CHAPITRE II

LE CADRE RÉNOVÉ DES CONCOURS DE L'ÉTAT AUX TRANSPORTS FERROVIAIRES

Les concours de l'Etat relatifs au réseau principal (hors dotation des autres ministères et Ile de France) s'élèveront à 52,04 milliards de francs en 2000.

Tableau récapitulatif 2000

(milliards de francs)

Agrégat 01

des crédits des transports terrestres

37,74

Dotation en capital RFF

12,00

Chapitre 03 du FITTVN

2,3

Il convient d'ajouter à ces concours les effets actuariels du transfert supplémentaire de 20 milliards de francs de dette à long terme au service annexe d'amortissement de la dette de la SNCF (auxquels s'ajoutent 8,3 milliards de francs d'accessoires court terme-intérêts courus et dettes fournisseurs). Cet allégement se traduira par un allongement d'une vingtaine d'années du fonctionnement du service annexe , et non par une dotation supplémentaire de l'Etat à ce service. L'effet actuariel serait de l'ordre d' 1,4 milliard de francs par an dans les comptes de la SNCF.

I. LA MISE EN OEUVRE DE LA RÉFORME DU TRANSPORT FERROVIAIRE

La réforme de l'organisation du transport ferroviaire est principalement issue de la loi n° 97-135 du 13 février 1997 portant création de l'établissement public Réseau ferré de France en vue du renouveau du transport ferroviaire. Ce texte comporte deux volets : la mise en place d'un établissement public propriétaire des infrastructures ferroviaires et responsable de leur financement (passé et à venir), ainsi que l'expérimentation de la régionalisation des services régionaux des services régionaux de voyageurs.

Le troisième volet de la réforme relève de la SNCF : c'est son projet industriel , destiné à accomplir la partie du redressement qui incombe à l'entreprise.

A. LA MISE EN PLACE DE RÉSEAU FERRÉ DE FRANCE

1. Inventaire et valeur du patrimoine

RFF dispose, à compter du 1er janvier 1997, du patrimoine remis en apport par l'Etat. RFF est ainsi devenu propriétaire du domaine public ferroviaire qui représente une valeur d'actifs estimée à 148 milliards de francs. Le passif transféré en contrepartie comporte la dette imputable à l'infrastructure ferroviaire, soit 134,2 milliards de francs au 31 décembre 1996.

L'actualisation des fichiers et des plans a été lancée, à la fin de l'année 1997, sur l'ensemble des régions de la SNCF, afin de disposer d'une description exacte des biens et de leur occupation au 31 décembre 1996.

Les objectifs de cette mise à jour sont, d'une part, de fonder la répartition définitive et précise des biens entre RFF et la SNCF et, d'autre part, de permettre la mise en place de la gérance immobilière par domaine.

Ces travaux sont en cours d'achèvement au début de l'été 1999.

Les biens immobiliers transférés à RFF au 1er janvier 1997 sont constitués d'environ 13 % des bâtiments du patrimoine ferroviaire, de la totalité des emprises de la voie courante et d'environ 75 % des terrains inclus dans les 7.000 sites ferroviaires.

La SNCF a reçu mission de gérer les biens de RFF, tout d'abord dans le cadre de l'article 16 de la loi du 13 février 1997, puis en application de la " convention transitoire RFF-SNCF " en date du 4 novembre 1997.

Une convention détaillée de gestion du patrimoine de RFF, succédant à cette convention transitoire et portant sur la période 1999-2001, a été signée par les deux établissements publics le 31 mars 1999.

RFF charge la SNCF " d'exécuter en son nom et pour son compte les différents actes liés à la gestion de son patrimoine et de conduire les actions préalables nécessaires ".

Il faut également noter que les principes d'une nouvelle organisation de la gérance immobilière au sein de la SNCF ont été arrêtés par la direction de l'entreprise en juin 1998. Un comité national de gestion du patrimoine (CNGP) réunissant les représentants des différents domaines (Grandes lignes, Ile-de-France, Action régionale, Fret, Sernam, Matériel, Traction, Gérant de l'Infrastructure, Elements communs) a été constitué en décembre 1998. Des assemblées régionales de copropriétaires et des structures régionales de gérance ont été mises en place.

2. Mise en place des structures de fonctionnement

En 1998, RFF a poursuivi sa montée en puissance en consolidant son organisation interne et ses règles de fonctionnement, en élaborant un projet à deux ans, et en mettant en place des instances de dialogue social interne. Ses effectifs sont passés de 55 agents à la fin de l'année 1997 à 111 agents à la fin de l'année 1998.

3. La répartition des rôles entre l'Etat, RFF et la SNCF

La loi du 13 février 1997 et les trois décrets d'application du 5 mai 1997 explicitent les rôles respectifs de l'Etat, de RFF et de la SNCF dans la nouvelle organisation du système ferroviaire.

L'Etat fixe la consistance et les caractéristiques du réseau ferroviaire : il définit le schéma ferroviaire, décide de la création de nouvelles lignes ou sections de ligne et détermine les caractéristiques principales du réseau.

L'Etat verse par ailleurs au titre du budget des transports :

- à RFF : une contribution aux charges d'infrastructures (11,1 milliards de francs en 2000) à laquelle on peut ajouter la dotation en capital (12 milliards de francs en 2000) ;

- pour la SNCF : une contribution aux charges de désendettement allouée au service annexe d'amortissement de la dette (4,4 milliards de francs en 2000) + une contribution à l'exploitation des services régionaux de voyageurs, allouée pour partie aux régions (5,9 milliards de francs au total en 2000) + une compensation pour tarifs sociaux (1,9 milliard de francs en 2000) + une dotation aux charges de retraites (14,3 milliards de francs en 2000).

RFF, propriétaire des infrastructures, est responsable de la programmation, du financement et de la réalisation des investissements sur le réseau ferré national ainsi que de son entretien et de son exploitation.

RFF définit les objectifs (niveau de service, de qualité et de productivité) et les principes de gestion relatifs à l'exploitation et à l'entretien des installations techniques et de sécurité, ainsi que ceux relatifs à la gestion du trafic et des circulations sur ce réseau.

RFF propose, à partir des besoins qu'il identifie en concertation avec la SNCF, les adaptations qu'il apparaît nécessaire d'apporter à la consistance et aux caractéristiques du réseau. Il définit les modalités de réalisation et les plans de financement correspondants.

Afin de prévenir toute dérive non maîtrisée de l'endettement du gestionnaire de l'infrastructure, l'article 4 du décret n° 97-444 du 5 mai 1997, précise que " RFF ne peut accepter un projet d'investissement sur le réseau ferré national, inscrit à un programme à la demande de l'Etat, d'une collectivité locale ou d'un organisme public local ou national que s'il fait l'objet de la part des demandeurs d'un concours financier propre à éviter toute conséquence négative sur les comptes de RFF sur la période d'amortissement de cet investissement ".

Cet article formalise un impératif de rentabilité . Il apporte donc sur ce point une réponse très claire à la question posée par le rapport Rouvillois sur la participation des collectivités publiques au financement des infrastructures ferroviaires. Cette règle signifie, en effet, que RFF ne financera les nouvelles infrastructures ferroviaires que dans la mesure où elles auront une rentabilité financière suffisante pour permettre un autofinancement des travaux envisagés, le reste du financement devant être assuré par les collectivités publiques.

RFF exerce lui-même la maîtrise d'ouvrage des opérations d'investissement ou confie à la SNCF des mandats de maîtrise d'ouvrage, portant soit sur un ensemble d'opérations, soit sur une opération particulière.

La SNCF a un triple rôle :

- la SNCF entretient et gère le réseau pour le compte de RFF, selon les objectifs et principes définis par RFF . La SNCF assure à ce titre l'établissement du graphique de circulation, la gestion du trafic, ainsi que la surveillance, l'entretien, la réparation et le dépassage des installations techniques et de sécurité. La SNCF est rémunérée par RFF pour l'exécution de ces missions, à hauteur de 16,6 milliards de francs pour 1998, dans le cadre de la convention de gestion prévue par la loi et signée en février 1998 ;

- la SNCF utilise le réseau ferré en tant que transporteur , en acquittant pour ce faire des redevances d'utilisation des infrastructures, à hauteur de 6,1 milliards de francs pour 1998 et de 9,8 milliards pour 1999 ;

- enfin, la SNCF exerce également pour RFF des missions de maîtrise d'ouvrage déléguée et de maîtrise d'ouvrage, pour lesquelles elle peut être mise en concurrence : la SNCF est ainsi actuellement en concurrence avec d'autres entreprises pour la partie strictement génie civil du TGV-Est. La SNCF est toutefois obligatoirement maître d'ouvrage pour ceux des travaux qui sont réalisés sur le réseau existant.

4. Les relations financières entre le budget des transports terrestres, Réseau ferré de France et la SNCF

Les principaux transferts financiers entre l'Etat, la SNCF et RFF s'établiraient donc comme suit en 2000 :

Relations financières entre l'Etat, RFF et la SNCF en 2000
(hors FITTVN, FARIF, Ile-de-France et ministère de la Défense)

(en milliards de francs)


Contributeur

Bénéficiaire

 

Etat

SNCF

RFF

SNCF

Contribution au désen-dettement :


4,4

 

Rémunération du gestionnaire d'in-frastructures


16,6

 

Dotation aux services régionaux


5,9

 
 
 
 

Compensations tarifaires

1,9

 
 
 
 

Dotation charges de retraites

14,3

 
 
 
 

Sous-total SNCF

26,5

 
 
 

RFF

Contribution au désen-dettement


11,1


Péages 9,8

 
 
 

Dotation en capital

12

 
 
 
 

Sous-total RFF

23,1

 
 
 
 

TOTAL

49,6

 
 
 

5. La mise en place du conseil supérieur du service public ferroviaire

Le Conseil supérieur du service public ferroviaire, institué par décret du 19 mars 1999, a été mis en place le 29 juin 1999 par le ministre de l'équipement, des transports et du logement, après que les nominations de ses membres soient intervenues selon les procédures prévues par décret.

Le Conseil est composé de 37 membres, dont dix élus (trois députés, trois sénateurs, deux conseillers régionaux, un conseiller général, et un maire), cinq représentants de l'Etat, quatre personnalités qualifiées, les deux présidents de la SNCF et RFF, onze représentants des salariés de la SNCF et un de RFF, des représentants des usagers et consommateurs et un représentant des chambres de commerce et d'industrie. M. Jean-Jacques FILLEUL, député d'Indre et Loire, est le président du Conseil.

La durée du mandat des membres est de trois ans renouvelable.

Le Conseil supérieur du service public ferroviaire est chargé de veiller " au développement et à l'évolution équilibrée du secteur ferroviaire, à l'unicité du secteur public ferroviaire, à la cohérence dans la mise en oeuvre de ces orientations par les établissements publics RFF et SNCF, et au respect des missions de service public de ces deux établissements ".

Le Conseil peut être consulté par le ministre chargé des transports pour toute question relative à l'organisation et au fonctionnement du secteur public ferroviaire et à l'accomplissement des missions respectives des deux établissements publics, ainsi que sur les projets de textes législatifs et réglementaires et les projets de textes communautaires relatifs au transport ferroviaire.

Le Conseil effectuera, dans un délai de trois ans à compter de sa création, une évaluation de la réforme du secteur du transport ferroviaire, notamment en ce qui concerne la situation économique et financière du secteur, l'unicité du service public et les rapports sociaux.

Le Conseil peut également s'autosaisir de certaines questions entrant dans le champ de sa compétence et rendre publics des avis, observations et recommandations.

Enfin, il établit un rapport annuel, remis au Premier ministre, aux présidents des deux assemblées, et rendu public.

Votre rapporteur prend note de la création de ce nouvel organisme. Il est encore trop tôt pour savoir s'il apportera véritablement une valeur ajoutée dans le débat public relatif au transport ferroviaire.

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