B. LA HAUSSE DES DÉPENSES DE PERSONNEL DANS LE PROJET DE BUDGET POUR 2000

1. L'accord salarial conclu dans la fonction publique a de lourdes conséquences sur le budget de l'enseignement scolaire

Le projet de loi de finances pour 2000 présente une évolution des dépenses de personnel - hors charges de pensions - du budget de l'enseignement scolaire de + 2,69 % par rapport à 1999 , passant de 220.921,20 millions de francs à 226.857,33 millions de francs soit + 5.936,13 millions de francs.

Cette progression résulte essentiellement de l'application de l'accord salarial conclu dans la fonction publique, de mesures d'ajustement de crédits de personnel et de différentes mesures intéressant la situation des personnels.

Au titre des mesures acquises : 2.998,13 millions de francs.

Les trois principales mesures prévues dans le projet de loi de finances pour 2000 concernent :

- l'incidence en 2000 de la revalorisation des rémunérations publiques intervenues en 1999 : 2.007,39 millions de francs ;

- la mise en oeuvre du dispositif relatif au congé de fin d'activité (tranche 1999) : 168,55 millions de francs ;

- un ajustement aux besoins des crédits afférents aux prestations sociales versées par l'Etat : 345 millions de francs.

Les autres crédits s'expliquent notamment par la traduction en 2000 des mesures prises dans la loi de finances précédente en fraction d'année.

Au titre des mesures d'ajustement et des mesures nouvelles : 2.937,99 millions de francs.

S'agissant du titre III , il convient de signaler les mesures les plus importantes, à savoir :

- la mise en oeuvre du dispositif relatif au congé de fin d'activité (tranche 2000) : 139,45 millions de francs ;

- la création d'heures supplémentaires d'enseignement au titre de la réforme des collèges et des lycées : 257,05 millions de francs ;

- les mesures intéressant la situation des personnels relevant de plans catégoriels : 294,49 millions de francs ;

- les mesures catégorielles nouvelles : 860,14 millions de francs, notamment la revalorisation du taux de la première heure supplémentaire année (268 millions de francs) et l'extension de la hors-classe (262,62 millions de francs) des personnels enseignants du second degré.

Il est à noter également :

- le transfert de 200 millions de francs du chapitre 31-92 vers le chapitre 31-93 pour tenir compte de la situation réelle des dépenses ;

- le regroupement, sur le chapitre 31-97, des crédits correspondant à la rémunération des personnels non titulaires précédemment inscrits sur le chapitre 31-93 : 4.209,9 millions de francs.

En ce qui concerne le titre IV , la progression du chapitre 43-01 provient notamment de mesures de parité avec l'enseignement public, soit :

- l'incidence en 2000 de la revalorisation des rémunérations publiques intervenues en 1999 : 337,29 millions de francs ;

- les mesures relevant de plans catégoriels ou mesures d'alignement : 131,04 millions de francs ;

- les mesures catégorielles nouvelles : 99,42 millions de francs ;

- un ajustement de crédits au titre des cotisations sociales et du régime temporaire de retraite des enseignants des établissements privés : 428 millions de francs.

2. Des pistes pour réduire les dépenses

L'an dernier, les travaux de la commission d'enquête sur la situation et la gestion des personnels de l'éducation nationale du second degré mettait en avant la nécessité de ne pas se contenter d'une logique purement quantitative.

Les divers éléments contenus dans le présent rapport montrent malheureusement que ses observations demeurent valables :

- d'une part, le contexte dans lequel évolue le système éducatif français est profondément modifié en raison de la décrue qui affecte les effectifs des élèves : alors que l'augmentation continue des effectifs scolarisés imposait une politique de l'emploi volontariste, l'évolution démographique nouvelle impose un changement d'attitude ;

- d'autre part, le gouvernement a procédé à un choix politique contestable dans son principe puisqu'il consiste à ne tirer aucune leçon, sur le plan budgétaire, de la rente démographique : au contraire, il a décidé de maintenir inchangé le nombre d'enseignants et, ce faisant, de conforter la logique purement quantitative qui, depuis trop longtemps, préside au fonctionnement du système éducatif.

Or, cette logique quantitative conduit à l'impasse. Non seulement elle alimente la surenchère budgétaire qui grève les finances publiques en contribuant à perpétuer un déficit budgétaire trop important, et à accroître notre dette publique, mais elle représente aussi une facilité qui dispense de mettre en oeuvre des réformes de gestion d'ordre qualitatif.

Pourtant, l'éducation nationale souffre, non pas d'un manque de moyens, mais d'un phénomène de " mal-administration " qui trouve sa
source, d'une part, dans une gestion insuffisamment rigoureuse de ses moyens, et, d'autre part, dans l'illusion qu'elle entretient selon laquelle ses problèmes ne peuvent trouver qu'une réponse financière.

Le malaise lycéen encore vif aujourd'hui constitue une caricature de cette illusion budgétaire. Alors que les effectifs lycéens diminuent, et continueront de diminuer, et que les taux d'encadrement des élèves se sont constamment améliorés depuis plusieurs années, les élèves continuent à manifester leur mécontentement.

Aussi, votre rapporteur estime nécessaire de réitérer le constat de la commission d'enquête : il n'est que temps de mettre un terme à cette dérive budgétaire permanente qui, trop souvent, tient lieu de politique de l'éducation. Les projections démographiques devraient inciter les gouvernements, quels qu'ils soient, à utiliser la rente démographique actuelle.

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