II. PRINCIPALES OBSERVATIONS
A. . LA DEUXIÈME ANNÉE D'UNE RÉFORME DES AIDES À LA PERSONNE FINANCÉE PAR UNE BONNE CONJONCTURE
1. Une réforme souhaitée
Sous le
titre «
une période très favorable pour une
réforme d'envergure
», votre rapporteur insistait
dès 1999 sur «
la nécessité de mener,
dans un contexte économique aujourd'hui favorable, une politique de
réforme des aides personnelles au logement, de nature notamment à
inciter à la reprise d'une activité
professionnelle.
»
Après plusieurs années de réflexion, le Premier Ministre a
en effet présenté une réforme des aides personnelles lors
de la conférence sur la famille du 15 juin 2000.
Cette réforme
harmonise et simplifie le dispositif des aides
personnelles et permet donc un traitement équitable et cohérent
de l'aide des ménages ayant de très faibles revenus, qu'ils
soient issus du travail ou de transferts sociaux ; un ménage ayant des
revenus du travail de même niveau que le RMI aura la même aide que
le Rmiste alors que son aide est aujourd'hui nettement inférieure.
La réforme a connu une première étape au 1er janvier 2001
avec un barème intermédiaire permettant le même niveau
d'aide jusqu'à environ 75 % du RMI. Au 1er janvier 2002 sera mise en
place la seconde et dernière étape, à savoir le
barème définitif consistant en une aide identique jusqu'au niveau
de revenu correspondant au RMI.
Votre rapporteur qui avait, à plusieurs reprises, au nom de la
commission des finances, appelé une telle réforme de ses voeux,
ne peut que se féliciter de sa mise en oeuvre. Il s'agit
véritablement d'une mesure de justice sociale, car elle prend en compte,
sur un pied d'égalité, les revenus de transfert et les revenus
d'activité et constitue donc un moyen de lutter contre le
phénomène de « trappe à
pauvreté ». Cependant, cette réforme est loin
d'être achevée.
2. Une réforme qui doit être complétée dans un souci de justice et de maîtrise des coûts
Au-delà de son appréciation positive, comme votre
rapporteur l'avait souligné l'an dernier,
la réforme des aides
personnelles
est incomplète
car elle ne prend pas en
compte les aides à l'accession et certains hébergements
spécifiques (ex : logements-foyers). De plus, la réforme est
inachevée en ce qu'elle n'aboutit pas à une unification
complète des aides, qui supposerait une réforme du
conventionnement : il s'agirait d'avoir une aide à la personne
identique dans le parc privé et dans le parc social.
Votre rapporteur regrette également que les économies sur les
aides personnelles au logement résultent seulement de la bonne tenue de
l'économie
en 2000 et 2001 (baisse du chômage, croissance des
revenus, augmentation des cotisations des employeurs).
Un éventuel ralentissement économique aurait son plein impact
seulement sur le budget 2003 du fait du décalage d'un an de la
« base ressources » qui permet de calculer les allocations
(pour les aides personnelles en 2002, ce sont les revenus 2001 qui sont pris en
considération). Toutefois, dès 2002, les contributions des
employeurs qui dépendent de la masse salariale pourraient être
moins fortes que ce qui est anticipé (+5,6 % selon les
hypothèses retenues par les comptes de la sécurité
sociale) et un accroissement du chômage majorerait les allocations (les
chômeurs peuvent bénéficier d'un abattement de 30 %
sur l'évaluation de leurs revenus). Au total, dès 2002,
l'aléa à la hausse porte sur un montant de l'ordre de 400
millions de francs.
Le gouvernement ne prépare pas l'avenir et notamment n'exploite pas
les nombreuses sources d'économies potentielles aussi bien pour les
aides personnelles que pour d'autres domaines
: la révision des
conditions de ressources notamment pour les étudiants, la remise
à plat des frais des caisses d'allocations familiales qui sont trop
élevés, comme l'a souligné la Cour des comptes, la
réforme de l'épargne-logement qui consisterait à lier
l'octroi de la prime à l'obtention du prêt au logement.
Votre rapporteur remarque à ce titre que plusieurs suggestions
d'économies, qu'il a déjà formulées, sont reprises
par son collègue député Jean-Louis Dumont, rapporteur du
budget du logement à l'assemblée nationale
. Celui-ci propose,
dans un récent rapport sur le logement social mené au nom de la
mission d'évaluation et de contrôle de l'Assemblée
nationale
1(
*
)
, de réaliser
des économies, principalement sur la subvention à la
société de gestion du fonds de garantie de l'accession sociale
(SGFGAS) et sur les avantages consentis au titre de l'épargne-logement.
B. L'ÉCHEC DE LA RELANCE DE LA CONSTRUCTION SOCIALE CONDUIT A ELARGIR LES OBJECTIFS EN MATIÈRE DE RENOUVELLEMENT URBAIN
1. Un plan de relance du logement social qui n'a jamais fonctionné
Sous le
titre «
la construction sociale se trouve toujours dans
l'impasse
», votre rapporteur avait pris acte, l'an dernier, des
difficultés du nouveau prêts locatif à usage social (PLUS)
à trouver le succès attendu.
Depuis 1997, et alors que le nombre annuel de logements sociaux mis en chantier
a été réduit de moitié en six ans, le gouvernement
a tenu un discours volontariste en faveur de la construction sociale, qui se
heurte à la réalité.
De fait, la consommation des crédits de la ligne fongible montre que,
sauf en 2000, les crédits ont été surtout consacrés
aux rénovations de logements sociaux (PALULOS) et non aux
constructions.
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 (1) |
PLA/ PLUS + surcharge foncière |
63 % |
46 % |
10 % |
11 % |
48% |
57% |
69% |
PALULOS |
37 % |
54 % |
90 % |
89 % |
52% |
43% |
31% |
(1) répartition fixée comme objectif aux services .
S'inscrivant en rupture avec les chiffres montrant que la part
de la
construction sociale dans la construction neuve tend à diminuer dans les
pays de l'Union européenne, le gouvernement a cherché par tous
les moyens à contrer cette évolution.
La loi « solidarité et renouvellement
urbains » a créé un dispositif de sanctions
à l'égard des communes ne disposant pas d'un nombre suffisant de
logements sociaux. La loi institue en effet, à compter du 1er janvier
2002, un prélèvement sur les recettes des communes ayant moins de
20 % de logements sociaux. Le produit est versé à la
communauté urbaine, à la communauté d'agglomération
ou à une communauté de communes, à un établissement
public foncier ou, à défaut, à un fonds
d'aménagement urbain affecté aux communes pour des actions en
faveur du logement social
De fait, selon le gouvernement, les logements construits en 2002 devraient
l'être prioritairement dans les communes dont le parc de logements
locatifs sociaux ne satisfait pas aux objectifs de 20 % de logements sociaux
inscrits à l'article 55 de la loi SRU.
L'objectif de construction de
logements sociaux est également revu à la baisse, avec 55.000
mises en chantier annoncées comme objectif, au lieu de 70.000 l'an
dernier.
Votre rapporteur rappelle qu'un dispositif coercitif n'est pas de nature
à régler de manière satisfaisante les problèmes
structurels de la construction sociale
, qu'il a déjà
longuement exposés : faiblesse de la demande,
déséquilibre des opérations, complexité de la
réglementation etc...Il a expliqué à de nombreuses
reprises qu'il convenait de mener une politique de demande plutôt que
d'offre, ce que vient confirmer encore une fois le récent rapport de la
mission d'évaluation et de contrôle de l'assemblée
nationale, selon lequel «
il faut cesser de gérer le
logement social comme au temps de la pénurie, mais refonder la politique
du logement sur la volonté de répondre à une demande
diversifiée
».
Peut-être conscient de cette nécessité de refondation, le
gouvernement a choisi d'élargir un peu ses objectifs en matière
de logement social pour 2002.
2. De nouveaux objectifs : les démolitions et la qualité de service
Le
nouveau secrétaire d'Etat au logement a mis l'accent pour 2002 sur deux
sujets qui ne sont pas nouveaux : les démolitions et la
qualité de service.
Pour 2002, les crédits consacrés aux démolitions sont
triplés, passant de 25,9 millions d'euros (170 millions de francs)
à 76,2 millions d'euros (500 millions de francs). Cette enveloppe
vise à permettre la démolition d'environ 15.000 logements HLM en
2002 (10.000 en 2001 et 6.000 en 2000) tout en améliorant le montant de
l'aide apportée par opération. En 2002, ces crédits
pourront également financer la démolition des
copropriétés privées dégradées.
Année |
Nombre de
logements
|
Montant de subvention accordé (en M€) |
1998 |
3.518 |
9,0 |
1999 |
5.502 |
14,8 |
2000 |
6.134 |
20,7 |
2001 (e) |
10.000 |
25,9 |
2002 (e) |
15.000 |
76,2 |
Votre
rapporteur souscrit à l'objectif annoncé mais rappelle que
l'objectif d'accroître les démolitions est déjà
ancien et que les résultats sont encore faibles.
En effet, dès le comité interministériel pour les villes
du 30 juin 1998, le gouvernement avait fixé des objectifs en
matière de démolition-reconstruction, mais les procédures
de démolition sont complexes et nécessitent de trouver des
solutions pour le relogement des habitants des immeubles démolis. De
plus, le coût des démolitions ne cesse d'augmenter.
en € |
Coût moyen de travaux
|
Coût moyen lié au capital restant dû par logement |
Coûts moyens sociaux
|
1999 |
4.758 |
3.846 |
1.139 |
2000 |
5.361 |
2.831 |
773 |
2001 |
6.146 |
3.017 |
417 |
Pour
permettre d'atteindre ses objectifs, le gouvernement a décidé les
mesures suivantes :
- les procédures seront simplifiées par la déconcentration
de toutes les décisions de financement liées aux autorisations de
démolition et la suppression de l'avis préalable du comité
départemental de l'habitat ;
- la subvention apportée par l'Etat sera améliorée en
élargissant l'assiette de calcul, avec l'intégration des
coûts sociaux dès l'initialisation des opérations pour les
organismes HLM et un réajustement de certains taux ;
- afin d'encourager une vision globale des organismes HLM de l'évolution
de leur parc de logements, l'élaboration de plans stratégiques de
patrimoine sera favorisée.
Votre rapporteur rappelle que de récentes évaluations
chiffrent entre 150.000 et 200.000 les besoins en matière de
reconstruction-démolition. Les opérations menées, bien
qu'en progrès certain, ne sont pas à la hauteur des besoins. La
lourdeur des procédures administratives, le coût
élevé des opérations de démolition, la
difficulté de reloger des familles avec dans des logements aux loyers
souvent plus élevés, sont autant d'obstacles à une vraie
politique de réhabilitation.
Enfin, la dotation consacrée à l'amélioration de la
qualité de service dans les quartiers d'habitat social,
s'élèvera à 45,7 millions d'euros (300 millions de
francs). Ces crédits financent des investissements d'amélioration
de la vie quotidienne et de sécurité de l'habitat.
C. LA RÉDUCTION DES MOYENS À L'ACCESSION A LA PROPRIÉTÉ ET À LA CONSTRUCTION PRIVÉE
1. La réduction des moyens du prêt à taux zéro
Les
crédits du prêt à taux zéro
s'élèveront à 884 millions d'euros en 2002, soit une
légère diminution par rapport à 2001.
Depuis plusieurs années, de nombreuses mesures ont réduit
l'efficacité sociale des aides à l'accession à la
propriété. En octobre 1997, les prêts à taux
zéro ont été restreints aux primo-accédants. Depuis
la réintégration des crédits du prêt à taux
zéro dans le budget du logement, de nouvelles mesures de restriction du
dispositif ont été prises, afin de limiter son coût
budgétaire : un arrêté du 29 décembre 1999 a
plafonné la subvention de l'Etat et un arrêté du 29
septembre 2000 a réduit la période de remboursement des
prêts.
Depuis 1997, aucune revalorisation des plafonds de ressources
n'a eu lieu
, ce qui a eu pour conséquence de
« sortir » plusieurs milliers d'accédants demandeurs
potentiels du prêt à taux zéro.
Ainsi, les moyens en faveur de l'accession à la
propriété des ménages modestes ne cessent de se
réduire en termes réels
. En effet, même si le programme
de distribution de 110.000 prêts est maintenu depuis plusieurs
années maintenant, il reflète un écart croissant avec les
besoins des accédants. Du fait de la non-revalorisation du
barème, il est même possible que les 110.000 prêts ne soient
pas atteints en 2002.
Au total, l'accession à la propriété (article 65-48/30)
bénéficiera de 884 millions d'euros de crédits de paiement
en 2002. Depuis 1998, dans le contexte d'une reprise du cycle immobilier, les
dotations en faveur de l'accession à la propriété auront
diminué de 130 millions d'euros.
Dotations budgétaires en faveur du prêt à taux
zéro (crédits de paiement- LFI)
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
1,01 |
0,95 |
0,90 |
0,89 |
0,88 |
(en milliards d'euros)
Votre
rapporteur estime qu'il est important de maintenir un niveau d'aide suffisant
à l'accession à la propriété des ménages
modestes.
Il note que pour la première fois depuis 1996 des mesures sont prises
pour compléter le prêt à taux zéro.
Au titre du renouvellement urbain, sera en effet introduite à titre
expérimental une aide directe à la pierre venant compléter
le PTZ. À cet effet, deux appels à projet doivent être
lancés par le secrétariat d'Etat au logement avant la fin de
l'année afin de sélectionner :
- d'une part, 1.000 logements réalisés par des promoteurs,
publics ou privés, qui, en étroite collaboration avec les
collectivités locales concernées, monteront des projets d'habitat
en accession dans des zones urbaines sensibles,
- d'autre part, 1.000 logements qui seront lancés par des organismes
d'HLM à destination de ménages très modestes.
Dans les deux cas, une aide de 10.700 euros (70.187 francs) sera
attribuée pour chaque habitation concernée, diminuant d'autant le
prix d'acquisition du logement.
Votre rapporteur s'interroge sur cette nouvelle aide, dont le coût
global ne sera pas négligeable (si 2.000 logements
bénéficient effectivement de la prime, le coût sera de 21,4
millions d'euros soit 140,3 millions de francs) mais dont les
modalités et les objectifs sont encore imprécis.
Il semble paradoxal d'une part de ne pas revaloriser les barèmes du PTZ
et de lui faire perdre son efficacité et d'autre part, de choisir un
dispositif « expérimental » dans lequel on
sélectionne non plus les personnes nécessitant une aide, mais les
logements, en fonction de leur situation (zone urbaine sensible) ou de la
qualité de leur promoteur. L'idée, déjà ancienne,
du secrétariat d'Etat au logement, est de réorienter les
prêts à taux zéro, qui sont pour le moment
concentrés sur l'individuel diffus et périurbain, et qu'il
souhaiterait plus nombreux dans le locatif groupé. C'est semble-t-il
oublier que la localisation des opérations d'accession à la
propriété suit simplement la demande des ménages, ce qui
ne peut pas être vraiment critiqué. Enfin, si le dispositif
s'avérait efficace, le coût de sa généralisation ne
serait pas négligeable.
2. Le statut du bailleur privé : un succès encore mitigé
L'article 96 de la loi de finances pour 1999 a institué
le
statut du bailleur privé, dispositif de nature pérenne en faveur
du parc locatif privé intermédiaire, que votre rapporteur avait
approuvé, mais dont il faut tirer désormais un premier bilan.
L'avantage fiscal dans le neuf consiste en un régime
d'amortissement : le bailleur déduit de ses revenus fonciers 8 % du
prix du logement les 5 premières années et 2,5 % de ce prix les 4
suivantes. Puis, il a la possibilité de continuer à amortir
à raison de 2,5 % par an pendant 6 ans si les conditions demeurent
respectées. L'option pour l'amortissement du logement entraîne la
possibilité d'amortir les gros travaux et la baisse de 14 % à 6 %
du taux de la déduction forfaitaire sur les revenus fonciers.
L'avantage fiscal dans l'ancien consiste en un relèvement du taux de la
déduction forfaitaire sur les revenus fonciers de 14 % à 25 %
pendant 6 ans, puis par période renouvelable de 3 ans si les conditions
demeurent respectées.
La mise en oeuvre concrète du dispositif montre que celui-ci
fonctionne plutôt correctement pour le logement neuf, même s'il
doit encore monter en puissance, mais il n'apparaît pas performant pour
le logement ancien.
Le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie
évalue le coût du statut du bailleur privé dans le neuf
à 8,4 millions d'euros en 2000, 85,4 millions d'euros en 2001 et 224
millions d'euros en 2002. En 2001, la Fédération nationale des
promoteurs constructeurs (FNPC) estime que les ventes dans le neuf devraient
atteindre 75.000 unités, dont 21.000 en 2001 bénéficiant
du statut du bailleur privé, soit 28 % des ventes. A titre de
comparaison, le nombre d'opérations relevant du dispositif dit
« Périssol » en 1998 était compris selon les
données entre 45.000 et 50.000 unités et son coût est
encore estimé à 500 millions d'euros en 2000, 554 millions
d'euros en 2001 et 477 millions d'euros en 2002.
Il est toutefois encore trop tôt pour mesurer pleinement l'effet du
nouveau dispositif dit « Besson » dans le neuf, qui doit
faire ses preuves sur la durée. En revanche, il apparaît d'ores et
déjà que le dispositif pour le logement ancien est insuffisant,
même si le ministère du logement ne dispose pas de chiffres
précis sur sa mise en oeuvre.
D. LA POLITIQUE DE LUTTE CONTRE L'INSALUBRITÉ DOIT ÊTRE RELANCÉE SANS REMETTRE EN CAUSE LA RÉHABILITATION DU PARC LOCATIF PRIVÉ
1. La nécessité de mettre enfin en oeuvre certaines dispositions de la loi de lutte contre les exclusions
Votre
rapporteur estime que la lutte contre le saturnisme et l'insalubrité en
général est un objectif essentiel de la politique du logement, et
note que des moyens importants y sont consacrés en loi de finances
initiale depuis deux ans.
Cependant, il regrette vivement que ces moyens soient dispersés et
très peu consommés faute de procédures réellement
efficaces.
Dans le projet de loi de finances pour 2002, au moins trois lignes
budgétaires sont consacrées à la résorption de
l'insalubrité :
- l'article 34-40/10 «
lutte contre le saturnisme et
l'insalubrité
» pour 9,15 millions d'euros ;
- l'article 55-21/40 «
résorption de l'insalubrité,
travaux d'office
» pour 3,8 millions d'euros ;
- l'article 65-48/22 «
résorption de l'habitat
insalubre
» pour 8,9 millions d'euros.
Au total, 21,85 millions d'euros (143 millions de francs) sont donc
mobilisés sur ces lignes budgétaires.
Par ailleurs, à partir du 1er janvier 2002, l'ANAH devrait devenir selon
le gouvernement «
l'outil fondamental de l'amélioration du
parc privé et de la lutte contre le logement indécent ou
insalubre
». Ses priorités d'intervention dans ce domaine
se traduiraient notamment par des taux de subvention plus élevés
dans les copropriétés dégradées, les logements en
sortie d'insalubrité, les opérations concernées par le
saturnisme.
Malgré ces annonces, force est de constater que jusqu'à
présent, les crédits ouverts ont été des
crédits de pur affichage, cachant une flagrante inefficacité des
moyens de la lutte contre l'insalubrité.
Ainsi, le chapitre 37-40 (lutte contre le saturnisme), qui
bénéficiait de 60 millions de francs de dotation en LFI 2001, a
fait l'objet d'une annulation de 50 millions de francs par
l'arrêté du 21 mai 2001. Le chapitre ayant déjà fait
l'objet d'un report de 100 millions de francs de 2000 sur 2001, les
crédits du chapitre s'élèvent tout de même à
110 millions de francs après cette annulation. Ce montant paraît
encore disproportionné par rapport aux consommations puisque le chapitre
n'a enregistré qu'une consommation de 2 à 3 millions de francs en
2000.
Votre rapporteur estime que la faible consommation des crédits
s'explique par plusieurs facteurs : la multiplicité des
intervenants, la complexité des procédures et l'absence de
coordination d'ensemble.
Outre la dispersion des intervenants au sein même du ministère
(administration centrale pour la RHI, services déconcentrés pour
les études et diagnostics, ANAH), les difficultés à lutter
contre le logement insalubre s'expliquent par les partages de
compétences entre le secrétariat au logement et le
ministère de l'emploi et de la solidarité qui freinent les
décisions. Les procédures administratives, notamment en
matière de passation des marchés publics, sont également
très lourdes.
Votre rapporteur estime donc qu'au delà des crédits
affichés en loi de finances, il y a nécessité de clarifier
les compétences, alléger les procédures et surtout
définir un acteur unique de la politique de lutte contre
l'insalubrité pour que celle-ci soit enfin efficace.
2. Mais il ne faut pas sacrifier pour cela les aides générales à la réhabilitation du parc privé
La
réhabilitation du parc privé repose traditionnellement sur deux
outils : les subventions de l'Agence nationale pour l'amélioration
de l'habitat (ANAH) pour les propriétaires-bailleurs et la Prime
à l'amélioration de l'habitat (PAH) pour les propriétaires
occupants.
Dans le cadre de la loi n° 2000-1208 du 13 décembre 2000 relative
à la solidarité et au renouvellement urbains, l'intervention de
l'ANAH a été étendue au financement des travaux
réalisés par les propriétaires-occupants, actuellement
éligibles à la prime à l'amélioration de l'habitat
(PAH). Le décret en Conseil d'Etat n° 2001-351 du 20 avril 2001
portant réforme de l'ANAH prévoit que l'attribution des
subventions aux propriétaires occupants ne sera effective qu'à la
date de publication de l'arrêté interministériel approuvant
le règlement général de l'agence. La publication de cet
arrêté interministériel doit intervenir avant le 1er
janvier 2002.
Dès la loi de finances 2001, les moyens dévolus à l'Agence
nationale pour l'amélioration de l'habitat (ANAH) et à la prime
à l'amélioration de l'habitat (PAH), ont été
fusionnées, mais avec une forte réduction des crédits de
paiement ouverts : 2,7 milliards de francs contre 3 milliards de
francs en 2000 (-9,4 %).
Votre rapporteur avait estimé que pour la première
année de réforme de l'ANAH, la réduction de ses moyens
d'intervention était un signal très négatif :
la
réduction des crédits pouvait laisser craindre une
réduction des programmes de l'agence. Toutefois, il avait noté
qu'en 2001 l'établissement public pourrait vraisemblablement puiser dans
sa trésorerie pour compenser la chute des dotations budgétaires,
en ajoutant que solution ne pouvait avoir de caractère pérenne et
que de nouveaux moyens devraient donc être dégagés en 2002
pour ne pas pénaliser la rénovation du logement privé. En
effet, à la fin de l'année 2000, le fonds de roulement (99,2
millions d'euros) avait un niveau satisfaisant puisqu'il correspondait à
plus de trois mois de fonctionnement courant. En revanche, le montant des
crédits de paiement versés à l'Agence en 2001
ramènera progressivement le fonds de roulement à environ un mois
de fonctionnement courant.
Or, malheureusement, pour 2002, la réduction des moyens de l'ANAH se
confirme
.
Le secrétariat d'Etat au logement parle d'un recentrage plus
affirmé des aides sur les priorités gouvernementales :
opérations en renouvellement urbain, copropriétés
dégradées, habitat insalubre, saturnisme, accessibilité
aux handicapés, aides à la décence du logement, tout en
prenant mieux en compte la situation des logements occupés par leurs
propriétaires, dont le plafond de ressources pour l'accès
à une aide sera revalorisé.
Ce « recentrage » s'appuie notamment sur les
observations de la Cour des Comptes qui publie dans son rapport public annuel
2000 les résultats de son enquête sur les subventions de
l'État pour l'amélioration de l'habitat privé
conduite
auprès de vingt-neuf directions départementales de
l'équipement (DDE) et de vingt délégations locales pour
l'ANAH. Selon elle, cette enquête fait ressortir que :
- le niveau de connaissance du parc privé ainsi que des attentes et des
besoins exprimés, ne permet pas de disposer des informations
indispensables à la mise en oeuvre efficace d'une politique à
moyen terme d'aide aux propriétaires privés ;
- les modalités d'attribution complexes de ces aides sont
malaisément gérables et non exemptes d'anomalies ;
- l'évolution du parc, la multiplication des dispositifs d'aides,
l'extension des allégements fiscaux pour les propriétaires
privés conduisent à s'interroger sur la pertinence du maintien de
la politique actuelle de subventions de l'État pour
l'amélioration de l'habitat privé.
Votre rapporteur a déjà souligné certaines des
difficultés mises en valeur par la Cour des comptes, et notamment
l'excessive complexité des barèmes et taux de subventions.
Pour la prime à l'amélioration de l'habitat, la Cour
écrit : «
pas moins de neuf situations
différentes de taux et de plafonds de dépenses peuvent être
identifiées aujourd'hui, auxquelles s'ajoute la possibilité
introduite en 1987 à titre expérimental dans une quinzaine de
départements de nouvelles conditions d'attribution de la
prime
».
Elle dénonce également des crédits d'affichage :
«
Pour la PAH, le montant des autorisations de programme inscrit
en loi de finances initiale a doublé sur la période, en passant
de 400 millions de francs en 1993 à 800 millions de francs en 2000.
L'évolution des crédits inscrits ne résulte pas d'une
analyse précise du nombre potentiel de bénéficiaires, qui
diminue mécaniquement en raison de l'absence de revalorisation depuis
1993 des plafonds de ressources, mais plutôt d'une volonté
d'affichage du ministère. »
Votre rapporteur souscrit pleinement à l'observation selon laquelle
«le demandeur a parfois des difficultés à s'orienter dans
le maquis des aides à l'amélioration des
logements »
mais
il en tire la conclusion qu'il faut
simplifier les aides, mieux cerner les besoins et non pas réduire les
moyens pour la réhabilitation du parc privé.
L'ANAH vient de décider la réduction de 25 % à 20 % le
taux de subvention de certains travaux, ce qui semble une évolution
très défavorable. La prochaine revalorisation des plafonds de
ressources de la PAH, qui était nécessaire, combinée
à la réduction globale des crédits devrait conduire
à réduire les moyens en faveur des propriétaires-bailleurs
de 340 à 260 millions d'euros (2,2 à 1,7 milliard de francs),
alors que ceux-ci payent une contribution additionnelle à la
contribution représentative du droit de bail pour un montant de 440
millions d'euros (2,9 milliards de francs) en 2000.
Votre rapporteur craint fortement que toutes les activités de l'ANAH
soient affectées, y compris les opérations programmées
d'amélioration de l'habitat (OPAH) qui jouent pourtant un rôle
essentiel dans la revalorisation de certains quartiers.
Votre rapporteur sera donc très vigilant sur la manière dont
l'activité de l'ANAH évoluera ces prochains mois.
x
En
conclusion,
votre rapporteur souligne que le budget de l'urbanisme et du
logement pour 2002 est un budget de continuité, comme celui de l'an
dernier, qui profite encore d'une conjoncture économique favorable.
Il
regrette pourtant qu'il trahisse les signes d'un affaiblissement toujours
plus grand des aides à la pierre
, particulièrement pour le
prêt à taux zéro et ce, qui est plus nouveau, pour la
réhabilitation du secteur locatif privé.
Il déplore enfin que le budget ne prépare pas l'avenir notamment
par une aide accrue à la construction privée et au statut du
bailleur privé et se focalise une fois encore sur les moyens de relancer
le seul logement social.