D. INSTALLATION : DES MESURES TIMIDES POUR UNE POLITIQUE DANS L'IMPASSE

La tendance à la baisse des installations, constatée depuis 1998 notamment se confirme.

Le nombre de premières fractions de DJA mises en paiement en 2000 a enregistré une baisse de 8,7 % par rapport à 1999 et n'a concerné que 6.314 dossiers. Les dossiers déposés, au nombre de 6.812, ont chuté de 8,1 % tandis que les dossiers ayant reçu un avis favorable en commission départementale, au nombre de 6.602, enregistrent une baisse de 5,9 %.

En 2001, cette tendance semble se confirmer puisque sur le seul premier semestre, les demandes de DJA présentées sont en diminution de 6 %.

Compte tenu de ce constat et des perspectives démographiques, la profession agricole a manifesté ses inquiétudes quant au remplacement des générations d'agriculteurs. Le ministère de l'agriculture et de la pêche a engagé en 1999 et en 2000 avec les organisations professionnelles agricoles une réflexion sur les évolutions envisageables pour relancer la politique d'installation.

1. Les mesures destinées à favoriser l'installation des jeunes agriculteurs

Les premières mesures de ce dispositif ont été mises en oeuvre à la fin de l'année 2000. Elles s'adressent en priorité aux cédants :

- l'aide à la transmission des exploitations (ATE) : concernant l'accès au foncier, un décret assouplissant les conditions d'octroi de l'ATE est paru le 1 er octobre 2001. Cette mesure a pour objet de faciliter la cession d'exploitations au profit de jeunes agriculteurs en accordant au chef d'exploitation âgés de 56 à 65 ans une aide d'un montant maximum de 70.000 francs (10.670 euros) à condition que celui-ci cède les terres exploitées, les bâtiments d'exploitation et transfère les références de production ou droits à aides attachés à l'exploitation en vue d'une première installation ;

- le « CTE transmission » : les agriculteurs ayant souscrit un tel contrat, qui cèdent leurs terres entre 58 et 60 ans à un jeune agriculteur, peuvent bénéficier d'une préretraite leur garantissant un revenu de remplacement pour cessation anticipée d'activité.

Les principales mesures à destination des jeunes candidats à l'installation ont été décidées plus tardivement au cours de l'année 2001 :

- le CTE « installation progressive » : ce contrat a pour objectif de favoriser l'accès aux responsabilités des chefs d'exploitation à de jeunes agriculteurs, âgés de 21 à 35 ans qui seront ensuite aptes à bénéficier des aides publiques à l'installation. Pendant cette période de cinq ans préalables à l'installation, le contrat doit permettre au signataires d'acquérir la capacité professionnelle agricole nécessaire à l'obtention des aides à l'installation ;

- le bénéfice de la DJA a été élargi aux candidats âgés de 21 à 39 ans (et non plus 35). En outre une demi-DJA pourra être accordée aux agriculteurs à titre secondaire qui pourront également bénéficier de prêts à moyen terme spéciaux.

Ces mesures n'ont cependant eu aucun effet immédiat et n'ont pas réussi à dynamiser la politique d'installation ; en outre, l'utilisation de l'outil CTE dans le cadre de cette politique ne semble pas particulièrement pertinent.

2. Des crédits budgétaires en retrait

Comme votre rapporteur spécial a déjà eu l'occasion de le souligner, les crédits destinés à favoriser l'installation des jeunes agriculteurs en 2002 connaissent une diminution sensible, liée selon le ministère aux évolutions démographiques constatées ces dernières années.

Ainsi la DJA enregistre une baisse de 8,2 millions d'euros (53,7 millions de francs) par rapport à 2001, soit près de 11 %, et s'élève ainsi en 2002 à 66,5 millions d'euros (436 millions de francs), alors que le choix avait été fait de poursuivre l'objectif fixé en 2001 de 8.000 nouvelles DJA.

Cette baisse résulte, d'une part, de la diminution tendancielle du nombre d'installations (évaluée entre 5 et 6 % entre 2000 et 2001) qui entraîne une sous-consommation des crédits de ce chapitre budgétaire et donc une diminution mécanique des crédits inscrits chaque année, d'autre part, de la participation plus importante du financement européen de cette politique dans le cadre du plan de développement rural national (PRDN).

Au-delà de la DJA, les aides de l'Etat en faveur de l'installation recouvrent d'autres domaines : les stages, les programmes pour l'installation des jeunes en agriculture et le développement des initiatives locales, les répertoires à l'installation. Ces trois volets enregistrent également une diminution de leurs dotations.

Parallèlement, votre rapporteur spécial tient à souligner le recul des crédits dévolus aux opérations de restructuration et aux aides aux départs :

- les indemnités viagères de départ (IVD) diminuent de près de 30 millions d'euros, soit plus de 37 % ;

- les aides au départ enregistrent une baisse de près de 10 millions d'euros soit près de 30 % ;

- les aides à la réinsertion professionnelle sont reconduites en 2002.

Votre rapporteur spécial ne nie pas l'importance des évolutions démographiques et l'effet de baisse mécanique qu'elles induisent sur les crédits en faveur de l'installation des jeunes agriculteurs, il met cependant en doute l'efficacité et la pertinence de la politique d'installation menée par le gouvernement qui, d'une part, élude manifestement tout un pan de cette politique, à savoir les aides aux départ et à la restructuration, d'autre part, n'utilise pas suffisamment les outils fiscaux liés à cette politique