maîtrise de l'énergie et de développement des énergies renouvelables à laquelle le budget pour 1999 accorde une attention toute particulière. S'il convient de s'en féliciter, il faut toutefois garder à l'esprit que les énergies renouvelables ne pourront jamais se substituer totalement aux centrales thermiques, même si l'on couvrait la totalité du territoire de champs d'éoliennes.

Enfin, la politique énergétique de la France se traduit également à travers les impulsions que donne l'Etat aux opérateurs énergétiques publics placés sous la tutelle du secrétariat d'Etat à l'industrie. On examinera donc la situation d'Electricité de France (EDF) et de Gaz de France (GDF) à la veille de l'ouverture à la concurrence des marchés de l'électricité et du gaz.

I. LA RELANCE DE LA POLITIQUE DE MAÎTRISE DE L'ÉNERGIE ET DE PROMOTION DES ÉNERGIES RENOUVELABLES

La politique de maîtrise de l'énergie et de promotion des énergies renouvelables s'appuie sur plusieurs leviers : un certain nombre de dispositions fiscales existent pour encourager les comportements économes en énergie, dont certaines sont reconduites par le projet de loi de finances 5( * ) ; par ailleurs, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) a notamment pour objet d'encourager les efforts de maîtrise de l'énergie et de promouvoir les énergies renouvelables.

Toutefois, il apparaît que l'Ademe s'est progressivement éloignée de ces missions au profit des autres missions dont elle a la charge (prévention des pollutions et des atteintes à l'environnement, financement d'actions de recherche).

Le gouvernement a récemment annoncé son intention de rééquilibrer les actions de l'Agence au profit de celles destinées à encourager les efforts de maîtrise de l'énergie. Pourtant, au regard des crédits prévus dans la loi de finances pour 1999, on peut se demander si cette volonté s'est réellement traduite dans la réalité, dans la mesure où le ministère de l'environnement s'avère le grand bénéficiaire des opérations.

A. BILAN DE LA POLITIQUE DE MAÎTRISE DE L'ÉNERGIE

1. Les activités de l'ADEME en matière d'énergies renouvelables et d'utilisation rationnelle de l'énergie

Le développement des énergies renouvelables

Cette action se décline à travers trois programmes qui ont mobilisé 30 millions de francs entre le 1 er janvier 1997 et le 31 juin 1998 :

• Le Plan Bois Energie et Développement local (PBEDL) lancé en concertation avec les collectivités locales en 1994 dans 11 régions a permis de mettre en place plus d'une centaine de chaufferies au bois depuis 1994 pour une puissance installée totale de 82,7 MW. Le PBEDL sera prolongé de deux ans pour une dotation totale de 74,5 millions de francs.

• Le programme Production d'électricité issue des énergies renouvelables compte deux pôles principaux d'intervention : l'électrification des sites isolés, tant en métropole que dans les DOM et la production d'électricité raccordée au réseau.

Environ 1.000 sites isolés ont été acceptés pour financement de travaux sur la période 1995-97 représentant un montant de 123 millions de francs pour 653 kW photovoltaïques et 207 kW éoliens.

Par ailleurs, grâce à la loi Pons, près de 1.400 sites ont été équipés dans les DOM pour un total de 1 400 kWc photovoltaïque représentant 350 millions de francs de travaux.

Enfin, dans le cadre du programme EOLE 2005 initié en 1996 dans le but de porter le parc éolien français à un niveau compris entre 250 et 500 MW à l'horizon 2005, les projets acceptés à la suite du lancement de l'appel à propositions de l'été 1996 sont estimés à 617 millions de francs pour une puissance totale installée de 77 MW (à l'heure actuelle, seuls 9 176 kW éoliens sont raccordés au réseau).

• Enfin, le programme solaire thermique a permis la pose d'environ 5 000 chauffe-eau solaires dans les DOM, dans le cadre du programme pluri-anuel " 20.000 chauffe-eau solaires ".

L'utilisation rationnelle de l'énergie

L'action de l'ADEME dans ce domaine, qui a mobilisé 23 millions de francs entre le 1 er janvier 1997 et le 31 juin 1998, est répartie entre un programme transversal de maîtrise de la demande d'électricité, et plusieurs programmes sectoriels.

Le programme transversal inclut des actions dans le secteur industriel (diffusion de la variation électronique de vitesse - VEV - en pompage et ventilation, optimisation des consommations énergétiques des installations frigorifiques industrielles...), dans le tertiaire (maîtrise de la demande d'électricité dans les bâtiments) et au niveau individuel (consommation des appareils électriques domestiques).

Parmi les programmes sectoriels, il faut noter les efforts portés sur les secteurs industriels de la Mécanique, de la Fonderie, du Textile, des papiers-cartons-imprimerie et des matériaux de construction et visant à optimiser les consommations énergétiques. Dans le secteur des Transports, l'ADEME a subventionné l'acquisition par les collectivités de 754 véhicules électriques (249 pour la seule année 1997) sur les 4 000 véhicules qui circulaient en France à la fin de 1997. Elle a par ailleurs poursuivi son soutien au développement du transport combiné, à l'aide à la gestion de flottes de transport et à la logistique des déchets.

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