EXAMEN EN COMMISSION

Réunie le mercredi 17 novembre 1999, sous la présidence de M. Bernard Angels, vice-président, la commission a procédé, sur le rapport de M. Philippe Adnot , rapporteur spécial , à l' examen des crédits de l'aménagement du territoire et de l'environnement : II. - environnement , pour 2000 .

M. Philippe Adnot, rapporteur spécial, a tout d'abord observé que le périmètre de ce budget avait beaucoup évolué sur les deux dernières années, notamment avec les subventions budgétaires accordées à l'Agence pour l'environnement et la maîtrise de l'énergie (ADEME). Il a ajouté qu'il convenait de considérer également la création d'une section d'un nouveau compte spécial du Trésor pour financer la politique de l'eau, dotée de 500 millions de francs.

Il a indiqué qu'en 2000 le budget de l'environnement connaîtrait la troisième plus forte hausse de tous les budgets civils, soit 8,6 % d'augmentation par rapport à 1999, pour un montant global de l'ordre de 4,3 milliards de francs. Il s'est étonné que le ministère de l'environnement soit exonéré de la sorte de tout effort de maîtrise des dépenses de l'Etat. En outre, il a douté de la capacité du ministère à faire face à une telle augmentation de ses moyens.

Il a ensuite souligné l'évolution très déséquilibrée de ce budget entre des dépenses de fonctionnement, qui augmentent de 22 %, et des dépenses d'investissement, en stagnation relative.

M. Philippe Adnot, rapporteur spécial, a indiqué que l'augmentation des crédits de fonctionnement était principalement due à l'augmentation des emplois budgétaires, et en particulier à la création de 140 emplois. Il a remarqué que le renforcement global des effectifs, de 210 emplois, bénéficiait essentiellement à l'administration centrale avec une augmentation de plus de 19 % de son personnel pour 2000, alors que l'augmentation pour les directions régionales de l'environnement (DIREN) n'était que de 3 %.

Il a ensuite présenté les quatre priorités du ministère de l'environnement pour 2000 et leur financement : le renforcement des capacités d'expertise et de contrôle du ministère, la prévention des risques, les actions de solidarité et de péréquation dans le secteur de l'eau et le renforcement du réseau de protection des zones naturelles sensibles.

M. Philippe Adnot, rapporteur spécial, a poursuivi son propos en indiquant qu'il n'était pas favorable au renforcement des structures administratives centrales du ministère. En effet, il a indiqué que cette évolution allait déboucher sur une rigidification des dépenses de l'Etat et qu'elle allait à contresens de la logique actuelle de la réforme de l'Etat qui privilégie la déconcentration. Il lui a semblé que le ministère de l'environnement était entré dans une logique de concurrence avec les autres départements ministériels, au lieu de conserver une dimension interministérielle et transversale.

Il a ensuite fait part de son inquiétude à l'égard du détournement de la fiscalité écologique. A ce sujet, il a indiqué que la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP), étendue et affectée au financement des allégements de charges sociales dans le cadre de la seconde loi sur la réduction du temps de travail, avait perdu son objectif environnemental pour devenir une simple taxe de rendement. Il a rappelé que les assiettes et les taux choisis n'étaient absolument pas incitatifs à la limitation des pollutions et qu'en particulier un amendement voté à l'Assemblée nationale lors de l'examen en première lecture du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2000 avait encore réduit la progressivité du barème de taxation des lessives. Il a en outre estimé que les conséquences des récentes intempéries dans le sud-ouest de la France devaient rappeler au Gouvernement, et à la représentation nationale, que les ressources qui pourraient aller à des équipements environnementaux ne devaient pas en être détournées.

Enfin, s'agissant de l'ADEME, M. Philippe Adnot, rapporteur spécial, a indiqué que si la suppression des taxes affectées avait eu au moins l'avantage de donner une plus grande souplesse de gestion à l'établissement, elle n'en devait pas moins s'analyser comme une perte d'autonomie pour l'ADEME, et surtout comme un détournement en sa défaveur.

M. Philippe Adnot, rapporteur spécial, a conclu son propos en préconisant le rejet de ce budget pour trois raisons principales :

- d'abord, parce qu'il a estimé que l'évolution des crédits était globalement trop forte et que le ministère de l'environnement était exonéré de tout effort de rigueur budgétaire ;

- ensuite, parce qu'il a considéré que les dépenses de fonctionnement, et en particulier de personnel, connaissaient une croissance trop forte, qu'elles contribuaient à la rigidification des dépenses de l'Etat et allaient dans le sens d'une plus grande centralisation de l'administration de l'environnement ;

- enfin, parce qu'il s'est dit opposé au détournement de la fiscalité écologique pour financer la politique de réduction du temps de travail.

M. Ambroise Dupont, rapporteur pour avis de la commission des affaires culturelles, a indiqué qu'il présenterait son propre rapport devant la commission des affaires culturelles dans les semaines prochaines, après l'audition de la ministre de l'environnement.

M. Henri Torre a indiqué que l'accroissement sensible des moyens à la disposition du ministère s'expliquait en partie par un prélèvement de 500 millions de francs sur les recettes des agences de l'eau, qui s'établissait pour 2000, après négociation entre le Gouvernement et les agences, à 500 millions de francs, mais qui par la suite serait déterminé de facto par le Gouvernement. Il a également souligné, s'agissant de la TGAP, qu'il partageait la position du rapporteur spécial et a estimé qu'il y avait un risque que cette taxe soit assimilée à un droit à polluer.

M. Philippe Adnot, rapporteur spécial, s'est dit d'autant plus inquiet que l'affectation de ce prélèvement au secteur de l'eau, prévue en 2000, pourrait, a-t-il estimé, ne pas être confirmée les années suivantes.

M. Maurice Blin a estimé que les dépenses d'équipement devaient relever du ministère de l'équipement et que le ministère de l'environnement n'avait pas a priori à s'occuper d'investissement. Par ailleurs, il a souhaité savoir quelles actions le rapporteur spécial privilégierait au sein des dépenses de fonctionnement, hors les dépenses de personnel.

En réponse à M. Maurice Blin, M. Philippe Adnot, rapporteur spécial, a considéré que peu lui importait quel ministère prenait en charge les projets d'investissement, pourvu que ceux qui sont utiles soient réalisés. S'agissant des dépenses de fonctionnement, il a affirmé que la recherche aurait pu être plus favorisée, car elle constituait la voie principale de résorption des pollutions et des risques.

M. Joël Bourdin a souhaité connaître l'opinion du rapporteur spécial sur l'amélioration de la qualité de l'eau.

M. Philippe Adnot, rapporteur spécial, a indiqué que les agences de l'eau avaient la responsabilité de cette importante politique et qu'il fallait donc veiller à ce qu'elles conservent les moyens de leurs missions. Il a ensuite indiqué qu'il fallait être vigilant à l'égard de la présentation de la politique du Gouvernement. En effet, s'agissant de l'ADEME, il s'est dit étonné que le Gouvernement ait justifié, l'an dernier, l'augmentation du taux de la taxe sur les déchets de 50 % par l'accroissement des besoins de l'ADEME, alors que quelques mois plus tard on diminuait les taux d'aide aux investissements des communes de 50 % pour les mêmes motifs.

A l'issue de cet examen, la commission a décidé de proposer au Sénat de rejeter les crédits de l'environnement .

Réunie le mercredi 17 novembre 1999, sous la présidence de M. Bernard Angels, vice-président, la commission a procédé, sur le rapport de M. Philippe Adnot, rapporteur spécial, à l' examen des crédits de l'aménagement du territoire et de l'environnement : II. - environnement, pour 2000.

Au terme de cet examen, la commission a décidé de proposer au Sénat de rejeter les crédits de l'environnement.

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