3. Le sort des indigents en prison
Les indigents sont les premiers à souffrir en prison de la reproduction des inégalités de la société.
a) La réalité de l'indigence en prison
Cette
notion d'indigence est difficile à définir
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. En 1996, le Secours catholique a
effectué une enquête dans 75 établissements afin
d'interroger le milieu socio-éducatif sur la définition de
l'indigence. Sur 57 réponses, 33 définitions
différentes ont été apportées.
Ce sondage a cependant permis de dégager le critère de
l'indigence absolue : les détenus qui n'ont rien versé sur
leur " pécule " depuis deux mois et qui n'ont rien reçu
de leur famille au cours des trois mois précédant
l'enquête. 7 % des détenus en maison d'arrêt sont dans
cette situation.
b) Les indigents touchés de plein fouet par les inégalités
Les
indigents sont confrontés à d'autres inégalités,
notamment en matière de formation et d'activités
socio-éducatives.
Parce que l'argent est indispensable en prison, ils sont d'abord
préoccupés par la nécessité de travailler afin de
pouvoir améliorer leur ordinaire. Or, la plupart du temps, les cours ou
les formations ainsi que les loisirs se déroulent pendant les horaires
de travail. Certains établissements, peu nombreux, comme à Melun,
ont aménagé des plages d'enseignement adaptés aux
détenus qui travaillent.
Les indigents se trouvent donc
de facto
exclus de ces
activités.
c) Une réalité encore trop ignorée par l'administration pénitentiaire
Confrontée au phénomène de la
pauvreté
en prison, l'administration pénitentiaire a pris certaines mesures
visant à améliorer la prise en charge des indigents.
Lors de son arrivée, le détenu indigent se voit remettre
systématiquement une trousse de produits d'hygiène contenant du
savon, du dentifrice, un rasoir, une brosse à dents, un peigne, des
mouchoirs, un stylo, des enveloppes timbrées, du papier et du linge de
corps.
Pourtant, un rapport récent
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constate que 13 % des
établissements ne distribuent pas nécessairement la
" trousse arrivant " et que le renouvellement systématique de
son contenu n'est pas assuré dans 14 % des cas.
Par ailleurs, la plupart des établissements permettent aux indigents de
laver leur linge à la buanderie de l'établissement. A la
Santé, cette possibilité est offerte deux fois par mois. Cette
périodicité apparaît cependant trop faible pour des
détenus possédant un stock de linge limité.
Enfin, depuis 1998, un " kit de sortie " d'une valeur de
500 francs est remis à tout détenu disposant de moins de
300 francs sur son compte nominatif. Il est constitué de
chèques multiservices, de billets de transport en commun et d'une carte
téléphonique.
La prise en compte de la pauvreté reste cependant encore insuffisante et
très variable selon les établissements. Tel établissement
va fournir des timbres et du tabac aux indigents, tel autre va leur procurer
gratuitement certains produits alimentaires de base (comme le sucre).
Au total, les actions entreprises par l'administration pénitentiaire en
ce domaine restent trop dispersées et ne remédient en rien au
problème difficile de l'accès à la formation de la
population pénale indigente.